Nous sommes nombreux à être entrés dans la spiritualité avec une impulsion sincère et noble, mais bien vite récupérée et détournée pour servir des intérêts plutôt égotiques. C’est un piège et il est presque incontournable à ce que j’ai pu constater !
Il faut alors beaucoup de lucidité, de courage, d’honnêteté et de droiture pour reconnaître nos illusions et pour y renoncer. Voyez tous ces gens qui de nos jours se font passer pour des « Éveillés » sur internet, qui animent des Satsangs, qui jouent aux petits gourous, alors qu’ils n’ont aucunement réalisé le Soi et qu’ils sont pour certains carrément narcissiques, pour ne pas dire psychotiques. Ils sont dans une impasse, pris au piège de leur propre orgueil. Admettre humblement qu’ils ne sont pas ce qu’ils ont toujours prétendu être leur ferait perdre leur statut valorisant et les avantages matériels qui vont avec, ce qui est hors de question.
C’est la preuve que c’est une voie périlleuse où il faut beaucoup de discernement mêlé à une bonne dose d’intégrité pour ne pas se compromettre.
Mais il est vrai que réaliser que l’on n’est pas la personne que l’on croyait être – et ses différents masques encore moins –, a de quoi dérouter. Pour certaines personnes, c’est même le point de départ de la nuit noire de l’âme : une perte de repères temporaire où l’on ne sait plus qui l’on est et où l’on va. Le processus de dissolution des illusions de l’ego est enclenché et cela ne se fait pas sans souffrance…
Dans un tel passage, il est bon de se rappeler l’Esprit le plus souvent possible. « Soyez à vous-mêmes votre propre refuge » comme disait le Bouddha. Nous savons que nous existons, ici et maintenant. C’est un fait sur lequel nous pourrons toujours nous appuyer pour retrouver notre centre (et nos esprits par la même occasion).
Comme Nisargadatta Maharaj l’a conseillé, nous pouvons nous « accrocher » à cette impression d' »être », cette conscience « je suis », qui est au-delà de toutes les formes d’identifications qui déterminent un « faux-moi » auquel nous avons habituellement tendance à nous identifier, et qui contrairement à ce dernier ne pourra jamais nous illusionner.
Nous réintégrons ainsi consciemment notre propre centre, notre véritable « Cœur spirituel », l’Être, en tant que la Pure Conscience que nous sommes en essence, la seule qui soit réellement à même de nous définir là où l’image mentale déformante que l’ego nous renvoie continuellement de nous-mêmes n’est qu’un « continuum de pensées » teinté d’émotions, tantôt positives, tantôt négatives, qui créent un « faux moi », une fausse identité sans cesse changeante car conditionnée par les circonstances du quotidien, subissant elles-mêmes un changement permanent.
Même lorsque cette image que nous avons de nous-mêmes est « positive », elle reste une image mentale qui voile notre véritable Identité spirituelle, et il vaut mieux ne pas s’y attacher pour ne pas risquer de vivre des émotions opposées quand ces mêmes circonstances du quotidien nous renverront une image moins favorable, ce qui ne manque jamais d’arriver en vertu de cette loi de l’impermanence propre à la dimension matérielle avec laquelle nous sommes aux prises.
Là est tout l’enjeu de la Quête spirituelle : une conversion intérieure qui nous fait passer de la périphérie vers le centre, de l’illusion au réel, du conditionné à l’inconditionné.
Avec sincérité, vigilance et discernement, même l’ego spirituel ne saurait y résister…
C’est très juste, merci pour ce rappel Fréderic !