Comme le dit l’expression : « l’espoir fait vivre« . C’est pourquoi l’être humain a besoin d’espérer. Certains acteurs l’ont bien compris et jouent sur cette tendance inhérente à la nature humaine, en suscitant l’espoir.
Comme un dealer de drogue, le pourvoyeur d’espoir tient les gens en haleine, se rendant indispensable pour fournir la « dose » d’espoir dont ils ont naturellement besoin et dont ils se rendent dépendants.
Si cela leur fait du bien, on pourrait rétorquer que ce n’est pas bien grave, puisque l’espoir leur apporte une forme de réconfort. Certes, mais ce serait comme justifier la vente de drogue sous prétexte qu’elle apporte du plaisir au drogué au moment de la consommer.
Ici, le problème se situe au niveau de l’attention, qui est détournée vers des illusions, ces « ombres » projetées sur le mur de la caverne (de Platon). L’attention pourrait être dirigée ailleurs, en l’occurrence sur tout ce qui participe vraiment à l’épanouissement des gens, à leur éveil, et donc à la reconquête de leur souveraineté intérieure.
Nous le savons, nos croyances peuvent déterminer nos choix de vie, et impacter ainsi considérablement notre manière de vivre. Ce n’est donc pas anodin, bien loin de là !…
Aussi, après les grandes promesses viennent les grands désespoirs, lorsqu’on se rend compte que finalement rien n’a changé, et qu’on a passé son temps à adhérer à des chimères. En conséquence, on peut se sentir perdu, désorienté et désespéré. Le réveil peut alors être brutal…
Ceux qui manipulent ainsi en jouant sur l’espoir ont donc une lourde responsabilité, dont ils feraient mieux d’avoir conscience s’ils ne sont pas totalement indifférents au concept de « justice immanente ». En reprenant à leur compte un narratif qu’ils commentent et agrémentent de leurs propres ingrédients, ils contribuent à entraîner dans le sillage de leurs illusions d’autres personnes qui ont besoin de croire et d’espérer. C’est une forme d’abus de confiance… et de faiblesse…
L’espérance, moteur de l’existence
Entendons-nous bien, le problème n’est pas dans le fait de nourrir de l’espoir, mais dans ce sur quoi nous fondons nos espoirs. L’espoir, et je dirais même plus, l’espérance, est un des moteurs de l’existence. Mais il y a une différence entre placer tous nos espoirs dans un changement qui doit venir d’un homme providentiel, et l’espoir que l’on place en l’étincelle de vie divine qui existe au cœur de soi-même.
L’être humain ne peut redevenir acteur du changement qu’il espère que s’il reconquiert sa souveraineté intérieure. Et pour cela, il doit commencer par cesser de transférer la responsabilité de son salut à d’autres, ou à quelque chose de plus grand que lui, qu’il s’agisse d’une flotte d’extraterrestre, d’un despote (même « éclairé ») ou du Messie lui-même.
Faire cela, c’est démissionner de sa propre responsabilité et transférer son pouvoir, en vivant dans l’attente que le changement vienne de l’extérieur. Si des forces obscures souhaitaient que l’être humain soit maintenu en position de soumission et d’inaction, c’est exactement le type d’attitude qu’elles chercheraient à induire en lui.
Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que l’individu qui fonde tous ses espoirs dans une autre personne ou un collectif sera naturellement peu enclin à faire des efforts pour changer les choses par ses propres moyens. En d’autres termes, il perdra l’élan de prendre sa vie en main pour incarner le changement qu’il veut vraiment.
En conclusion, l’espoir n’est vraiment bénéfique que s’il renforce notre capacité à agir de manière autonome et constructive, au lieu de vivre dans une forme d’attentisme et de passivité contre-productive.
Ainsi, plutôt que de dépendre d’un espoir projeté vers un sauveur ou une autorité extérieure, nourrissons l’espérance qui trouve sa source dans la foi en la toute puissance de l’étincelle de vie divine qui nous anime, et à laquelle nous pouvons laisser les pleins pouvoirs par notre conversion intérieure.
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Il y a deux vecteurs de manipulation principaux : la peur ET l’espoir.
Susciter l’espoir, en martelant constamment le mantra « le changement est imminent en voici les signes » (sur la base de biais de confirmation le plus souvent), est certes réconfortant, mais cela a également des effets pervers, qui ne doivent pas être minimisés sous prétexte que, à un certain niveau, espérer apporte une forme de réconfort et donc de bien-être (d’autant plus d’ailleurs quand on sait subtilement en jouer après avoir suscité la peur).
Le principal effet pervers, c’est que marteler ce genre de message induit une forme de passivité, puisqu’on aura naturellement tendance à croire que les choses sont effectivement en train de changer. Pendant ce temps, on reste spectateur, scotché sur le scénario croustillant qui est en train de se jouer devant nos yeux, croit-on. Mais pendant ce temps, notre précieuse attention est captivée, déviée dans un sens qui ne participe pas à notre éveil spirituel (j’avais appelé ça le « grand hold-up de l’attention »).
Autre effet pervers : après les grandes promesses viennent souvent les grands désespoirs. En effet, il y a de quoi se sentir perdus, trahis et déprimés quand on finit par se rendre à l’évidence que le temps est passé et que rien n’a vraiment changé dans notre quotidien.[…]
L’espoir, distillé ainsi, c’est comme une drogue dont on devient dépendant. On a besoin de sa dose, qui procure un apaisement sur le moment et pendant quelques heures, jusqu’à ce que l’effet s’estompe. Le manque se fait alors à nouveau sentir et il faut donc à nouveau reprendre une dose, en détournant à nouveau notre attention de tout ce qui participerait vraiment au changement que l’on souhaite vivre, qui implique bien évidemment certains efforts.
En analysant ce mode de fonctionnement, on se rend bien compte qu’il est malsain, car névrotique.
La bonne nouvelle (et non l’espoir), c’est que le Royaume de Dieu est au milieu de nous, juste derrière le voile de nos illusions mentales qui nous empêchent d’en faire l’expérience. D’où l’invitation à la conversion intérieure, celle de l’attention, à laquelle la majorité des maîtres spirituels nous ont invités.
Mon espoir, et je dirais même plus, mon espérance, celle que je fonde en l’humanité, c’est que de plus en plus d’êtres s’en rendent compte et se mettent à le vivre, à l' »incarner », ce Royaume, car ainsi, et seulement ainsi, le monde pourra vraiment commencer à changer dans le sens de ce que nous souhaitons tous.
Très juste mise en garde, que l'on pourrait toutefois compléter en y ajoutant les pourvoyeurs d'espoir.
— Le pèlerin (@LePelerin111) November 16, 2024
Car il y a deux vecteurs de manipulation principaux : la peur ET l'espoir.
Susciter l'espoir, en martelant constamment le mantra "le changement est imminent en voici les… https://t.co/Q7QGqzx2hH