Excalibur est l’épée légendaire qui permit au jeune Arthur de devenir roi de Grande-Bretagne, après qu’il l’ait extraite du rocher dans lequel elle était emprisonnée.
Dans le symbolisme traditionnel, l’épée est souvent utilisée pour figurer la Lumière divine, soit le Verbe divin ou l’Esprit, au même titre que le rayon du soleil, la lance, la foudre ou la flèche.
Dans le cas d’Excalibur, le symbolisme de l’épée inclut un autre élément puisqu’elle est enfichée dans le roc, qui représente quant à lui la Matière.
Dans la légende d’Excalibur, nous avons donc l’épée qui représente l’axe vertical, et la pierre, qui représente l’axe horizontal. Sont ainsi symbolisés les deux pôles de Dieu, l’Esprit et la Matière, le Yang et le Yin, le Ciel et la Terre.
Sur le plan du microcosme, le symbolisme d’Excalibur est intéressant dans la mesure où il figure que l’esprit est figé dans la matière (psychique) et qu’il n’est donc pas libre, contrairement à l’esprit de l’être éveillé, qui n’est plus identifié à rien, détaché de tout,… libre comme l’air.
Le retrait d’Excalibur de sa gangue peut donc être interprété métaphoriquement comme le passage de l’état d’identification à la personnalité (parfois assimilée à une « pierre brute » par ailleurs), à l’état de non-identification de l’esprit qui correspond à l’Éveil spirituel.
Comme l’enfant
Le symbolisme est ici d’autant plus intéressant que la légende nous raconte que c’est un enfant, Arthur, qui seul a été capable de retirer l’épée de sa prison de pierre.
Un parallèle intéressant peut être fait ici avec l’enseignement du Christ, pour qui le « royaume » est à ceux qui sont « comme de petits enfants » :
Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. » (Matthieu 19:14)
Or, c’est précisément ce que nous dit la légende arthurienne, à savoir que celui qui est parvenu à libérer l’épée de sa gangue de pierre et qui en conséquence est devenu roi, était un enfant.
Du point de vue ésotérique, le fait d’être roi ne concerne pas la possibilité donnée à un individu de régner sur un territoire extérieur, mais sur sa réalité intérieure, et d’y établir les conditions de l’harmonie, de l’ordre et de l’équilibre, donc aussi la paix, la joie et la justice, états intérieurs qui définissent précisément le royaume de Dieu, selon saint Paul.
Conversion intérieure
De plus, la légende raconte qu’Excalibur est incassable et qu’elle rend invincible son détenteur. Or, la Lumière divine symbolisée par Excalibur, ne peut être détruite car elle est « au-delà » du monde des formes. Elle rend invincible son détenteur car n’étant plus identifié au « petit-moi » formé par un ensemble d’agrégats (ou composantes psychiques) soumis à la loi de l’impermanence, l’être spirituellement réalisé ne peut plus « mourir » sur le plan psychologique (c’est aussi le sens de la « Vie éternelle »). Il ne peut être vaincu car sa véritable essence n’est pas « de ce monde » même s’il continue à y vivre à travers la personnalité qu’il incarne (mais à laquelle il ne s’identifie plus en rien).
Ainsi, la condition pour être détenteur de l’épée et devenir roi, est d’avoir un esprit « simple », « pauvre », comme peut l’être celui des petits enfants. Cela ne signifie pas qu’il faille régresser à l’état infantile, mais qu’il faille cesser de percevoir le monde au travers de la densité d’une structure mentale composée de conditionnements, croyances, mécanises de défense, etc.
L’invitation est de voir « par-delà les pensées ». C’est une métanoïa, une conversion de l’attention, pour voir la réalité à partir de l’état d’innocence et de pureté, qui correspond à notre primordiale nature. Autrement dit, il s’agit de voir les choses telles qu’elles sont, et non telles que le filtre de nos conditionnements mentaux nous les fait voir, en les déformant invariablement et en empêchant de ce fait d’en découvrir l’essence, la vérité.
Recouvrer un esprit simple, pur, innocent, « non-figé » (dans l’identification aux conditionnements mentaux) est la condition sine qua non pour devenir roi en le royaume de Dieu…
Accueillir ce qui est
Cela implique de ne pas céder à la tentation de réagir sur la base de nos conditionnements, de nos automatismes dans un état d’auto-hypnose liberticide, mais d’observer, de goûter, d’accueillir ce qui est sans filtre, avec un esprit d’unité, une bienveillante neutralité qui ne s’oppose à rien, mais qui inclut infiniment, et qui se libère ainsi de la dualité par le seul fait de s’extraire de la dynamique d’opposition en laquelle l’identification à la structure mentale nous enferme.
Ce positionnement intérieur ouvre la porte de l’incarnation à la Lumière spirituelle, et lui permet d’en rectifier la « matière psychique », opération proprement alchimique qu’elle seule est capable de réaliser, raison pour laquelle celui qui est identifié à sa structure mentale, « complexe en esprit », ne pourra jamais intégrer le royaume de Dieu.
L’ego ne peut rien par lui-même en termes de guérison, de transmutation, d’harmonisation. Tout au plus peut-il s’abandonner et s’ouvrir à l’influence spirituelle par une opération de conversion intérieure, qui rend véritablement maître de soi-même.
Car, en effet, la véritable maîtrise de soi est celle de l’abandon dans l’attention pure à la réalité de l’ici et maintenant. C’est l’acte du renoncement à la volonté inférieure pour se remettre, s’aligner, se « soumettre », à la Volonté divine.
C’est ainsi seulement que la magie peut opérer… Une Magie divine…
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