La logique du bouc émissaire

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  • Dernière modification de la publication :5 avril 2024

On peut légitimement se poser la question :
Pourquoi le mal est-il si présent en ce monde après tout le bien que les hommes de bonne volonté ont accomplis à travers le temps ?

Parce que… « l’enfer est pavé de bonnes intentions« ,

Ce dicton issu de la sagesse populaire, exprime une loi inhérente au monde sensible : y faire le bien à partir de l’ego, engendre le mal en réaction.

C’est pourquoi, dans les textes sacrés, comme dans l’enseignement des éveillés, des maîtres de sagesse ou des philosophes, on retrouve souvent ce type d’injonctions :

« renoncez d’abord à l’ego », « allez au-delà du bien et du mal », « sortez de la dualité », « transcendez le jeu des contraires », « trouver le juste milieu », « agissez en étant détachés, équanimes ».

Car oui, il y a une troisième voie, une voie dite du « milieu », qui consiste en effet à sortir de la dualité, à sortir de la caverne, à vaincre le monde, à entrer dans le royaume de Dieu, à atteindre l’unité ou l’équanimité parfaite la conscience, à être en phase avec le Tao ou le Dharma, etc.

Ainsi, à moins que nous ne soyons parfaitement détachés du fruit de nos actions, sans désir ni aversion (donc équanimes), nos actions sont forcément intéressées, donc impulsées par l’ego, ce qui va générer une rupture d’équilibre dans le monde sensible, déséquilibre qui va devoir être compensé par une force de nature égale et opposée pour rétablir l’équilibre.

La question est donc la suivante : « sommes-nous suffisamment détachés à titre personnel pour combattre le mal sans risquer de le renforcer ? »

Car si au final on renforce ce que l’on veut combattre, autant chercher la paix intérieure, la joie et l’équilibre de la conscience, ce que le Christ appelait le « royaume de Dieu », et qu’il nous invitait d’ailleurs à chercher en priorité

D’ailleurs, beaucoup de résistants, dissidents ou révolutionnaires dans l’âme, justifient leur démarche en citant l’exemple de la « sainte colère » du Christ, dont on sait qu’il a chassé les marchands du temple.

Mais ce que la plupart ignorent, c’est le véritable motif derrière la « sainte colère » du Christ, qui est l’objet du commerce des marchands, à savoir la vente d’animaux pour les pratiques sacrificielles qui avaient cours à cette époque.

En d’autres termes, le Christ s’est en premier lieu élevé contre la pratique du sacrifice d’animaux utilisée pour expier les péchés de l’être humain, et non contre la notion de « commerce » en tant que telle.

Pourquoi ? Parce que cette pratique, en plus de faire souffrir inutilement les animaux, maintient l’être humain dans la dualité. En effet, au lieu de réintégrer ses ombres par un réalignement de sa conscience sur l’axe lumineux de l’Esprit qui le traverse, l’homme identifié à son ego refuse sa réunification intérieure en projetant (ou déchargeant) sur autrui, à l’extérieur, ses propres ombres, croyant ainsi illusoirement en être débarrassé (lavé ou purifié).

C’est une profonde illusion, dont le Christ, en dépit de son message, a lui-même été victime (quel comble !) puisqu’on a vu en lui, tout aussi illusoirement, une victime venue expier les péchés de l’humanité par son sacrifice (l’Agneau !!) sur la croix.

Quelle hérésie !

Aujourd’hui, la logique du bouc émissaire, issue à l’origine d’un paganisme qui avait dévié en ce type de superstitions perverses – que le Christ, conformément à sa fonction de Prophète, a eu pour mission de rectifier -, est encore très présente dans la conscience collective de l’humanité.

Je vous le dis sans ambages, c’est cette stratégie perverse qui aujourd’hui maintient l’humanité dans le conflit, la guerre, le désordre et le chaos, tant au niveau des relations intimes, familiales, professionnelles, que des nations.

C’est pourquoi, la logique du bouc émissaire doit impérativement être abandonnée au profit de celle de l’amour de Dieu, de soi-même comme des autres.

Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force; Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là.

Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car Il fait lever Son soleil sur les méchants et sur les bons, et Il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.

Autrement, nous ne nous en sortirons jamais…

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