La croissance démographique à l’échelle mondiale n’est un problème qu’en fonction du paradigme actuel de notre civilisation. Cet article vise à expliquer pourquoi.
Sur la base du constat que l’homme dilapide des ressources et pollue énormément pour vivre selon un mode de vie centré sur son désir de consommer des choses dont il n’a pas vraiment besoin et qui lui font plus de mal qu’autre chose, alors qu’il pourrait très bien se contenter de vivre simplement en satisfaisant ses besoins fondamentaux, alors OUI, la croissance démographique est un problème et il est possible de parler de surpopulation.
Dans ces conditions, l’être humain est un « nuisible » dans son milieu naturel. Cela est factuel, car en pillant les ressources de la planète pour assouvir sa soif intarissable de consommation, il perturbe les équilibres et s’expose inévitablement à des retours de bâton, qui seront d’autant plus violents qu’il aura présomptueusement cru pouvoir les contenir en s’attaquant aux symptômes plutôt qu’à leurs causes.
L’hypocrisie des élites
Certains parmi les membres de « l’élite » affirment, depuis des décennies, qu’il y a trop d’êtres humains sur la planète et que l’humanité scie la branche sur laquelle elle est assise.
Certes, mais quelle hypocrisie de la part de ces élites puisque c’est précisément la philosophie hédoniste mêlée à l’idéologie consumériste du libéralisme capitaliste, qu’elles ont tout fait pour promouvoir depuis des décennies, qui sont à l’origine des graves problèmes écologiques que rencontrent la planète et qui mettent en péril sa fabuleuse biodiversité.
En effet, n’est-ce pas ces mêmes élites qui ont formaté les masses pour les faire adhérer au consumérisme, pour permettre à leurs entreprises industrielles et financières de croître d’une manière prodigieuse, leur apportant des privilèges, des pouvoirs et des moyens financiers au-delà de toute mesure ?
Quelle hypocrisie, en effet, de la part de ces élites qui se sont enrichies sur le dos des braves gens qu’elles exploitent et qui, maintenant que l’argent amassé leur a permis de se mettre à l’abri, elles et leurs clans, pour des générations et des générations, veulent pouvoir vivre tranquille sans avoir à subir les effets néfastes de la mondialisation.
Très certainement, c’est l’une des raisons de leur obsession pour cette question de la surpopulation. Elles savent pertinemment que l’hédonisme mêlé au consumérisme n’est pas un mode de vie que l’on peut partager avec des milliards d’individus, à moins que ceux-ci restent pauvres et assujettis à des formes de contrôles qui les empêchent de prospérer.
C’est pourquoi ces élites considèrent la surpopulation comme un problème, dont elles se servent par ailleurs opportunément pour imposer des mesures liberticides et renforcer leurs moyens de contrôle sur les masses.
Car évidemment, si la pollution est un problème puisqu’elle met en péril leur propre habitat, la surpopulation aussi en cela qu’elle est une menace à leur position hégémonique. Pensez donc, il ne faudrait tout de même pas que ces milliards d’individus esclaves de la consommation et du divertissement se réveillent et découvrent à quel point le paradigme que ces élites leur ont imposé était en réalité contraire à leur épanouissement et à leur liberté.
Fausse solution et vrai problème
Si la surpopulation est un problème pour les élites, alors en effet cela justifie de contrôler les naissances (justifiant l’usage de la vaccination en Afrique, selon l’argumentaire de Bill Gates, l’un des membres les plus connus de cette « élite »), d’imposer un gouvernement mondial et de marteler un message anxiogène et culpabilisant en rapport au dérèglement climatique.
Mais c’est prendre le problème à l’envers que de freiner la croissance démographique ou, pire encore, de diminuer la population mondiale selon les plus sombres desseins de certains. Car le vrai problème, c’est bien le paradigme actuel, fondé je le répète sur la philosophie hédoniste mêlée à l’idéologie consumériste.
C’est à partir des années 1920 que l’on a fait croire, par le biais de stratégies marketing savamment élaborées en parfaite connaissance des rouages de la psyché humaine, que la consommation était le moyen tout trouvé pour l’être humain de se « réaliser ».
Ce fut une véritable révolution anthropologique car auparavant l’être humain était essentiellement préoccupé par la satisfaction de ses besoins vitaux et visait l’accomplissement de soi par d’autres moyens, davantage centrés sur l’esprit que sur la matière, comme par exemple : la méditation, la philosophie, la contemplation, la création artistique, le service (désintéressé) à autrui, l’activité physique, etc.
Depuis cette révolution, l’être humain s’est progressivement détourné de l’esprit pour se tourner vers la matière, pour finir par être totalement captivé par elle.
Or, lorsqu’il est amputé de son pôle spirituel, l’être humain ressent un vide existentiel, que le paradigme matérialiste ne pourra jamais lui permettre de combler véritablement, rendant l’individu dépendant de la consommation pour anesthésier superficiellement la souffrance qui découle de ce vide intérieur.
C’est une stratégie malsaine car elle est semblable à celle du drogué qui inhibe sa souffrance par sa consommation de drogues et qui, s’y habituant, doit en augmenter la dose pour continuer à obtenir satisfaction, jusqu’à l’overdose…
Forcément, un tel mode de fonctionnement conduit à consommer toujours plus, du moins à trouver des sources de stimulation toujours plus fortes. Et pour augmenter la dose, il faut aussi davantage de ressources, qui ne sont pas illimitées et dont la consommation est source de pollution, comme chacun le sait.
Changement de paradigme
On voudrait nous faire croire que la solution est de consommer différemment, mais c’est évidemment un emplâtre sur une jambe de bois puisque nous savons que les nouveaux objets de consommation soi-disant « écologiques » présentent un bilan catastrophique en termes d’énergie grise[1]. L’industrie des voitures électriques en est un exemple tout à fait révélateur.
C’est donc la mentalité de l’homme moderne qui pose problème, et non la quantité d’êtres humains peuplant la planète. C’est pourquoi, à mon sens, la seule solution viable sur le long terme consiste non pas à consommer différemment ou à contrôler les naissances, mais à changer de paradigme civilisationnel, en ajoutant ce qui y fait présentement défaut : la spiritualité.
Il s’agit de réaliser une décroissance matérielle, extérieure, en misant sur une croissance spirituelle, intérieure.
À l’évocation de ces mots, j’entends déjà les « gardiens de la raison » s’indigner en prétextant que, si la science nous a permis de sortir de l’obscurantisme, ce n’est pas pour y retourner.
Mais que les adeptes du scientisme se rassurent, car si « leur » Science a réussi à tuer Dieu, pour paraphraser Nietzsche, ce n’est pas pour le ressusciter dans de nouvelles formes de croyances et de superstitions. Car la spiritualité peut être adogmatique, axée sur l’expérience intérieure.
Pour les convaincre que le Dieu auquel ils ne croient pas est sans aucun rapport avec la spiritualité, je les invite à s’intéresser à l’athéisme spirituel, lequel fut adopté par de grands scientifiques.
Aussi, si cela peut également contribuer à les rassurer encore un peu plus, le but n’est pas de basculer dans une autre extrême qui serait le « tout spirituel », mais de trouver le juste milieu entre « esprit » et « matière ».
L’exemple des Sages
Pour comprendre en quoi l’ajout de la spiritualité est la solution, prenons l’exemple des êtres spirituellement réalisés, qui trouvent leur bonheur dans la contemplation, dans l’art du non-agir, dans l’introspection méditative, etc.
Ils n’ont évidemment pas besoin de consommer pour se sentir exister. D’ailleurs, à en juger par l’exemple des Sages ou des Maîtres spirituels (authentiques, pas les pseudo-gurus qui s’achètent des Rolex et qui roulent en Rolls-Royce…), leur mode de vie est caractérisé par la simplicité, l’humilité et la capacité à s’émerveiller devant la beauté de la nature. Certains vivent même d’amour et d’eau fraîche, au sens propre de l’expression…
Ceci étant dit, nul besoin de devenir un ascète méditant toute la journée dans une grotte aux sources du Gange, mais simplement de réintroduire cette dimension spirituelle de l’existence, après en avoir amputé l’être humain pour des motifs bassement égotiques, matérialistes. Tel sera l’enjeu majeur de la post-modernité.
Si l’être humain retrouve cette faculté à se réaliser « verticalement » en prenant appuis sur la matière, et non en y cherchant illusoirement cette réalisation en passant exclusivement par la case « consommation », il soulagera d’autant la planète de ses excès passés.
Et dans ces conditions, naturellement, il ne sera plus question de surpopulation, même avec vingt milliards d’êtres humains…
[1] L’énergie grise, ou énergie intrinsèque, est la quantité d’énergie consommée lors du cycle de vie d’un matériau ou d’un produit : la production, l’extraction, la transformation, la fabrication, le transport, la mise en œuvre, l’entretien et enfin le recyclage, à l’exception notable de l’utilisation. Source : Wikipédia
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