L'attention est notre plus précieuse ressource.
Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que la direction dans laquelle nous orientons notre attention détermine notre état d’être autant que notre état de conscience, donc aussi l’image que l’on a de soi-même, de même que le rapport que nous entretenons avec les autres et la société.
Comme vous vous en êtes sûrement rendu-e compte, nous vivons actuellement une période au cours de laquelle de nombreux scandales sont révélés.
Naturellement, cela a tendance à attirer et captiver notre attention, d’autant plus si nous avons pris l’habitude de suivre les réseaux sociaux et de regarder les journaux télévisés ainsi que certaines émissions populaires qui passent aux heures de grande écoute.
Face à tout cela, parvenons-nous à garder notre état d’équanimité afin de rester stables dans la paix, la joie et la confiance, indépendamment des circonstances ?
Franchement, il faut être un Saint pour y parvenir, ou du moins faire preuve d’une grande vigilance en faisant l’effort de ramener constamment l’attention dans le « juste milieu », synonyme de cet état d’équanimité.
Si l’on n’est pas vigilant, la réaction la plus commune est celle de la révolte et de l’indignation, ce qui est tout à fait compréhensible si l’on en juge par le caractère dramatique et parfois monstrueux de ce qui est révélé.
Mais très honnêtement, comment nous sentons-nous en réagissant impulsivement sous l’influence de la colère, de la peur ou de la tristesse ? Qu’est-ce que cela nous fait de laisser notre précieuse attention être accaparée par toutes ces informations ? Cela nous fait-il du bien ? Cela améliore-t-il notre état de santé ? Cela nous rend-il plus heureux et plus tolérants, compatissants et aimants envers notre prochain ?
Assurément non ! Ce serait même plutôt le contraire…
Beaucoup dénoncent les complots, les manipulations, les fraudes, la corruption, l’illusion de la démocratie, etc. Tout cela existe. Tout cela est réel ! J’en ai d’ailleurs moi-même souvent parlé par le passé pour décrire les rouages du monde sensible dans lequel nous vivons, cette « caverne des illusions », en référence à l’allégorie de Platon.
Mais il y a une grande différence entre comprendre d’une part les mécanismes qui déterminent la condition de prisonnier au fond de la caverne pour ensuite se donner les moyens d’en sortir et, d’autre part, maintenir l’attention focalisée sur les ombres projetées sur le mur de la caverne, en croyant que l’indignation et la révolte sont utiles et nécessaires pour améliorer les conditions de vie au fond de cette même caverne.
Cette dernière croyance fait partie de l’illusion, car la caverne des illusions restera toujours la caverne des illusions.
Mais attention, l’analogie entre le monde dans lequel nous évoluons et la caverne de Platon a ses limites. En faisant référence à cette allégorie, je ne suis pas en train de dire que le monde est mauvais et qu’il est une prison dont il faudrait s’évader pour avoir une chance de vivre l’Éveil, comme le prône l’idéologie gnostique.
Le monde n’est pas une prison ou un lieu impur duquel il faudrait s’extraire pour atteindre la Libération spirituelle et la félicité qui lui est associée. Ce n’est en tous cas pas le témoignage des Sages qui étaient tous dotés d’un corps de chair au moment où ils ont partagé l’expérience de leur Illumination.
En effet, la plupart des grands Instructeurs spirituels ont enseigné qu’il est possible de s’éveiller tout en faisant l’expérience de la vie « ici-bas », mais que cela nécessite de cultiver une certaine indifférence à l’égard des choses de ce monde, d’où le fait que l’équanimité a parfois été nommée l’état de « sainte indifférence ».
Il ne s’agit toutefois pas de faire l’autruche, car pour cheminer avec justesse sur la voie de l’Éveil, il convient évidemment de faire des choix, ce qui implique de s’informer un minimum sur ce qui se passe dans le monde. Mais il y a une différence entre être conscient de ce qui se passe en faisant le choix de concentrer son attention d’une manière qui participe à l’Éveil, et être conscient de ce qui se passe dans un état de réactivité permanente face à tout ce qui ne va pas et dont on ne veut pas.
Dans les deux cas l’attention est « dirigée », mais dans des directions radicalement différentes, déterminant un état d’être et un état de conscience radicalement différents également.
S’il nous tient à cœur de changer le monde, alors nous pouvons nous poser cette simple question : « est-ce que j’ai de meilleures chances d’améliorer les choses à partir d’un état de paix, de joie et de confiance qui résulte de la recherche de l’équanimité, ou à partir de la colère, de la peur et de la tristesse qui résulte du refus de ce qui est ? »
Maîtriser l’attention implique toutefois un effort sur soi-même, un effort de renoncement, pour ne pas dire de sacrifice, et c’est peut-être la raison pour laquelle on se laisse si facilement « divertir » puisque, à l’inverse, il n’y a aucun effort à fournir pour que l’attention se laisser déporter vers les circonstances.
La conversion de l’attention implique en effet un effort, qui s’apparente même à un sevrage tant nous sommes devenus des « drogués » de l’information, pour la stimulation mentale et émotionnelle rapide qu’elle nous procure.
À défaut de pouvoir vivre la félicité qui résulte de l’ouverture à l’Esprit (grâce à l’équanimité de la conscience), nous lui cherchons un palliatif à travers les impulsions contraires de l’attachement et du rejet.
Nous croyons illusoirement que nous pourrons enfin être heureux quand le monde aura changé et qu’il sera en paix, dépourvu de pollution, de pauvreté, d’inégalités sociales, etc.
C’est un leurre, non pas parce qu’il est impossible qu’un jour le monde puisse devenir un « paradis terrestre », mais parce que la Loi universel des cycles cosmiques qui le gouverne fait que ce paradis terrestre ne sera jamais éternel.
Le « Royaume » n’est pas de ce monde ! C’est pourquoi il faut le « vaincre » (le monde) pour réaliser l’essence du Royaume qui est paix, joie et justice dans l’Esprit Saint ou, ce qui revient au même, faire l’expérience de la Réalité ultime, le Nirvâna dont parlait le Bouddha, ou sat-chit-ananda dans la philosophie hindoue. Cela, non pas en quittant le monde ou en détournant complètement notre attention de celui-ci, mais en libérant la conscience des tendances opposées de l’attraction et de la répulsion qui déterminent la marche du monde, en stabilisant cette même conscience dans l’ « invariable milieu », l’équanimité.
Toute la question est de savoir si nous le voulons vraiment, et si nous sommes prêts à accomplir les efforts que cette conversion intérieure implique…
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