Un pèlerin de la Source

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Un « pèlerin de la Source », c’est une expression poétique pour parler d’un être qui place la spiritualité au-dessus de tout ce qui s’en distingue, c’est-à-dire de tout ce qui est d’ordre purement « matériel ».

En cela, son attention est davantage tournée vers sa vie intérieure, celle de l’âme, que vers les choses de ce monde, qui lui apparaissent comme tout à fait secondaires par rapport à son aspiration profonde à la transcendance, sans toutefois les négliger pour autant, conscient que la spiritualité est aussi une question de juste équilibre entre Ciel et Terre.

Loin d’être passif, il est au contraire très actif, mais pas tant par les actions extérieures qu’il cherche à limiter au strict nécessaire afin d’éviter la dispersion et concentrer son attention sur ce qui est véritablement utile à l’épanouissement de son âme, soit la contemplation en premier lieu, en tant qu’activité suprême de la conscience, qu’il s’efforce avec joie et détermination de rendre la plus équanime possible.

Pour autant, cette démarche ne le rend pas indifférent au sort du monde et de son prochain, car aussi paradoxale que cela puisse paraître, plus il cultive l’art du détachement, plus il s’élève dans l’amour et la compassion.

Cet être est un « pèlerin » car il est en cheminement, dans la conscience que c’est précisément l’effort de concentration de l’attention juste qu’il convient d’accomplir pour avancer sur ce chemin. Ce dernier constitue le but en tant que tel, lui offrant à chaque instant l’opportunité d’être spirituellement parfait non pas dans les faits, mais par cette dynamique de l’effort juste dans laquelle il se place et par l’alignement qui en résulte.

Parler de quête spirituelle prend ici tout son sens, parce que ce cheminement intérieur n’est rien d’autre que la recherche de la Source, qu’il considère comme la Réalité ultime de son être et qu’il veut absolument « réaliser », étant prêt pour cela à renoncer à tout ce qui fait obstacle à cette réalisation, en premier lieu à la personnalité et à toutes les impulsions mentales qui renforcent l’impression de la séparation qui détermine l’existence de ce qu’on appelle communément… l’ego. Ces conditionnements mentaux, il est prêt à y renoncer, tout comme il est prêt à renoncer à tout ce qui ne participe pas à l’épanouissement vibratoire de l’âme qu’il incarne, sachant que cela favorisera son Éveil, sa Libération, sa Réalisation spirituelle.

S’il s’engage avec détermination et abnégation dans une telle quête, c’est parce qu’il est intimement convaincu que cette Réalisation lui permettra de s’affranchir des conditions limitantes de l’identification à la personnalité et de la souffrance qu’elle génère, pour s’établir dans un Bonheur permanent, un Amour inconditionnel, une Compassion infinie, que les conditions de sa vie « dans la matière » ne sauraient plus jamais venir ternir ou altérer, une fois ce Graal « conquis ».

Bien sûr, n’ayant pas encore réalisé ce Bonheur éternel, il doit en quelque sorte s’appuyer sur la foi en sa réalité au-delà des limitations, des illusions et de l’ignorance dont il sait encore souffrir, même s’il peut parfois en avoir des aperçus, des avant-goûts, récoltés en juste récompense de ses efforts sur lui-même au long de cette quête ardue mais ô combien palpitante.

Ces moments de grâce, bien qu’impermanents et le plus souvent éphémères, renforcent sa foi, ce qui lui est d’un grand soutien car difficile est cette quête en effet avec ses innombrables pièges et obstacles, dont il sait toutefois reconnaître la valeur, en cela qu’ils lui permettent de comprendre, d’apprendre et de bénéficier du rappel utile qu’ils lui offrent quand il s’est laissé aller dans trop de confort, de certitudes et d’inertie.

Ce pèlerin de la Source, je le suis, et vous l’êtes peut-être aussi vous qui lisez ces lignes, cherchant ardemment ce Graal qu’Elle représente : ce Cœur immanent de nos êtres qui nous relie au-delà de nos personnalités auxquelles nous nous identifions et qui nous donnent cette impression illusoire d’être séparés de cette Source dont l’Essence est, selon l’antique sagesse hindoue, Sat-Chit-Ananda, c’est-à-dire « Être, Conscience, Félicité ».

En ce qui me concerne, cette quête apporte à mon existence le sens et la profondeur que j’ai longtemps recherchés, d’abord illusoirement « dans le monde » comme beaucoup de gens, courant après le bonheur que sont censés apporter – comme le « système[1] » nous le fait croire – la performance, le succès, l’abondance de biens matériels, l’argent, etc., avant de réaliser à mes dépens que c’était une vaine démarche et que seule la dimension spirituelle pourrait véritablement me combler.

Oui, je dis bien « à mes dépens », car le prix à payer pour réaliser que je faisais fausse route et que je devais chercher ailleurs la cause de mon bonheur, a été un phénomène énergétique violent à l’origine d’un immense séisme dans ma vie, qui me poussa à me remettre complètement en question et à changer radicalement de voie.

Mais avant de vous raconter plus en détail la nature de cette expérience bouleversante qui marqua le début d’une crise existentielle profonde, je souhaite remonter un peu plus loin en arrière, dans mon enfance…

[1] Par « système », j’entends le système capitaliste dans lequel nous vivons, dont le principe est fondamentalement incompatible avec l’épanouissement du vivant, dans la mesure où il est basé sur la croissance continue et que les ressources de la nature et de l’être humain sont forcément limitées. Ce « système » est en phase avec l’Âge Noir, celui de l’obscurantisme, où le matérialisme prend le pas sur la spiritualité, par la priorité accordée à la satisfaction des désirs de l’ego, dont le culte est parfaitement compatible en revanche avec la philosophie hédoniste propre au monde moderne.

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