Rien n’est jamais exclusivement positif ou exclusivement négatif quand on appréhende les choses à partir de la logique ternaire, et le complotisme ne fait pas exception à la règle.
Je pourrais résumer cela à travers cette idée bien connue que c’est autant problématique de voir des complots partout que de n’en voir nulle part.
La recherche des complots fait partie de la recherche de la vérité, car là où il y a complot, il y a mensonge, simulacre, falsification, etc.
La démarche est donc plutôt saine à la base puisqu’elle vise à reprendre contact avec le réel en prenant appui sur les faits.
Cependant, quand la recherche de la vérité ne fait que créer de nouvelles illusions ou de nouveaux mensonges, elle s’avère contre-productive.
C’est la face sombre du complotisme, qui se révèle lorsqu’on remplace le narratif officiel par un narratif alternatif qui est tout autant éloigné du réel, si ce n’est plus encore…
Certes, le narratif alternatif peut s’avérer positif dans la mesure où il donne de l’espoir, car chacun sait à quel point « l’espoir fait vivre ». Il peut s’avérer positif également en cela qu’il incite à regarder ailleurs, dans une direction qui favorise en fin de compte le retour au réel, au vrai, au sacré, au naturel, etc.
Toutefois, le piège est que la personne reste emprisonnée dans le narratif alternatif, et qu’elle n’aille pas vers le réel. C’est le principal écueil du complotisme, car la personne s’embourbe dans des scénarios qui donnent du sens et de l’espoir mais qui entrent en dissonance avec le réel, ce qui nécessite en en conséquence de tordre le réel pour résoudre cette dissonance, dans une forme de fuite en avant perpétuelle.
Dans ces conditions, l’adhésion au narratif alternatif devient malsain, et la personne s’enferme dans une bulle d’illusions qui prend faussement l’apparence de la réalité. C’est un piège d’autant plus redoutable que la personne se persuade d’être dans le camp du « bien » et d’être dans le « vrai ».
Cela n’est pas anodin, car nous savons à quel point nos croyances détermine notre vision du monde et par conséquent notre mode de vie, nos choix, nos actes, etc.
L’esprit critique est donc très important et face à une source d’information, officielle comme alternative, il est nécessaire de faire preuve de discernement, en laissant planer le doute. Il s’agit de cultiver un certain scepticisme.
Cela s’avère d’autant plus important désormais que la frontière entre le réel et l’illusion devient de plus en plus floue avec l’exploitation de l’IA sur internet.
Cela nous demande de « trier le bon grain de l’ivraie », et c’est peut-être l’élément positif dans la période troublée que nous traversons actuellement.
Elle nous pousse à être à la fois « colombe » et « serpent », comme disait le Christ, c’est-à-dire simples mais aussi prudents.
Merci pour votre attention 🙏
Bonjour Frédéric
C’est toujours un plaisir de vous lire, car vous apportez un éclairage distancié sur différents faits de société.
Concernant le complotisme et les différents scénarios alternatifs qui ont circulé pendant la période du covid, beaucoup de groupes sociaux (familles, amis, collègues de travail) ont été impactés par ces visions alternatives. J’ai été directement touchée au niveau familial et cela laisse des traces, car comme vous l’analysez si bien, il y a une distorsion du réel qui s’installe durablement, et les discussions deviennent houleuses.
Je suis donc très heureuse de me plonger, en ce 300ème anniversaire de la naissance de Kant, dans la lecture de cet excellent article du magazines La Croix, qui lui est consacré. Revisitons les lumières philosophiques pour nous éclairer 😃
Belle journée.
Merci Hélène pour votre commentaire. Pour les personnes intéressées, voici l’article auquel il est fait référence : https://www.la-croix.com/culture/et-si-kant-nous-aidait-a-devenir-plus-humain-20240417