La division et les conflits sont l’expression la plus grossière de la dualité en ce monde. Cela a toujours existé au sein de l’humanité mais il semblerait quand même qu’ils aient tendance à s’accroître en cette fin de cycle.
La crise sanitaire que nous traversons n’y est pas étrangère. Elle ravive une peur archaïque profondément enracinée dans l’inconscient collectif : la peur de tomber malade et d’en mourir, dont cet inconscient collectif porte encore les stigmates mémoriels (choléra, peste noire, grippe espagnole, etc.).
Cette peur de mourir réveille l’instinct de survie le plus primaire, avec tous les mécanismes défensifs qui l’accompagnent au niveau de l’ego. Une large frange de la population devient alors très réactive, très émotionnelle, et ce d’autant plus lorsque les médias et les gouvernements jouent sur la corde sensible et s’en servent pour faire passer des mesures qui profitent bien davantage à certaines industries et à d’obscures forces mondialistes qu’à la santé des individus.
Pour les élites, la situation est très exagérément présentée comme catastrophique et ce à dessein car elles disposent ainsi d’un excellent prétexte pour justifier une profonde transformation du mode de vie de milliards de personnes autour de la planète, non pas pour améliorer leurs conditions de vie contrairement à ce que leur philanthropisme de couverture laisserait penser, mais pour servir leurs seuls intérêts.
La crise sanitaire se révèle ainsi être cette « fenêtre d’opportunité rare mais étroite pour réfléchir, réimaginer et réinitialiser notre monde »[1], selon les propres mots de l’un de leurs membres les plus influents, Klaus Schwab, fondateur du World Economic Forum. Mais sans toutefois nous dire clairement si cela sera pour le meilleur ou pour le pire… (même si on a bien une petite idée…).
Sans doute inspiré par la « stratégie du choc », qui consiste à créer un état de sidération hypnotique au sein de la population pour mieux faire passer des mesures qui, autrement, seraient difficilement acceptables, Emmanuel Macron, en sa qualité de bon petit soldat plutôt qu’en celle de général des armées, eut recours à des mots très forts lors de son allocation télévisée du 16 mars 2020. Dans un moment de rare dramaturgie, il avait dit : « nous sommes en guerre ! »
Plus d’une année s’est écoulée et cette guerre est toujours rondement menée par les élites mondialistes en vue d’instaurer leur « meilleur des mondes ». À en juger par l’évolution de la situation, on en vient d’ailleurs à se demander si c’est vraiment le virus qui est l’ennemi à combattre…
Enfin bref, puisque nous sommes en guerre, alors prenons les armes, mais pas au sens où Monsieur Macron l’entend…
La Grande guerre sainte
La guerre dont j’ai envie de parler, c’est une guerre intérieure, noble et sacrée. Et notre arme dans cette guerre est l’épée, celle de l’esprit[2] !
Saviez-vous qu’à l’origine, la guerre avait pour but de rétablir la paix ? Et savez-vous qu’elle a son application à l’intérieur de soi-même ?
En islam, on appelle ce combat intérieur pour atteindre la paix et, par là, l’Éveil spirituel, la « Grande guerre sainte ». Chose intéressante, cette expression est la traduction communément admise de djihad, un mot arabe qui signifie proprement « effort suprême » ou « effort redoublé ». Sur la base de cette traduction littérale, on comprend que la Grande Guerre sainte est l’effort que l’on fait sur soi-même en vue de maîtriser notre nature inférieure et de progresser sur la voie de la Libération spirituelle.
Au sens ésotérique de l’expression, « être en guerre » concerne donc un « combat », celui qui doit permettre de rétablir la paix intérieure par la réunification des contraires et, par là, de rendre la conscience individuelle parfaitement pure, transparente, de sorte à ce que l’âme puisse recevoir la Lumière divine, celle du Soi, et en faire l’expérience sous la forme, de l’harmonie, de l’amour et de la félicité.
Si je parle de l’islam, ce n’est pas pour faire la promotion de cette religion au détriment des autres. Cela n’aurait aucun intérêt dans la mesure où nous retrouvons également maintes allusions à cette « guerre sainte » dans d’autres traditions, le plus souvent sous la forme d’allégories et de mythes.
C’est le combat symbolique entre l’ange et le démon, entre le saint et le dragon, entre le héros et le monstre. Mais attention, il s’agit d’un combat de nature spirituelle, par lequel l’être doit vaincre sa tendance à séparer et à diviser, propre à la logique binaire, pour entrer dans la logique ternaire. C’est pourquoi il est question d’un « effort suprême », celui que l’être doit accomplir pour se libérer de l’influence de la structure mentale et permettre à la lumière de son Moi profond d’illuminer ses parts d’ombres, dans une optique de réunification intérieure.
Nous nous situons donc ici à l’opposé du combat auquel se livre l’individu identifié à sa structure mentale, si noble que soit sa cause. En effet, cet individu, dans la logique binaire qui est la sienne, combat en utilisant les mêmes armes[3] que son adversaire et ne peut donc sortir vainqueur spirituellement parlant. La victoire spirituelle sur soi-même implique le détachement des impulsions d’attachement et de rejet qui déterminent le fonctionnement de la structure mentale.
En dépit de ces explications, je sais que la guerre conserve une image très négative dans l’imaginaire collectif et que l’associer à la quête spirituelle est de nature à créer une forte résistance chez certaines personnes. C’est totalement compréhensible si l’on considère la représentation que nous avons de la guerre aujourd’hui avec toutes les atrocités dont elle a été responsable à travers les époques.
Comme tant et tant d’autres choses en cette fin de cycle où l’inversion des valeurs est devenue la norme, la guerre a été détournée de sa fonction primordiale et pervertie par des individus dont l’intention était tout sauf spirituelle, mais purement égoïste : pillage des ressources, désirs de conquête et d’hégémonie, volonté de dominer et d’asservir les peuples, etc.
Avides de pouvoir, ces êtres ont fait la guerre sans avoir nullement cherchés d’abord à triompher de leur propre nature inférieure. En vérité, ils étaient sous son emprise, identifiés à des impulsions purement égotiques. À partir d’un tel état de conscience, fondé sur l’instinct de survie inhérent à l’ego, comment de telles guerres auraient-elles pu mener à la paix, à l’harmonie, à l’ordre et l’équilibre ?
À l’opposée, elles n’ont pu mener qu’à davantage de chaos…
Retrouver le goût de l’effort spirituel
Comme nous l’apprend la tradition islamique, le sens donné à la « guerre intérieure » n’est donc pas autre chose que la dynamique de l’effort juste que l’on accomplit sur soi-même dans la vie de tous les jours, en vue de nous libérer de nos conditionnements limitants et d’atteindre ainsi un état de conscience tranquille et pur, qui rendra possible la Libération spirituelle ou Réalisation du Soi.
À travers les âges, les Maîtres ont montré la voie à suivre à travers des enseignements de sagesse et des pratiques spirituelles. Tous ont mis l’accent sur l’importance de la dynamique de l’effort, à entraîner encore et encore afin de ne pas se faire prendre au piège de l’indolence et de la facilité.
Aujourd’hui, il n’a sans doute jamais été aussi difficile de produire ces efforts sur soi-même. C’est le fonctionnement même du Système qui est en cause. On y fait croire que l’épanouissement de soi vient de la consommation[4]. Les individus formatés dès leur plus jeune âge par cette croyance recherchent la stimulation des sens et le plaisir qu’elle leur procure. Le Système n’a alors plus qu’à en faciliter l’accès pour que les individus puissent avoir leur dose de plaisir rapidement et la renouveler à tout moment pour qu’ils n’aient pas à souffrir trop longtemps du manque lorsqu’elle ne produit plus d’effets. Et tout comme le drogué a tendance à s’habituer à sa dose, l’homme moderne doit régulièrement l’augmenter ou trouver des substituts plus puissants, ce qui profite au Système qui peut ainsi assurer sa croissance.
Cette philosophie hédoniste produit des dépendances et nuit gravement à la santé physique et psychique de l’être humain. Mais surtout, elle renforce considérablement ses plus bas instincts, affaiblissant d’autant sa capacité à produire des efforts pour rester maître de lui-même, condition pourtant sine qua non à l’Éveil spirituel.
Éprouver du plaisir et échapper à la souffrance n’a jamais permis d’atteindre un bonheur constant ! C’est donc une illusion que de croire que l’on pourra être un jour heureux de façon permanente au moyen de cette philosophie de vie. Si l’on veut atteindre la félicité, celui qui est l’attribut essentiel de Dieu comme nous l’enseignent les Sages des grandes traditions, il convient donc de se libérer de cette tendance à rechercher le plaisir et à éviter la souffrance, propre à l’hédonisme consumériste.
C’est là le cœur de toute pratique spirituelle : s’appliquer à rester maître de soi-même en toutes circonstances ; devenir capable de ne pas céder aux impulsions du désir et de l’aversion quand le bon sens nous dit qu’elles ne participent pas à notre libération intérieure. C’est la voie du renoncement, du détachement, du lâcher-prise, sur laquelle il n’est pas possible de progresser sans effort.
Cette quête du juste positionnement est difficile et nombreuses sont les chutes et rechutes. Mais c’est aussi grâce à elles que l’on se renforce intérieurement, précisément en produisant l’effort de se redresser pour chercher à nouveau l’équilibre. C’est ainsi que le combat spirituel se livre, sur ce champ de bataille qu’est le moment présent, instant après instant, un pas après l’autre, dans la conscience que c’est précisément ce pas qui importe, et non la destination auquel il conduit.
Tel est l’art du guerrier spirituel.
[1] Klaus Schwab, le 3 mars 2020.
[2] Cf. chapitre Excalibur et son symbolisme.
[3] Cf. article Faut-il tendre l’autre joue ?, sous-chapitre La conciliation des contraires.
[4] Lire à ce sujet l’ouvrage Conscience sous influence, de Stuart Ewen.
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Merci Frédéric pour cet article très intéressant. Un positionnement équanime ne nous pousserait-il pas, plutôt que de combattre, à accepter et embrasser ce qui est, en nous et autour de nous, même la discorde ?
Bonjour Yemanae,
Selon ma conception des choses, l’idée de combat ou de guerre intérieure concerne l’effort que l’on produit sur soi-même pour atteindre l’équanimité très précisément.
La dynamique intérieure dans laquelle nous place cet effort vise donc à accueillir, embrasser ou encore envelopper de présence consciente et « non-jugeante » ce qui vit à l’intérieur de soi (passage obligé me semble-t-il pour pouvoir le faire ensuite pour ce qui est extérieur à soi).
C’est un combat dans la mesure où la conscience doit impérativement « prendre le dessus » sur les aspects d’elle-même qui privilégieront toujours l’optique du conflit et de la division (qui font intrinsèquement partie de l’ego et de l’instinct de survie qui lui est lié), mais sans pour autant se « battre » à leur niveau et avec les mêmes armes qu’eux, au risque de perdre à tous les coups puisqu’alors c’est la dualité qui serait renforcée.
Je suis conscient que c’est une manière de voir les choses qui ne s’accorde pas forcément bien avec la sensibilité de tout un chacun. Elle est très inspirée par la philosophie des arts martiaux et par l’idéal de maîtrise de soi auquel aspirait par exemple les chevaliers des ordres de chevalerie du moyen âge.
En espérant avoir pu répondre à ta question.
Bien amicalement,
Frédéric
J’adhère à 100% à cet article qui parle de guerre tout en nuances !
Nous, humains, traînons effectivement avec nous des incarnations faites de souffrances enregistrées dans notre subconscient, un karma à épurer.
Bien sûr que nous avons des efforts à faire chaque jour pour éloigner les tentations constantes venant de l’extérieur ou de l’intérieur. S’il n’y avait pas d’efforts à faire, c’est que nous serions déjà parfaits en cette vie. Faire l’autruche, n’est-ce pas succomber à une tentation ?
« La douceur sans la force et la bonté sans la puissance sont incomplètes et ne peuvent exprimer totalement le Divin ».
(la Mère)