Le Cours du Vivant

Cours n°31 - La personnalité toxique

La personnalité toxique

Théorie

Depuis quelques années, on entend de plus en plus parler du trouble de la personnalité perverse narcissique, paranoïaque, antisociale, ou encore de la psychopathie et de la sociopathe. Bien qu’il existe certaines différences entre ces psychopathologies, pour les besoins de mon exposé je les regrouperai toutes sous l’appellation de « personnalité toxique », en précisant bien que cette expression concerne tant l’homme que la femme, même si les proportions ne sont pas les mêmes entre les deux sexes [1].

Commentée un peu partout et notamment sur Internet à l’ère des réseaux sociaux, cette problématique bien réelle qui fait des ravages dans tous les milieux (couple, famille, entreprise, politique, etc.) est aujourd’hui récupérée à tout va pour stigmatiser tout individu qui ferait, à un moment donné, preuve d’une certaine agressivité, dirait une chose et son contraire, mentirait, ferait preuve de mauvaise foi, exercerait une forme de chantage, etc., ces caractéristiques étant celles que l’on retrouve à peu près systématiquement chez la personnalité toxique.

En effet, on observe aujourd’hui cette tendance qui consiste à accoler l’étiquette du pervers narcissique, du psychopathe ou du sociopathe à toute personne pouvant faire usage de stratégies de nature perverse, ce qui est potentiellement le cas de tout un chacun puisque selon l’avis des psychiatres, chaque individu peut utiliser un ensemble de mécanismes de défense pervers pour protéger son sentiment de soi et éviter ainsi la dévalorisation, à la différence toutefois que, contrairement à la personnalité toxique dont la structure mentale est à dominante perverse, l’individu lambda éprouvera des remords, des regrets, de la culpabilité. Et c’est précisément cette différence qui permet d’identifier une personnalité toxique.

Cette tendance à voir de la perversité partout autour de soi pose elle-même problème, car elle incite à se focaliser sur le mal à l’extérieur, ce qui peut constituer un mécanisme d’évitement subtil permettant de se dispenser de faire son propre examen de conscience.

Ainsi, bien souvent, ceux qui se donnent pour mission de dénoncer et d’humilier publiquement les personnes qui de leur point de vue présentent des caractéristiques propres à cette psychopathologie, ne se rendent pas compte qu’ils usent eux aussi très souvent de mécanismes pervers dans leur démarche, sans pour autant que leur stigmatisation soit toujours fondée, ce qui peut être vécu comme une forme de harcèlement moral par les personnes qui en sont la cible de manière injustifiée. 

Voir le mal chez l’autre et le dénoncer, à tort ou à raison, peut en effet être une stratégie perverse en soi, surtout si elle apporte une forme de réjouissance et de valorisation aux dépens de l’autre sur lequel l’opprobre aura ainsi été jeté.

La perversion narcissique

Bien qu’elle soit relativement nouvelle dans le contexte de la psychologie, la problématique de la personnalité toxique est bien documentée et il est facile de trouver des informations pertinentes sur ce sujet, notamment en ce qui concerne la perversion narcissique, qui en partage plusieurs caractéristiques.

Au sujet de ce trouble en particulier, la psychiatre Marie-France Hirigoyen a réalisé un travail de recherche remarquable, partagé en partie dans son livre Harcèlement moral : la violence perverse au quotidien. Selon cet auteur, « la perversion narcissique consiste en la mise en place sur une personnalité narcissique d’un fonctionnement pervers [2]. »

Définir la perversion narcissique implique donc de définir les deux notions que sont le narcissisme et la perversion. En ce qui concerne le narcissisme spécifiquement, selon le DSM-V [3], la personne qui en est atteinte doit présenter un schéma persistant de grandiosité, de besoin d’admiration et de manque d’empathie, sur la base d’au moins cinq critères parmi les suivants :

  • Un sens exagéré et infondé de leur importance et de leurs talents (mégalomanie) ;
  • Une obsession de fantasmes de succès, d’influence, de pouvoir, d’intelligence, de beauté, ou d’amour parfait illimités ;
  • La conviction qu’ils sont spéciaux et uniques et qu’ils ne doivent s’associer qu’avec des personnes hors normes ;
  • Un besoin d’être admirés de façon inconditionnelle ;
  • La conviction de disposer d’un droit ;
  • L’exploitation des autres pour atteindre leurs propres objectifs ;
  • Un manque d’empathie ;
  • La convoitise suscitée par les autres et le sentiment que les autres les envient ;
  • L’arrogance et la fierté [4]. »

En ce qui concerne la notion de « perversion », voici ce qu’on peut en apprendre : « Le terme “pervertir” est issu de deux termes latins (per qui signifie “par” et vertere que l’on peut traduire “tourner”). La traduction la plus littérale serait “mettre sens dessus-dessous ou faire mal tourner”. L’adulte est dit pervers s’il impose aux dépens de l’autre une situation qui le satisfait lui. Les traits caractéristiques de ce mécanisme de défense sont donc la manipulation (érigé en mode opératoire — modus operandi) et le refus des envies et besoins de l’autre au profit des siens […]. Le pervers cherche donc à pervertir, à rendre pervers ce qui ne l’est pas. Il est donc de premier ordre de ne pas tomber dans un registre pervers avec le pervers. L’expression pervers narcissique est une personnification d’une déviance associée à un ensemble de symptômes, désignée directement comme perversion narcissique et décrite en premier par Paul-Claude Racamier en 1986 [5]. »

À la suite de ce dernier, d’autres auteurs tels qu’Alberto Eiguer ont tenté de définir ce trouble de la personnalité : « Les individus pervers narcissiques sont ceux qui, sous l’influence de leur soi grandiose, essaient de créer un lien avec un deuxième individu, en s’attaquant tout particulièrement à l’intégrité narcissique de l’autre afin de le désarmer. Ils s’attaquent aussi à l’amour de soi, à la confiance en soi, à l’auto-estime et à la croyance en soi de l’autre. En même temps, ils cherchent, d’une certaine manière, à faire croire que le lien de dépendance de l’autre envers eux est irremplaçable et que c’est l’autre qui le sollicite [6]. »

Quant à Marie-France Hirigoyen, elle ajoute que « les pervers narcissiques sont considérés comme des psychotiques sans symptômes, qui trouvent leur équilibre en déchargeant sur un autre la douleur qu’ils ne ressentent pas et les contradictions internes qu’ils refusent de voir. Ils “ne font pas exprès” de faire mal, ils font mal parce qu’ils ne savent pas faire autrement pour exister. Ils ont eux-mêmes été blessés dans leur enfance et essaient de se maintenir en vie. Ce transfert de douleur leur permet de se valoriser aux dépens d’autrui [7]. »

En ce qui concerne la personnalité antisociale cette fois-ci, la caractéristique principale à considérer est le mépris persistant qu’elle ressent à l’égard des droits des autres, mépris qui doit être défini par au moins trois des caractéristiques suivantes, toujours selon le DSM-V [8] :

  • Le non-respect de la loi, indiqué par des actes répétés pour lesquels il existe des motifs d’arrestation ;
  • Ne pas être honnête, comme indiqué par le fait de mentir de façon répétée, d’utiliser des pseudonymes ou d’escroquer les autres à des fins d’intérêt personnel ou pour le plaisir ;
  • Agir de façon impulsive ou ne rien planifier à l’avance ;
  • Être facilement provoqué ou agressif, ce qui est indiqué par le fait de se battre ou d’agresser constamment les autres ;
  • Le manque de respect flagrant pour leur sécurité ou celle des autres ;
  • Toujours agir de façon irresponsable, comme lorsqu’on quitte un emploi sans avoir aucun autre travail en vue ou lorsqu’on ne paie pas ses factures ;
  • Ne pas avoir de remords, ce qui est indiqué par l’indifférence ou la rationalisation lorsqu’on blesse ou lorsqu’on maltraite les autres.

Ainsi donc, qu’il s’agisse de personnalités perverses narcissiques ou antisociales, ce qui ressort est l’absence d’empathie, de remords ou de culpabilité par rapport à leurs actes autant qu’à leurs conséquences, ainsi que le mépris pour les lois et les droits d’autrui. C’est sans doute ce qui fait dire à certains auteurs que les personnes affectées par ce type de psychopathologie, à l’instar des psychopathes et des sociopathes, sont amorales, ce qui veut dire qu’elles sont dépourvues de conscience morale.

Pour faire le lien avec la théorie du Cours du Vivant, cela veut dire que ces personnes sont sous l’emprise totale des impulsions de désir et d’aversion, fonctionnant exclusivement sous l’influence de l’instinct de survie, dans un état d’identification permanente à leur nature inférieure. Du point de vue des sciences occultes, de telles personnalités toxiques sont diaboliques, démoniaques, sataniques !…

La structure mentale perverse

La personnalité toxique s’est construite une structure mentale qui lui permet de protéger une blessure existentielle survenue dans son enfance ou dont elle a hérité à la naissance sous la forme d’une mémoire, ce qui l’a empêché de se construire normalement. Cette structure est dite « perverse » car elle utilise la manipulation pour imputer aux autres ses propres torts, conflits internes, déviances, etc.

Le fait de rendre pervers ce qui ne l’est pas ou, ce qui revient au même, d’inverser le bien et le mal, permet à la personnalité toxique de se tenir éloignée de l’endroit de sa blessure existentielle et de l’effroyable sentiment de nullité et de « vide » qui lui est associé. Autrement dit, dévaloriser l’autre, l’humilier, le détruire, le faire souffrir, permet à la personnalité toxique de minimiser la souffrance de ses propres blessures psychiques. En résumé, ce mode de fonctionnement lui permet de se rassurer en pensant que « si les autres sont nuls, je suis forcément meilleur qu’eux [9] ».

Cette structure psychique est composée de mécanismes de défense malveillants, diaboliques, que la personnalité toxique utilise pour éviter la décompensation psychique qu’elle vivrait si ses ombres intérieures étaient révélées au grand jour, ombres auxquelles elle redoute par-dessus tout d’avoir à faire face puisque le sentiment de dépression et de dévalorisation qu’elle ressentirait à leur « contact » équivaudrait pour elle à une mort psychologique, c’est-à-dire à un sentiment d’inexistence, un sentiment de n’être « rien ».

En effet, c’est bien pour maintenir caché ce qu’elle ne veut pas que les autres voient que la personnalité toxique a érigé une structure mentale perverse, manipulatrice et destructrice dont l’objectif est donc d’éviter à tout prix cette mort psychologique, quitte à « tuer » psychologiquement les autres pour s’en prémunir.

Modus operandi

Pour obtenir la valorisation dont elle a besoin pour compenser le vide existentiel dont elle souffre, la personnalité toxique a constamment besoin de trouver des « proies » qu’elle pourra écraser, contrôler, soumettre et manipuler à sa guise pour se réhausser à leurs dépens. Ses proies sont en général des personnes au grand cœur, sensibles, douces, remplies d’amour, qui renvoient à la personnalité toxique l’image de ce qu’elle n’est pas capable d’incarner à cause de ses mécanismes de défense, mis en place durant l’enfance le plus souvent.

Plutôt que de chercher à guérir de ses blessures pour retrouver sa capacité à aimer, elle va chercher à détruire l’identité saine de sa « victime », donc son estime d’elle-même, sa valeur personnelle, sa confiance en elle et en ses capacités. C’est ainsi qu’un véritable travail de sape est entrepris par la personnalité toxique pour dégrader l’état psychologique de sa victime. Le fait que cette dernière incarne de belles qualités de l’âme est une aubaine pour la personnalité toxique dans la mesure où elle a ainsi sous la main « matière à détruire », sans pour autant être mise en danger étant donné que sa proie ne disposera pas des mêmes mécanismes de défense pervers et qu’elle sera par conséquent incapable de se défendre à armes égales.

Maîtresse dans l’art de faire passer le faux pour vrai et vice versa, de manier les injonctions paradoxales, les projections et l’inversion accusatoire, la personnalité toxique parvient facilement à « retourner » les choses à son avantage – mécanisme propre à la perversion au sens étymologique du terme, comme nous l’avons vu. Car en effet, c’est un retournement de l’ordre des choses auquel elle se prête le plus souvent, pour faire passer sa cible d’une condition de « bien » à une condition de « mal [10] », que cette cible soit une personne isolée ou un groupe d’individus.

Étant incapable de lâcher le contrôle et de faire l’expérience de la souffrance associée à son propre « vide », la personnalité toxique s’empêche également de guérir, car la guérison passe par l’expérience de cette souffrance, accueillie à partir de la « bienveillante neutralité » de la conscience, détachée, équanime. C’est la raison pour laquelle la personnalité toxique est également incapable d’admettre ses torts et de se remettre en question. Il lui est impossible d’imaginer qu’elle puisse être coupable d’une faute, car ce sentiment de culpabilité est directement lié à l’impression d’être inexistante.

L’incapacité à se sentir coupable de quoi que ce soit est chez elle un mécanisme de défense. Dans de telles conditions, si elle ne peut admettre qu’elle puisse être coupable de quoi que ce soit, c’est forcément l’autre qui doit endosser la responsabilité de la faute [11], quelle que soit la nature de celle-ci.

Lorsque son sentiment de soi est menacé, la personnalité toxique fait donc tout pour imputer ses torts à l’autre. Pourtant, ses torts sont bien réels, mais pris dans le déni psychotique caractéristique de sa psychopathologie, elle les projette sur un bouc émissaire en lui faisant porter le fardeau de sa propre culpabilité. C’est cette « décharge » sur autrui du poids de tout ce qui ne va pas chez elle qui lui permet de compenser et qui a fait dire à certains psychologues que la personnalité toxique est un psychotique sans symptôme.

La victime est ainsi toujours en faute, toujours coupable de quelque chose, ce qui ne peut que détruire l’image qu’elle a d’elle-même, d’autant plus qu’elle est souvent dotée d’une grande sensibilité et que son bourreau sait se montrer convaincant en utilisant des stratégies pour créer la confusion et altérer sa capacité de discernement. Dans une telle relation, la victime finit donc tragiquement par croire qu’elle est nulle, fragile, vulnérable, et qu’elle ne peut exister sans son « bourreau », qui retire au passage de cette « dépendance affective » l’impression d’être indispensable, sentiment valorisant qui lui permet d’obtenir compensation, là aussi.

N’existant pas par elle-même puisque son centre n’est pas défini à cause des blessures dont son âme souffre, la personnalité toxique a en effet besoin de se sentir exister au travers de sa relation à l’autre, tout en gardant un contrôle absolu sur cet autre pour éviter tout risque d’être déstabilisée et de revivre, en conséquence, l’impression d’être vulnérable, faible et sans valeur.

La situation de la victime est particulièrement tragique, car ayant besoin de sa souffrance pour se sentir exister, son bourreau va n’avoir de cesse de la rabaisser, de l’humilier, de la dévaloriser, tout en la privant de liberté pour être sûr de l’avoir à ses côtés à chaque fois qu’il a besoin de se « décharger » sur elle. Elle se sent ainsi prisonnière, esclave et dépendante de lui également, et le sentiment d’impuissance-désespoir qu’elle peut ressentir dans cette relation toxique est extrêmement néfaste pour son équilibre physique et psychologique.

La psychopathologie au pouvoir

Compte tenu des explications données ci-avant, on ne sera pas surpris de constater que les personnalités toxiques se trouvent majoritairement concentrées là où les leviers du pouvoir sont les plus importants, c’est-à-dire au sommet de la pyramide sociale, sous la forme des… « élites ».

En plus d’avoir le sentiment valorisant d’être supérieurs à celles et ceux qui occupent les échelons inférieurs de cette pyramide et qui représentent plus de 99 % de la population mondiale, occuper ce niveau hiérarchique permet aux élites de disposer d’importants soutiens et moyens de pressions pour affermir leur position dominante et contrôler ceux qui pourraient les faire tomber de leur piédestal. 

S’élever à un tel niveau de pouvoir dans la société n’est pas à la portée de monsieur et madame Tout-le-monde. C’est la loi du plus fort qui prévaut et il faut donc être prêt à toutes les compromissions et à toutes les manigances pour parvenir à ses fins, en usant du mensonge, de l’intimidation, de la diffamation et du fameux « diviser pour mieux régner », ce pour quoi les personnes dotées de ces psychopathologies sont particulièrement bien « calibrées ».

Cet état de fait en dit long sur ce que sont devenues les valeurs de notre société ! Les personnalités toxiques s’y sont parfaitement adaptées et il est même fort probable qu’elles l’aient façonnée de sorte à ce qu’elles puissent y évoluer et y prospérer en étant le moins possible entravées dans leur volonté d’accroître leur pouvoir pour renforcer ainsi leur contrôle sur les autres. Rappelons qu’il s’agit pour elles d’un mécanisme de survie puisque le contrôle leur permet de réduire considérablement le risque d’être confrontées au vide existentiel qu’elles ressentent au fond d’elles. 

Si cette problématique vous intéresse, je vous recommande vivement de vous intéresser aux travaux du Dr Ariane Bilheran, qui a écrit plusieurs ouvrages de référence sur l’influence délétère de la psychopathologie infiltrée dans les plus hautes sphères du pouvoir. Voici quelques-uns de ses propos à ce sujet, extraits de son entrevue avec Pierre Barnérias dans le cadre de la réalisation du film Hold Up COVID-19, retour sur un chaos :

« Je m’intéresse tout particulièrement depuis des années à la question de la déviance du pouvoir au niveau psychopathologique, c’est-à-dire aux pathologies que sont la perversion et la paranoïa essentiellement, et je dirai qu’il y a un point d’étude qui m’interpelle tout particulièrement car il n’est quasiment pas travaillé or il me paraît essentiel, c’est la question de la contagion délirante dans les collectifs, comment ça opère. En fait, on sait que le délire paranoïaque peut être contagieux, et comment opère cette contagion d’un psychisme à un autre. Et ceci me paraît essentiel pour expliquer les dérives totalitaires dans l’Histoire, que l’on ne peut pas simplement expliquer par des tyrans. C’est qu’à un moment donné il y a dans le peuple quelque chose qui s’active et qui participe au phénomène de façon complice [12]. »

Ces propos trouvent écho chez Henri Sy, l’éditeur du livre Ponérologie politique écrit par Andrew Lobaczewski, un ouvrage édifiant qui permet de comprendre la nature exacte du « mal » qui ronge notre société. Voici un extrait des propos de l’éditeur, issu d’une entrevue autour du livre en question :

« Notre société perd de plus en plus son âme parce que les personnes qui la dirigent et qui donnent l’exemple sont sans âme – ils n’ont littéralement aucune conscience. Quand vous en venez à comprendre que les rênes du pouvoir politique et économique sont entre les mains de personnes sans conscience qui ne possèdent pas de faculté d’empathie, cela permet de regarder ce que nous appelons le “mal” d’une façon totalement nouvelle. Le mal n’est plus seulement une question morale ; il peut alors être analysé et compris scientifiquement. […]

Lorsque les législateurs et les grands patrons du monde des affaires sont des psychopathes, leur façon de penser et de raisonner – leur “moralité” – devient la culture et la “moralité” communes des populations qu’ils gouvernent. Quand cela se produit, le mental de la population est infecté de la même façon qu’un agent pathogène infecte un corps physique. La seule manière de nous protéger contre cette pensée pathologique est de nous vacciner contre elle, et cela se fait en en apprenant le plus possible sur la nature de la psychopathie et sur son influence sur nous. Fondamentalement, cette “maladie” particulière prospère dans un environnement où son existence même est niée, et où ce déni est planifié et délibéré [13]. »

Si Henri Sy a jugé utile d’ajouter des guillemets pour parler de la moralité des psychopathes qui nous dirigent, c’est parce qu’il s’agit en vérité d’amoralité, ce qui veut dire, comme nous l’avons vu plus haut, que les psychopathes n’ont pas de conscience morale.

Comme l’a fait remarquer Martha Stout dans la préface de son livre The Sociopath Next Door : « Cette folie existe bel et bien, elle a même été identifiée. De nombreux professionnels spécialisés dans les maladies mentales parlent de cette absence de conscience comme de “troubles de la personnalité antisociale”, une anomalie incurable que l’on estime toucher environ quatre pourcents de la population, soit une personne sur vingt-cinq. On utilise également d’autres termes tels que “sociopathie” ou “psychopathie”. L’absence de culpabilité dans les actes fut en fait le premier trouble de la personnalité à être reconnu par la psychiatrie et, parmi les termes utilisés pour le désigner au cours du siècle passé, on peut lire “manie sans délire”, “infériorité psychopathe”, “folie morale” ou “imbécilité morale” [14]. »

Ainsi, les individus atteints de cette psychopathologie sont dépourvus de cette « petite voix » qui retient les gens « normaux » de faire du mal à l’autre, ou qui fait que ces dernières se sentent coupables lorsqu’elles lui en ont fait.

Si ces individus peuvent être conscients de faire du mal à une personne comme à toute une population, cela ne leur pose aucun cas de conscience si ce mal leur permet de parvenir à leurs fins, fins qui justifient toujours les moyens à leurs yeux, comme le dit le proverbe. Ce « mal » est à leurs yeux un « mal pour un bien ». Non pas un « bien » dont tous pourraient apprécier la valeur et les effets, mais un « bien » dont ils sont les bénéficiaires en priorité, égoïstement et sans aucune once d’empathie pour la souffrance et les vies que cela aura pu coûter à celles et ceux qui auront été sacrifiés pour satisfaire leurs intérêts.

Comme l’a écrit Claire Séverac : « Ils ont fait main basse sur l’argent comme sur l’agriculture, l’élevage, l’énergie, la santé, et sur l’économie toute entière. Tout ce qui se passe est voulu, prévu et fait partie du plan. Le fait d’avoir marché sur une fourmilière nous empêche-t-il de dormir ? C’est à peu près le même degré d’empathie qu’ils ont pour nous et les souffrances qu’ils nous infligent [15]. »

Le syndrome de Stockholm

Comme cela peut être le cas pour une victime dans sa relation à son ou ses bourreaux, il y a un phénomène qui relève du « syndrome de Stockholm » dans le rapport qu’une population entretient avec ses élites lorsqu’elles sont toxiques, ce qui est le plus souvent le cas pour les raisons évoquées au début du précédent chapitre.

Pour rappel, le syndrome de Stockholm s’installe progressivement : « La victime se retrouve d’abord dans un état de sidération rendant impossible toute prise de décision. Après le choc, une réorganisation psychologique s’opère. En effet, la victime s’adapte à la situation et trouve de nouveaux repères. La victime n’a plus aucune autonomie et dépend totalement de son bourreau pour satisfaire ses besoins. Finalement, c’est “grâce” à lui si elle peut manger, dormir, bouger, aller aux toilettes, etc. Lorsque l’agresseur n’abuse pas de la situation, sa victime le voit comme quelqu’un de bien. Certaines victimes peuvent ressentir un sentiment de gratitude envers leur agresseur, et adopter petit à petit la pensée et le code moral du bourreau [16]. »

Pour citer à nouveau Claire Séverac : « Il est vrai que beaucoup de gens croient encore que jamais le gouvernement ne ferait volontairement du mal au peuple innocent – bien que l’Histoire nous prouve le contraire depuis le début des temps ! Et étant donné que les médias traditionnels n’abordent jamais ces sujets, sauf en invoquant la “théorie du complot”, ils se voient relégués au rang de rumeurs ou de “légendes urbaines”. En ce qui me concerne, je n’arrive pas à comprendre, en voyant ce que l’on nous a fait, comment on bousille nos enfants, l’espèce de passivité, de résignation ambiante, la peur de contester l’autorité, la “peur d’avoir peur” qui fait que la majorité de la population préfère faire l’autruche… Mais il y a sans doute des raisons à cela [17].

Naomi Klein, dans son livre La Stratégie du choc, explique qu’un état de choc ne survient pas seulement après un drame, mais également quand on perd nos repères, notre mémoire collective, ce qui nous a charpentés et nous permet de rester vigilants. Or, depuis des années en Europe occidentale, on est priés d’oublier l’État-nation en même temps que notre héritage commun que sont l’hellénisme, la romanité et le christianisme, sous peine d’être suspectés de fascisme ou de racisme par une pseudo-intelligentsia qui roule pour nos prédateurs, les seuls qui ont un intérêt dans le mondialisme. Coupés de Dieu, de la nature, de la famille et du savoir, que nous reste-il comme certitude pour tenir debout ? les travaux de l’armée américaine sur la privation sensorielle prouvent que cela produit une monotonie extrême qui entraîne la perte de toute capacité critique. Donald Hebb, qui a dirigé ces recherches, dira plus tard : “Je n’avais aucune idée de l’arme vicieuse que ça allait devenir.” Le Dr Cameron a poursuivi ces travaux en cherchant à déstructurer l’esprit de ses patients, effaçant tout leur passé, de façon à pouvoir le reconstruire à partir de zéro et y implanter de nouvelles idées [18]. Évidemment, il n’a pas fallu longtemps à la CIA pour s’emparer des résultats et les mettre en pratique !

Et il n’est pas besoin d’être Einstein pour se rendre compte que c’est exactement le régime qui nous est appliqué de plus en plus ouvertement [19]. »

De plus en plus ouvertement, en effet ! Les propos Claire Séverac, décédée en décembre 2016 soit un peu plus d’une année après la parution de son livre, résonnent encore plus fortement lorsque l’on pense à la crise sanitaire [20] qui a touché toute la planète entre 2020 et 2022. 

Au début de la crise, les populations ont vécu un traumatisme, un « choc », induit et entretenu par une campagne de propagande Ô combien oppressante et anxiogène de la part des grands médias et des gouvernements.

La peur est un excellent moyen de manipuler l’opinion publique, comme nous le savons, et produire ce sentiment est facile puisqu’il suffit d’exposer le psychisme collectif à des menaces, que celles-ci soient fictives car créées à partir d’un narratif, ou réelles, car fondées sur des faits. Terrorisme, réchauffement climatique, épidémie, guerre mondiale, font partie de ces menaces qui occupent le devant de la scène médiatique et qui sont régulièrement utilisées par les dirigeants et les médias pour servir les intérêts des élites. Si l’on ajoute à cela la déstabilisation induite par la dissolution de certaines balises psychiques essentielles par la théorie du genre, l’idéologie woke – ou « wokisme » –, la cancel culture ou encore l’hypersexualisation des enfants, il n’est pas surprenant d’avoir une population aux abois, de plus en plus apeurée pour ne pas dire traumatisée, dont les mécanismes de défense vont naturellement s’activer pour tenter d’échapper à cet état émotionnel inconfortable.  

 Le fait qu’une personne ne soit pas exposée à un danger physique immédiat n’empêche pas que ses mécanismes de défense s’activent lorsque sa psyché est exposée à des menaces permanentes – fictives ou réelles – et qu’en plus de cela ses repères identitaires fondamentaux sont ébranlés. Les phases du stress pour la survie, soit la lutte, la fuite et l’inhibition, peuvent s’actionner dans ce cas-là également. Le syndrome de Stockholm fait alors partie des mécanismes de défense qui permette à la personne de s’adapter à la situation en réduisant son inconfort psychologique, y compris lorsque le bourreau n’est pas un petit groupe de preneurs d’otage, mais des organisations tout à fait officielles, gouvernementales, médiatiques, privées ou autres, dont les liens d’intrication sont évidents.

C’est sans doute ce qui fait dire au sociologue Michel Maffesoli que les peurs du peuple peuvent être instrumentalisées par les élites au pouvoir : « une élite centrée sur les anciennes valeurs productivistes et individualistes “invente” sans discontinuer de nouveaux dangers, pour normaliser et contraindre les comportements individuels.

La peur est un sentiment intemporel, propre à une espèce humaine consciente de sa finitude. Dans le passé ces émotions ont été régulées par diverses croyances religieuses et par des rites collectifs. La modernité a développé une idéologie du progrès, laissant accroire que l’homme pouvait éradiquer le mal, vaincre la maladie, voire la mort.

La gestion de la “pseudo-pandémie” s’est inscrite dans cette idéologie scientiste, rationaliste et les diverses élites au pouvoir (politiques, hauts fonctionnaires, experts médiatiques et médiatisés) ont amplifié les dangers, pour justifier la restriction des relations sociales et ce qui constitue en général l’essence de l’Être-ensemble [21]. »

Ainsi, selon la logique du « pompier pyromane », les élites peuvent mettre en scène des dangers et imposer des mesures qui, bien que contraignantes et privatrices de liberté, donnent l’illusion de la sécurité aux populations et donc le sentiment que ces mêmes élites sont bienveillantes envers elles.

Si l’on ajoute à cela le fait que les populations sont totalement dépendantes du Système pour satisfaire à leurs besoins fondamentaux, il n’est pas infondé d’envisager un syndrome de Stockholm à large échelle, syndrome qui permet aux populations de diminuer la peur qu’elles ressentent. Ce fut du moins l’hypothèse partagée par le Dr Nicole Delépine, en prenant en exemple la crise sanitaire de la Covid-19 :

« Les Français sont-ils devenus masochistes et aimeraient-ils ceux qui leur font mal ? […] Car sinon pourquoi voter pour tous ceux qui ont imposé un enfermement si toxique pendant des semaines, ceux qui nous ont demandé de nous autoriser nous-mêmes à sortir une heure, ceux qui ont, pendant des mois, asséné des ordres contradictoires et obligatoires, ceux qui ont gâché une génération de bébés qui ne savent pas ce qu’est un visage, ceux qui ont abîmé une génération d’adolescents en imposant encore plus d’écrans et en les privant de relations humaines si capitales à cet âge… ? Et maintenant ils tuent… Et on nous prédit qu’ils tueront de plus en plus jeunes. 

Le syndrome de Stockholm se développe de manière inconsciente et involontaire. Il s’agit de l’instinct de survie. En sommes-nous globalement atteints [22] ? »

Terrorisme intellectuel

Si l’on s’intéresse au rapport entre les élites et les populations au cours de l’histoire, on remarque que les techniques de manipulation, fondée sur la terreur, ont toujours existé. Le Dr Ariane Bilheran a cité l’exemple de Jules César et de son armée : « il faut décimer, c’est le principe, 1 sur 10 […], c’est-à-dire dire que pour pouvoir avoir l’ordre, il faut intimider et en faire des exemples. Une fois qu’on a fait un exemple, normalement tout le monde reste tranquille [23]. »

En s’appuyant sur l’exemple du maître et de ses esclaves, elle explique : « il est très codifié que le maître doit absolument fonctionner par des méthodes d’intimidation odieuses et terrorisantes, parce qu’il n’a pas le choix, parce que si jamais les esclaves se retournent contre lui, effectivement, ils lui prendront ces privilèges et le tueront. […] Il fallait d’abord couper le pied de l’esclave, ensuite le jarret, ensuite condamnation à mort, si jamais il avait quand même l’idée de fuir, parce que cette idée de fuir elle devait être tuée dans tous les esclaves, puisque les esclaves étaient beaucoup plus nombreux que le maître. Donc, si les esclaves avaient rendu sacré le sacrifice de leur compagnon esclave, ils se seraient effectivement rebellés, et se seraient enfuis. Et ils auraient repris leur liberté. Ça c’est très important, c’est-à-dire que ces stratégies d’intimidation qui fonctionnent bien par la propagande… on a quelques exemples là, une femme enceinte arrêtée chez elle à Melbourne [durant la crise sanitaire, N.d.A.], parce qu’elle voulait inciter à manifester, et là c’est en plus de l’intimidation, parce qu’en plus par l’intimidation, chacun va craindre d’être persécuté, et va encore une fois rogner complètement ce qui fait le sens de son humanité. Ça c’est quand même très important. Parce que jusqu’où sommes-nous prêts à perdre notre humanité par peur d’être persécutés [24] ? »

Au travers de ces quelques exemples, nous comprenons que le fait de manipuler par la terreur est un moyen redoutable dont les élites disposent pour se prémunir autant que possible des soulèvements populaires qui pourraient les faire vaciller et leur faire perdre leurs privilèges. Si l’on considère le fait qu’il est dans la nature de la personnalité toxique de faire du mal [25] sans être limitée par une conscience morale (dont elle est dépourvue), on comprend à quel point il lui est facile de susciter la confusion, de sidérer, de contraindre, d’intimider et de terroriser lorsque cela est utile à la sauvegarde de ses intérêts.

Comme l’a très justement expliqué l’écrivain François Belliot : « Le pouvoir est parfaitement conscient de l’immense et légitime colère qui monte de toutes parts, et actionne en conséquence tous les leviers à sa disposition pour empêcher l’avènement d’une opposition salutaire et digne de ce nom, ce qui se traduit dans les faits par la diabolisation en conspirationnistes des opposants et lanceurs d’alertes, les dissolutions ou invisibilisations d’associations, de groupuscules, et de partis politiques, les persécutions judiciaires et professionnelles, la volonté affichée de contrôler toujours plus étroitement le développement de l’esprit des enfants et des adolescents [26]. »

Ceci relève de ce que certains auteurs ont appelé le « terrorisme intellectuel ». Selon Jean Sévillia, par exemple, « le terrorisme intellectuel est une mécanique totalitaire qui pratique l’amalgame, le procès d’intention et la chasse aux sorcières, pour faire obstacle à tout vrai débat sur les questions qui engagent l’avenir [27]. »

Ce mode opératoire semble être aujourd’hui plus actif que jamais, avec d’un côté la « bien-pensance », c’est-à-dire la pensée conforme, unique, définie par le pouvoir en place et ses réseaux d’influence et, de l’autre, des formes d’opposition au système qui s’incarnent dans certaines mouvances ou idéologies contestataires, dissidentes ou simplement émancipatrices par les alternatives qu’elles proposent pour sortir du système ou le réformer.

Plutôt que d’inclure ces positions dissidentes ou subversives dans un débat qui se voudrait réellement démocratique, le pouvoir totalitaire tente de jeter le discrédit sur tout ce qui n’est pas aligné sur sa doxa. Ainsi placée par décret dans le camp du « mal » face au « bien » représenté par ce même pouvoir, toute personne qui, par ses opinions ou son discours, sort du cadre de la bien-pensance voit s’abattre sur elle une chape de plomb morale culpabilisante et humiliante. En conséquence de cette forme de séparatisme social, toute une partie de la population se range du côté du narratif officiel, non pas par devoir moral ou par réelles convictions idéologiques, mais par conformisme, lâcheté et manque de dignité. Pire encore, pour se mettre à l’abri, cette frange de la population croit bon de prendre fait et cause pour le narratif officiel en s’attaquant elle aussi – parfois avec un zèle rappelant les heures sombres de la « collaboration » – aux libres penseurs et autres chercheurs de vérité, pour se satisfaire de l’illusoire impression d’être dans le camp du plus fort et de bénéficier ainsi de sa protection, à l’image du petit harceleur à l’école qui insulte et humilie les autres enfants parce qu’il se sent protégé par la terreur de l’école, celui que la plupart des enfants redoutent parce qu’il est plus grand et plus fort que les autres.

Mais ce dont ces « suiveurs » n’ont pas conscience, c’est qu’en adhérant aux stratégies manipulatoires du pouvoir en place, ils devront constamment composer avec une dissonance cognitive résultant du décalage entre le récit trompeur auquel ils ont choisi d’adhérer et les faits relatifs au réel, toujours têtus (comme disait Lénine). Au lieu de se libérer de leurs conflits internes et de prendre une posture digne et courageuse qui les ferait rallier la noble cause du combat pour le vrai et le juste, ils chercheront à réduire leur dissonance cognitive en tirant à boulets rouges sur les personnes engagées avec héroïsme dans ce combat, cela, le plus souvent, par le harcèlement et l’attaque ad personam – puisque sur le fond, ils n’ont en principe pas grands arguments à faire valoir. C’est un mode de fonctionnement pervers caractéristique de la recherche du bouc émissaire là aussi, sur lequel ils pourront projeter tout ce qui pourrait dégrader leur sentiment de soi.

C’est ce qui peut expliquer en quoi la psychopathologie du pouvoir est à ce point « contagieuse » et donc dangereuse pour la société.  En contaminant la masse à ses propres mécanismes pervers, le pouvoir la rend complice, faisant d’elle un précieux allié pour diaboliser et incriminer toute pensée contestataire ou émancipatrice. C’est ce que l’on voit aujourd’hui avec celles et ceux qui osent remettre en question le bien fondé des décisions gouvernementales ou la version officielle véhiculée par les grands médias, de même que ceux qui proposent des alternatives au système de santé. Pour disqualifier et discréditer ces individus, on brandit les étiquettes de « complotiste », d’ « extrémiste » (de droite, le plus souvent), de « pseudo-scientifique », de « charlatan » et de « gourou sectaire ».

Face au sort réservé à ces boucs émissaires des temps modernes, celles et ceux qui sentiraient l’élan de proposer également des alternatives sortant du cadre du « bien » défini par les suiveurs du Système et autres « gardiens de la raison », sont ainsi dissuadés de le faire. En jouant sur cet effet de terreur (d’où la notion de « terrorisme intellectuel »), les élites ont ainsi l’assurance de conserver leur pouvoir et les privilèges qui vont avec.

Grand récit versus Réalité

Nous voyons à quel point ce sont les ultras riches qui profitent des lois et des mesures imposées par les gouvernements, qui eux-mêmes sont sous l’influence d’un « État profond » opaque aux contours flous, composé essentiellement par des entités privées non élues démocratiquement (cabinets de conseils, instances supranationales, dirigeants de multinationales, groupes d’influence, acteurs financiers mondiaux, etc.), qui sont donc les véritables décideurs des grandes orientations politiques et sociales qui conditionnent le mode de vie et le devenir des populations.

Nous sommes donc bien loin de la définition d’Abraham Lincoln, pour qui la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. » En effet, nos régimes politiques n’ont de démocratique que le nom. Mais il faut bien entretenir l’illusion et c’est là où le récit intervient. À l’instar des marionnettistes de l’Allégorie de la caverne de Platon créant les ombres que les prisonniers vont confondre avec la réalité, les élites créent des récits que la masse confond elle aussi avec la réalité [28].

Rien de complotiste dans cette vision des choses puisqu’elle est publiquement revendiquée par un des membres les plus influents de l’élite, Klaus Schwab, président fondateur du Forum Économique Mondial, comme en témoigne le titre autant que le contenu de son livre Le Grand Récit – Pour avenir meilleur, dont voici un extrait particulièrement révélateur :

« Les récits fournissent le contexte dans lequel les faits que nous observons peuvent être interprétés, compris et exploités. En ce sens, ils représentent bien plus que les histoires que nous racontons, écrivons ou illustrons au sens figuré ; ils finissent par être les vérités, ou les idées que nous acceptons comme telles, qui sous-tendent les perceptions façonnant nos “réalités” et, ce faisant, formant nos cultures et nos sociétés. Grâce aux récits, nous expliquons comment nous voyons les choses, comment elles fonctionnent, comme nous prenons des décisions et les justifions, comment nous comprenons notre place dans le monde et comment nous essayons de persuader les autres d’adhérer à nos croyances et à nos valeurs. En résumé, les récits façonnent nos perceptions, qui à leur tour forment nos réalités et finissent par influencer nos choix et nos actions. C’est ainsi que nous trouvons un sens à la vie [29]. »

Le projet est on ne peut plus clairement formulé : il s’agit de persuader la masse d’adhérer aux croyances et aux valeurs de l’élite afin d’influencer ses choix et donc ses actes, dans un sens qui sert bien évidemment les intérêts de cette même élite. Si ces intérêts et ceux de la masse étaient communs, cela ne poserait évidemment aucun problème et le récit utilisé dans ce but serait fondé. D’ailleurs, les philosophies, les mythes et même les religions dans leur dimension exotérique, ont toujours comportés une part importante de récit pour favoriser la cohésion sociale et donner du sens à la vie de l’être humain. C’est aussi le but des paradigmes anthropologiques, qui ont toujours déterminés le devenir des hommes, dans toutes les sociétés et à toutes les époques. Comme l’a écrit Michel Fromaget :

« Les paradigmes anthropologiques […] façonnent et formatent l’homme lui-même dans le sens où ils le conçoivent. […] Par nature inachevé et à faire, l’homme est, de plus, spécialement plastique, semblable en cela à une terre glaise dont la forme ultime dépend fondamentalement de l’idée que s’en fait le sculpteur. Ce mécanisme de conditionnement était très compris par les anciennes civilisations d’Orient et d’Occident qui, pour nous en avertir, ont laissé d’admirables axiomes. Par exemple : “L’homme est la création de sa pensée”, “Ce que les hommes pensent, ils le deviennent”, “Chaque âme est et devient ce qu’elle contemple” [30]. »

Sachant cela, il est facile de comprendre qu’un grand récit collectif peut fortement déterminer le devenir des hommes. Toute la question est de savoir si ce grand récit participe à leur épanouissement, ou s’il favorise un petit nombre d’individus au détriment de la masse. Malheureusement, si l’on observe les conditions de vie de la grande majorité des êtres humains peuplant la planète et l’écart de plus en plus grand entre ceux-ci et une petite minorité d’ultra riches, force est de constater que le grand récit autant que le paradigme anthropologique qui façonnent notre civilisation depuis plus de deux siècles, est loin de représenter un idéal, du moins du point de vue des peuples qui en subissent les conséquences.

Bien entendu, les élites sont parfaitement au fait du caractère plastique et donc malléable de la psyché de l’être humain et ce n’est pas surprenant qu’elles exploitent cette caractéristique à leur profit tout en faisant perversement croire aux populations qu’elles sont responsables de leur devenir puisqu’elles détiennent le pouvoir de gouverner grâce à la démocratie. C’est un habile subterfuge qui leur permet de se dédouaner de leur propre responsabilité lorsque les choses tournent mal, ce qui ne manquent jamais d’arriver lorsque les élites sont atteintes de psychopathologies.

Le simulacre des marionnettistes

Pour revenir à l’Allégorie de la caverne de Platon, ces élites, ce sont donc les marionnettistes, qui maintiennent l’humanité prisonnière d’un récit qu’ils élaborent depuis des siècles pour la maintenir captive. Conscient de cet assujettissement injuste et immoral, le philosophe qui a fait l’expérience de la lumière inhérente à la réalité – au-delà de tout récit –, se sacrifie en descendant au fond de la caverne, au péril de sa propre vie. Il accepte de s’y rendre par compassion, pour « éclairer » les prisonniers, en les aidant à comprendre en quoi le récit que les marionnettistes leur imposent s’oppose à leur épanouissement psychique et à leur éveil spirituel. Mais comme l’a dit Platon en prenant l’exemple de Socrate, qui a été condamné à mort pour avoir tenté d’éclairer les hommes, ce ne sont pas seulement les marionnettistes qui tenteront de s’en prendre au philosophe, mais aussi les prisonniers eux-mêmes, qui préféreront pour la grande majorité d’entre eux se maintenir dans le confort de leurs illusions plutôt que de remettre en question ce qu’ils avaient toujours pris pour vrai. Car lorsque l’on reconnait la vérité, on est placé face à la responsabilité de nos choix : nous devons accepter nos erreurs et changer, et cela implique des efforts, forcément désagréables pour l’ego. D’où la résistance au changement et les difficultés auxquelles doit faire face le philosophe qui, à l’instar du Fou du Tarot, se fait mordre par ceux à qui il montre le chemin de la libération.

Comment ne pas penser à la mission du Christ qui, à son époque, fut rejeté par toute une partie de la population. Lui aussi dénonça les zones d’ombre du grand récit imposé par les scribes, les pharisiens et autres « docteurs de la loi » qui selon lui fermaient la porte du royaume de Dieu à celles et ceux qui voulaient y entrer [31]. Son évangile ne fut pas un nouveau récit destiné à remplacer celui qui était en vigueur dans le judaïsme de l’époque, ce fut un témoignage vivant inspiré par une expérience directe de la Réalité, que le Christ appelait le royaume de Dieu.

Cet enseignement, dont les fondements se retrouvent en d’autres époques et en d’autres lieux, peut être résumé par l’injonction « convertissez-vous », proclamée par le Christ. C’est la métanoïa, le retournement de l’attention, grâce auquel le prisonnier de la caverne se libère du récit et fait l’expérience directe de la réalité, pour vivre l’émerveillement et la félicité qui en découle. Il s’agit de sortir de la caverne, symbole du monde sensible, pour faire l’expérience du monde intelligible, qui est le royaume de Dieu dont parlait le Christ. Il s’agit de se libérer de l’ignorance pour revenir à la connaissance directe de la Réalité.

Selon le grand maître bouddhiste Huang Po : « L’Esprit originel se reconnaît avec le fonctionnement des sens et des pensées, et pourtant il n’en est pas indépendant. N’édifie point tes opinions sur tes sens et tes pensées ; mais, en même temps, ne cherche pas l’Esprit séparé de tes sens et de tes pensées, n’essaye pas de saisir la Réalité en rejetant tes sens et tes pensées. Quand tu n’es ni attaché à eux, ni détaché d’eux, c’est alors que tu jouis de ta parfaite liberté sans entraves, c’est alors que tu as ton siège d’illumination [32]. »

Telle est en effet la véritable liberté de l’être spirituellement réalisé, qui ne peut plus être manipulé par le pouvoir en place, raison pour laquelle le vrai philosophe ou le maître de sagesse, dont la mission est d’éveiller ses semblables au réel, est si mal vu par ceux qui détiennent le pouvoir et qui veulent à tout prix le garder.

Comme l’a souligné Lucien Cerise : « Le réel étant, selon la définition topologique et structurale de Jacques Lacan, “ce qui ne se contrôle pas”, l’ingénierie sociale vise donc ni plus ni moins qu’à abolir le réel. Au profit de quoi ? Au profit d’une déréalisation parfaitement contrôlée, ce que Jean Baudrillard appelait un “simulacre” (ou une “simulation”). […] Le réel est ainsi l’autre nom de l’antagonisme originel qui fonde nos vies psychiques, la contradiction fondamentale des choses qui pose une limite à notre volonté de puissance. Dans le champ politique, le réel c’est donc tout ce qui est en position de contre-pouvoir. C’est donc aussi tout ce qui fait peser une menace sur la sûreté et la sécurisation de mon pouvoir, en tant que je le voudrais central et exclusif [33]. »

Derrière l’ingénierie sociale dont parle l’auteur, il y a cette volonté de contrôle pour conserver le pouvoir, volonté dont l’être éveillé, en phase avec le réel, est totalement dépourvu. Pour reprendre l’exemple du Christ, n’a-t-il pas rejeté avec force le pouvoir que le diable (en tant que l’extériorisation de sa propre nature inférieure [34]) tenta de lui offrir sur « tous les royaumes du monde » s’il acceptait de se prosterner devant lui et de l’adorer ? En phase avec la Réalité, c’est-à-dire avec l’Esprit, avec lequel il ne faisait plus qu’un, le Christ ne pouvait être intéressé par une quelconque forme de pouvoir, ni par une quelconque forme de contrôle. Tout l’inverse des élites actuelles…

La recherche du pouvoir et du contrôle

L’interprétation donnée ci-avant de l’Allégorie de la caverne de Platon, est fort éloignée de celle enseignée par le philosophe Leo Strauss. Comme l’a fait remarquer le journaliste d’investigation Matthew Ehret : « Strauss a prêché une interprétation perverse de La République de Platon à des dizaines de milliers d’étudiants dévoués répartis sur plusieurs décennies.

Parmi les plus grandes leçons contenues dans les enseignements de Strauss (du moins pour une poignée de ses étudiants) figurait l’idée du Noble Mensonge développée par Platon dans le Livre III de La République. Strauss enseignait à ses étudiants que ce noble mensonge était la plus grande arme et l’outil légitime de quiconque se trouvait en position de pouvoir pour dominer les faibles à tout moment de l’histoire.

Dans le plus pur style nietzschéen, la définition étroite du “pouvoir” comme la subordination du faible au fort était la seule définition permise par Strauss qui enseignait à ses étudiants que si Platon prêchait l’amour de la sagesse aux masses, il avait secrètement un enseignement différent pour l’élite de son Académie qui contrôlerait le pouvoir politique. À cette élite, il a donné le nom de “gentilhommes” et de “gardiens”.

Strauss a enseigné que les Gardiens de Platon contrôleraient les ombres projetées sur les murs de la grotte que la plèbe, enchaînée à ses sens, croirait être la seule réalité possible. Le mandat de ces néo-platoniciens pervers était de vivre l’idéal non pas de Socrate, mais plutôt de Thrasymaque dont Socrate a annihilé la doctrine immorale dans le premier livre de La République. Les jeunes néoconservateurs qui apprenaient de leur maître ont appris que le véritable “secret” de Socrate, comme Thrasymaque ou Calliclès (élève de Gorgias), était que le but suprême de la vie était d’atteindre le pouvoir, de satisfaire ses désirs et de contrôler les ombres dans la caverne. […] Le vieux maître [Strauss, donc] était lui-même coupable de projeter son propre penchant pervers pour le fascisme sur Platon, car il dispensait lui-même des enseignements secrets à ses étudiants d’élite, comme tout bon chasseur de têtes oligarchique. […]

Mais Platon avait-il vraiment le double langage tyrannique dépeint par Strauss et ses disciples qui prêchaient la moralité pour les faibles et le vice pour ceux qui contrôleraient les ombres ?

Pour être un véritable Gardien dans le monde de Platon, il ne suffisait pas de sortir de la caverne pour voir grâce à la lumière du soleil (symbolique de la raison créative) et ensuite régner sur les masses.

Alors que les nietzschéens comme Strauss arrêtent de lire à ce moment-là et choisissent de dominer les esclaves en utilisant un pouvoir de pensée supérieur réservé uniquement à une poignée de membres de l’élite dorée… Platon a clairement indiqué dans sa République et dans d’autres écrits que le vrai philosophe (et implicitement le vrai gardien) était obligé de retourner dans la caverne [35] au péril de sa vie afin d’aider à libérer ses compagnons de captivité [36]. »

Ainsi, le vrai philosophe selon Platon, celui qui redescend au fond de la caverne après avoir atteint l’Éveil, est dotée d’une conscience morale, lui permettant de discerner le Bien suprême du mal, la Réalité de l’illusion, la Vérité du mensonge, la Connaissance de l’ignorance. Tout l’inverse des élites que Strauss voulait au pouvoir pour contrôler la masse, pour lesquelles, toujours selon Matthew Ehret « la moralité n’a aucune existence réelle, mais n’est qu’un outil pour contrôler les masses. Le vrai philosophe, selon ces fanatiques, est celui qui a la force de briser tous les tabous et le pouvoir de nourrir toutes les pulsions hédonistes [37]. Ce philosophe est l’élitiste nietzschéen qui peut manier et utiliser le “pouvoir scientifique” et le “pouvoir culturel” pour contrôler les ombres projetées sur le mur de la grotte que la plèbe est censée prendre pour la réalité [38]. »

Étant libre intérieurement, le philosophe n’éprouve aucun besoin de contrôler le réel (contrôle qu’il sait être vain de toute manière) et n’a donc nullement besoin de chercher une quelconque forme de pouvoir sur les autres. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, il n’est que peu intéressé à occuper des fonctions de pouvoir au sein de la société. S’il dispose d’un pouvoir, c’est celui d’être maître de lui-même, et cela suffit amplement à son bonheur.

Totalitarisme

La plus grande peur d’une personnalité toxique est de perdre le contrôle qu’elle a sur les autres, donc le pouvoir qu’elle exerce sur eux, car cela la met face au réel et la renvoie au vide existentiel qu’elle porte en elle, comme nous l’avons vu. Comme la peur de perdre le pouvoir est corrélative de ce dernier, plus le pouvoir est grand, plus la peur de la perdre est grande également, d’où la régression naturelle d’une civilisation vers le totalitarisme lorsque c’est un cercle restreint d’individus psychopathologiques qui détient le pouvoir et cherche par tous les moyens à le conserver. En effet, lorsque le pouvoir est concentré dans les mains d’une telle « élite », il n’est pas étonnant qu’elle cherche à instaurer un système de gouvernance totalitaire, avec des moyens de surveillance et de contrôle destinés à maintenir la masse des individus dans une forme de soumission, pour ne pas dire d’esclavage.

La forme du totalitarisme qui s’installe aujourd’hui est moins grossière que celle qui fut instaurée par Hitler ou Staline en leur temps, par exemple. Il s’agit plutôt de ce que certains auteurs ont appelés à un totalitarisme soft, un totalitarisme « doux » ou « mou » parce qu’il est beaucoup plus subtil et sournois que les formes qu’il a pu prendre au cours de l’histoire. De nos jours, le totalitarisme se pare du joli visage de la démocratie, qui n’en est donc pas une pour la simple et bonne raison que les peuples qui seraient censés gouverner, ne se rendent absolument pas compte à quel point leur opinion est influencée par le Système.

En guise de complément aux informations apportées ci-avant, je souhaite porter à votre connaissance le cri d’alarme de Vera Sharav. Rescapée de l’Holocauste, cette américaine d’origine roumaine connaît très bien le totalitarisme pour l’avoir vécu dans son enfance. Toutefois, ce n’est plus les méfaits du nazisme qu’elle dénonce aujourd’hui, mais la résurgence de son idéologie à travers le projet mondialiste des élites qui nous dirigent, un projet qui, selon l’auteur, pourrait même être pire que celui du IIIe Reich, puisqu’il nous mène vers une dystopie du contrôle et de la surveillance totale des masses, à l’échelle mondiale :

« Le totalitarisme consiste à atteindre et conserver un pouvoir et un contrôle total sur les autres. […] L’arme principale pour se maintenir au pouvoir est d’instiller et perpétuer un état de peur. La peur paralyse les gens et les rend impuissants. La soumission et l’obéissance du peuple permettent à un régime totalitaire de démolir les garanties légales et morales qui protègent une société démocratique.

Le totalitarisme cherche à détruire les diverses institutions sociales, économiques, politiques et religieuses à multiples facettes ; il transforme la société en masse homogène, une masse dépourvue de créativité et d’initiatives. Son objectif ultime est d’exterminer les êtres humains qui sont perçus comme des obstacles à la réalisation de ses ambitions. […]

La forme actuelle du totalitarisme se sert de méthodes de contrôle beaucoup plus sophistiquées et technologiques que jamais auparavant. La biotechnologie et la technologie de surveillance sont utilisées pour supprimer – et finalement abolir – toutes les formes de liberté individuelle. La liberté de mouvement, la liberté de choix, la liberté d’expression, et même la liberté de pensée sont systématiquement oblitérées.

La démolition de la morale, de la religion et de la spiritualité au profit d’une pseudo-science – le scientisme technocratique – est facilitée par le gouvernement en collusion avec des entités universitaires et des entreprises. Ces institutions promeuvent un nouvel ordre mondial radical et dystopique. Les technocrates totalitaires mondiaux ont remplacé l’éducation par l’endoctrinement et ont pris le contrôle des canaux d’information – tant scientifiques que politique – en censurant toutes les idées et sources d’information contraires. Les médias aux ordres façonnent l’opinion publique pour qu’elle se conforme au récit unique et contrôlé.

Les nazis transportaient les Juifs et autres “indésirables” vers les camps de concentration, les camps de travail forcé et les camps de la mort, dans des wagons à bestiaux. Cette fois, l’objectif est le génocide mondial. Les cartes d’identité numériques sont conçues pour enfermer la multitude dans des camps de concentration contrôlés numériquement, dans lesquels nous serons incarcérés et d’où il n’y aura aucune possibilité de s’échapper. Si nous ne résistons pas et ne refusons pas de nous soumettre à un identifiant numérique, nous perdrons à jamais notre identité individuelle.

Nous sommes sur une trajectoire diabolique vers un avenir gouverné par un seul régime totalitaire mondial, un régime déterminé à déclencher un génocide mondial [39]. »

Quelques citations à méditer

« Les signes caractéristiques du pervers narcissique apparaissent au fur et à mesure du processus de démolition entamé sur sa victime. Multiples et variés, ils sont le reflet d’un miroir qu’une dévalorisation de lui-même a fait éclater et qu’il compense par un narcissisme censé l’apaiser et le protéger. » Martiale O’Briens

« Un noyau pervers a besoin d’adeptes à recruter, et d’exclus à bafouer ; il séduit les uns, qu’il endoctrine avec des bribes d’idées rudimentaires ; il discrédite les autres, avec des moyens d’humiliation perfectionnés. » Paul-Claude Racamier

« Les pervers n’ont jamais honte puisque pour eux l’autre n’existe pas, c’est un pantin qui n’est là que pour leur propre plaisir. » Boris Cyrulnik

« Les élites au pouvoir ne cessent d’instrumentaliser les menaces et les dangers pour légitimer les procédés d’asservissement et de contrôle. » Michel Maffesoli

« Les partis politiques nous font croire à la démocratie, mais en fait, contiennent les germes du totalitarisme. » Simone Weil

« La civilisation totalitaire est une maladie de l’homme déspiritualisé. » Georges Bernanos

« Il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage. » Périclès

Pratique

La psychopathologie, lorsqu’elle affecte les élites qui siègent au sommet de la pyramide du pouvoir peut donc, à l’instar d’un virus, « contaminer » tous les échelons inférieurs, jusqu’à sa base constituée par les populations. Face à cette maladie contagieuse, l’immunité collective doit être atteinte, et cette immunisation commence par avoir conscience du « virus psychique » que ces élites propagent parmi les peuples.

Beaucoup de lanceurs d’alerte et de chercheurs de vérité accusent les élites d’être déconnectées de la réalité, d’être « hors sol ». Bien que cette critique soit fondée dans la mesure où le réel leur fait peur parce qu’elles ne peuvent pas le contrôler, et qu’elles élaborent en permanence un récit pour s’en prémunir, cette critique n’est de loin pas suffisante. Cette « déconnexion » est juste un mécanisme de défense propre à la psychopathologie dont elles sont atteintes, qui est la véritable nature du mal qui rend nos sociétés malades, en contaminant les psychismes collectifs. Le meilleur moyen de s’immuniser contre ce fléau – n’ayons pas peur des mots – est donc premièrement d’être conscient de son influence et, deuxièmement, de s’en libérer non pas en combattant le phénomène de front, mais en ajoutant ce qui fait cruellement défaut au Système élaboré par ces « pseudo-élites ». Je citerai pour cela à nouveau les travaux du Dr Ariane Bilheran, tirés de son ouvrage Psychopathologie de la paranoïa.

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[1] On considère généralement le rapport de trois hommes pour une femme. Ceci est sans doute lié au fait que c’est le pôle masculin de l’individu qui a tendance à chercher le pouvoir et le contrôle sur autrui, et que ce pôle est naturellement plus développé chez l’homme que chez la femme.

[2] Éditions La Découverte et Syros, 1998, p. 152.

[3] DSM-V, pour « 5e édition du Manuel de diagnostic et de statistique sur les troubles mentaux »

[4] Source : https://cutt.ly/bwFFGzk0

[5] Blog Exploratio Explorator. Source : https://cutt.ly/kwFFGG7V

[6] Le pervers narcissique et son complice, Éditions Dunod, 1996.

[7] Harcèlement moral, Éditions La Découverte et Syros, 1998, pp. 151-152.

[8] Source : https://cutt.ly/4wFFIo6Y

[9] Harcèlement moral, Éditions La Découverte et Syros, 1998, p. 159.

[10] En cela, l’inversion des valeurs qui consiste à faire du bien un mal, et inversement, est un mécanisme qui relève de la perversion.

[11] La personnalité antisociale cherche en effet à ce que sa victime se sente responsable de ce qui lui arrive, ce qui est effectivement le cas, karmiquement parlant, mais pas pour les mêmes raisons (voir le chapitre « Il n’y a pas de bourreau sans victime »).

[12] Source : https://cutt.ly/YwFFIJbd

[13] Source : https://cutt.ly/JwFFI578

[14] Éditions Harmony Books, 2005. Source traduction : https://cutt.ly/KwFFOTae

[15] La Guerre Secrète contre les Peuples, Éditions Kontre Kulture, 2015, p. 20.

[16] L’auteur de cette définition est le Dr Charline D., pour le site sante-sur-le-net.com (https://cutt.ly/6wFFPwm0)

[17] Ces raisons sont justement en lien avec le syndrome de Stockholm et le terrorisme intellectuel, dont il est question au chapitre suivant.

[18] Cette méthode de reprogrammation fut nommée psychic driving car elle permettait de “diriger la psyché”. En effet, après avoir déprogrammé le sujet, de nouvelles idées étaient réimplantées dans sa psyché au moyen de suggestions, à l’aide d’un magnétophone appelé “dormiphone”. À noter que le Dr Cameron participa au projet MK-Ultra de la CIA. Source : Wikipédia

[19] La Guerre Secrète contre les Peuples, Éditions Kontre Kulture, 2015, pp. 23-24.

[20] Voir le cours 47, chapitre « Une crise sanitaire révélatrice ».

[21] Le Temps des Peurs, Éditions du Cerf, 2023, quatrième de couverture.

[22] Source : https://cutt.ly/TwFFPMp7

[23] Source : https://cutt.ly/YwFFIJbd

[24] Ibid.

[25] C’est la fable de la grenouille et du scorpion : « Un scorpion, cherchant à traverser une rivière, demande à une grenouille de le prendre sur son dos. “Pour qui me prends-tu, scorpion ? Je te connais, tu vas me piquer !” “Mais non, grenouille ! Tu peux me faire confiance. Si je te pique, je me noierai moi aussi !” La grenouille hésite mais finit par céder sous les insistances du scorpion. Elle le fait monter sur son dos et s’engage dans la rivière. Arrivés au milieu, le scorpion plante son dard profondément dans le dos de la grenouille. Celle-ci est paralysée et se met à couler, entraînant le scorpion avec elle. Elle parvient cependant à poser une dernière question : “Mais enfin, scorpion ! Pourquoi as-tu fait ça ? Nous allons mourir tous les deux !” “C’est dans ma nature !”, répond le scorpion. » (Source : https://cutt.ly/jwFFA18I)

[26] Source : https://cutt.ly/kwFFSDlr

[27] Le terrorisme intellectuel de 1945 à nos jours, Éditions Perrin, 2004.

[28] Voir le cours 6, chapitre « La caverne comme image du collectif ».

[29] Éditions Forum Publishing, 2022, pp. 21-22.

[30] La Vocation spirituelle de l’Homme, Éditions Entremises, 2020, pp. 17-18.

[31] Voir Matthieu 23:13 et Luc 11:52.

[32] Cité par Aldous Huxley dans La Philosophie éternelle, Éditions du Seuil, 1977, p. 77.

[33] Gouverner par le Chaos, Éditions Max Milo, 2023, pp. 81-82.

[34] Voir le cours 18, chapitre « Une traversée du désert ».

[35] Pour nuancer un peu les propos de l’auteur, je dirais que le vrai philosophe, qui est aussi le maître spirituel ou l’être éveillé, ne va pas forcément transmettre sa lumière par la voie de l’enseignement et de l’instruction, mais peut choisir de rayonner en silence, à travers un mode de vie discret et retiré des bruits du monde. Le faux philosophe va agir d’une manière analogue, mais dans une analogie inversée : il va enseigner ses semblables avec des doctrines perverses, à l’instar de Leo Strauss, ou diffuser sa fausse lumière à l’abri des regards, en tentant d’orienter le cours des événements depuis les coulisses, dans l’ombre.

[36] Source : https://cutt.ly/1wFFDtiv

[37] Lorsqu’il est dépourvu de la moralité la plus élémentaire, l’hédonisme n’est pas autre chose que du satanisme. Chez une personne dotée d’une conscience morale, les pulsions de désir et d’aversion sont soit idéalement maîtrisées (par leur transmutation et leur sublimation), soit réprimées ou refoulées avec pour conséquences des conflits internes et des maladies psychosomatiques plus ou moins graves. En revanche, chez la personnalité toxique, dépourvue de conscience morale, ces mêmes pulsions sont vécues le plus librement possible. Dans ce second cas de figure, faire le bien ou faire le mal ne fait aucune différence du moment où l’individu y prend du plaisir et que cela sert ses intérêts. Dans cette logique, les besoins de l’autre n’existent pas. L’autre n’existe que comme un moyen de parvenir à ses fins, qui est la satisfaction purement égoïste de ses intérêts.

[38] Source : https://cutt.ly/BwFFDPLO

[39] Psychopathologie du totalitarisme, Éditions Guy Trédaniel, 2023, pp. 15-17.