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L’Apocalypse de Jean, qui est le dernier Livre du Nouveau Testament, est d’une richesse symbolique et allégorique hors du commun. Il nous offre une grille de lecture pour comprendre l’accélération des événements que nous vivons en ce début de XXIe siècle et l’amplification de l’appauvrissement spirituelle qui caractérise le chaos planétaire dont nous sommes à la fois les acteurs et les spectateurs.
Aussi, et c’est sans doute là le plus important, ce texte à la dimension profondément ésotérique, est une invitation à comprendre l’impérieuse nécessité de l’intégration du positionnement intérieur grâce auquel chacun d’entre-nous peut réaliser son apocalypse intérieure et se placer ainsi dans les conditions propices à l’Illumination spirituelle.
Eu égard à la richesse et à la profondeur de son contenu, la réalisation d’une analyse complète de l’Apocalypse de Jean représente un travail d’une ampleur colossale, avec toute la marge d’erreur qu’une telle démarche comporte inévitablement, dans la mesure où cette œuvre magistrale a été rédigée il y a deux millénaires, à une époque où les références culturelles et sociologiques étaient différentes de celles qui caractérisent notre époque moderne.
Avec toute la prudence et la réserve qui s’imposent donc pour ne pas déformer et pervertir le sens symbolique de ce texte sacré, je limiterai mon interprétation à quelques passages que j’estime particulièrement importants pour comprendre le chaos actuel et l’influence individuelle et collective du grand principe de la division qui en est la cause.
Ce que l’apocalypse n’est pas…
L’apocalypse n’est absolument pas, comme on le croit généralement, une expression synonyme de « fin du monde » ou de « fin des temps ». Cette croyance a été instillée dans la conscience collective par les propagandes de faux prophètes et de mouvements pseudo-religieux qui s’en sont servis, et continuent de s’en servir d’ailleurs, pour manipuler les personnes sincères qui se rendent à l’évidence que les valeurs matérialistes du monde moderne nous mènent tout droit à la catastrophe et qui, en conséquence, sentent l’élan d’un retour au sacré, au vrai, au juste et au bon.
En jouant sur la corde sensible de la peur et en donnant de faux espoirs à ces personnes (voir à ce sujet le grand basculement est-il pour bientôt ?), ils les enchaînent à un système de croyances pernicieux et les détournent de la Voie du juste milieu, sur laquelle elles devraient pouvoir s’engager pour se donner ainsi toutes les chances d’être touchées par la Grâce divine, simplement en vivant d’une manière qui est conforme à l’ordre naturel des choses, en phase avec ce que les extrême-orientaux appellent le Tao.
L’endoctrinement est parfois tel que ces personnes sont persuadées d’être dans la vérité, dans le juste, alors qu’elles sont encore et toujours perdues dans les dédales obscurs de leurs fausses croyances, desquels il leur sera d’autant plus difficile de sortir qu’elles sont fortement identifiées à l’impression valorisante de faire partie des « élus ».
Sous cette couche de croyances et de contraintes morales imposées par les fausses doctrines auxquelles elles adhèrent, l’âme de ces personnes continue d’être brimée, étouffée, réprimée. Leur esprit embourbé dans l’illusion « manque la cible » et au final, ces personnes renforcent l’emprise de ce dont elles souhaitent se libérer, tant à l’intérieur d’elles-mêmes qu’à l’extérieur, dans le monde. Car en effet, tant que l’esprit de division sera à l’œuvre en l’homme, il se manifestera dans le monde.
Ce que l’apocalypse est…
Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses serviteurs ce qui doit s’accomplir rapidement. Et il l’a manifesté par des signes, en envoyant son ange à son serviteur Jean, lequel a été témoin de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus-Christ selon tout ce qu’il a vu. Heureux celui qui lit et ceux qui entendent cette prophétie, car le temps est proche. » Apocalypse 1:1-3
D’un point de vue exotérique, l’apocalypse est une « révélation » ; la révélation de Jésus-Christ, qui a délivré son message sous la forme de symboles, par l’intermédiaire de son ange, envoyé à son serviteur Jean, comme cela est écrit dans le tout premier verset retranscrit ci-dessus.
L’ange dont il est question ici, est un symbole de l’Intellect supérieur, celui du Pur Esprit. C’est donc la Connaissance suprême que Jean perçoit sous la forme de certains symboles (« les signes », dans le passage ci-dessus), qui « habillent » cette Vérité d’une manière qui fut compréhensible pour Jean à partir des archétypes mentaux dont il fut pourvu au moment de cette révélation.
Les symboles transmis à Jean par l’Esprit sont universels et intemporels, afin que les générations futures (que nous sommes) puissent en saisir le sens et s’en inspirer pour se positionner de la manière la plus juste possible face aux événements qui doivent inévitablement s’accomplir jusqu’à la fin du cycle.
Les symboles de cette révélation étant universels, ils peuvent être compris par les croyants de toutes les religions. Bien qu’il serve de base doctrinale à la religion chrétienne, cet enseignement, au même titre que ceux de tous les autres Livres des Évangiles, n’est pas la propriété exclusive du christianisme, mais fait partie de l’héritage de la Tradition primordiale, laquelle appartient à toute l’Humanité.
La dimension symbolique de l’apocalypse
Et la Bête fait de grands prodiges, jusqu’à faire descendre le feu du Ciel sur la terre devant les hommes. » Apocalypse 11:13
Pour bien comprendre le rôle du symbole dans l’Apocalypse de Jean, citons les propos du Dr. Jean Marchal en référence au passage ci-dessus :
Admirons ici la précision de l’image symbolique transmise par saint Jean qui va jusqu’à décrire la domestication de l’électricité par la machine : « La Bête fait descendre le feu du ciel à la vue des hommes ». […] Cette image n’est pour nous qu’allégorique puisqu’elle ne fait que représenter avec des formes existant du temps de saint Jean une réalité moderne que nous connaissons bien, la machine. Mais elle était autrefois réellement symbolique en ce qu’elle permettait de suggérer une réalité future, alors totalement inconnue et impensable, inimaginable, et qu’il aurait été impossible d’évoquer autrement que par ces images symboliques.[1]
En effet, l’Esprit n’aurait pas pu transmettre directement la connaissance de la domestication de l’électricité à Jean car celle-ci n’existait pas à son époque et son mental était par conséquent dépourvu des archétypes en lien avec elle. Cela signifie que s’il avait reçu de l’Esprit la vision de l’électricité utilisée par l’homme dans le monde moderne, il n’aurait pas pu nommer ce qu’il voyait. Par contre, en utilisant l’image de l’utilisation du « feu du ciel » par l’être humain, nous pouvons aujourd’hui comprendre qu’il s’agit symboliquement de la domestication de l’électricité par l’homme moderne.
Ainsi, pour être compris dans toute sa profondeur, l’Apocalypse de Jean ne doit pas être appréhendée de manière littérale, mais bien symbolique. Dans le cas contraire, nous pourrions commettre de graves erreurs d’interprétation qui risqueraient de nous éloigner considérablement de la vérité transmise par l’Esprit à Jean. Malheureusement, l’interprétation littérale du Livre de l’Apocalypse, qui s’est étendue à tous les textes sacrés par ailleurs, est devenue la norme depuis que l’esprit traditionnel a été évincé par le rationalisme.
Selon l'Esprit, et non la lettre...
Lorsque nous faisons une lecture symbolique des textes sacrés, nous reconnaissons l’essence commune de toutes les religions et comprenons l’universalité de leur message, au-delà des formes qui habillent ce message et qui sont naturellement différentes les unes des autres.
Elles ont été utilisées par les grands Sages pour enseigner les Lois divines dans des contextes socioculturels éloignés les uns des autres, dans lesquels les besoins, les références idéologiques et les mentalités des individus étaient parfois très différents.
C’est la raison pour laquelle les enseignements des grands Sages ont été transmis avec des images, des paraboles, des expressions différentes. Toutefois, la vérité derrière tous ces symboles est la même. Il s’agit là précisément de la fonction même du symbole : permettre à l’esprit qui sait l’interpréter de comprendre les principes ainsi que les Lois divines qui influencent l’être humain, tant à l’intérieur (microcosme) qu’à l’extérieur (macrocosme).
Le symbolisme de l’Agneau immolé
Ésotériquement, le mot « apocalypse » doit être compris comme l’action par l’intermédiaire de laquelle ce qui est occulté sort de l’ombre et s’unit à la Lumière de la Connaissance, celle qui se reflète en la conscience individuelle libérée des voiles d’occultation et de répression qui étaient jusque-là créés par phénomène d’identification (de cette même conscience individuelle) à tout un ensemble de conditionnements mentaux. Soit dit en passant, c’est cette identification qui est à l’origine de cette fausse identité qu’on appelle l’ego et qui voile la véritable nature (le Soi divin, ou Christ en soi) de la conscience individuelle (l’âme vivante), d’où la nécessité de vivre l’apocalypse intérieure, en tant que processus de… dévoilement.
La traduction littérale du terme grec apokálupsis est on ne peut plus explicite : il s’agit bien en effet d’un « dévoilement ». Les sens de « révélation » et de « mise à nu » permettent également de signifier avec justesse l’opération par laquelle ce qui était caché par le voile égotique, peut sortir de l’ombre et se révéler au grand jour. Cette mise en lumière de l’ombre est une transmutation au sens alchimique du terme, qui place le processus apocalyptique intérieur au niveau de la première étape du Grand Œuvre alchimique : l’œuvre au noir (nigredo).
« Il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu. » (Luc 12:2)
« L’agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire, et la louange. » (Apocalypse 5:12)
D’un point de vue exotérique, le symbolisme de l’Apocalypse de Jean est interprété extérieurement à l’individu et Jésus-Christ incarne par conséquent le Verbe divin qui triomphe du Dragon, dans le monde, dans le macrocosme. À partir de cette lecture, l’Agneau immolé symbolise le Christ-Jésus crucifié, qui s’est sacrifié pour laver l’humanité de ses péchés.
Une lecture ésotérique s’appuie sur l’idée que tout ce qui est décrit symboliquement dans l’Apocalypse de Jean doit pouvoir s’appliquer à la vie intérieure de l’être humain, c’est à dire au microcosme. De ce point de vue, ésotérique, l’Agneau immolé symbolise la crucifixion de l’ego, c’est-à-dire l’ensemble des conditionnements mentaux auxquels la conscience individuelle avait tendance à s’identifier et qu’il lui donnait cette impression illusoire d’être cette « entitée séparée » qu’est l’ego.
« Le Christ[2] c’est l’ego. La croix c’est le corps. Lorsque l’ego est crucifié et périt, ce qui survit est l’Être absolu (Dieu) (cf. « Moi et mon Père nous sommes un ») et cette glorieuse survivance est appelée Résurrection. » Ramana Maharshi
Igne Natura Renovatur Integra
L’allusion au feu de l’ascèse qui brûle l’ego – l’agneau immolé -, est très claire dans l’acronyme I.N.R.I. figurant au sommet de la croix. Traditionnellement, ces quatre lettres signifient : « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs ». Mais son interprétation ésotérique est complètement différente, puisqu’elle signifie :
La nature se renouvelle dans son intégrité par le feu. »
Ce feu purificateur est celui de l’Esprit et c’est par le renoncement symbolisé par la crucifixion qu’il va progressivement pouvoir libérer l’âme vivante de ses péchés. Le sacrifice de Jésus-Christ sur la croix pour ôter les péchés de l’humanité est aussi un sacrifice sur le plan intérieur, dans la mesure où le renoncement est réellement un acte sacré (sacrifice, en latin, c’est sacrum facere, soit « rendre » ou « faire sacré »).
Vivre son apocalypse intérieure, c’est donc lever le voile et révéler ce qui était caché, occulté, soit l’ombre en soi, les aspects de l’âme qui étaient jusque-là étouffés, anesthésiés, brimés, par le jeu de l’identification aux mécanismes mentaux constitutifs de l’ego.
Cette ombre, c’est donc la souffrance de l’âme qui, grâce à l’apocalypse intérieure, est dévoilée, révélée, mise à nu, et s’ouvre ainsi à la Lumière du Soi divin, celle que véhicule l’attention pure de la conscience individuelle lorsqu’elle est positionnée dans l’équanimité.
Par ce dévoilement synonyme de purification, il y a expiation de nos péchés, c’est à dire de notre karma résiduel et de ses conséquences, et la souffrance vécue en est le prix à payer.
Ce processus de renoncement aux mécanismes de fonctionnement de l’ego, qui lève le voile sur nos ténèbres intérieures, est assimilé à la nuit obscure de l’âme…
La naissance de l’Homme Nouveau
Comme le disait le grand clairvoyant Edgar Cayce :
Nous attirons exactement ce dont nous avons besoin à chaque instant. »
Chaque jour, de nombreuses opportunités s’offrent à nous d’accueillir les ombres intérieures ravivées par les circonstances en nous plaçant dans le juste positionnement intérieur.
Cet accueil est un lâcher-prise, un renoncement, un abandon, par l’intermédiaire duquel nous nous désidentifions des conditionnements de l’ego, pour accorder notre attention équanime à ce qui se vit en nous.
En renonçant aux schémas de fonctionnement de l’ego, l’épais brouillard qu’il crée dans la conscience individuelle se dissipe et lui permet de laisser passer de plus en plus de Lumière, celle du Pur Esprit, qui peut ainsi s’unir au Vivant. En nous donnant les moyens de réaliser cette « conversion intérieure », nous pouvons nous libérer de notre karma résiduel et ainsi nous éveiller de plus en plus à notre véritable nature, le Soi divin ou le Christ en soi.
L’être qui a transmuté l’intégralité de son karma résiduel n’a plus d’ombre à l’intérieur de lui. L’énergie vitale circule librement, sans blocage, sans répression. Il réalise son plein potentiel par l’expression libre de sa véritable nature.
Vivre sans les conditionnements mentaux qui imposaient un filtre sur la réalité, permet de la voir telle qu’elle est, avec son substrat qui est l’amour universel. C’est une vision nouvelle, un état d’esprit nouveau. C’est comme si l’être était né une seconde fois, né de nouveau. C’est pourquoi on peut dire qu’il est devenu un « homme nouveau », restauré dans son état primordial, l’état édénique précédent la « chute ».
L’Homme Nouveau réalise ainsi que le Paradis terrestre a toujours été là, en tant que la réalité intrinsèquement parfaite telle qu’elle est, mais qu’il ne le voyait simplement pas sous cette forme à cause du jeu des identifications de l’âme qui formaient dans sa propre conscience le voile égotique.
Vivre l’apocalypse intérieure
Si l’objectif de la restauration complète de l’âme vivante dans son état primordial, est encore loin d’être réalisé pour bon nombre d’entre-nous, cela n’a aucune importance, car nous pouvons à chaque instant nous placer dans le juste positionnement intérieur pour réaliser cet objectif.
C’est le pas que nous sommes en train de faire qui nous rapproche du but, et c’est donc ce « pas » qui doit être au centre de notre attention. Dans un certain sens, le but n’est autre que le chemin lui-même, car c’est l’état de conscience qui est le nôtre sur ce chemin qui fait toute la différence, et cet état de conscience peut être PARFAIT ici et maintenant.
Cette perfection spirituelle est atteinte lorsque nous nous alignons sur la Volonté divine, en vivant d’une façon simple, en adéquation avec l’ordre naturel des choses. Cela implique de renoncer à ce qui nous éloigne de cet ordre naturel des choses, et d’accueillir avec équanimité les « ombres » qui ne manqueront pas de remonter à la surface en conséquence de ce renoncement. C’est ce regard neutre, équanime, octroyé à la souffrance de l’âme, qui en opérera la rectification ou transmutation alchimique, permettant ainsi graduellement la restauration de l’âme dans son état primordial édénique.
Ce positionnement intérieur nous permet de triompher instantanément de toutes formes de réactions égotiques (notamment la peur, la colère et la haine), et de rester ainsi maître de soi-même, centré, imperturbable, dans l’œil du cyclone.
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