C’est vieux comme le monde : de tous temps, les hommes se sont opposés, divisés, combattus, allant parfois même jusqu’à en oublier l’objet de leur discorde. C’est l’expression même de la dualité en ce monde : le bien et le mal se combattent et cherchent à triompher l’un de l’autre.
Pourtant, au-delà des divergences de surface, la racine profonde de la division est commune. Il s’agit de l’ego humain, mû par un instinct de survie fondé sur la peur dont il ne se sert plus uniquement pour défendre l’intégrité de son corps physique – mode défensif à l’œuvre partout dans la Nature –, mais pour défendre son sentiment d’identité personnelle et l’image de soi qui lui est très étroitement liée. Cela, pour éviter d’être blessé sur le plan psychologique et de voir ce sentiment de soi diminué, dévalorisé, humilié.
Aujourd’hui, le conflit majeur qui cristallise les plus grandes oppositions au sein de l’humanité a pour théâtre la crise sanitaire. Elle divise les gens aux quatre coins de la planète. D’un côté, les anti-vaxx qui refusent de plier l’échine face à la propagande des médias et des gouvernements. De l’autre, toutes celles et ceux qui pensent que la vaccination permet de sauver des vies humaines. Les premiers accusent les seconds d’être des « moutons » soumis au Système et ces derniers se défendent en traitant leurs accusateurs de « complotistes irresponsables ». Nous retrouvons le combat du bien – dont les deux camps se revendiquent pour justifier le bien-fondé de leur démarche –, contre le mal.
Chercher à avoir raison en donnant tort à l’autre est un mécanisme actionné par l’ego. Il nous empêtre dans la dialectique où les sophismes si difficiles à démasquer donnent le sentiment que chaque « camp » a raison à partir du point de vue qui est le sien, ce qui est d’ailleurs généralement le cas puisque la vérité absolue n’existe pas ici-bas et qu’elle ne peut être approchée qu’en multipliant les différents angles de vue.
Sur la base de ce constat, s’obstiner à vouloir avoir raison est aussi vain qu’inutile. C’est une guéguerre d’egos de laquelle seule la division et le conflits sortiront toujours vainqueurs.
Pour revenir à la crise sanitaire qui nous concerne ces temps-ci, chaque camp a de très bonnes raisons à faire valoir pour défendre le bien-fondé de sa position. Il y a les partisans de Pasteur et ceux de Béchamp. C’est le virus contre le terrain biologique. Deux visions du monde diamétralement opposées qui s’affrontent et auxquelles se mêlent d’un côté la science et, de l’autre, la nature ou plus précisément l’énergie vitale, celle qu’Hippocrate appelait vis medicatrix naturae. C’est aussi l’opposition entre besoin de sécurité et besoin de liberté, entre contrôle et lâcher-prise.
Comment, dès lors, peut-on sortir du conflit et de la division si l’on considère des divergences si frontales qui déterminent de tels paradigmes situés aux antipodes l’un de l’autre ?
Eh bien, la réponse est simple : en voyant ce qui unit plutôt que ce qui divise !… C’est l’essence même de la conciliation, l’unique voie de résolution des conflits qui mène à la paix, à l’équilibre, à l’harmonie et à… l’amitié. C’est le rôle de la justice, celle que le Christ nous a convié à chercher en tant qu’aspect du Royaume de Dieu, lui-même symbole – précisément – de la paix, de l’équilibre, de l’harmonie et de l’amitié.
Puisqu’il est question du Christ, nous pouvons nous inspirer de l’image qu’il en a donné et dont il s’est lui-même fait l’incarnation vivante : un Dieu qui aime, c’est-à-dire qui réunit ce qui a été séparé. Un Dieu Amour qui unit en prenant la forme de l’amitié.
Là où le conflit et la division délient, séparent et engendrent la haine, la conciliation restaure le lien, l’amitié et l’amour. Sans vouloir parler de Dieu si l’on est réfractaire aux concepts religieux ou ésotériques, c’est la voie du cœur, que nous pouvons suivre pour trouver le bonheur que l’amitié prodigue.
Voir ce qui unit plutôt que ce qui divise est donc la solution pour concilier les opposés et retrouver l’amitié perdue au sein de notre humanité divisée. C’est un exercice difficile non seulement parce que nous n’y sommes pas habitués, mais aussi et surtout parce qu’il est toujours plus facile de se laisser choir que de se redresser.
Cependant, si on en a la volonté, pour tous les conflits sans exception il est possible de trouver un point de jonction dans la mesure où, comme je l’ai expliqué plus haut, ils prennent tous racines au niveau de l’ego humain, dont le fonctionnement est universel. En effet, en arrière-plan, il y a toujours des besoins, des désirs, des intérêts, des peurs, des mécanismes de défense qui déterminent en surface les comportements, les actes et les paroles qui alimenteront le conflit et la division. Ainsi, si l’on s’efforce de détourner le regard de la périphérie pour le ramener vers le centre, où les schémas de l’ego se ressemblent, nous nous donnons une chance de reconnaître ce qui nous unit plutôt que ce qui nous divise, soit tant et tant de modes de fonctionnement semblables.
Les comportements fondés sur la peur en sont de bons exemples. Les anti-vaxx ont peur que le vaccin leur fasse du mal alors que les pro-vaxx ont peur que ce soit le virus qui les rende malades. La peur est donc commune aux adversaires des deux camps qui s’opposent et il devient évident qu’en reconnaissant ce point commun au lieu de rester dans le conflit au niveau des divergences d’opinions, il soit possible d’établir des ponts au lieu de dresser des murs entre eux.
C’est un exemple parmi tant d’autres, qu’il est possible de trouver facilement pour autant qu’on le veuille vraiment et qu’on s’en donne les moyens, naturellement. Cela peut même devenir un jeu passionnant, voire enthousiasmant et salutaire sachant que tous peuvent potentiellement en sortir gagnants.
Alors, qu’attendons-nous pour nous engager sur cette voie de la (ré)conciliation et tenter de faire de l’or avec du plomb ?
Merci de tout coeur Frédéric, tout est dit dans ce texte qui résonne totalement 🙂
Merci beaucoup Frédéric pour ces textes qui rassemblent… les lieux pour échanger à propos de tout ce qui se passe ne sont pas nombreux mais heureusement, les moyens de communications géniaux sont là pour donner du corps à nous pensées…