Un Guide ou un Maître spirituel est un être qui connaît le chemin qui mène à l’Éveil et qui a pour vocation d’offrir son aide désintéressée à tous ceux qui souhaitent s’y engager pour se libérer de leurs conditionnements mentaux (samskâra et vâsanâ), et donc de l’illusion de la séparation et de la souffrance dont ils sont la cause.
Un tel être est-il pour autant « parfait » ? Sûrement pas ! Il faut s’ôter cette idée reçue de la tête, au risque de projeter beaucoup de fantasmes sur lui et de lui en vouloir s’il ne répond aux attentes, et de se déprécier soi-même beaucoup en se comparant à l’image fantasmée que l’on se fait de l’état d’Éveil.
Il y a en effet cette croyance que le Maître ou le Guide spirituel doit être absolument « parfait », sans faille, sans défaut, toujours « zen », cohérent et juste autant dans son positionnement intérieur que dans ses paroles et ses actes. Mais qu’est-ce donc au juste que la perfection synonyme de « justesse » dans ce contexte, si ce n’est l’idée mentale que l’on se fait de certaines caractéristiques qui peuvent être fort éloignées de ce qui est vraiment utile à notre éveil dans notre rapport à l’autre ? En effet, ce que l’on considère comme « parfait » ou « divin » dans ce contexte, c’est ce que l’on aimerait pouvoir vivre, en confondant le plus souvent désirs et besoins !
De la même manière que le Guide spirituel garde un corps physique et ne peut être totalement affranchi des Lois universelles et de leurs influences parfois tamasiques sur ce plan-là (vieillissement, maladies, dégénérescences, dépendances, etc.), il conserve une part d’humanité et ne peut être considéré comme exclusivement « divin », et ne saurait donc correspondre à cet idéal de perfection que l’on aimerait le voir incarner. Rien ne saurait d’ailleurs le distinguer du commun des mortels sur le plan des apparences. Ce qui fait toute la différence en revanche, c’est, sur le plan intérieur, la capacité qui est la sienne à se libérer très rapidement des conditionnements mentaux qui peuvent venir l’influencer, pour se replacer dans l’Invariable milieu – l’état de conscience équanime –, et à partir de ce positionnement intérieur, permettre ainsi à l’influence spirituelle de l’Être de se rayonner au travers de son incarnation.
En plus de cette capacité à rester maître de lui-même par le lâcher-prise, ce qui fait de cet être un Guide spirituel, ce sont ses motivations intrinsèques, et dans le rapport qu’il peut avoir avec ceux qui sollicitent son aide (désintéressée) pour avancer sur le chemin spirituel, ce sont les changements libérateurs qu’ils observent dans leur vie, de même que l’inspiration, la joie et la paix qu’ils ressentent en sa présence de par le rayonnement spirituel qui est le sien, tout simplement !
La nature de la relation avec un Guide spirituel dépend en fin de compte des besoins de la personne et de la nature du regard qu’elle pose sur cet être, considérant que les défauts ou les qualités qu’elle lui attribue seront parfois la projection de ce qu’elle porte en elle, et dont elle n’est pas encore consciente. Si cette relation est basée sur la confiance, le respect et l’amour, cette personne pourra faire un bout de chemin en compagne de son Guide, en se libérant de certains de ses conditionnements, dans une dynamique évolutive qui lui permettra ainsi de se rapprocher du sommet de la montagne, symbole de l’Éveil intégral de sa conscience.