L’erreur que l’on fait le plus souvent avec l’émotion de peur, c’est qu’on souhaite absolument y échapper, d’autant plus rapidement qu’elle est intense et désagréable.
On essaie alors de trouver des solutions, soit pour calmer la peur, soit pour échapper à son objet (ou s’en prémunir).
Dans tous les cas, il s’agit d’une forme ou d’une autre de contrôle.
L’autre voie, la plus inhabituelle, c’est le lâcher-prise, qui consiste à renoncer au contrôle pour plonger dans le ressenti et offrir à la peur un espace d’accueil inconditionnel, au sein duquel elle est libre d’évoluer sans entrave et sans attente, en ayant confiance que rien de dangereux ou de mauvais ne va se passer dans l’instant.
On a toujours peur de ce qui pourrait arriver, et non de ce qui se manifeste dans l’instant présent. Ainsi, en détournant l’attention de l’objet de la peur et en la concentrant sur la peur elle-même (donc sur le moment présent), on se libère du phénomène de projection mentale, et on donne une chance à la peur de s’harmoniser.
La peur est une énergie désagréable seulement si on la refuse. À l’inverse, si elle est totalement acceptée – ce qui implique la possibilité qu’elle puisse s’intensifier même – dans un lâcher-prise intégral, elle peut se transformer en une énergie tout à fait agréable, et même modifier notre état de conscience de manière positive (l’état de conscience étant étroitement corrélé au degré de fluidité des énergies qui animent notre corps).
Lorsqu’on lui donne ainsi libre cours en soi, pour évoluer sans répression, on remarque alors avec émerveillement qu’elle ne s’intensifie pas et qu’elle ne devient pas plus désagréable, mais, au contraire, qu’elle s’apaise et se transmute en une énergie tout à fait agréable et bénéfique, qui élève notre état de conscience et nous offre alors une vision renouvelée de la situation.
La peur ayant été transmutée, le rapport à son objet est devenu radicalement différent. Ce rapport à l’objet de la peur a lui-même été transmuté !
Alors, dans ces conditions, si nous en avons la possibilité, nous pouvons agir concrètement pour faire évoluer la situation que nous redoutions ou, si ce n’est pas possible, l’accepter plus sereinement.
Dans un cas comme dans l’autre, cela fera toute la différence, puisque l’état de paix intérieure remplacera la peur.
Tout dépend bien entendu de l’intensité de la peur sur le moment. Parfois, cette intensité est telle que lâcher prise nous semble au-dessus de nos forces. Dans certains cas, je pense notamment à certaines phobies, faire ce travail sur la peur nécessite d’être accompagné, dans le cadre d’une psychothérapie par exemple
Toutefois, en faisant l’expérience de ce processus avec de légères peurs psychologiques au départ, on prend confiance en nos capacités. Progressivement, on devient capable de transmuter des peurs plus intenses et envahissantes.
Il est utile de préciser que ce processus de transmutation des peurs ne s’applique pas à la peur physique ressentie face à un danger immédiat. Si vous vous retrouvez face à un individu agressif et que vous ne maîtrisez pas les arts martiaux, il est évident qu’il faudra utiliser l’adrénaline produite par la peur pour fuir aussi vite que possible.