Se sentir légitime

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  • Dernière modification de la publication :3 juillet 2023

Le sentiment d’être légitime dans ce que l’on fait détermine pour beaucoup la réussite que l’on a, que nos activités soient professionnelles ou que l’on s’y adonne en dilettante.

Quand je parle de réussite, je ne veux pas parler des retombées en termes d’argent ou de la renommée même cela peut en faire partie, mais de la satisfaction et de l’enthousiasme que l’on ressent parce que ce que l’on sait que ce que l’on transmet est profitable pour les autres, et bien sûr parce que ceux-ci en font quelque chose de bénéfique dans leur vie. C’est une réussite, au sens où notre démarche aura ainsi pu contribuer à embellir notre vie et celles des autres.

Or, nous sommes beaucoup à ressentir ce sentiment d’illégitimité, qui peut être mis en rapport avec ce que l’on appelle le syndrome de l’imposteur. Nous pouvons nous sentir illégitimes pour plusieurs raisons, mais quelle qu’en soit la cause, cela nous empêche de nous épanouir dans ce que nous aimons vraiment faire. Nous pouvons nous sentir frustrés, blasés et désespérés, et c’est bien dommage.

La question est donc de savoir comment dépasser ce sentiment d’illégitimité !

Certes, nous pouvons utiliser l’autosuggestion pour tenter de reprogrammer notre subconscient ou, dans une dynamique similaire, utiliser la « pensée magique » en faisant « comme si » nous nous sentions légitimes dans ce que l’on fait. Si cette démarche n’est pas forcément inutile, elle peut s’avérer contraignante et épuisante car il faut investir beaucoup d’énergie dans l’entretien d’une dynamique mentale positive, à laquelle ne manqueront pas de s’opposer nos parts blessées qui portent en elles la croyance que l’on n’est pas capable, que l’on est nul, que l’on ne vaut rien, que de toute manière cela ne marchera jamais, etc. Dans ces conditions, à l’image de Pénélope dans la mythologie grecque, l’inconscient n’aura de cesse de déconstruire ce que l’on aura tenté de construire sur le plan conscient. Pour tenter de guérir ce sentiment d’illégitimité, on peut aussi se lancer dans un travail de nature thérapeutique, mais cela peut s’avérer long et coûteux…

En fin de compte, ce qui fonctionne le mieux selon ma propre expérience, c’est véritablement de vivre soi-même ce que l’on transmet, conseille ou enseigne aux autres sous une forme ou une autre, à l’opposé du « faites comme je dis, pas comme je fais ».

Mais avant d’aller plus loin, laissez-moi vous proposer cette anecdote sur la vie de Gandhi :

Une femme vient trouver Gandhi pour lui demander de l’aider. Plus précisément, elle souhaite le solliciter afin qu’il intervienne auprès de son fils qui est en surpoids. Elle souhaite que Gandhi lui demande d’arrêter de manger du sucre.
« Madame, revenez dans trois semaines », répond Gandhi
Surprise de cette demande, elle revient néanmoins trois semaines plus tard avec son fils. Gandhi regarde alors le garçon et lui dit : « Arrêtez de manger du sucre. »
Lorsque le garçon quitte la pièce, la mère se tourne vers Gandhi: « Pourquoi n’avez-vous pas dit cela il y a trois semaines? »
Et à Gandhi de répliquer : « Madame, il y a trois semaines, je mangeais moi-même du sucre. »

Cette anecdote est intéressante ; Gandhi ne se sentait pas crédible pour conseiller l’arrêt du sucre à cet enfant tant qu’il n’en avait pas lui-même fait l’expérience… ce qu’il fit alors en conséquence…

En matière d’alimentation ou de santé, comment pouvons-nous être légitimes ou crédibles si l’on donne des conseils que l’on n’applique pas soi-même, et qu’en conséquence notre santé est dans un état pitoyable ? De la même manière, si nous parlons de développement personnel, d’éveil spirituel, et que ce ne sont que de « belles paroles » qui sonnent creux parce que nous ne nous les appliquons pas à nous-mêmes, nous sentirions-nous légitimes et serions-nous crédibles aux yeux des autres, même si nous investissons beaucoup d’énergie pour en parler avec passion ? Cela semble évident que non, à moins que nous soyons passés maîtres dans l’art de faire illusion…

À moins d’avoir des tendances psychotiques ou d’être un sociopathe, nous aurions beaucoup de peine à enseigner ou conseiller un art de vivre ou des mesures que nous ne sommes nous-mêmes pas capables d’ »incarner » dans notre vie quotidienne. Dans ces conditions, il est tout à fait juste et sain de se sentir illégitime ou d’éprouver le « syndrome de l’imposteur ». Cela résulte d’un souci de congruence entre ce que l’on dit et ce que l’on fait. Autrement, cela voudrait dire que nous n’aurions aucun scrupule à manipuler et à tromper les autres, ce qui témoignerait d’un manque cruel de sincérité et de probité.

Naturellement, si je prêche l’amour, la fraternité et la solidarité, et que dans ma vie personnelle je ne cesse de juger, de critiquer et de vivre de manière totalement auto-centrée, mes belles paroles n’auront pas de poids, non seulement parce qu’elles sonneront faux mais aussi et surtout parce que je ne me sentirai pas crédible ni légitime moi-même.

À l’inverse, si je me donne les moyens de vivre ce que j’enseigne ou recommande aux autres de faire, je me sens non seulement légitime mais aussi et surtout celles et ceux à qui je dispense mes recommandations auront en face d’eux l’exemple vivant que cela fonctionne.

Voilà pour moi la solution pour se sentir pleinement légitime : se donner les moyens d’incarner ce que l’on aime transmettre autour de soi. Point besoin ici de le faire à la perfection, mais au moins s’en donner les moyens, du mieux qu’on le peut. Alors, dans cette dynamique, on va naturellement prendre confiance en soi (à condition que ce que l’on fait fonctionne effectivement) et ainsi devenir l’exemple vivant que ce que l’on propose nous aide à nous épanouir et à « rayonner » davantage.
Dans ces conditions, le sentiment de légitimité n’aura pas dû être créé directement, il sera simplement apparu en conséquence de notre dynamique vertueuse. Nous nous sentirons alors pleinement « à notre place » et cela donnera envie aux autres de s’intéresser à ce que l’on fait.

Voilà pour moi la clé de la réussite et de l’épanouissement dans ce que l’on aime faire et partager.

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