Navigation rapide
Ayant vécu la crise sanitaire entre la Suisse et la France, j’ai pu faire l’expérience des conséquences de politiques différentes entre ces deux pays. En France, j’ai notamment vécu une période troublante de « liberté conditionnelle » qui m’aura poussé à me questionner beaucoup sur les mesures imposées par les gouvernements et sur la propagande faite par les médias pour nous persuader de leur bien-fondé.
J’ai vécu ce qui nous a été présenté comme une « guerre » contre un ennemi invisible – le virus Sars-Cov-2 –, avec un matraquage médiatique constant au cours des mois, suscitant la peur à travers une « stratégie du choc » dont l’objectif aura été d’imposer plus facilement ces mesures qui, autrement, auraient été beaucoup plus difficiles à accepter tant elles furent liberticides pour les populations. Ces mesures, telles que les confinements, le port du masque, la vaccination de masse ou encore le pass sanitaire, auront été présentées comme des remèdes universels par les médias et les gouvernements pour sortir de cette crise, mais elles n’auront pas fait l’unanimité au sein de la population, tout comme de la communauté scientifique d’ailleurs. Et on peut le dire avec le recul nécessaire désormais, les remèdes auront été pires que le mal lui-même…
En disant cela, je fais bien évidemment allusion au pseudo-vaccin dont on sait qu’il fut en réalité une thérapie génique expérimentale, fabriquée en toute hâte et bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché conditionnelle, donc sans garantie aucune de son innocuité sur le long terme. Mais pas seulement, car la balance bénéfique-risque s’est avérée négative également pour les autres mesures (confinement, port du masque et pass sanitaire), non seulement sur le plan physique avec la circulation du virus, mais également et surtout sur le plan psychologique, cela pour toutes les tranches d’âges et toutes les couches sociales. Toutes causes confondues, on peut considérer que la gestion de cette crise sanitaire fut un véritable fiasco.
Cet échec, c’est bien évidemment aussi celui du paradigme matérialiste, qui a clairement montré ses limites. Pour prendre un peu plus de hauteur encore, à mes yeux le grand responsable de ce désastre est le scientisme, à la cause duquel les élites politiques et scientifiques sont pour la plupart totalement acquises.
Conspiration ou pas ?
S’il est tout à fait possible que le virus Sars-Cov-2 ait pu trouver son origine dans des opérations de gains de fonction réalisées en laboratoire, je ne crois pas qu’il ait été volontairement propagé pour créer une pandémie mondiale dans le but de proposer la solution de la thérapie génique avec l’intention d’éradiquer toute une partie de l’humanité.
Ce scénario conspirationniste est le fait de complotistes extrémistes qui s’appuient sur une interprétation biaisée des propos de Bill Gates, selon laquelle la vaccination serait utilisée pour réduire la population mondiale. S’il est vrai que Bill Gates est un des plus zélés promoteurs de la vaccination et qu’il finance des grands médias ainsi que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à travers sa fondation, c’est parce qu’il s’estime personnellement « missionné » pour résoudre un des grands problèmes auxquels l’humanité est confrontée : la croissance démographique.
À l’instar d’autres membres influents de l’élite, Bill Gates considère que les gaz à effet de serre produit par l’activité humaine sont responsables du dérèglement climatique et qu’une partie de la solution pour limiter le problème consiste donc à freiner cette croissance démographique. Or, selon Bill Gates, un des moyens d’y parvenir serait de diminuer la mortalité infantile grâce à la vaccination.
La vaccination est donc le principal cheval de bataille de Bill Gates et il n’est pas étonnant que, grâce aux moyens financiers et aux réseaux d’influence dont il dispose, il ait pu à ce point « contaminer » les hautes sphères du pouvoir avec son idéologie vaccinale.
Ainsi, si l’élite – dont fait partie Bill Gates, au même titre que les grands patrons de l’industrie pharmaceutique, les chefs des gouvernements et les éminences grises de certaines organisations non-gouvernementales telles que le World Economic Forum – a pu voir en cette crise sanitaire une « fenêtre d’opportunité[1] » pour servir ses intérêts et faire avancer son programme, je ne suis pas d’avis qu’elle en soit à l’origine, même si des coïncidences troublantes peuvent en donner l’impression.
Ce que je crois fermement, en revanche, c’est que la gestion catastrophique de cette crise sanitaire, avec ses effets désastreux pour les populations, est simplement la conséquence logique d’un paradigme civilisationnel fondé sur une vision purement matérialiste de l’existence, paradigme au sein duquel l’idéologie scientiste occupe une place prépondérante.
Autrement dit, la marche du monde moderne est en grande partie déterminée par une idéologie qui considère que tous les problèmes peuvent être résolus par les avancées de la science, y compris ceux que les soi-disant « progrès scientifiques » ont eux-mêmes engendrés. Si nous ajoutons à l’idéalisme du progrès scientifique le fait que l’élite soit composée de membres dont le profil psychologique est, pour la grande majorité d’entre eux, caractérisé par l’absence d’empathie et par le mépris des lois autant que des besoins des autres, nous avons-là, à mon sens, les deux causes majeures ayant déterminé la manière dont cette crise sanitaire a été gérée globalement.
La nature de l’élite
Nous voyons donc que la thèse selon laquelle la crise sanitaire trouverait sa cause dans un complot ourdi par l’élite, est une vision trop simpliste qui éloigne du réel. Ce qui est à mes yeux beaucoup plus probable, c’est que l’élite se soit servie de l’épidémie de Covid-19 pour élaborer un narratif pour satisfaire ses intérêts, lesquels s’opposent malheureusement à ceux des populations, d’où le vent de révolte et d’indignation qui a soufflé parmi celles-ci, aux quatre coins de la planète…
Comme le dit l’adage, la fin justifie les moyens, et cela s’applique parfaitement à l’élite, qui n’hésite pas à user de techniques de manipulations pour imposer son narratif et créer sa réalité. Les propagandes mensongères sur l’efficacité de la thérapie génique censée « immuniser » les masses, les techniques d’ingénierie sociale utilisées pour induire un état de transe collective et faire ainsi accepter des mesures liberticides plus facilement, tout cela procède d’une volonté d’orienter l’opinion publique pour faire avancer un agenda qui sert les intérêts de l’élite au détriment de ceux des populations. C’est vieux comme le monde ! Platon faisait déjà allusion à cette manipulation par les élites dans son allégorie de la caverne, il y a 2400 ans.
Alors que la démocratie devrait idéalement être le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, nous nous trouvons dans une situation où ceux qui gouvernent réellement représentent une minorité d’individus. En effet, c’est bel et bien une élite qui gouverne notre monde, et non le peuple. Cela ne poserait toutefois pas de problème si cette élite ne faisait pas mensongèrement croire au peuple qu’il détient le pouvoir de gouverner et si elle était véritablement mue par une volonté de servir les intérêts de celui-ci. Après tout, à en croire ce même Platon, l’aristocratie est un système politique beaucoup plus enviable que la démocratie, qui selon lui mène à la tyrannie, à condition toutefois que cette aristocratie soit composée de philosophes éclairés.
Or, s’il y a bien une élite aristocratique qui gouverne le monde, elle est loin d’être incarnée par des sages, bien au contraire. Alors qu’elle devrait idéalement être inspirée par l’Esprit divin pour établir l’ordre, l’unité et l’harmonie – ce qu’est censé symboliser à l’origine le sceau apposé sur le billet de 1 dollar américain (voir image ci-dessous) – nous avons une élite « hors sol », centrée sur elle-même et ses seuls intérêts ; une élite « inversée », détachée ou déconnectée de sa base, c’est-à-dire du corps social, le peuple.
Cela n’est pas surprenant si l’on considère que le paradigme anthropologique de notre civilisation actuelle ne prend pas en compte la dimension spirituelle de l’être humain. Sans l’Esprit, l’être humain n’est plus qu’un corps dépourvu de libre-arbitre, sous l’influence exclusive de sa biologie et des circonstances extérieures. À travers une telle conception limitée de l’existence, il est compréhensible que le corps devienne le centre de toutes les préoccupations et que ce soit l’instinct de conservation (ou de survie) qui détermine les pensées, les paroles et les actes de l’individu.
Dans un tel contexte, c’est la sélection naturelle et « la loi du plus fort » qui prévalent, et il n’est pas étonnant que ceux qui parviennent à gravir les échelons de la pyramide du pouvoir et qui finissent ainsi par intégrer l’élite, soient les individus les plus égoïstes et les plus « malins » du collectif humain.
L’erreur scientiste
Sans la possibilité d’une transcendance qui mène à un état de liberté et de félicité sur lequel les circonstances de la vie matérielle n’ont que peu d’incidence – tel que des milliers d’êtres éveillés ont pu en témoigner à travers les âges – l’être humain n’a plus que la dimension horizontale de l’existence pour se sentir libre et heureux. En d’autres termes, sans la spiritualité, l’être humain doit maintenir son attention rivée sur la matière pour y trouver le moyen de satisfaire ses désirs et d’échapper à la souffrance, dans une fuite en avant perpétuelle qui ne peut que la conduire fatalement à l’effondrement[2].
Dans ces conditions, la maladie et le vieillissement sont des ennemis qu’il faut combattre en priorité pour atteindre la longévité et la santé parfaite, l’une comme l’autre étant associées à l’idée de bonheur dans le paradigme matérialiste. Or, force est de constater qu’en dépit de l’évolution des connaissances scientifiques et des avancées technologiques grâce auxquelles l’être humain peut vivre plus longtemps et soigner plus efficacement certaines maladies, il n’est pas plus heureux ni même en meilleure santé qu’il ne le fut par le passé, et ce serait même plutôt le contraire à en juger par l’augmentation des cas de cancers, de dépressions ou de suicides.
Dans ces conditions, à quoi bon prolonger la vie si c’est pour finir ses jours malades et malheureux ? La question mérite d’être posée…
Cet argument de la longévité est souvent mis en avant par les adeptes du scientisme[3] pour démontrer la pertinence de leur idéologie. Or, s’il est indéniable que la science a réalisé de grandes avancées dans le traitement de certaines maladies et tout particulièrement dans le domaine de la chirurgie réparatrice au cours des dernières décennies, il faut faire remarquer que l’augmentation de l’espérance de vie est un indice qui peut nous induire en erreur. Pour le comprendre, je citerai une analyse intéressante trouvée sur le site sante-enfants-environnement.com. Son auteur y prend en exemple le cas des papous de l’île de Kitava, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, dont l’espérance de vie à la naissance ne dépasse pas 44 ans, cela à cause des accidents et des maladies infectieuses qui peuvent toucher les plus jeunes. Cependant, statistiquement, si les papous parviennent à atteindre l’âge de 45 ans, leur espérance de vie passe alors à 80 ans, ce qui démontre un bon état de santé générale en dépit de leurs conditions de vie plutôt défavorables en termes de confort, d’hygiène et d’accès aux traitements ou aux opérations chirurgicales. Par conséquent, comme le fait judicieusement remarquer l’auteur, les habitants des pays développés auraient « tout intérêt à profiter du meilleur de leur monde (leur style de vie) et du meilleur du nôtre (médecine réparatrice, confort, etc.). »[4]
En toute logique, le scientisme conduit l’être humain à s’améliorer en repoussant sans cesse les limites qui lui sont naturellement imposées par sa biologie. Selon cette idéologie, si la maladie et le vieillissement rendent faibles et causent de la souffrance, alors il faut les combattre. C’est l’objectif visé par le transhumanisme, qui n’est que l’évolution logique de cette idéologie, qui ne vise plus seulement à freiner le processus de vieillissement, mais carrément à « tuer la mort ». Si l’être humain n’est pas doté d’un Esprit immortel, conformément à la croyance du paradigme matérialiste duquel procède le transhumanisme, alors il faut tout miser sur le corps physique, en rendant la chaire immortelle et en améliorant ses capacités. Grâce aux progrès de la science et aux avancées technologiques, l’homme moderne espère ainsi pouvoir tendre vers cet idéal, sans avoir à en souffrir d’une manière ou d’une autre bien entendu. Pure folie ! C’est Prométhée et Icare réunis !
La question est de savoir si l’être humain souhaite vraiment se laisser embarquer dans cette voie-là, sachant que le fait d’introduire de la technologie dans sa biologie risque inévitablement d’engendrer des effets délétères que les scientifiques n’auront pas pu prévoir, effets qu’il leur faudra alors réparer, sans garantie pour celles et ceux qui ont auront fait les frais.
Face à l’erreur scientiste dont le transhumanisme constitue à mon sens la funeste apogée, la spiritualité authentique fait office de phare dans la nuit, diffusant sa lumière aux âmes sensibles, celles qui sentent qu’il y a autre chose, pour donner du sens à la vie, que la science exclusive de tout ce qui ne procède pas du rationalisme. Grâce à la spiritualité, l’être humain n’est plus seulement une individualité ou un ego, c’est-à-dire un corps animé par une âme, mais un être doté d’un esprit qui le met en relation avec une réalité absolue et transcendante, en laquelle il peut puiser un « souffle » qui lui confère un sentiment d’unité, de joie et de paix, qui le rend beaucoup moins dépendant des circonstances de sa vie matérielle.
La question est donc de savoir si nous souhaitons continuer à sacrifier l’Esprit sur l’autel du matérialisme scientifique, ou si nous souhaitons réintroduire la dimension spirituelle de l’existence dans notre paradigme civilisationnel, pour permettre à l’humanité d’atteindre un niveau de bonheur et de liberté que l’amélioration de ses conditions de vie matérielles ne pourront à elles seules jamais lui apporter.
Le cas des papous cité plus haut nous montre en tous cas qu’il est possible de vivre en bonne santé jusqu’à un âge avancé sans avoir à subir les effets pervers du matérialisme scientifique, tant pour l’être humain que pour la planète qui le porte. Nous inspirer de cet exemple ne veut toutefois pas dire que nous devrions faire sécession avec le Système et revenir à un mode de vie de type « chasse et cueillette ». Comme le dit l’expression, il faut vivre avec son temps, mais en précisant toutefois qu’il n’est pas interdit d’ajouter à notre époque moderne ce qui lui fait actuellement le plus défaut : la spiritualité authentique.
Ainsi, tout en profitant des apports de la science (la vraie, celle qu’on ne doit pas confondre avec le scientisme) – je pense notamment à la médecine réparatrice –, nous pouvons nourrir le lien avec la part spirituelle de notre être, par la contemplation, le contact avec la nature, le lien fraternel avec autrui, tout en cherchant à vivre le plus en adéquation possible avec ce que les sages appellent le Dharma, c’est-à-dire les Lois naturelles, universelles.
À toutes les époques, les sages ont d’ailleurs toujours conviés leurs semblables à trouver l’équilibre entre le Ciel et la Terre, entre le spirituel et le matériel. Au sens profondément symbolique de la parole du Christ, il s’agit d’être tout à la fois colombe et serpent. C’est la véritable conjonction des opposés complémentaires, qui permet de spiritualiser la matière ou, ce qui revient au même, d’incarner l’Esprit pour trouver le Graal : la pure êtreté, avec le sens de l’éternité, la félicité et le sentiment de liberté qui accompagnent cet état d’être, éveillé.
Une crise révélatrice
Comme le dit l’expression, à quelque chose malheur est bon. À en croire l’analyse faite par Annick de Souzenelle sur la valeur symbolique du coronavirus et de la maladie Covid-19, l’un et l’autre seraient en vérité le signe d’une intervention divine, un « don divin[5] » qui aiderait l’humanité à changer de cap ou, pour reprendre mes termes, de paradigme civilisationnel.
En tout état de cause, il est indéniable que cette crise aura été un formidable révélateur. Par exemple, elle aura permis de révéler le fossé qui existe entre les intérêts des élites et ceux des populations ; elle aura considérablement permis aux plus riches de s’enrichir davantage et aux plus pauvres de le devenir plus encore ; elle aura mis en lumière les magouilles de Big Pharma, les fraudes de scientifiques, les conflits d’intérêts de médecins de plateaux TV, la corruption des politiques et la propagande mensongère et anxiogène des médias. D’une manière plus générale, cette crise aura permis au Système, construit sur la base du paradigme matérialiste et de l’idéologie scientiste qui lui est étroitement associée, de montrer ses plus sombres aspects, suscitant de vives réactions de révolte et d’indignation parmi toute une frange de la population, qui a vu et surtout senti leurs effets pervers sur sa vie. Aussi, et c’est peut-être ce qui m’aura le plus marqué, cette crise aura eu pour effet de créer une profonde division au sein même de la population.
Rapidement, deux camps se sont formés et affrontés (et continue de le faire) de manière particulièrement virulente, s’accusant l’un l’autre d’être responsables des pires problèmes. D’un côté, ceux qui ont refusé la vaccination et qui ont contesté les mesures sanitaires, taxés d’antivax ou de complotistes par le camp d’en face. Pour ce dernier, des étiquettes non moins humiliantes : moutons de panurges, collabos, covidistes, etc. Malheureusement, loin d’avoir cherchés à concilier leurs divergences, les uns comme les autres sont le plus souvent restés campés sur leur position, se durcissant même parfois dans le fanatisme, l’extrémisme, avec la haine et le désir de nuire comme moteurs communs.
Même dans les rangs des opposants au Système, l’esprit de division a fait des ravages. Au lieu de chercher l’union sacrée qui leur aurait permis de constituer un réel contre-pouvoir pour changer le cours des choses, les résistants se sont eux-mêmes tirés dans les pattes, s’accusant les uns les autres de faire partie de l’opposition contrôlée (ou « autorisée »), d’être des agents infiltrés, des traîtres à la cause, etc. Certains ont ainsi montré leur vrai visage, celui d’individus hyper-susceptibles, opportunistes, paranoïaques, autoritaires, sectaires, dont les modes de fonctionnement se sont révélés paradoxalement similaires à ceux des oppresseurs qu’ils dénoncent et qu’ils prétendent pourtant combattre. Surprenant n’est-ce pas ?
Que de révélations là aussi, qui m’auront permis de réaliser que la plupart des dissidents ou résistants, s’ils parvenaient à occuper des postes à responsabilité au sein d’un nouveau Système plus conforme à leur vision du monde, deviendraient à leur tour des petits tyrans despotiques prompts à censurer, harceler et discréditer ceux qui ne sont pas d’accord avec eux ou qui osent formuler des critiques à leur encontre.
Cela m’a confirmé une fois de plus à quel point les sages ont raison lorsqu’ils enjoignent à ceux qui veulent transformer la société de se changer eux-mêmes d’abord. Car que l’on soit du côté des dissidents ou des partisans du Système, nous pouvons tous être influencés par des blessures émotionnelles, des mécanismes de défense et d’innombrables biais cognitifs qui peuvent déformer notre perception de la réalité et nous faire agir en manquant de discernement et de justesse. Nombre d’adeptes des théories du complots et nombre d’adeptes de l’esprit critique (ou zététiciens) partagent par exemple certains biais communs (tâche aveugle, biais de confirmation, biais de bi-standard, etc.) alors que tout les oppose pourtant sur le plan des croyances et des idées.
La voie des initiés
Révélatrice, cette crise l’aura aussi et surtout été dans la mesure où elle aura permis de trier le bon grain de l’ivraie, en permettant aux véritables initiés de sortir du lot et de se reconnaître entre eux. À l’inverse d’une pseudo-dissidence qui occupe exclusivement l’espace des réseaux sociaux, des rayons des librairies et des salles de conférences (toujours dans le but d’y vendre quelque chose !), ces initiés sont les véritables acteurs du changement de paradigme, par les efforts qu’ils accomplissent pour se réformer eux-mêmes, conformément au noble idéal qu’ils souhaitent incarner et manifester dans le monde. Car si tant est qu’il soit utile de le préciser, il est vain de vouloir créer un monde de paix, d’amour, d’unité et de fraternité, si on est en conflit avec soi-même et qu’on laisse ce conflit interne semer des graines de discorde dans nos relations avec les autres.
L’initié appartient donc à une troisième catégorie, que je placerais dans une voie médiane par rapport aux forces en présence dans les deux camps opposés que j’ai évoqué plus haut. À la différence des individus impliqués dans cette opposition, l’initié cherche la conciliation des contraires, par le dialogue (si possible) bienveillant, l’ouverture d’esprit, la tolérance, le discernement et la nuance, autant de qualités qu’il cultive comme un art de vivre. Il écoute l’opinion d’autrui, qu’il considère comme un enrichissement plutôt que comme une source de discorde lorsque les points de vue divergent. Conscient qu’il est vain de chercher à changer le monde si l’on ne se change pas soi-même au moins en parallèle, il accorde davantage d’attention à ses propres croyances, biais cognitifs et illusions, qu’à ceux des autres, évitant ainsi de tomber dans le piège de l’essentialisation et de la projection psychologique.
L’initié est un rebelle dans l’âme. C’est un esprit libre, un libre penseur qui cultive son indépendance et son autonomie à l’égard des dogmes et des idéologies. C’est un chercheur de vérité, car il sait que seule la vérité rend libre, selon la parole de l’Évangile. Or, la vérité, au sens du mot grec aléthéia, c’est la dynamique du dévoilement, c’est-à-dire une démarche, ou une quête, qui vise à se libérer des voiles, ceux qui obstruent la conscience individuelle, pour atteindre l’illumination, la connaissance de Soi, la Gnose, et en faire l’expérience sous la forme du fruit de l’Esprit : la paix, l’amour, la joie, la bienveillance, la confiance, etc.
Conscient que la vie est un mystère qui ne se laisse pas facilement percer, l’initié évite de trop intellectualiser, pour sentir et être davantage. Son but n’est donc pas de réussir à identifier et à déjouer l’ensemble des pièges et illusions du Système – une démarche qui serait autant vaine qu’inutile –, mais d’alimenter en lui-même la dynamique de l’effort visant à incarner l’Esprit, par la conjonction de ses deux natures : sa nature inférieure et sa nature supérieure, le serpent et la colombe, le rationnel et l’intuitif (ou la sensibilité).
Au sein du collectif, l’initié se reconnaît à son aspiration à la justesse, autant dans ses pensées, ses paroles que ses actes. Il n’est pas parfait mais il se donne les moyens de l’être, par la focalisation de son attention sur ce qui participe à l’éveil de son âme, sachant que c’est à travers cet éveil qu’il pourra le mieux changer les choses à l’extérieur de lui-même, dans le monde, si tel est son souhait.
Lorsqu’il lui arrive de retomber dans ses travers, parce qu’il est humain, il en prend conscience avec humilité et indulgence envers lui-même, sachant que, dans l’absolu, il n’y a pas d’erreurs mais uniquement des opportunités de se redresser et donc de se renforcer intérieurement, pour tendre vers toujours davantage de maîtrise de soi et, en conséquence, de liberté intérieure et de joie.
« la démarche initiatique n’est point faite pour tout un chacun. Elle n’est rien moins que démocratique. Elle n’est le fait que de quelques-uns. C’est une aristocratie de l’esprit, en quelque sorte. Clairvoyance élitiste. »[6] Michel Maffesoli
Celui qui a choisi de suivre le chemin initiatique est un initié, quel que soit le point auquel il est rendu le long de sa quête, car conformément à la sagesse taoïste, le chemin est plus important que la destination.
En référence à l’Ancien Testament, l’initié est l’élu, qui fait symboliquement partie des enfants d’Israël, ceux que Moïse guida à travers la mer. Selon le récit biblique, ils marchèrent sur le lit de la mer, au milieu des eaux qui formaient une muraille à gauche et à droite de la voie (du milieu) qu’ils ont ainsi pu emprunter pour traverser la mer. Symboliquement, ces deux murailles représentent les peuples qui ont choisi de rester dans la dualité et l’ignorance, sous l’influence permanente des impulsions contraires (attachement-rejet, désir-aversion), dans une dynamique d’opposition, de conflit, intérieur comme extérieur, alors que la voie du milieu représente la voie des initiés, les élus de Dieu, qui s’évertuent de chercher la conciliation des contraires pour atteindre l’équanimité de la conscience, l’ataraxie de l’âme, au-delà du bien et du mal, vivant en conformité avec les Lois universelles.
[1] Cette expression est tirée de l’ouvrage de Klaus Schwab : COVID-19: La Grande Réinitialisation, 2020.
[2] D’où le piège que représente la philosophie hédoniste lorsqu’elle est associée au matérialisme.
[3] Le scientisme est une position apparue au XIXᵉ siècle selon laquelle la science expérimentale est la seule source fiable de savoir sur le monde, par opposition aux révélations religieuses, aux superstitions, aux philosophies spiritualistes, aux traditions, et aux coutumes, également à toute autre forme de savoir. Source : Wikipédia
[4] Source : https://cutt.ly/bwLg4lGS
[5] Cf. Le Grand Retournement, Éditions du Relié, 2021, p.181.
[6] La franc-maçonnerie peut-elle réenchanter le monde ? Éditions Dervy, 2023, p.59.
En complément à cet article
Monographie n°48: science et spiritualité
Si l’angle de vue proposé au travers de cet article vous a intéressé, je vous recommande la monographie n°48, un document A4 de 37 pages qui en explore avec davantage de profondeur les différentes thématiques, et dont voici les chapitres :
- Une crise sanitaire révélatrice
- Sur le conspirationnisme
- Une nouvelle inquisition
- Le dogmatisme scientifique
- Le salut par la science
- Quelques citations à méditer
- Le rapport entre science et religion
- L’idéal de l’Hermétisme
- Crucifier le serpent
- L’ouverture à l’Esprit
- Exercice : vaincre la dépendance
Pour recevoir les derniers articles :
Droits d'auteur
Aucune reproduction du contenu de l'article n'est autorisé sous quelque forme que ce soit sans la permission de l'auteur. Si vous souhaitez partager cet article, vous pouvez transmettre l'URL qui renvoie vers la présente page. Cet article étant susceptible d'être mis à jour à l'avenir, les internautes seront ainsi toujours assurés d'avoir toujours accès à la dernière version.