Thème incontournable du développement personnel comme de la spiritualité, l’acceptation est beaucoup plus étroitement liée à notion de « pleine conscience » qu’on pourrait le croire.
Au premier abord, on serait plutôt tenté de penser que l’acceptation relève d’un processus mental, grâce auquel on parviendrait à se convaincre, par toutes sortes de bonnes raisons, que c’est OK d’accepter ce qui nous arrive. C’est notamment à cette acceptation « mentale » que l’on peut aboutir quand on parvient à mettre du sens sur ce qui se passe, que nos pensées soient sensées ou pas d’ailleurs. Mais c’est un processus périlleux car la ou les parts de soi-même que la réalité vient malmener ne peuvent pas facilement être « raisonnées », tant et si bien qu’au niveau de l’état d’âme qui est le leur, seul le refus, l’indignation et la révolte sont souvent tolérés.
Cette acceptation ne peut donc être que « conditionnelle », car on accepte à condition d’avoir pu mettre du sens, ce qui confirme bien le recours au mental. Ou alors, on finira par accepter au fil de temps, tout simplement parce que le temps aura permis à la souffrance de s’atténuer jusqu’à n’être plus qu’un mauvais souvenir. Cela, dans le meilleur des cas, car il y a des blessures qui ne se referment jamais vraiment…
L’acceptation inconditionnelle
C’est là où la pleine conscience permet d’aller au-delà du mental en conciliant les différentes parts mentales opposées à l’intérieur de soi-même : celle qui veut accepter car elle sait que cela lui permettra d’échapper à la souffrance, et celle qui s’y refuse, parce que cela reviendrait à mésestimer sa souffrance ou à déculpabiliser celui ou celle qui en est responsable.
En cela, la pleine conscience est l’agent alchimique par excellence qui parvient à réaliser cette conciliation des opposées à l’intérieur même de la psyché.
Là où le mental cherche à raisonner la part qui refuse l’acceptation, pour la faire basculer dans l’acception mentale de la situation, la pleine conscience offre un espace de présence bienveillant à cette part « récalcitrante » pour qu’elle puisse s’exprimer entièrement par son refus. En d’autres termes, la pleine conscience observe, ressent avec équanimité l’impression sensorielle qui traduit la présence de ce refus en soi-même.
Il y a alors détachement ou désidentification de la part qui refuse, ce qui a pour effet de mettre fin à la souffrance. La situation n’a alors même plus besoin d’être acceptée puisque la souffrance a disparue (nous pourrions d’ailleurs faire la même remarque avec le pardon…).
En effet, la souffrance étant la résultante du refus de la réalité, l’acceptation de ce refus y met instantanément fin.
L’observation détachée, aussi appelée « équanimité », grâce à l’effort de concentration de l’attention juste (ou pleine conscience), permet donc cette libération de l’identification à cette part qui refuse et qui alimente le moteur de la souffrance.
Là est la clé du processus de transmutation de la souffrance : un simple changement de regard intérieur, qui aura permis à la conscience de passer de l’identification à la désidentification, de la coagulation à la dissolution, de l’attachement à l’ego au détachement de soi-même.
En complément à ce qui précède, voici quelques explications issues d’échanges sur internet :
Il est vrai que l'acceptation est un thème important, et à vrai dire c'est l'un des buts fondamentaux de la méditation de pleine conscience puisque celle-ci implique l'abandon total à "ce qui est". En fin de compte, c'est beaucoup plus simple qu'il n'y paraît (ce qui ne veut pas dire que ce soit facile pour autant, entendons-nous...), puisqu'il "suffit" d'observer en pleine conscience la part de soi-même qui refuse d'accepter, qui refuse de lâcher-prise (sans vouloir que cette part là disparaisse évidemment, sinon il y aurait toujours une forme de contrôle et l'acceptation ne serait pas inconditionnelle). Encore faut-il bien sûr trouver la force d'opérer le basculement intérieur grâce auquel ce détachement peut s'opérer. Mais c'est possible, et plus on s'entraîne à pratiquer la pleine conscience, plus cet "espace" de paix inconditionnée devient évident, et plus on arrive à s'y établir rapidement face aux aléas de l'existence.
Extrait d’une correspondance privée
L’équanimité ne doit pas être rigide. S’il y a une rigidité, c’est qu’il y a une forme de contrôle. Auquel cas, vous pouvez en faire un exercice spécifique. Prenez appuis sur cette rigidité pour vous placer dans la pleine conscience et vous verrez que cette rigidité va se détendre. Vous allez observer l’impression de rigidité qui est induite certainement par ce contrôle mental.
Beaucoup de personnes ont de la peine avec cette notion d’équanimité, ils essaient de s’y placer mais il y a cette forme de contrôle justement. Alors, pour essayer de "vaincre" cette forme de contrôle, on l’observe tout simplement avec beaucoup d’attention. Si vous avez décelé cette rigidité, c’est que vous pouviez la ressentir, mettez simplement toute l’attention sur cette impression de rigidité et vous allez, de fait, si vous êtes bien dans la pleine conscience, vous placer au niveau de la douceur et de l’amour parce que l’équanimité, c’est l’attention pure, comme la lumière du soleil, c’est l’amour inconditionnel. Cette lumière se projette sans distinction sur la rigidité comme sur la souplesse, sur la fluidité… etc. Il n’y a pas de jugement de valeur. L’équanimité est vraiment synonyme d’Amour. Si effectivement il y a une rigidité, cela vous donne l’indice, l’indication que vous n’y êtes pas tout à fait et qu’il y a justement cette influence du mental.
C’est un bon exercice lorsqu’il y a cette rigidité. Plutôt que de se dire "je vais relâcher", "je vais mettre de la douceur", "je vais mettre de l’amour", c’est déjà une forme de volonté personnelle comme si l’on rejetait en quelque sorte cette rigidité. "Je ne suis pas d’accord qu’il y ai cette rigidité donc je vais changer les choses, je vais modifier ça". C’est une forme de rejet de ce qui est. Hors, l’équanimité implique vraiment d’accepter la réalité telle qu’elle est. L’acceptation inconditionnelle est le synonyme de l’équanimité. Si l’on est neutre alors il n’y a pas de jugement de valeur, il n’y a pas de préférence. Si il y a une part de soi qui refuse d’accepter cette rigidité, l’on peut aussi en faire un objet de la contemplation. C’est une part purement mentale qui est en réaction, qui refuse de lâcher-prise et ce refus s’observe, c’est une impression, un état d’être. On peut toujours prendre appuis sur les réactions mentales, sur les impulsions, les fameux samskara et vasana, ces conditionnements, ces façons presque réflexes, robotiques de réagir à ce qui est. Cela se perçoit, cela se ressent.