Le Cours du Vivant

Monographie n°2 - Le jardin d’Éden et son symbolisme

Le Jardin d’Éden et son symbolisme

Théorie

Dans la monographie n°1, je me suis servi de l’exemple du tout petit enfant pour décrire la dynamique de la perfection spirituelle dans laquelle se place l’être qui aspire à l’idéal de la justesse dans sa propre conscience comme dans ses actes, et qui se donne les moyens de l’atteindre par ses propres efforts, en maintenant autant que possible son attention concentrée sur le moment présent, dans le détachement du résultat.

Chez le tout petit enfant[1], cet état de perfection se caractérise par sa disposition naturelle à maintenir son attention sur le vivant, en l’instant présent, en unité avec lui. Son mental n’étant pas suffisamment formé, il n’est pas encore capable d’émettre un jugement de valeur sur les élans de vie de son âme, et ne peut en aucun cas les réprimer ou les refouler, ni même imaginer ou éprouver des désirs créés à des fins compensatoires.

Ainsi, lorsqu’un élan de vie s’éveille en lui, il le ressent immédiatement et l’exprime naturellement, tout simplement. Et pour laisser vivre cet élan de vie, s’il a besoin de l’aide du monde extérieur, il le fait savoir par le biais d’émotions. Ainsi, lorsque le petit enfant pleure, par exemple, c’est qu’un besoin vital de son âme n’a pas pu être satisfait et qu’un ou plusieurs de ses élans de vie ne peuvent donc s’épanouir librement.

Les élans de vie dont je parle regroupent l’ensemble des besoins vitaux, toujours naturels, qui doivent être satisfaits pour que l’âme puisse évoluer et vivre sa vie en phase avec sa nature profonde. Cela va du besoin de nourriture aux besoins de jeu, de sécurité, d’amour, d’hygiène, de protection, de confort, de contact physique, etc.

Pour l’esprit simple et « pauvre[2] » du tout petit enfant, aucun élan de vie n’est mauvais en soi, de même que les besoins et les émotions qui lui sont liés. À vrai dire, les notions de bien et de mal n’existent pas encore dans sa psyché ; il n’y a que la justesse relative à l’alignement de l’esprit sur les élans de vie de l’âme.

S’il pleure et que l’adulte tente de lui faire comprendre qu’il doit cesser parce que « pleurer ce n’est pas bien », cela n’y changera rien, même si l’adulte hausse la voix pour parvenir à ses fins. La seule chose qui pourra faire cesser les pleurs du tout petit enfant, est de satisfaire le besoin relatif à son élan de vie. Dès que celui-ci aura pu être satisfait, l’émotion qui témoignait de son insatisfaction s’arrêtera aussitôt également.

Mais au fil des mois, le mental du petit enfant va se former et devenir capable d’établir une corrélation entre le comportement de l’adulte à son égard, ses élans de vie, ses besoins et ses émotions. À partir de là, les impulsions d’attraction et de répulsion qui étaient jusque-là uniquement actives au niveau de sa physiologie, vont commencer à « infiltrer » sa psyché, sous la forme de la connaissance du bien et du mal, c’est-à-dire du désir et de l’aversion.

Si je devais traduire le jeu de ces impulsions contraires dans la psyché du petit enfant, je le ferais ainsi :

« J’éprouve du désir pour tout ce qui me fait du bien et, à l’opposée, je ressens de l’aversion pour tout ce qui me fait du mal. »

Cette acquisition de la faculté de « connaître le bien et le mal », qui s’accompagne d’une perte progressive de la simplicité, de l’innocence et de la pureté inhérentes à la toute petite enfance, a été décrite dans la plupart des traditions par l’intermédiaire de leurs textes sacrés respectifs, sous la forme d’allégories et de mythes. Nous en avons un très bon exemple avec le récit d’Adam et Ève dans le jardin d’Éden, auquel nous allons maintenant nous intéresser pour tenter d’en comprendre le sens profondément symbolique.

À toutes fins utiles, je précise que mon analyse se bornera à cette seule dimension symbolique et que je n’entrerai aucunement en matière sur la question de l’origine sumérienne de ce récit, ni celle de sa véracité historique, l’une comme l’autre étant sans grand intérêt dans le cadre du Cours du Vivant.

L’allégorie du jardin d’Éden

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je vous invite à lire attentivement les versets suivants extraits du Livre de la Genèse, tels qu’ils ont été traduits en français par l’abbé Augustin Crampon à partir des textes anciens, écrits en hébreux, araméens et grecs :

« Tu peux manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement. » Genèse 2:17

 « Ils étaient nus tous deux, l’homme et sa femme, sans en avoir honte. » Genèse 2:25

« Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahweh Dieu ait faits. Il dit à la femme : “Est-ce que Dieu aurait dit : Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ?” La femme répondit au serpent : “Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez.” Le serpent dit à la femme : “Non, vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal.” La femme vit que le fruit de l’arbre était bon à manger, agréable à la vue et désirable pour acquérir l’intelligence ; elle prit de son fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea. Leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus ; et, ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures. Alors ils entendirent la voix de Yahweh Dieu passant dans le jardin à la brise du jour, et l’homme et sa femme se cachèrent de devant Yahweh Dieu au milieu des arbres du jardin. Mais Yahweh Dieu appela l’homme et lui dit : “Où es-tu ?” Il répondit : “J’ai entendu ta voix, dans le jardin, et j’ai eu peur, car je suis nu ; et je me suis caché.” » Genèse 3:1-10

Vitrail de la cathédrale de Bruxelles, sur lequel on aperçoit Adam et Ève, la pomme et le serpent.
Adam et Ève goûtant au fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. © Adobe Stock - Jorisvo

Ces quelques versets du Livre de la Genèse peuvent être mis en relation, par analogie, avec l’état d’être du petit enfant, avant et après la formation du mental dans sa psyché.

Si l’on fait abstraction de leur séparation physique, Adam et Ève peuvent être vus comme un seul et même être primordial, porteur de deux pôles ou principes complémentaires respectivement yang et yin, esprit et âme (ou matière), essence et substance, masculin et féminin, conscient et inconscient, actif et passif, etc.

Partons donc de ce principe pour la suite de cette analyse : Adam et Ève avant la « chute », symbolise l’être primordial androgyne, vivant en équilibre, en unité et en harmonie dans le jardin d’Éden. Selon le récit biblique, cet être est « nu et n’en a pas honte », ce qui veut dire, à mon sens, que l’état de conscience édénique de l’être primordial est incompatible avec toute forme de jugements portés sur les élans de vie de son âme, de même que sur les besoins qui s’y rapportent et les émotions qui en révèlent le degré de satisfaction.

Symbole du vivant qui s’exprime en chaque instant, la « nudité » n’est ni bonne ni mauvaise dans l’état de conscience édénique, comme c’est le cas dans l’esprit « pauvre » et « simple » du tout petit enfant qui ressent et exprime ses élans de vie librement, sans jugement, sans répression, sans honte ni sentiment de culpabilité.

Les principes complémentaires, et le bien et le mal

Ainsi, l’être primordial vit en unité, en harmonie et en équilibre dans son environnement et en lui-même, avant qu’il ne goûte au « fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ». Cela nous permet de déduire que les principes complémentaires qu’Adam et Ève représentent l’un et l’autre symboliquement sont absolument sans rapport avec les notions de « bien » et de « mal ».

Ceci est un point crucial à comprendre : le principe masculin n’est pas le « bien » auquel le principe féminin s’opposerait, en tant que le « mal ». Cela semble tomber sous le sens dit comme cela mais force est de constater que, très souvent, dans les contextes religieux, philosophiques et ésotériques, on retrouve cette correspondance trompeuse entre le bien et le mal et les pôles masculin et féminin. Il s’agit là d’une grave erreur issue d’une incompréhension des Lois universelles à l’œuvre au sein de la Création.

Le jour et la nuit, la lumière et l’obscurité, le positif ou le négatif, l’actif ou le passif, le chaud ou le froid, etc., ne représentent en rien les éléments opposés d’un dualisme manichéen comme le sont le bien et le mal, mais la polarité d’une seule et même nature qui se manifestent sous la forme de deux aspects ou principes complémentaires dont l’un et l’autre sont absolument indispensables pour manifester l’unité, l’harmonie et l’équilibre au sein du vivant.

D’ailleurs, pour prendre l’exemple du jour et de la nuit, l’un et l’autre alternent sans discontinuer sans que l’on puisse les séparer par une limite. Il n’y a que le mental qui soit capable, par sa faculté d’analyse, de les séparer arbitrairement en deux principes opposés. Dans l’absolu, ce sont simplement les deux pôles complémentaires d’une unité parfaite s’exprimant sous la forme du mouvement de la vie.

L’unité, l’équilibre, l’harmonie et tous les fruits ou attributs divins dont il a été question dans la précédente monographie, sont le résultat de cette complémentarité, laquelle est parfaitement figurée par le symbole traditionnel taoïste dit du « yin-yang » tel qu’il est représenté ci-dessous, au sein duquel la couleur noire représente le principe féminin (obscurité-yin) et la couleur blanche, le principe masculin (lumière-yang).

Cette image présente le symbole taoïste bien connu du yin yang, également appelé taijitu.
Le symbole yin-yang, également appelé taijitu

Ce symbole, tout comme le pavé mosaïque que l’on retrouve notamment dans le symbolisme maçonnique, n’a donc strictement aucun rapport avec l’opposition du bien et du mal. Le bien et le mal forment les deux aspects opposés et conflictuels du principe de la division – figuré par le diable dans le récit biblique comme nous le verrons plus loin – qui seul est capable de rompre l’état d’unité, d’équilibre et d’harmonie que les principes complémentaires cherchent à maintenir en permanence par leur union.

La dualité conflictuelle « bien versus mal » ne peut se manifester qu’au travers du mental, lorsque les impulsions d’attraction et de répulsion s’y infiltrent et sont en quelque sorte « corrompues » et détournées de leur fonction primordiale par ce même mental. Ce n’est sans doute pas sans raison si les mots « mental » et « mensonge » ont la même racine.

J’insiste donc bien sur le fait qu’avant d’être détournées de leur fonction première par le mental, les impulsions contraires d’attraction et de répulsion participent à l’Ordre naturel des choses, en phases avec les Lois universelles. Elles sont en quelque sorte « ordonnées » de façon parfaite par le Bien suprême, l’Esprit de Dieu Lui-même, ce que représente d’ailleurs de manière magistrale le caducée d’Hermès[3], symbole par excellence de la science hermétique : l’alchimie.

Il n’y a qu’au travers du mental et donc de la psyché que les impulsions contraires sont susceptibles de devenir « chaotiques ». Sur le plan physiologique, elles jouent parfaitement leur rôle en maintenant constamment le corps en équilibre. Par exemple, c’est grâce à elles que le pH du sang se maintient en équilibre entre 7.35 et 7.45, que le cœur attire (diastole) et expulse (systole) le sang, que les cellules assimilent et éliminent, que nous inspirons et que nous expirons à chaque respiration, etc.

Les impulsions contraires, ou l’instinct de survie

Afin d’être tout à fait clair au sujet des principes complémentaires yang et yin, il faut préciser qu’ils peuvent se manifester sur le plan de la verticalité autant que sur celui de l’horizontalité. La polarité esprit-âme (microcosme) ou Esprit-Matière (macrocosme), représente le plan vertical. La partie blanche du taijitu symbolise alors l’esprit (ou l’Esprit[4]) et la partie noire, l’âme (ou la Matière). Mais cette dernière, qui fait office de plan de réflexion sur lequel la lumière spirituelle (l’esprit) peut se réfléchir, est elle-même polarisée. En effet, l’âme (ou la Matière) comporte elle-même deux pôles, dont la complémentarité est également nécessaire pour atteindre l’unité, l’harmonie et l’équilibre sur le plan de la manifestation. Ce sont les impulsions contraires (attraction-répulsion).

Eu égard au rôle de ces impulsions sur le plan physique, on peut les mettre en rapport avec l’instinct de survie dans la mesure où elles servent à maintenir en vie tout être vivant dans un état de cohésion et d’intégrité parfaites.

Les problèmes commencent lorsque l’instinct de survie à l’œuvre au travers de ces impulsions ne sert plus uniquement à assurer l’intégrité du corps physique, mais qu’il devient, à travers le mental, le gardien de l’image psychologique que l’être se fait de lui-même, c’est-à-dire le gardien du sentiment de « moi », de l’ego.

Sous l’emprise de ces impulsions actives au sein de la psyché, donc sous l’influence de cet instinct de survie « psychologique », l’être se met à désirer ce qu’il aime[5] en déterminant que cela est bon pour lui et à repousser ce qu’il n’aime pas en déterminant que cela est mal pour lui également, de manière foncièrement intéressée, donc égoïste, dans un cas comme dans l’autre.

Cela est particulièrement flagrant chez le petit enfant entre deux et quatre ans. Dans cette tranche d’âge, les impulsions contraires commencent à imprégner sa psyché. C’est la phase de développement de la « toute-puissance » dépourvue d’empathie, phase durant laquelle il est totalement centré sur lui-même, incapable de prendre en considération les besoins et les sentiments des autres êtres qu’il côtoie.

Il semblerait que cette période de tyrannie, qui a fait dire à Freud que le petit enfant est un « pervers polymorphe », soit nécessaire à la structuration de son identité personnelle et qu’il soit donc normal qu’il considère que ce qui est « bien » pour lui soit tout ce qui lui procure du plaisir et de la satisfaction et que ce qui est « mal » pour lui soit tout ce qui, à l’inverse, lui procure du déplaisir et de l’insatisfaction.

Au-delà de l’être humain, nous pouvons également observer le jeu des impulsions contraires à l’œuvre partout dans la nature, au sein des différents règnes de la nature, au niveau des phénomènes naturels (climatiques, géologiques), du mouvement des astres, etc. En réalité, elles régissent tout le vivant où elles participent également au maintien ou au rétablissement de l’ordre, de l’équilibre et de l’harmonie. À l’échelle microscopique comme macroscopique, elles jouent parfaitement leur rôle et participent à l’évolution de la vie, sous toutes ses formes. Cela correspond à l’Ordre naturel des choses des taoïstes et au Dharma des bouddhistes.

Ainsi, lorsqu’il y a destruction, décomposition ou dissolution dans la nature, cela n’est pas l’expression du mal, c’est un processus naturel dont la vie dépend pour se perpétuer par l’intermédiaire de ses innombrables manifestations, toutes soumises à la loi de l’impermanence. Si le mal en est absent, c’est parce que la plupart des formes de vie au sein desquelles les impulsions contraires sont actives n’ont pas une fonction mentale suffisamment développée pour qu’un ego puisse décider de les orienter de manière intéressée, donc pour servir les intérêts strictement personnels d’une identité psychologique à laquelle elles s’identifieraient. Dans la nature, l’être humain est l’exception, avec certains mammifères[6] dans une bien moindre mesure. C’est donc lui qui est le principal responsable du « mal » comme tel et des désordres qu’il engendre.

Bien suprême et connaissance du bien et du mal

Je pourrais dire que la complémentarité des impulsions d’attraction et de répulsion au sein de la nature, est l’expression d’un Bien suprême en cela qu’elle participe justement à l’unité, à l’harmonie et à l’équilibre.

Le Bien suprême est au service de l’évolution du vivant. C’est l’expression de la Volonté divine, alors que l’opposition conflictuelle « bien versus mal » poursuit un objectif tout à fait contraire. En effet, au lieu d’aboutir à l’unité, à l’harmonie et à l’équilibre, l’opposition du bien et du mal est un facteur de division, de chaos, de désordre, de déséquilibre et… de souffrance.

Alors que les principes complémentaires s’attirent l’un à l’autre comme les pôles de signes opposés de deux aimants placés face à face, le bien et le mal se repoussent et cherchent à se détruire mutuellement, dans une lutte de pouvoir aussi vaine qu’inutile puisque cette opposition ne fait au final que renforcer la division et, par là, la dualité et la souffrance qui en résulte.

En d’autres termes, faire le bien revient à faire le jeu du mal[7], et faire le mal revient à faire le jeu du bien, tant et si bien qu’il est impossible de triompher du mal en faisant le bien, ou de vaincre le bien en faisant le mal.

Seule la réunification des opposés complémentaires que le dualisme bien-mal a eu pour effet de désunir, permet le retour à l’harmonie et à l’équilibre, en adéquation avec les Lois universelles immuables qui participent à l’Ordre naturel des choses.

Pour bien comprendre la différence entre le Bien suprême et la connaissance du bien et du mal qui s’y oppose, il peut être utile de se référer au symbolisme de la croix :

Sur ce schéma, il faut considérer que le plan horizontal est un plan relatif. Il représente la connaissance du bien et du mal et est susceptible de se déplacer le long de l’axe vertical en fonction de l’intensité des impulsions contraires à l’œuvre au sein de la psyché ; plus elles dominent la conscience individuelle, plus l’être s’éloigne du Bien suprême. À l’inverse, moins elles exercent d’influence sur la conscience de l’âme, plus l’être vit selon la Volonté divine, donc plus il se rapproche du Bien suprême.

Le plan vertical est en revanche un plan absolu, avec le Bien suprême à son extrémité supérieure, qui est aussi le Souverain bien, absolu, l’Esprit de Dieu, Son Souffle, Sa Lumière, Son Amour, de même que Sa Volonté et Son Verbe.

À l’extrémité inférieure de ce même axe vertical est représenté le Mal, qui ne saurait quant à lui être absolu contrairement au Bien suprême puisqu’il n’existe que relativement à l’éloignement plus ou moins prononcé de la lumière spirituelle hors de Sa Source (l’Esprit), à l’image de la lumière diffusée par le soleil qui s’atténue à mesure qu’elle s’éloigne de ce dernier et s’enfonce dans le vide intersidéral.

Ainsi, le Mal n’existe que parce qu’il y a éloignement du Bien suprême, éloignement précisément causé par la connaissance du bien et du mal induite par l’influence de l’instinct de survie dans la sphère mentale, psychique, de l’être humain.

« Il est dans la nature du bien de vouloir se communiquer : qui dit bien, dit rayonnement, dit éloignement, donc aliénation ou appauvrissement ; les rayons solaires s’amenuisent, et se perdent dans la nuit de l’espace. D’où ce phénomène paradoxal qu’est, au bout de la trajectoire, le mal qui a néanmoins la fonction positive de rehausser le bien a contrario, et de contribuer à sa façon à l’équilibre dans l’ordre phénoménal. »[8] Frithjof Schuon

Libération spirituelle et psychopathie

Si l’on regarde l’axe vertical comme la voie ascensionnelle, spirituelle et rédemptrice qui mène à l’intégration du Royaume de Dieu, au Nirvâna, à la Libération, à la Réalisation du Soi ou à l’Éveil spirituel, alors on peut considérer que les êtres qui sont parvenus à rejoindre son extrémité supérieure sont des « Libérés vivants »[9]. Ils sont un avec la Réalité absolue qui est Dieu. Leur conscience personnelle a été totalement transmutée, sublimée, libérée des complexes psychologiques formés par les impulsions contraires sur le plan psychique. En conséquence, leur conscience est définitivement affranchie des illusions de l’ego induites jusque-là par la connaissance du bien et du mal. Elle demeure éternellement dans un état d’équanimité parfaite, qui représente l’état de perfection ultime à atteindre d’après l’enseignement du Bouddha[10].

À l’extrémité inférieure de ce même axe vertical, on retrouve logiquement des êtres qui ont « chutés » aussi bas que leurs possibilités psychologiques leur ont permis d’aller. En psychologie, on parlerait de personnes atteintes de psychopathie ; du point de vue de l’occultisme, ce sont des personnalités démoniaques, des agents du chaos.

Chez ces personnes, la moindre étincelle de lumière a disparue. Leur psyché est exclusivement « pilotée » par l’influence des impulsions contraires de désir et d’aversion. Ils sont entièrement dominés par leurs instincts, leurs passions, qu’ils tentent d’assouvir par tous les moyens possibles grâce à leurs facultés mentales souvent supérieures à la moyenne.

Leurs pensées et leurs actes sont orientés dans un seul but : servir leurs intérêts, uniquement. Psychologiquement, de telles personnalités n’ont pas dépassé le stade de la prime enfance où, entre deux et quatre ans, l’enfant est dépourvu d’empathie, de remords et de culpabilité. Elles sont restées bloquées dans la « toute-puissance » (ou sont retombées à ce stade « en cours de route ») et ne fonctionnent qu’au travers de la connaissance du bien et du mal, ce qui veut dire que de leur point de vue, le bien est ce qui leur procure du plaisir, et le mal, du déplaisir, dans un égocentrisme et une amoralité poussés à leur paroxysme.

Cela signifie que ces personnes n’ont pas de conscience morale, comme l’a fait remarquer à juste titre le Dr. Martha Stout dans son livre The Sociopath Next Door : « Un individu sur vingt-cinq environ est une personne sociopathe (ou psychopathe), ce qui se traduit essentiellement par une absence de conscience. Leur problème n’est pas une incapacité à distinguer le bien du mal. C’est plutôt que cette distinction n’a aucune influence sur leur comportement. La différence intellectuelle entre le vrai et le faux ne fait pas retentir chez eux les sirènes émotionnelles ou autres craintes de dieu que nous pouvons connaître. En l’absence de ce zeste de culpabilité ou de remords, une personne sur vingt-cinq peut se permettre de faire n’importe quoi. »[11].

Il y a aujourd’hui toute une littérature qui s’intéresse à ce profil psychologique particulièrement toxique et destructeur, en rapport avec la personnalité dite « perverse narcissique ». L’épineuse question de la perversion narcissique et de la psychopathie est développée dans la monographie n°31.

Le libre-arbitre

Transposé au récit de la Genèse, cet éloignement du Bien suprême à l’origine du Mal n’est pas autre chose que la « chute » liée au « péché originel », qui représente quant à lui l’usage du libre-arbitre[12] par lequel l’être primordial a désobéi à Dieu.

Tentés par le diable, symbole du principe de la division à l’œuvre dans la psyché sous la forme des impulsions de désir et d’aversion, l’être primordial, symbolisé par le binôme « Adam et Ève », goûte au fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Usant ainsi de son libre-arbitre, il fait l’expérience de la séparation. Perdant le sens de l’éternité[13] associé à l’état édénique de la conscience, il devient mortel.

Plus un être fonctionne sous l’emprise des impulsions contraires de désir et d’aversion, plus il entre en rébellion face à la Volonté divine et plus il s’éloigne du Bien suprême, avec comme conséquence, le Mal. Autrement dit, plus un être agit à partir de sa volonté propre, par intérêt personnel, plus il commet le Mal, cela même s’il pense « bien faire » parce qu’il est animé de bonnes intentions. « L’enfer est pavé de bonnes intentions » comme le dit le proverbe, attribué à Saint Bernard de Clairvaux.

Cela veut dire que celui qui pense œuvrer pour le bien en agissant à partir de croyances et de schémas de fonctionnement purement égotiques, fait en réalité le mal. Bien évidemment, il en va de même pour celui qui fait le mal par intérêt directement.

En somme, le bien et le mal sur le plan relatif ne sont que les deux faces d’une même médaille, celle de la dualité propre à la connaissance du bien et du mal. Dans cette perspective dualiste, le bien n’est que le joli visage du mal, et le mal n’est que le vilain visage du bien. Parce qu’il ne s’oppose à rien et parce qu’il est fondamentalement inclusif[14], seul le Bien suprême est capable de transcender la dualité et de rétablir l’unité.

De ceci, on peut en comprendre que la rédemption est déterminée par le mouvement inverse à celui de la chute. C’est un redressement qui s’opère tout simplement en acceptant de renoncer aux impulsions contraires qui alimentent psychiquement le fonctionnement de l’ego, pour chercher l’équanimité et revenir ainsi au centre de soi-même, là où toute forme d’activité des impulsions contraires est neutralisée. Dans un tel état de calme intérieur, la conscience individuelle est parfaitement alignée sur la lumière de l’Esprit.

C’est la recherche du « Juste milieu », que vous pouvez mettre en rapport avec la recherche du Royaume de Dieu et sa justice (son équilibre) dont il a été question dans la précédente monographie.

De l’unité à la dualité

Dans l’allégorie du jardin d’Éden, le dualisme propre à l’opposition entre le bien et le mal survient soudainement après qu’Adam et Ève se soient laissés tenter par le serpent et qu’ils aient goûté au fruit défendu. Ce changement d’état de conscience s’est traduit chez eux par l’apparition de la peur et d’un sentiment de culpabilité.

La peur est ici la conséquence directe du basculement de l’état de conscience fondé sur l’union des principes complémentaires (l’esprit et l’âme), à l’état de conscience fondé sur la dualité entre le bien et le mal, qui rompt cette unité synonyme d’équilibre et d’harmonie, et engendre à l’inverse division, séparation et souffrance.

Dans l’hindouisme, nous retrouvons également l’idée selon laquelle la peur apparaît avec l’impression produite par la dualité dans la conscience individuelle : « d’un second naît la peur » ou « la peur vient avec le sentiment de la dualité », nous enseignent les Upanishad.

Plus précisément, l’acquisition de la faculté de discerner le bien du le mal sur le plan relatif n’est pas le fait de la conscience individuelle en tant que telle, mais de son identification à des formes-pensées émises par le mental sous l’influence des impulsions contraires, qui l’induisent en erreur sur la nature de la réalité.

Lorsqu’il est soumis à la Volonté divine, l’être humain est dans son axe, dans un état d’alignement parfait entre l’esprit (son essence spirituelle, lumineuse) et l’âme (sa psyché), dans l’accueil inconditionnel de sa nature animique et de l’ensemble de ses élans de vie. Puis, la connaissance du bien et du mal fait irruption dans sa psyché et y produit une inversion de l’Ordre naturel des choses, en conséquence de quoi certains aspects de l’âme vivante deviennent quelque chose de mauvais dont il faut avoir honte et qu’il faut cacher.

C’est ce changement de regard sur la réalité de l’âme qui constitue le fameux péché originel, à l’origine de la chute hors de l’état édénique. Entre l’esprit et l’âme vivante s’est interposé un voile mental fait d’illusions et de croyances erronées au sujet des élans de vie naturels de l’âme. C’est ainsi que la dualité bien-mal rompt l’équilibre et l’union sacrée entre les principes complémentaires.

La Volonté supérieure de Dieu est d’unir Sa lumière, Son attention pure, à chaque instant avec la réalité de l’âme vivante, afin de l’aimer, de l’écouter, de l’honorer, d’en satisfaire les besoins[15] et d’en ressentir avec bienveillance les émotions. Il n’y a que par l’intermédiaire de ce positionnement-là que l’être peut permettre à son âme de s’épanouir et s’éveiller spirituellement. Mais si un voile d’illusion s’interpose au niveau de sa conscience individuelle, l’être ne peut plus œuvrer dans le sens de cette réalisation, et le potentiel vital de l’âme est brimé, étouffé, occulté et, en conséquence, elle vit une forme de souffrance.

Le péché, le diable et la perte de l’état édénique

Le mot « péché », en hébreu (hatta’t) et en grec (hamartia), signifie « manquer la cible » ou « rater le but ». Dans un sens plus large, il dénote l’idée d’un égarement, d’une faute ou d’une erreur de jugement.

Selon ma propre interprétation, le péché est le fait, pour l’être, de dévier son attention lumineuse hors de son axe, lui faisant ainsi « manquer la cible ». Cela revient à dire que l’être pèche du fait d’octroyer son attention à des choses qui n’en valent pas la peine, du moins qui ne participent pas à l’éveil de l’âme à laquelle il est lié et dont il profiterait également puisqu’au travers de cet éveil il pourrait jouir des « fruits de l’Esprit[16] » qui en résultent, comme la paix, la liberté intérieure, l’amour, la félicité et la compassion.

Comme vous l’aurez compris, cette déviation de l’attention hors de la voie du juste milieu se produit dès que l’être s’identifie au jeu des impulsions contraires et à tous les mouvements qu’elles sont susceptibles d’induire mentalement au niveau de la conscience individuelle et émotionnellement dans le corps.

En conséquence de ce détournement de l’attention de tout ce qui n’est pas essentiel, utile et nécessaire, une division se produit à l’intérieur même de la psyché, avec d’un côté l’esprit et, de l’autre, l’âme vivante privée de la lumière spirituelle dont elle a besoin pour croître et évoluer, tout comme une plante grimpante a besoin d’un tuteur pour s’élever[17] correctement.

Le principe de la division qui rompt l’équilibre et brise l’unité au sein même de la psyché est ce que les traditions appellent le « diable ». Littéralement, il est « celui qui se jette en travers » (diabolos, en grec) ; il est celui qui sépare ce qui jusque-là était uni, en l’occurrence l’esprit et l’âme sur le plan intérieur. Il désunit, donc, et c’est par la connaissance mentale du bien et du mal que ce principe de la division peut s’interposer et régner en soi-même.

Dans le récit de la Genèse, le diable, en tant que principe de la division, est symbolisé par le serpent. C’est lui qui tente l’être en le convainquant de faire l’expérience de la réalité au travers du prisme mental de la connaissance du bien et du mal. Or, Dieu avait pourtant mis en garde l’être contre un risque de mort[18] certaine s’il goûtait à ce « fruit défendu ». Une mort qui peut être vue dans ce contexte comme la perte de l’état édénique et du sens de l’éternité qui lui est associé.

Inversion des valeurs et souffrance de l’âme

Voyons maintenant, à l’aide d’un exemple concret, comment le principe de la division parvient à s’interposer entre la lumière de l’esprit et l’âme vivante. Prenons le cas d’un élan de vie vécu par un petit enfant, qui sous la forme du besoin de découvrir les sensations que lui procure le contact avec ses organes génitaux. Sa conscience est encore simple et pure, c’est pourquoi il honore son élan de vie avec curiosité en enthousiasme ; il le satisfait d’une manière absolument juste pour lui, sans répression, sans complexe, du fait qu’il n’existe dans son esprit aucune connaissance du bien ou du mal à l’égard de cet élan de vie. Du point de vue de la psychologie, nous dirions qu’il est libre de tout comportement névrotique. Il est, de son point de vue, tout à fait naturel de découvrir cette expérience avec toute l’innocence qui le caractérise. Les impulsions d’attraction et de répulsion s’allient harmonieusement pour initier et interrompre l’expérience au moment opportun, de façon juste et utile à son évolution. Imaginons alors qu’au moment où il se livre à cette découverte naturelle de sa sensorialité, un adulte le surprenne et le blâme, en lui faisant comprendre que ce qu’il est en train de faire est quelque chose de mal. S’il est en mesure de le comprendre, que cela soit par le sens des mots ou par la charge émotionnelle qu’il perçoit chez l’adulte, les impulsions d’attraction et de répulsion imprègnent sa psyché et un « voile » mental s’interpose entre la lumière spirituelle et l’élan de vie de son âme. À ce dernier est désormais associée la croyance qu’il est mauvais, ainsi qu’un sentiment de honte et de culpabilité. C’est ainsi que le principe de la division se « jette en travers » de l’esprit et de l’âme. N’étant plus accueilli et honoré, cet élan vital ne peut s’écouler librement et se fige sous le voile de répression imposé par l’esprit induit en erreur par ces croyances erronées au sujet de ce qui est bien et de ce qui est mal. Si vivre l’élan de vie est « mal » dans l’esprit de l’enfant, alors le réprimer, c’est « bien ». Il y a là une inversion totale des valeurs, puisque le Bien suprême, qui était de vivre cet élan de vie naturellement, avec bienveillance, devient quelque chose de mal, et que ce qui est véritablement mauvais, à savoir la répression de l’élan de vie, est devenu le bien.

Nous comprenons, au travers de cet exemple, que le diable n’est pas cette créature rougeâtre que l’on se représente habituellement, avec des cornes et une queue fourchue, mais certaines croyances auxquelles l’esprit s’identifie et qui l’induisent en erreur au sujet de la réalité de l’âme vivante (tant la sienne que celle des autres). Lorsque l’esprit s’illusionne ainsi, en inversant les valeurs, il commet le péché. Le péché pour lequel l’esprit se sent coupable n’est donc pas l’alignement sur l’élan de vie, mais le fait de le brimer, de l’occulter ou de le juger.

Les élans de vie de l’âme, au même titre que les émotions qui indiquent le degré de satisfaction des besoins qui leur sont associés, ne sont jamais mauvais en soi. Ce qui l’est systématiquement, en revanche, c’est leur répression, pour d’obscures motivations émanant de croyances au sujet de ce qui est bien et mal.

C’est ainsi que le petit enfant, en grandissant et au gré de ses expériences de vie, va réprimer et refouler tout un pan de sa personnalité. Les élans de vie de son âme qui n’auront pu s’épanouir librement dans l’expression de leur nature deviendront des blessures psychiques, auxquelles seront liés des comportements névrotiques, des mécanismes de défense et certaines stratégies de compensation. Privées de la lumière spirituelle, ces parts blessées de l’âme demeureront prisonnières dans les caves du subconscient. Ces « ombres intérieures », auxquelles on aura injustement collé l’étiquette du « mal », formeront le corps de souffrance de l’être. Bien que maintenus sous contrôle par les réflexes conditionnés d’un esprit devenu diabolique, au sens étymologique du terme, ces élans de vie bloqués, figés, n’auront de cesse de solliciter l’accueil inconditionnel de la lumière de l’esprit pour retrouver leur mouvement et être libres de s’élever dans l’amour.

La restauration de l’état édénique

La quête spirituelle débute authentiquement lorsque l’être prend conscience des illusions mentales auxquelles il s’identifie et qu’il s’efforce d’opérer une repentance et une conversion. Repentance signifie « changement de regard » et conversion, « retour vers soi-même ». Cet être comprend qu’il doit se défaire du phénomène de l’identification au voile diabolique qui a pour effet de le maintenir dans la division, la dualité, cela se réalignant sur l’axe vertical qui le traverse en permanence, celui de la lumière spirituelle, par l’accueil inconditionnel de la réalité, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’âme qu’il incarne. Se faisant, il accepte de recouvrer l’innocence de l’esprit pur et simple et renonce de facto à la connaissance du bien et du mal, c’est-à-dire à fonctionner au travers des impulsions d’attraction et de répulsion actives dans son mental sous la forme de désirs, de jugements, de névroses, d’accusations, de projections, etc. Libéré de l’influence du « voile mental » dans sa conscience individuelle, celle-ci s’ouvre à la lumière spirituelle et s’illumine en conséquence.

Grâce à cette ouverture, l’être peut également réaliser la mise en lumière de ses ombres intérieures, qui étaient maintenues occultées par le « voile mental ». Ce « dévoilement » des parts d’ombres personnelles, qui est le sens ésotérique de l’apocalypse[19], n’est possible que par la réunification de ce que le mental avait séparé : la lumière spirituelle et l’âme vivante. C’est une opération inverse à celle du péché qui faisait « manquer la cible » à l’être. En effet, par sa conversion et par sa repentance, il opère une rectification, un réalignement sur le centre, le cœur de son être. C’est une rédemption : un retour au Bien suprême et à l’unité qui le caractérise, par l’abandon de la dualité inhérente à la connaissance du bien et du mal.

Cet engagement sur la voie spirituelle marque le redressement de l’être après sa chute. Mais c’est un chemin long et difficile que celui de la régénération de l’âme vivante et de sa restauration dans l’état édénique, car nombreux sont les pièges et les obstacles qui se dresseront le long de son parcours. Renforcé par des années d’identifications inconscientes à ces schémas duels, l’être se rendra compte de la puissante influence qu’exerce sur lui le principe de la division. Ce dernier n’aura de cesse de le tenter pour le faire dévier et chuter à nouveau, et c’est en faisant preuve de volonté, de persévérance et de courage que l’être pourra le vaincre, non pas par la lutte à armes égales, ce combat étant perdu d’avance, mais par l’esprit d’inclusion et d’unité contre lequel le principe de la division est impuissant. Tant que l’être croira faire le bien en s’opposant au mal, le principe de la division sortira vainqueur, car c’est la dualité qui aura été alimentée dans son esprit, par son identification au jeu des impulsions d’attraction et de répulsion au niveau mental.

Mort alchimique et renaissance

Naturellement, la condition inférieure de l’ego vivant dans l’illusion de la séparation doit mourir pour permettre à l’être de renaître à son état édénique de pure êtreté, celui qui était le sien avant la chute.

Il s’agit d’opérer une lente rectification, purification ou transmutation de la matière psychique contenue dans la conscience individuelle, en réorientant pas à pas l’attention de l’être sur tout ce qui est utile, essentiel et nécessaire à son épanouissement, à son éveil. C’est le sens du mot métanoïa : un changement de perception grâce auquel l’être détourne son attention de la périphérie pour la ramener au centre. C’est ce grand retournement de l’attention, que certaines traditions nomment également « conversion », qui permet la désidentification des impulsions contraires superflues qui encombrent la conscience individuelle en surface comme en profondeur, dans les couches les plus reculées du subconscient.

D’un point de vue alchimique, on peut dire que l’être doit se donner les moyens de s’établir dans le juste positionnement intérieur, celui qui lui permet d’être détaché, désidentifié, de sa propre « materia prima », cette matière brute, noire, à l’aspect repoussant, composée de toutes ces impulsions contraires se parant des aspects les moins lumineux de l’être : ses défauts, ses vices, ses manques, ses mensonges, ses blessures et autres mécanismes de défense sous la domination desquels il se trouve par moment et qui caractérisent l’état d’ignorance et d’égarement qui précède tout engagement sur la voie spirituelle.

Au cours de cette phase désagréable de dissolution des composantes psychiques qui jusque-là assuraient la cohésion du faux-moi égotique, le sentiment de soi auquel l’être s’identifiait se désagrège progressivement. C’est un dépouillement intérieur, au cours duquel il peut perdre ses repères et faire l’expérience de l’angoisse, de la dépression, de l’indignité, voire d’un sentiment de vide intérieur terrifiant.

C’est le prix à payer pour cette rédemption qui s’apparente à un « lavement des péchés », pendant lequel l’être doit faire face à ses ténèbres, ses démons intérieurs, sa propre ombre, son… « gardien du seuil ». Cette « nuit obscure de l’âme » est le passage obligé pour qu’une renaissance à un « Homme nouveau » puisse succéder à cette mort symbolique de l’ego embourbé dans l’illusion de la séparation.

Les différentes étapes de cette longue transformation intérieure sont décrites dans la monographie n°22, consacrée à l’alchimie spirituelle.

Quelques citations à méditer

« Dans le relatif, ce qui est cause de souffrance est mal, ce qui soulage est bien. Dans l’absolu, ce qui vous ramène à la Réalité est bien et ce qui l’obscurcit est mal. » Nisargadatta Maharaj

« Pour connaître le bien et le mal, il doit y avoir un sujet. Ce sujet, c’est l’ego. Remontez à la source de l’ego. Vous aboutirez au Soi. La source de l’ego est Dieu. » Râmana Maharshi

« Le bien ne réduit pas le mal, ni l’inverse d’ailleurs : ils sont à la fois irréductibles l’un à l’autre et leur relation est inextricable. » Jean Baudrillard

« Je trouve donc en moi cette loi: quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi. » Romains 7:21

« Le bien est à droite, le mal est à gauche ; mais la bonté suprême est au-dessus des deux. » Éliphas Lévi

 « L’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt. » Jean-Jacques Rousseau

« Je vous le dis, en vérité, si vous ne changez et ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux. » Matthieu 18:3

« Les pauvres en esprit sont les personnes qui se courbent intérieurement, qui se soumettent totalement à Dieu pour puiser en lui leur force. » Sœur Lisa Marsan

 

Pratique

Dans la première monographie, nous avons vu qu’un état de conscience ou qu’une action peuvent être qualifiés de « parfaits » pour un être dans la mesure où ils participent à l’éveil[20] de son âme.

Il a également été démontré, exemples à l’appui, que la perfection absolue n’existe pas, car l’état de conscience et l’action qui sont parfaits pour un être à un instant T, ne le seront peut-être pas pour un autre être au même moment ou pour ce même être à un autre instant.

Il en va exactement de même pour la notion de « vérité ». La vérité absolue, soit ce qui serait absolument vrai pour tous les êtres sans exception, n’existe pas non plus en ce monde. Il est donc vain de s’évertuer à vouloir la trouver, tout comme il est vaniteux de prétendre la détenir et dangereux d’affirmer que tous ceux qui ne la partagent pas sont dans l’erreur. Ce qui est vrai pour un être peut être faux pour un autre être, et l’un comme l’autre peuvent légitimement revendiquer le fait d’avoir raison à partir de leur angle de vue respectif.

Décréter qu’une idée, une croyance ou un concept sont vrais, ne peut l’être qu’à partir de l’angle de vue limité du mental. En effet, pour que quelque chose soit reconnu comme vrai, il faut nécessairement disposer de la faculté mentale de discerner le vrai du faux, donc de comparer. Or, pour comparer, il faut segmenter, analyser, fragmenter, et cette opération empêche d’avoir une vue d’ensemble des points de vue qui permettrait d’affirmer que la chose en question est vraie dans l’absolu. Et je pourrais également faire le même constat au sujet de la notion de « réalité ».

Les six aveugles et l’éléphant

Dans le jaïnisme, l’une des nombreuses traditions de l’hindouisme, la parabole des aveugles et de l’éléphant exprime parfaitement le caractère relatif des notions de vérité et de réalité. La voici retranscrite[21] :

« Six hommes d’Inde, très enclins à parfaire leurs connaissances, allèrent voir un éléphant (bien que tous fussent aveugles) afin que chacun, en l’observant, puisse satisfaire sa curiosité. Le premier s’approcha de l’éléphant et perdant pied, alla buter contre son flanc large et robuste. Il s’exclama aussitôt : “Mon Dieu ! Mais l’éléphant ressemble beaucoup à un mur !”. Le second, palpant une défense, s’écria : “Ho ! Qu’est-ce que cet objet si rond, si lisse et si pointu ? Il ne fait aucun doute que cet éléphant extraordinaire ressemble beaucoup à une lance !”.

Cette image met en scène six aveugles et un éléphant, chacun d'eux étant en contact avec une partie différente du corps de l'animal.

Le troisième s’avança vers l’éléphant et, saisissant par inadvertance la trompe qui se tortillait, s’écria sans hésitation : “Je vois que l’éléphant ressemble beaucoup à un serpent !”. Le quatrième, de sa main fébrile, se mit à palper le genou. “De toute évidence, dit-il, cet animal fabuleux ressemble à un arbre !”. Le cinquième toucha par hasard à l’oreille et dit : “Même le plus aveugle des hommes peut dire à quoi ressemble le plus l’éléphant ; nul ne peut me prouver le contraire, ce magnifique éléphant ressemble à un éventail !”. Le sixième commença tout juste à tâter l’animal, la queue qui se balançait lui tomba dans la main. “Je vois, dit-il, que l’éléphant ressemble beaucoup à une corde !”. Ainsi, ces hommes d’Inde discutèrent longuement, chacun faisant valoir son opinion avec force et fermeté. Même si chacun avait partiellement raison, tous étaient dans l’erreur. »

En effet, chacun des six aveugles a raison à partir de l’angle de vue qui est le sien, mais chacun a tort de réduire la vérité au sujet de l’éléphant à son seul point de vue.

Détenir la vérité absolue au sujet de l’éléphant ne serait possible qu’à la condition d’en percevoir la réalité absolue, c’est-à-dire d’englober en même temps l’intégralité des angles de vue permettant de l’appréhender dans sa globalité. Or, comme nous l’avons vu, le mental n’est pas doté de cette capacité, et même si la vérité absolue au sujet de l’éléphant était perçue, le seul fait d’en rendre compte par l’expression orale ou écrite, ne pourrait que la limiter de la même manière.

Si nous remplacions l’éléphant par Dieu et les six aveugles par les croyants de six religions, nous pourrions aboutir aux mêmes conclusions. Chacun d’eux aurait un rapport à Dieu conditionné par l’angle de vue conféré par sa tradition religieuse, et celui-ci serait vrai pour autant qu’il se limite à cet angle particulier. Mais dès que l’un d’entre eux tenterait de convaincre les autres que « sa vérité » est la seule valable en affirmant son caractère exclusif et absolu, et par conséquent sa supériorité, il se laisserait aveugler par ses propres illusions et serait dans l’erreur.

Les sages de toutes les traditions, qui sont parvenus, par un changement d’état de conscience, à élever leur regard au niveau métaphysique, transcendant par là les limites inhérentes au monde de la forme auquel le mental est cantonné, ont perçu la perfection, la vérité et la réalité absolues qui est Dieu.

Cependant, même en tentant d’en rendre compte de la manière la plus symbolique qui soit (comme le fait d’ailleurs à merveille le grand livre de la nature…), ils savaient qu’ils ne pouvaient aucunement en refléter l’essence fidèlement ici-bas, dans ce monde.

C’est pour cette raison qu’ils nous ont également enseigné que « le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde[22] », et qu’ils nous ont laissé cet avertissement sous forme de parabole : « Lorsque le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. »

 « Le Tao dont on peut parler n’est pas le Tao Éternel. » Tao Te King

Cultivez l’ouverture d’esprit

S’il n’est pas possible de détenir la vérité absolue en quelque domaine que ce soit, pour les raisons avancées ci-dessus, il est par contre possible de s’en approcher, en multipliant les angles de vue, par l’ouverture toujours plus large de l’esprit à différentes manières de voir les choses.

En plus d’enrichir votre culture, cette ouverture d’esprit vous permet d’éviter l’écueil de l’orgueil intellectuel et du dogmatisme, source de division entre les êtres.

En sachant cela, si certaines personnes cherchent à vous convaincre de la supériorité de leur vision des choses, vous pouvez partir du principe qu’il s’agit dans le meilleur des cas d’un fragment de la vérité, et pouvez l’accueillir comme un enrichissement, sans vous y limiter. Ainsi, ces personnes ne peuvent pas vous manipuler, quelques moralement ou philosophiquement séduisants que soient leurs propos. De même, avec sagesse et humilité, vous évitez d’induire en erreur les autres en cherchant à les rallier à « votre vérité ».

Il est d’autant plus important d’être ouvert d’esprit pour tout ce qui touche à la spiritualité, car étant le pont entre l’absolu et le relatif, le métaphysique et le physique, l’intuitif et le rationnel, elle englobe des points de vue en apparence opposés et contradictoires, mais qui sont tous vrais à leur niveau.

Prenons l’exemple de la… vie. Si vous discutez avec un authentique Yogi qui a réalisé l’union avec le Soi ou l’Esprit, il vous dira peut-être que la vie est une illusion, et que seul l’Esprit est réel. Il aurait raison de voir les choses ainsi puisque les formes du monde manifesté ne représentent rien par rapport l’océan infini de lumière qu’est le pur Esprit. Mais au niveau de l’individualité à laquelle vous êtes naturellement identifié-e lorsque vous conversez avec cet être, vous auriez tout aussi raison d’affirmer que la vie est réelle, en apparence du moins, puisque vous pouvez en faire l’expérience au travers de vos sens. Ce Yogi et vous-même auriez tous les deux raisons, mais à partir de niveaux de conscience différents.

L’ouverture d’esprit implique que vous laissiez la porte ouverte à la vérité de l’autre, même si vous n’êtes pas encore en mesure de la comprendre et de saisir le sens qu’elle revêt pour lui. Il est préférable de ne pas porter de jugement sur la vérité relative de l’autre, car même si vous avez des raisons tout à fait pertinentes de penser qu’il se trompe, vous ignorez bien souvent les raisons profondes pour lesquelles il adhère à cette « vérité » et en quoi elle est importante pour lui.

Aussi, si votre vision des choses est utile pour vous, vous ne devez pas y renoncer pour faire exclusivement vôtre celle de l’autre sous prétexte qu’elle est moralement ou philosophiquement plus attrayante, ou qu’elle recueille l’adhésion de la majorité.

Remplacer votre vérité par celle de l’autre alors que vous n’avez pas le même angle de vue que lui peut être déstabilisant. Ce serait inévitablement le cas si, dans l’exemple du Yogi, vous en arriviez à considérer que la vie est une illusion, sans pour autant avoir réalisé le Soi comme il l’a fait. Indéniablement, le plus sage est de laisser votre rapport à la vérité changer à mesure que vous faites des expériences et que vous évoluez vous-même en conscience.

Exercice : conscience du souffle de la respiration

Dans l’exercice précédent, vous avez pu faire l’expérience de l’observation détachée de l’activité du mental, et peut-être même aussi de la paix intérieure qui accompagne la simple présence au fait d’être conscient.

Dans ce deuxième exercice, en tant que l’esprit lumineux que vous êtes en essence, vous allez pouvoir entraîner votre capacité à rester pleinement concentré-e sur un objet de contemplation bien précis, en l’occurrence les sensations produites par le souffle de la respiration, dans la zone située à l’entrée de vos narines.

Dans la tradition bouddhiste, cette forme de méditation est appelée âna-apâna-sati, ce qui signifie littéralement « attention sur le souffle ». Elle est utilisée pour calmer le mental, affiner la perception et renforcer la capacité de concentration, si essentielle comme vous le savez désormais.

À nouveau, vous allez pouvoir expérimenter au travers de cet exercice est la pleine conscience focalisée, équanime, sans l’interférence du mental. Vous percevrez les choses telles qu’elles sont vraiment, sans surimposer sur elles des impressions mentales (chaud, froid, agréable, désagréable, bien, mal, etc.). Vous constaterez sûrement là encore que la pleine conscience n’est pas facile à maintenir au-delà de quelques secondes, le mental revenant très vite à la charge. Ceci est tout à fait normal, car vous avez été habitué-e à percevoir votre réalité au travers du filtre mental, et cette tendance s’est « hypertrophiée » avec le temps, là où votre capacité à focaliser votre attention sans penser, s’est « atrophiée ».

Cet exercice vous aidera à rétablir un meilleur équilibre à ce niveau. Là aussi, pour vous aider à canaliser le mental, vous pouvez vous servir de la guidance proposée dans le fichier audio ci-dessous.

Exercice audio

Durée : 6’08 / Taille du fichier : 6.8 Mo

[1] Je me base ici sur l’état d’être et le fonctionnement des tout-petits, dont l’âge ne dépasse pas 12 mois.

[2] Je fais ici à nouveau référence à la « pauvreté en esprit » dont parlent les Évangiles.

[3] Davantage d’explications sont données sur ce symbole extraordinaire dans la monographie n°12.

[4] L’Esprit avec une majuscule à l’initiale représente Dieu, alors que l’esprit avec une minuscule représente la dimension spirituelle de l’être. Métaphoriquement, c’est la différence entre le soleil et un rayon de sa lumière projeté à partir de son centre. Cette différence est expliquée plus en détail dans la monographie n°5.

[5] Cet amour conditionnel est de nature purement « magnétique ». Cet amour-là sert exclusivement à défendre la cohésion et l’intégrité toute relative de ce sentiment fallacieux de « moi » (l’ego) ainsi que les intérêts purement personnels qui lui sont associés. Cette définition de « l’amour magnétique » est développée dans la monographie n°34.

[6] C’est le cas de certains singes par exemple, qui peuvent agir de manière égoïste et même manifester des schémas de fonctionnement pervers.

[7] Par exemple, toutes les guerres ont toujours été menées au nom du « bien », contre le « mal », cela dans l’esprit des belligérants des deux camps opposés.

[8] Résumé de métaphysique intégrale, Éditions Courrier Du Livre, 1994, p. 15.

[9] Cette réalisation ne constitue toutefois pas l’achèvement du périple évolutif de l’être qui, après avoir stabilisé sa conscience dans l’état d’union avec l’Esprit, doit encore en réaliser l’incarnation pleine et entière. Voir à ce sujet le chapitre Libération spirituelle et incarnation de l’Esprit de la monographie n°13.

[10] Dans le bouddhisme, cet état de perfection ultime correspond au Nirvâna, soit à l’extinction (c’est le sens du mot Nirvâna) ou à la délivrance définitive de la « soif », c’est-à-dire de toute formes de désirs et d’aversions au sein de la psyché. C’est là très exactement le sens de l’équanimité parfaite de la conscience, représentant l’état d’Éveil spirituel selon l’enseignement du Bouddha.

[11] Éditions Harmony Books, 2005. Source de la traduction.

[12] Si le libre-arbitre est la cause de la chute, il est aussi le moyen pour l’être déchu de se redresser et de reconquérir son état édénique perdu.

[13] Le sens de l’éternité est la même chose que la Vie éternelle de la Gnose chrétienne, à ne pas confondre avec le gnosticisme qui est un mouvement religieux ésotérique complexe revêtant plusieurs formes dont l’origine remonte au IIème siècle de notre ère, et dont le dénominateur commun est la croyance que la Création est l’œuvre d’un démiurge méchant et vengeur, appelé Yaldabaoth, qui y a emprisonné les âmes humaines, mais que celles-ci conservent une étincelle divine (déposée en elles par le « Vrai Dieu ») qu’il leur est possible de raviver grâce à la connaissance, pour atteindre, par leurs propres moyens, la Libération spirituelle. « Gnose » vient du grec gnôsis qui signifie précisément « connaissance ». Mais pour certains exégètes, la connaissance des gnostiques est une « fausse gnose », une gnose « dualiste » qui s’oppose à la « Vraie gnose », ou « Gnose non-dualiste ». Pour plus d’informations à ce sujet, voyez la monographie n°38.

[14] Au même titre que la vérité absolue, comme nous le verrons dans la partie pratique.

[15] Notez bien la différence ici entre les besoins et les désirs. Les premiers sont toujours essentiels, alors que les second ne le sont jamais. Du point de vue spirituel, tout ce qui n’est pas essentiel est inutile et nuisible, et doit donc être évité autant que possible.

[16] Allusion à l’expression employée par Saint Paul dans son Épître aux Galates (5:22-23) : « Mais le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance ; la loi n’est pas contre ces choses. »

[17] Un parallèle intéressant pourrait être tracé avec l’éducation de l’enfant. Avant que la conscience morale de l’enfant ne soit suffisamment développée et qu’elle puisse servir de tuteur à ses propres élans de vie, ses parents ou les adultes qui en ont la charge endossent cette responsabilité en lui offrant leur attention et en fixant un cadre bienveillant à ses désirs. C’est ainsi qu’ils l’« élèvent », dans le respect de son âme et de ses élans créateurs..

[18] Il mit également Ève en garde contre le fait qu’elle « enfanterait dans la douleur » (Genèse 3:16). Les malheurs que Dieu annonce à Adam et Ève (la souffrance et la mort) peuvent être vus ici comme des conséquences karmiques de la transgression des Lois universelles, transgression commise en vivant selon le principe de la connaissance du bien et du mal.

[19] Voir la monographie n°44, consacrée à l’ « apocalypse intérieure ».

[20] Est-il utile de préciser que l’éveil de l’âme dont il s’agit n’a strictement rien en commun avec l’épanouissement de l’ego au sens où il serait capable de satisfaire tous ses désirs et de faire absolument tout ce qu’il veut. L’éveil de l’âme implique en effet d’avoir la force et la sagesse de renoncer aux désirs, pour se concentrer exclusivement sur la recherche du « juste milieu ». C’est ce qu’exprime très bien cette parole du Christ : « Que ta volonté soit faite et non la mienne » Luc 22:42.

[21] Source : wikipédia.

[22] Référence faite à cette parole du Christ : « Mon royaume n’est pas de ce monde. », Jean 18:36.

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Dernière mise à jour : 08.11.2023