Quand faire le bien engendre le mal

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  • Dernière modification de la publication :16 janvier 2024

Dans une vision manichéenne des choses, la vie est un combat permanent entre les forces du « bien » et les forces du « mal ». C’est également la vision exotérique des religions, qui nous propose d’un côté et de l’autre, de façon diamétralement opposée, Dieu et l’Adversaire, Satan.

La réalité est beaucoup plus complexe que cela, car si on ne peut nier l’influence du bien et du mal en ce monde comme potentiellement en chacun d’entre-nous, il faut considérer qu’il existe un troisième terme au niveau duquel cette opposition est transcendée, c’est l’Unité.

Sur le plan de la dualité, le bien n’existe que par rapport au mal, et inversement. Cela va même plus loin que cela puisque les deux termes, qui sont comme les deux faces d’une même médaille (celle de la dualité donc…) s’alimentent l’un l’autre, de sorte que « faire le bien » engendre le « mal » en réaction.

Je trouve donc en moi cette loi : quand je désire faire le bien, le mal est attaché à moi.
Épître aux Romains (7:21)

Pour comprendre comment cela est possible, il faut considérer les choses d’un point de vue… vibratoire.

Nous vivons dans un univers vibratoire

Tout comme on ne peut pas ne pas communiquer, on ne peut pas ne pas émettre de vibrations. À l’image de l’univers dont nous sommes des représentations microcosmiques, nous sommes des êtres vibratoires nous aussi. Nos pensées, nos émotions ainsi que nos actions, ont un impact sur la réalité. Même sans agir extérieurement, nous agissons intérieurement, de par la vibration émise par nos pensées et nos émotions. Notre âme et notre corps émettent même des vibrations lorsqu’il y immobilité physique et que la psyché est parfaitement calme, comme c’est le cas par exemple chez un méditant dont la conscience est positionnée dans l’équanimité.

Or, dans cet univers vibratoire, il y a un ordre naturel des choses qui se caractérise par un état d’équilibre parfait, devant être maintenu pour assurer la cohésion de ce même univers. Si la vibration que nous émettons n’est pas alignée sur cet ordre naturel des choses, alors cela crée un déséquilibre et l’univers doit immédiatement déclencher des forces de nature égales et opposées pour rétablir l’équilibre[1].

Pour simplifier, je dirais que tous les processus à l’œuvre dans l’univers s’inscrivent parfaitement dans cet ordre naturel des choses et l’équilibre qui lui est inhérent, à l’exception d’un phénomène spécifique qui est propre à l’être humain tout particulièrement. Je veux parler de l’ego, et plus précisément de l’intéressement personnel qui le caractérise.

L’intéressement personnel, cause du chaos apparent

L’intéressement personnel propre à l’ego est en quelque sorte le grain de sable dans la mécanique bien huilée de l’univers. Enfin pas tout à fait puisque toute forme de déséquilibre qu’il engendre est instantanément « compensé » par une force égale et opposée, de sorte que l’équilibre universel n’est jamais mis en péril. Ainsi, si sur un plan relatif on peut avoir l’impression que les événements se déroulent de manière chaotique (comme c’est le cas aujourd’hui dans notre monde moderne), sur un plan absolu tout est cependant parfaitement ordonné ! C’est juste une question de perspective qui ne doit pas nous faire perdre de vue que la dualité « bien versus mal », si elle est réelle sur le plan relatif qui est celui de nos personnalités, se résout purement et simplement sur le plan absolu, dans l’Unité qui la transcende.

Ainsi, si un individu est mû par l’impulsion de faire le bien, mais qu’il le fait à partir d’un intérêt personnel, l’ego est aux commandes de la démarche et si bonnes que soient ses intentions, les vibrations qu’il émet engendrent un déséquilibre que l’univers doit immédiatement compenser en déployant des forces de nature égales et opposées, qui prendront donc la forme du mal.

Cette explication nous permet de mieux comprendre pourquoi, en dépit de toutes les bonnes intentions qui ont été à l’origine des actions soi-disant évolutives comme à celles des révolutions, des guerres (toujours menées au nom du bien par les différents belligérants…), des projets humanistes, des progrès scientifiques, etc., le mal est toujours aussi présent aujourd’hui, même si ses moyens d’action sont différents de ceux d’autrefois parce que le monde a changé.

La raison à cela est donc que l’être humain n’était pas fondamentalement désintéressé au moment d’impulser ces changements. En agissant à partir de l’ego, il a engendré un déséquilibre qui a dû être compensé par les forces du mal.

La raison d’être du « mal » en ce monde

Tant qu’un être humain n’a pas atteint l’état de Libération spirituelle, il possède un ego et peut par conséquent faire le « bien » comme faire le « mal ». Il existe toutefois une catégorie particulière d’individu dont les faits et gestes sont exclusivement polarisés du côté du « mal », cela même s’ils sont persuadés d’œuvrer pour le bien.

Ceci nous amène à mieux comprendre également la nature du mal en ce monde et en particulier celle de ses serviteurs les plus zélés, que personnellement j’appelle les « marionnettistes » en référence à l’allégorie de la Caverne de Platon. Ce sont eux que l’on retrouve au sommet de la pyramide du pouvoir et qui constitue l’élite occulte qui tire les ficelles de notre Système actuel. Ils occupent également la quasi-totalité des plus hautes fonctions des états, des organisations non gouvernementales et des grandes multinationales. Si c’est au sommet de la pyramide que leur concentration est la plus grande, on les retrouve toutefois également à tous les échelons de la société, tous les milieux sociaux, toutes les religions, toutes les professions, etc. Si les objectifs qu’ils poursuivent peuvent être très différents et qu’ils peuvent même s’opposer les uns aux autres la plupart du temps, ils partagent cependant le même profil psychologique, celui du psychopathe. Je ne parle pas ici des serial killers, mais des personnes dites perverses narcissiques, totalement accomplies dans cette structure psychologique particulière. Il s’agit de malades mentaux que certains psychologues ont également appelé les « psychotiques sans symptôme », ce qui expliquerait pourquoi ils peuvent très bien s’adapter à la société et même se faire passer pour des individus bien sous tous rapports.

Le fait qu’ils soient incapables d’éprouver de l’empathie et qu’ils soient dépourvus de toute culpabilité, est une condition nécessaire à l’exécution de leurs actions car s’ils étaient dotés de ses facultés, ils se rendraient compte du mal qu’ils commentent et y renonceraient par conséquent, ne pouvant alors plus servir d’instruments pour le retour à l’équilibre universel. Ainsi, bien que leurs actions soient parfois d’une abominable cruauté, elles n’en sont pas moins un « mal nécessaire » par le rôle qu’elles jouent dans le maintien de l’équilibre universel.

Nous voyons donc que rien n’arrive par hasard et que le « mal » qui frappe une personne s’inscrit dans la nécessité du retour à l’ordre naturel des choses, si injuste que cela puisse paraître d’un point de vue relatif.

Triompher du mal une fois pour toute

Ce constat aurait quelque chose de déprimant et de tragique s’il n’y avait pas une possibilité de triompher du « mal » une bonne fois pour toute.

Cette solution existe et elle est enseignée par les grands Instructeurs spirituels de l’humanité, depuis des millénaires. Leur message a toujours été le même : le salut de l’humanité ne peut passer QUE par le salut individuel, soit le fait de se libérer de l’ego et de toute forme d’intérêt personnel.

Que l’on parle de « la recherche du Royaume de Dieu », de « la soumission à la Volonté divine » ou de « la Voie du juste Milieu », cela revient toujours au même : se libérer de l’emprise de l’ego, sortir de la dualité en l’embrassant avec un esprit d’unité, synonyme d’équanimité.

En se libérant de l’ego et donc aussi de l’intéressement personnel qui accompagne inévitablement cet état de conscience, les vibrations émises par l’individu sont en phases avec l’ordre naturel des choses et l’équilibre universel est donc maintenu. Ainsi, aucun déséquilibre n’est créé et aucun retour à l’équilibre n’est donc nécessaire. Privé de sa raison d’être, le « mal » disparaît. Asphyxié, il cesse d’exister…

Le mal est donc soigné à la racine : en soi-même !

La persistance du mal en ce monde dépend donc de l’ignorance et de l’intéressement personnel propre à l’ego humain. Dans ces conditions, il est compréhensible que ceux qui prospèrent au travers de la dynamique du mal soient également mus par la volonté de dévier l’être humain de la voie qui lui permettrait de se libérer de l’ego.

C’est particulièrement visible aujourd’hui : divertir, détourner l’attention vers des chimères, affaiblir les capacités de discernement, abrutir et anesthésier la conscience humaine, proposer une spiritualité factice, susciter la révolte et l’indignation, encourager la tendance à l’hédonisme, etc. Tout cela ne participe évidemment pas à l’Éveil spirituel de l’être humain. Au contraire, cela renforce les structures de l’ego et avec elles, la dualité « bien versus mal ».

Se libérer de l’ego, il n’y a pas d’autres chemins pour vaincre le monde et la dualité qui y règne.

Le bien autant que le mal est un obstacle à la libération. « L’enfer est pavé de bonnes intentions. » C’est au nom du bien que les hommes se font du mal. Le bien est un des piliers de l’égoïsme, de l’incompréhension et de la souffrance.[2]

[1] Une analogie peut être établie entre l’équilibre de l’univers et celui de notre pH sanguin. Si le pH du sang devient trop acide, des processus chimiques sont immédiatement actionnés pour l’alcaliniser, et inversement, de sorte qu’il puisse se maintenir en équilibre.

[2] Arnaud Desjardins, Les chemins de la sagesse, La Table Ronde, Pocket spiritualité, 1999, p. 371

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