Dire que la nature est guérisseuse relève de l’évidence puisque tous les remèdes dont on se sert pour retrouver la santé lorsque nous sommes malades, proviennent de « Mère nature ». Même les médicaments de l’industrie pharmaceutique y puisent leurs principes actifs.

L’un des piliers de la médecine antique d’Hippocrate repose sur le fait que la nature est guérisseuse (vis medicatrix naturae en latin). En effet, ses propriétés curatives viennent des substances que nous en tirons et que nous ingérons ou que nous appliquons sur notre peau. Toutefois, la guérison pourrait venir également par une autre « voie », qui est celle de la contemplation.

Récemment, j’ai compris que le simple fait de contempler la nature dans toute sa beauté, son unité, sa perfection, son harmonie et sa diversité, pouvait avoir des vertus en matière de guérison et même d’éveil spirituel (qui est aussi une forme de guérison, en l’occurrence la guérison d’une maladie mentale qui est tout à la fois souffrance, ignorance et illusion de la séparation).

Cette compréhension m’est venue alors que je méditais en immersion totale dans la forêt. J’y pratiquais la Méditation primordiale, une technique que j’ai développée et qui consiste à observer les phénomènes, tant intérieurs qu’extérieurs, tout en ayant conscience, en parallèle, de l’espace de silence et d’immobilité, omniprésent, à l’arrière-plan des phénomènes sans cesse changeants.

Tout en étant conscient de la présence immobile et silencieuse de l’espace, je laissais mon attention passer librement d’un phénomène à un autre : le chant des oiseaux, le bruit du vent dans les feuilles des arbres, la forme des plantes situées devant moi, la couleur d’une fleur, la marche d’un scarabée, la déambulation des fourmis, la forme spiralée (fractal) d’une pive juchant le sol devant moi, etc. Il n’y avait aucune tentative de comprendre mentalement ce que je regardais, juste une contemplation pure, sans volonté, sans attente, de la manifestation du vivant autour de moi, imprégné d’une paix profonde.

En plus de l’émerveillement découlant de la contemplation de cette « perfection » à l’œuvre juste là, sous mes yeux, je ressentis l’effet de cette contemplation sur ma propre conscience : ouverture, expansion, paix, joie d’être.

La conscience et le corps n’étant pas séparés, celui-ci manifestait également ce changement d’état de conscience. La circulation des énergies se fluidifiait dans le corps. Mes vibrations s’élevaient et au terme de ma méditation, je pouvais sentir comme une forme de transparence, de légèreté et un bien-être tout à fait délicieuse imprégner ma conscience autant que mon corps. Je repensais alors à cette parole de Jésus transcrite dans l’Évangile de Luc :

« Ton œil est la lampe de ton corps. Lorsque ton œil est en bon état, tout ton corps est éclairé ; mais lorsque ton œil est en mauvais état, ton corps est dans les ténèbres. ^[1] »

J’eus le sentiment que cette forme de méditation contemplative, en immersion dans la nature, avait le pouvoir de rétablir des connexions neuronales et de résoudre des conflits internes. Je me fis même la réflexion que la nature ainsi contemplée en pleine conscience, pouvait même avoir un effet sur mes cellules et mon ADN.

En physique quantique, il y a cette théorie selon laquelle l’observateur influence ce qu’il observe. Ici, l’influence pourrait jouer dans le sens inverse également, à savoir que la nature pourrait avoir une influence sur nous lorsqu’on se contente de l’observer de manière mentalement passivement, mais consciemment active !

On sait que la pleine conscience produit des effets bénéfiques sur le corps et la psyché. C’est scientifiquement prouvé ! Le simple fait de poser l’attention en pleine conscience sur un point contre le mur, par exemple, a des effets calmants sur le mental et le corps (réduction du stress). Mais en prenant la diversité de la nature comme objet de la contemplation, les bénéfices de la pleine conscience pourraient être décuplés.

Comme l’a dit le grand saint Bernard de Clairvaux :

« Vous trouverez plus de choses dans les forêts que dans les livres ; les arbres, les pierres vous apprendront ce que les Maîtres ne sauraient vous enseigner. Pensez-vous que vous ne puissiez sucer le miel de la pierre, l’huile du rocher le plus dur ? Est-ce que les montagnes ne distillent pas la douceur ? Est-ce que des collines ne coulent point le lait et le miel ? Est-ce que les vallées ne sont pas remplies de froment ? J’aurais tant de choses à vous dire ! A peine si je me retiens. ^[2] »

Au logion 77 de l’évangile apocryphe de Thomas, il est dit ceci :

« Je suis la lumière, celle qui est sur eux tous. Je suis le Tout, et le Tout est sorti de moi et Tout est revenu à moi. Fends le bois : je suis là ; soulève la pierre et tu m’y trouveras ! »

La matière et la nature ne sont pas séparées de l’Esprit. Tout, dans la nature est l’expression du Dharma, la Loi suprême qui est Dieu Lui-même. Le Nombre d’or est présent dans la nature, les Lois créationnelles aussi. Les mystères de la Création y sont contenus. En termes religieux, on pourrait dire que la nature contient les Tables de la Loi.

Aussi, tout est symbole dans la nature. L’harmonie, l’ordre et l’équilibre qu’on y perçoit, sont comme le reflet d’une Intelligence suprême, d’une Perfection totale. La nature, par la multitude de symboles qu’elle nous offre, « parle » à notre conscience autant qu’à notre inconscient. Connaissant la fonction du symbole, qui est de réunir ce qui a été séparé, il n’est donc pas infondé d’envisager que la contemplation de la nature puisse avoir de puissants effets curatifs sur notre psyché et sur notre corps.

Pour voir si mes impressions pouvaient être validées par des résultats scientifiquement prouvés, j’ai cherché sur internet et j’ai trouvé des études qui abondent en ce sens. Si des effets bénéfiques ont pu être constatés en termes de bien-être, de détente et de concentration, j’ai l’intime conviction que cela peut aller encore bien plus loin. Selon mes observations, contempler la nature pourrait :