Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.
Jean 8:32 X
Sur les réseaux, je vois souvent cette parole du Christ brandie comme une justification à la démarche qui vise à décrypter continuellement l’actualité pour déjouer les mensonges, les mystifications, les complots (réels ou supposés), distillés par les élites.
Derrière ce qu’on appelle le « complotisme » se trouve d’ailleurs une démarche dont le motif est louable puisque elle s’appuie sur le doute et l’esprit critique pour viser le retour au réel, par rapport à un récit qu’on considère comme trompeur et malsain (dans la mesure où ce récit engendre des privations des libertés individuelles, des injustices, des inégalités sociales, etc.).
Toutefois, cette recherche de la vérité qui concerne les faits et leurs causes profondes, rend-elle vraiment libre ?
À travers cette parole, le Christ voulait-il nous inviter à chercher la vérité dans cette direction-là, ou dans une toute autre direction ?
La question mérite d’être posée dans la mesure où la réponse va déterminer toute notre démarche, et bien sûr, l’orientation de notre attention, dont on sait à quel point elle est créatrice.
Il est intéressant de constater que le Christ s’est lui-même identifié à la vérité : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14:6)
Selon cette parole, la vérité à chercher n’est donc pas tant celle qui concerne les faits dans le monde sensible (une quête sans fin s’il en est…), mais la vérité en tant que conséquence de la Connaissance (Gnose) qui libère l’âme humaine de ses illusions, de ses conflits internes, de ses conditionnements, pour qu’elle puisse renaître et accéder à la Vie éternelle, qui n’est pas autre chose qu’un état de conscience maintenu en permanence dans la paix et la joie qui en découle, ce que le Christ appelait le « royaume des Cieux ».
Car après tout, la recherche de la vérité au sujet des faits, dans le monde, nous rend-elle libres pour autant ? Cette quête ne peut-elle pas générer en nous un esprit de révolte, d’indignation, de haine, de colère, de vengeance, qui nous éloigne d’autant de cette liberté intérieure à la quelle la vérité dont parlait le Christ, permet d’accéder ?
En effet, si je sais que j’ai été manipulé, qu’on m’a menti, parce que j’ai pu accéder à la vérité cachée par les mensonges et les faux-semblants, suis-je pour autant libre intérieurement ?
Entendons-nous bien ici : la vérité qui concerne les faits est importante car elle permet de se positionner et de faire des choix. Toutefois, si l’on n’est pas vigilant, elle peut enchaîner davantage qu’elle ne libère, dans la mesure où elle peut alimenter le moteur de la souffrance, en nous.
C’est pourquoi, il est préférable de ne pas confondre cette vérité-là, avec la vérité qui rend libre, une liberté absolue lorsqu’elle est vécue en tant qu’état de conscience, dans une totale indépendance à l’égard des faits.
C’est pourquoi, il m’apparaît important de trouver un juste équilibre dans la recherche de ces deux formes de vérité.