Le Cours du Vivant

Cours n°37 - Les mystères du Christ

Les mystères du Christ

Théorie

Quelle fut la vie de celui qu’on nommait Jésus de Nazareth ? Quel rapport a son enseignement avec celui des Mystères du monde antique et des grands philosophes ? Comment se fait-il que les événements de sa vie soient à ce point semblables à ceux des hommes-Dieu de la mythologie païenne ? Jésus a-t-il seulement existé ou n’est-il qu’une figure allégorique ? Quelle différence entre la condition christique et la messianité ? Que sait-on de sa vie avant son œuvre publique ?

Voilà autant de questions auxquelles ce cours va tenter de vous livrer des éléments de réponses, qui vous aideront à vous faire votre propre opinion.

Je ne prétends pas vous proposer ici le reflet de la stricte vérité, mais une vision des choses qui fait sens pour moi et qui, à mes yeux, se rapproche davantage de la vérité que les idées partagées par la majorité, cela à cause des croyances véhiculées par des hommes qui, depuis des siècles, ont fait l’erreur de prendre « au pied de la lettre » les faits décrits dans les textes sacrés plutôt que de les considérer comme des symboles de réalités spirituelles qui n’ont jamais été exclusivement réservés à un Prophète, à un Messie ou à un Éveillé, mais qui se rapportent potentiellement à chaque être humain étant prêt à accomplir les efforts justes sur lui-même pour incarner l’état de « perfection spirituelle » que ces êtres spirituellement réalisés incarnaient à leur manière, à travers leur propre personnalité et, par conséquent, leur propre singularité.

« Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Matthieu 5:48

À elle seule, cette parole démontre bien que chaque individu qui en porte en lui la possibilité, peut incarner, à l’instar de Jésus, l’Esprit de Dieu.

Le cheminement spirituel que Jésus nous invite à suivre, autant par les faits de sa vie dont la valeur est éminemment symbolique comme nous le verrons plus loin, que par les éléments exotériques et ésotériques de ses enseignements, était aussi enseigné dans les Mystères de l’Antiquité, au travers notamment du mythe des hommes-Dieu (Osiris, Dionysos, Mithra, Adonis, etc.). Mais l’Église catholique romaine en décida autrement, en décrétant qu’il n’était pas possible d’obtenir le salut sans se convertir au christianisme, comme en témoigne l’expression « hors de l’Église, point de salut [1] ». À cette fin, il a également fallu faire de Jésus « l’unique Fils de Dieu » et le « seul Sauveur », et menacer de « damnation éternelle » celles et ceux qui refusaient de croire en lui et de se convertir.

Le problème est que ce n’est pas Jésus en tant que personnage historique qui apporte le salut de l’âme, mais l’Esprit dont il était l’incarnation parfaite et qui de ce fait faisait de lui… le Christ [2]. En d’autres termes, ce n’est pas le fait de croire en Jésus comme de se convertir au christianisme qui « sauve » et qui permet d’obtenir la Vie éternelle, mais de croire en la véracité de son enseignement et bien évidemment surtout de se donner les moyens de le réaliser en soi-même, par une « foi agissante ». C’est une quête alchimique qui permet à l’être de développer sa conscience jusqu’à son plein et entier épanouissement ou éveil, qui coïncide avec l’expérience du royaume de Dieu et celle de la Vie éternelle, qui est le « sens de l’éternité » associé à la réalisation de cette dimension spirituelle de l’être qu’est l’Esprit de Dieu (que les chrétiens appellent le « Saint Esprit »).

En tombant dans le piège de l’exclusivisme religieux, l’Église a alimenté la division dans le cœur des hommes, à l’instar d’autres religions, en reniant sa propre raison d’être qui est de relier les hommes entre eux et bien sûr l’homme à Dieu (le mot « religion » pourrait venir du latin religare, qui signifie « relier »).

Ainsi, si Jésus est bel et bien le « Fils de Dieu », il ne l’est pas davantage que tout être humain qui a pu intégrer l’Esprit en son état de conscience et en chaque parcelle de son être. Personne ne peut prétendre être « l’unique Fils de Dieu », sauf si l’être qui le revendique ne s’identifie plus à son individualité en tant que telle mais au Christ en tant que l’Esprit pleinement incarné. Dans cet état d’être, ce n’est plus un individu en tant que tel qui s’exprime, mais le « Verbe fait chair », parfait comme le Père est parfait. Mais le problème est que l’homme ignorant qui entend ces paroles sortir de la bouche d’un tel être spirituellement réalisé, fera l’erreur de les attribuer aux enveloppes les plus extérieures de sa personnalité, et non au Verbe unique de Dieu qui s’exprime à travers elle. Il prêtera alors davantage d’importance au messager qu’à son message et tombera dans le piège de l’idolâtrie, allant parfois, dans les cas les plus extrêmes, jusqu’à considérer le « personnage » en question comme plus important que Dieu Lui-même.

Pour terminer cette introduction, je citerai les propos de Timothy Freke et Peter Gandy, avec lesquels je suis entièrement en accord :

« Notre intérêt n’est pas de susciter des divisions mais de reconnaître l’unité au cœur de toutes les traditions spirituelles. […] Les premiers chrétiens « littéralistes » ont fait l’erreur de croire que l’histoire de Jésus était différente de celle d’Osiris-Dionysos parce que seul Jésus avait été un personnage historique et non mythique. Dans ces conditions, les chrétiens ont eu le sentiment que leur foi s’opposait à toutes les autres, ce qui est faux. Nous espérons que, grâce à la connaissance de ses vraies origines, et de l’évolution de la spiritualité humaine universelle, le christianisme aura le pouvoir de se libérer de l’isolement qu’il s’impose à lui-même. […] L’histoire de Jésus est un mythe éternel doué du pouvoir de transmettre la Gnose [3] salvatrice, de transformer chacun de nous en un Christ, et non pas simplement la relation d’événements survenus à un certain personnage il y a deux mille ans [4]. »

« Il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu. » Luc 12:2

La tradition des Mystères païens

Pour comprendre la dimension symbolique des épisodes de la vie de Jésus et identifier les sources de son enseignement, il faut se tourner vers les Mystères païens de l’Antiquité, dont Jésus ne pouvait évidemment pas ignorer l’existence, tout érudit qu’il était. Voici ce qu’en disent les auteurs précités, dans leur étude intitulée Les Mystères de Jésus :

« La spiritualité populaire réelle s’exprimait à travers les “religions mystiques et vibrantes des Mystères”. Au début, mouvements hérétiques et clandestins, ces Mystères se répandirent et s’épanouirent dans toutes les antiques régions méditerranéennes, inspirant les plus grands esprits du monde païen qui se considéraient comme la vraie source de la civilisation.

La tradition comprenait des Mystères exotériques, extérieurs, consistant en mythes [5] connus du peuple et en rituels accessibles à ceux qui étaient désireux d’y assister. Il y avait aussi des Mystères sacrés ésotériques, intérieurs, connus seulement de ceux qui avaient suivi un puissant processus d’initiation. Les initiés à ces Mystères intérieurs obtenaient la connaissance du sens mystique des rituels et des mythes des Mystères extérieurs, révélée au cours d’un processus entraînant transformation personnelle et illumination spirituelle.

Les philosophes du monde antique étaient les maîtres spirituels des Mystères intérieurs. C’étaient des mystiques et des faiseurs de miracles plus comparables aux gourous indous qu’à des académiciens poussiéreux. On se souvient aujourd’hui du grand philosophe grec Pythagore, par exemple, grâce à son théorème de mathématique, mais bien peu de gens imaginent ce qu’il était vraiment : un sage plein de lumière, capable, pensait-on, d’apaiser miraculeusement le vent ou de ressusciter les morts.

Au cœur des Mystères il y avait ce mythe d’un homme-Dieu mourant et ressuscitant, connu sous différents noms. En Égypte, c’était Osiris, en Grèce Dionysos, en Asie Mineure Attis, en Syrie Adonis, en Italie Bacchus, et en Perse Mithra. Tous, fondamentalement, personnifiaient la même entité mythique. Comme au IIIe siècle avant notre ère, nous employons ici le nom composé Osiris-Dionysos quand nous désignons sa nature universelle composite, et ses noms particuliers quand nous faisons référence à tel ou tel Mystère.

Dès le Ve siècle avant notre ère, des philosophes comme Xénophane et Empédocle ridiculisaient le fait de prendre les histoires des dieux et déesses au pied de la lettre. Ils les considéraient comme des allégories ayant trait à des expériences spirituelles. On ne devait pas voir dans le mythe d’Osiris-Dionysos une suite de récits passionnants mais des symboles codés relatifs aux enseignements mystiques des Mystères intérieurs. C’était la raison pour laquelle, bien que les détails en fussent adaptés à différentes cultures, ce mythe était resté essentiellement le même [6]. »

Jésus comme Osiris-Dionysos

En plus d’être un digne successeur des philosophes du monde païen par sa sagesse, tels que Pythagore, Socrate, Platon ou Esculape, Jésus incarnait l’archétype parfait de l’homme-Dieu mythique, comme en témoigne la concordance entre les événements de sa vie et ceux de l’homme-Dieu Osiris-Dionysos. Timothy Freke et Peter Gandy ont établi la liste des correspondances surprenantes entre les événements de la vie de Jésus et ceux du mythe Osiris-Dionysos :

« Plus nous approfondissions l’étude des différentes versions du mythe d’Osiris-Dionysos, plus il nous devenait évident que l’histoire de Jésus présentait toutes les caractéristiques de ces récits millénaires. Épisode après épisode, nous découvrions la possibilité de reconstituer la prétendue biographie de Jésus à partir d’éléments mythiques appartenant antérieurement à l’histoire d’Osiris-Dionysos.

  • Osiris-Dionysos est Dieu fait chair, le sauveur et le “Fils de Dieu”.
  • Son père est Dieu et sa mère une vierge mortelle.
  • Il est né dans une grotte ou une humble étable le 25 décembre en présence de trois bergers.
  • Il donne à ses fidèles l’occasion de renaître au moyen du baptême.
  • Il change miraculeusement l’eau en vin lors d’une cérémonie de mariage.
  • Il entre triomphalement dans une ville, monté sur un âne, tandis que le peuple agite des feuilles de palme pour l’honorer.
  • Il meurt à Pâques, en sacrifice pour racheter les péchés du monde.
  • Après sa mort, il descend aux enfers puis le troisième jour il ressuscite des morts et monte au ciel plein de gloire.
  • Ses fidèles attendent son retour en tant que juge au Jugement dernier.
  • Sa mort et sa résurrection sont célébrées au cours d’un repas rituel par du pain et du vin, symboles de son corps et de son sang.

Tels sont quelques détails semblables aux récits concernant Osiris-Dionysos et Jésus. Mais pourquoi ces similitudes frappantes sont-elles généralement ignorées ? Parce que, dès le début, l’Église romaine – nous l’avons découvert ensuite – fit tout ce qu’elle put pour nous les cacher [7]. Elle détruisit systématiquement la littérature païenne sacrée, selon un programme d’éradication brutale des Mystères, tâche qu’elle accomplît si complètement qu’aujourd’hui le paganisme est considéré comme une religion “morte”.

Chose surprenante pour nous maintenant : les écrivains des tout premiers siècles de notre ère considéraient ces similitudes comme parfaitement évidentes. Les critiques païens du christianisme comme le satiriste Celsus déploraient que le christianisme, cette nouvelle et récente religion, ne fut rien de plus qu’un pâle reflet des antiques enseignements [8]. »

« L’attrait d’Osiris-Dionysos était général parce qu’on le considérait comme représentant symboliquement tout homme initié. En comprenant l’allégorie du mythe de l’homme-Dieu des Mystères, l’initié devenait alors conscient que, de même qu’Osiris-Dionysos, il était aussi “Dieu fait chair”. […] Participant à la mort d’Osiris-Dionysos, il “mourrait” symboliquement à son ancienne nature. Ayant part à la résurrection, il renaissait spirituellement et devenait sensible à son essence éternelle et divine. Tel était, pour les initiés aux Mystères intérieurs, le profond enseignement mystique codé dans le mythe dont ils éprouvaient la vérité directement en eux-mêmes.

Sir Wallis Budge, du British Museum, explique, parlant d’Osiris : “Les Égyptiens, à toutes les périodes où nous les connaissons, croyaient qu’Osiris était d’origine divine, qu’il souffrit mutilation et mort des mains du pouvoir du mal, qu’après un grand combat contre ce pouvoir il ressuscita, devint roi et juge du monde des morts ; et que, puisqu’il avait vaincu la mort, les justes pouvaient aussi en triompher.”

Il présentait l’idée d’un homme à la fois divin et humain. Il personnifiait, pour les Égyptiens de l’Antiquité, l’être qui, par ses souffrances et sa mort en tant qu’homme, sympathisait avec leurs propres souffrances et leur propre mort. L’idée de sa personnalité humaine satisfaisait aussi leur grande et nostalgique aspiration à s’unir à un être qui, bien qu’en partie divin, avait beaucoup de choses en commun avec eux. À l’origine, ils voyaient en Osiris quelqu’un qui vivait sur terre, mangeait et buvait comme eux, puis subissait une mort cruelle et, secouru par les dieux, triomphait de la mort et accédait à la vie éternelle. Ce qu’Osiris avait fait, ils pouvaient donc le faire aussi.

Tels sont les éléments-clés caractéristiques de tous les hommes-Dieu des Mystères. Ce que Budge écrit d’Osiris convient aussi bien à Dionysos, Attis, Adonis, Mithra et à tous les autres. C’est la description même de la mort et de la résurrection de l’homme-Dieu juif Jésus-Christ ! Comme Osiris-Dionysos, il est Dieu incarné et Dieu ressuscité. Et il promet aussi à ses disciples de renaître spirituellement s’ils partagent sa divine Passion [9]. »

« Celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes. » Jean 14:12

L’argument du plagiat par anticipation

« Les premiers “Pères de l’Église” comme Justin Martyr, Tertullien et Irénée en furent évidemment troublés et proclamèrent désespérément que ces ressemblances étaient le résultat d’une “imitation diabolique”. Se servant d’un des plus absurdes arguments jamais avancés, ils accusèrent le diable de “plagiat par anticipation”, ou de copie trompeuse anticipée pour induire les croyants en erreur ! Nous avons été frappés du fait que ces Pères de l’Église furent non moins trompeurs que le diable qu’ils espéraient incriminer.

D’autres commentateurs chrétiens ont soutenu que les mythes des Mystères étaient autant d’“échos avant-coureurs” de la venue de Jésus au sens littéral, quelque chose comme des prémonitions ou des prophéties. C’est une version plus généreuse que la théorie de l’imitation diabolique, mais elle ne nous semble pas moins ridicule [10]. Seul un préjugé culturel fait considérer Jésus comme dominant littéralement ses multiples précurseurs mythiques. En dehors de toute partialité, son histoire apparaît comme une autre version de la même histoire fondamentale.

Une explication semble évidente : le christianisme des débuts devint le pouvoir dominant dans le monde païen et les épisodes de la mythologie païenne furent greffés sur la biographie de Jésus, ce qu’avancèrent nombre de théologiens chrétiens eux-mêmes. La naissance virginale, par exemple, est souvent regardée comme un ajout postérieur qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre. Or de tels détails ont été “empruntés” au paganisme, de la même manière que les jours des fêtes païennes furent adoptés par les chrétiens pour la célébration de leurs “saints”. Ceux qui recherchent l’“authenticité” de Jésus à travers les mythes du passé partagent cette théorie.

Aussi attractive qu’elle paraisse tout d’abord, cette constatation ne nous a pas semblée tout à fait adéquate. Nous avions collationné un nombre tellement significatif de similitudes qu’il ne restait presque aucun élément de la biographie de Jésus que nous ne retrouvions pas préfiguré dans les Mystères païens. Pour couronner le tout, nous découvrîmes que l’enseignement de Jésus lui-même, loin d’être original, était déjà celui des sages païens ! Si, sous-jacent à tout cela, il y avait eu un Jésus “réel”, nous devions reconnaître que nous étions dans l’incapacité absolue de le découvrir, car tout ce que nous avions recueilli n’était qu’une accumulation de données païennes [11]. »

Jésus a-t-il vraiment existé ?

À la lecture des arguments avancés par Timothy Freke et Peter Gandy, il paraît évident que ces deux auteurs doutent fortement que Jésus ait pu exister. La médium Helena Blavatsky, à l’égard de laquelle j’émets quelques réserves, partage également ce point de vue : « Pour moi, Jésus-Christ, c’est-à-dire l’homme-Dieu des chrétiens, copie des Avatars de tous les pays, du Chrishna [12] hindou comme de l’Horus [13] égyptien, n’a jamais été un personnage historique. C’est une personnification glorifiée du type déifié des grands Hiérophantes des Temples, et son histoire racontée dans le Nouveau Testament est une allégorie, contenant certainement de profondes vérités ésotériques, mais c’est une allégorie [14]. »

La question mérite donc d’être posée : Jésus a-t-il réellement existé il y a deux millénaires, ou n’est-il qu’une figure allégorique inspirée du mythe d’Osiris-Dionysos et de la sagesse des philosophes du monde païen ?

Afin d’être tout à fait clair, mon point de vue est que Jésus a bel et bien vécu il y a deux millénaires et que sa personnalité dotée d’un charisme et d’un rayonnement spirituel hors du commun, donnèrent l’impulsion à un profond changement non seulement dans les mentalités de l’époque, mais aussi au niveau cosmique de par sa « fonction » de Messie (j’y reviendrai).

Cela n’exclut toutefois pas le fait que Jésus se soit lui-même inspiré de l’enseignement des philosophes du monde païen pour transmettre à sa manière les doctrines sacrées, non seulement pour aider les êtres à s’éveiller à leur véritable nature, christique, mais aussi pour réformer le paganisme qui avait dévié dans la superstition ainsi que le judaïsme dont les institutions étaient compromises, sinon corrompues, par des individus aux intentions plus que douteuses.

Pour ce qui est des épisodes de la vie de Jésus relatés dans les Évangiles qui ont été préfigurés dans les récits mythiques de certains hommes-Dieu des Mystères païens – je pense en particulier à la crucifixion et à la résurrection –, ils peuvent être regardés comme autant de réalisations effectives des faits prophétiques que ces mythes ont annoncés. Quant à certains éléments dogmatiques de son histoire qui ne sont nulle part inscrits dans le Nouveau Testament – je pense notamment au dogme de la virginité de Marie –, il faut y voir des vérités énoncées d’un point de vue symbolique [15], comme devraient d’ailleurs l’être également les faits historiques de sa vie rapportés dans les Évangiles.

Comme l’a dit René Guénon : « les faits historiques ont, outre leur réalité propre, une valeur symbolique, parce qu’ils expriment et traduisent dans leur ordre les principes dont ils dépendent, et de la même façon que la nature tout entière, dont ils font partie, est comme un symbole du surnaturel. S’il en est ainsi d’une manière générale, cela doit être vrai surtout, et au plus haut degré, pour les faits de l’histoire sacrée [telle que celle de Jésus, N.d.A.], dont les moindres détails doivent revêtir une signification supérieure ; et il est bien évident, du reste, que cette interprétation ne saurait rien leur enlever de leur authenticité.

Ainsi, la crucifixion du Christ entre les deux larrons n’est pas seulement un symbole [16], comme pourraient le supposer ceux qui comprennent mal un semblable point de vue ; elle est aussi et tout d’abord un fait ; mais c’est précisément ce fait lui-même qui, comme tous ceux de la vie du Christ [17], est en même temps un symbole, et c’est là ce qui lui confère une valeur universelle. Il nous semble que, si l’on envisageait les choses de cette façon, l’accomplissement des prophéties apparaîtrait avec un sens beaucoup plus profond que celui auquel on se borne ordinairement ; et, en parlant ici de prophéties, nous y comprenons également toutes les “préfigurations [18] ”, qui ont, elles aussi, un caractère vraiment prophétique [19]. »

Pour les partisans de la thèse mythiste, dont fait partie le philosophe français Michel Onfray, Jésus n’a pas existé historiquement. Son histoire ne serait qu’un mythe élaboré sur la base de transmissions orales avant d’avoir été « gravé dans le marbre » sous la forme écrite, celle du Nouveau testament et des Évangiles apocryphes.

S’il faut admettre la possibilité que le point de départ de cette transmission orale corresponde à l’élaboration d’une mythologie créée de toute pièce par un érudit isolé ou par une confrérie détentrice d’une connaissance sacrée et universelle, il est à mon sens beaucoup plus probable que ce point de départ se rattache à un personnage ayant réellement existé et ayant particulièrement marqué les esprits de son vivant. On imagine mal en effet que des enseignements qui, pour certains, étaient déjà connus depuis des siècles dans d’autres traditions et sous d’autres latitudes, ait pu avoir l’impact suffisant pour donner naissance à ce qu’allait devenir la religion chrétienne.

Si certains appuieront toujours la thèse mythiste en relevant l’absence de preuves unanimement admises, sur le plan de la logique pure, ils ne peuvent toutefois écarter la possibilité que la transmission orale ait pu trouver sa source dans les hauts faits d’un personnage historique ayant bel et bien existé, et dont l’influence aurait tant marqué certains de ses contemporains qu’ils auraient senti en eux l’irrésistible élan de propager la « bonne nouvelle [20] » autour d’eux.

Paul Haupt, Professeur à l’Université John Hopkins, abonde en ce sens :

« Tous nous devons admettre, qu’on le veuille ou non, que le christianisme est un fait. Or il est inconcevable qu’un mouvement tel que le christianisme puisse devenir ce qu’il est aujourd’hui sans qu’il y ait eu à son origine un homme dont la personnalité, l’aptitude, l’éloquence, le caractère – toutes qualités se trouvant réunies chez un seul être – conférant à ce mouvement la vie, la valeur et la plus-value qu’il posséda. Que Jésus ait vécu et qu’il ait été l’auteur et l’inspirateur du Christianisme, cela est hors de doute. Assurément, ce grand fait admis, nous arrivons à un autre côté de la question où des divergences d’opinion sont inévitables. Affaire de points de vue personnels.

Tous les embellissements qui viennent agrémenter plus ou moins l’histoire de Jésus, comme aussi la naissance et les progrès du christianisme, on peut les croire ou non, à son gré. C’est là qu’intervient le point de vue personnel. Qu’on croie à la naissance miraculeuse du Christ, à la résurrection, à tous les ornements surnaturels qui enguirlandent son histoire, qu’on y croie ou non, le grand fait demeure qu’il a existé un personnage tel que Jésus, vivant sur terre, et il n’y a pas d’argument qui puisse effacer ce fait [21]. »

Le cas énigmatique du Saint-Suaire mérite également d’être mentionné :

« L’événement considérable que constitue la sérieuse analyse du linceul (alias Saint-Suaire) de Turin réalisée au début des années 80 par une équipe de scientifique […] fournissent des preuves de l’existence historique d’un homme crucifié ayant subi exactement les mêmes tourments que ceux décrits dans les récits évangéliques de la Passion. À partir de là, il est permis de se demander pourquoi le linceul d’un personnage crucifié au début de notre ère aurait été conservé pendant autant de siècles et avec autant de vénération, s’il ne s’agissait pas de l’authentique linceul ayant enveloppé le corps de Jésus Le Christ ?

En outre, malgré l’imagination fertile, les esprits tordus et les langues fourchues de certains, nul n’a pu jusqu’ici réussir à expliquer comment l’image “miraculeuse” a pu être incrustée sur le tissu de lin, ni comment un hypothétique faussaire aurait pu, à la date supposée d’une éventuelle forgerie, se procurer les divers accessoires, en particulier les grains de pollen “d’époque”, indispensables pour tromper les méthodes d’expertise mises au point seulement dans la seconde moitié du XXe siècle, et accréditer ainsi la “légende” de l’itinéraire [22]. »

Le linceul de Turin (Giuseppe Enrie, 1931).

Qu’en dit la science ? Eh bien, à en juger par les résultats d’une étude effectuée en avril 2022 par une équipe de chercheurs du Conseil national de la recherche (CNR) italien, le linceul proviendrait bien de l’époque du Christ, mettant en doute les résultats de la précédente expertise de référence réalisée en 1988, qui le faisait remonter au Moyen Âge [23].

Si le Saint-Suaire semble donc bel et bien présenter les stigmates d’un homme flagellé et crucifié dans les premières décennies de notre ère, existe-t-il des preuves qu’il s’agissait bien de Jésus ? Des preuves non, mais il est tout de même extrêmement troublant que les traces de sangs laissées sur le linceul ne présentent aucun signe de déplacement du corps. En effet, le retrait du linceul du corps du crucifié quelques heures après sa mort aurait dû y laisser des traces d’arrachement. Or, c’est comme si le corps n’avait pas été déplacé ; c’est comme s’il s’était volatilisé. Comment expliquer ce mystère autrement que par la résurrection ?

Symbolisme plutôt que littéralisme

Nombreux parmi les juifs, les chrétiens et les musulmans soutiennent que les textes sacrés de leurs religions respectives sont d’inspiration divine, voire qu’ils reprennent mot pour mot la parole de Dieu Lui-même.

Si les premières versions de ces textes ont pu être très proches des paroles des prophètes ou des scribes – d’inspiration divine je le pense volontiers –, il est pour moi évident que les textes ont eu à subir de nombreuses modifications et adaptations au cours du temps, comme semblent le démontrer les nombreuses contradictions et erreurs scientifiques, géographiques ou historiques qu’ils comportent. De ce fait, s’obstiner aujourd’hui encore à soutenir le fait que les textes sacrés seraient à la virgule près l’œuvre de Dieu, donc sans erreur possible (car comment Dieu pourrait-il se tromper n’est-ce pas ?) est une position qui relève plus de l’intégrisme que du sain esprit critique.

Comme l’a très justement exprimé le Dr Otoman Ha’Nish : « Il est regrettable que partout la main de pollution soit à l’œuvre pour remanier les Écritures, les révisions se suivant l’une l’autre. Avec chaque nouvelle édition, les changements deviennent plus téméraires, déformant le sens original jusqu’à le rendre méconnaissable, semant le germe de la controverse au point que querelles et schismes s’en suivent. […]

Remplacer certains concepts par des synonymes fait dévier la pensée primitive et, l’interprétation moderne s’y ajoutant, déforme complètement le texte original. Le but de pareils procédés est facile à voir, car il n’y a rien qui détruise une œuvre plus promptement qu’un amas de contradictions. L’étudiant le plus sérieux se fatigue bientôt des complications, et, incapable de se frayer un chemin à travers ce labyrinthe, il abandonne la partie, puisque même la connaissance du texte original ne lui servirait que fort peu, du moment que le dictionnaire lui-même est endoctriné de manière à faire se fourvoyer le chercheur.

Puissent les esprits droits se souvenir toujours qu’il existe une vérité universelle qui permettra au juste de surmonter jusqu’à ces modernes impostures et de découvrir au sein de ce tohu-va-bohu de manipulations babyloniennes la semence même de l’Infinité [24]. »

En ce qui concerne les Évangiles, si l’on part du principe que le contenu du Nouveau Testament a été maintes et maintes fois modifié depuis que ses premiers livres furent rédigés en grec (entre l’an 70 et le début du IIe siècle), il serait absurde d’en faire une lecture littérale. Or c’est pourtant ce que font encore aujourd’hui de nombreux chrétiens, qu’ils soient théologiens ou de simples fidèles, tant chez les catholiques, les protestants, les évangélistes que chez les « born again ». Et cela est d’autant plus surprenant que Saint Paul a pourtant averti du danger que représente l’interprétation littérale des Écritures (et des dogmes), comme en témoignent ses paroles : « la lettre tue, mais l’esprit vivifie [25] », ou encore « selon l’esprit et non selon la lettre [26] »

Croire en Jésus-Christ

Ainsi, l’interprétation spirituelle (« selon l’esprit ») et symbolique – ou mieux encore, analogique [27] – des textes sacrés devrait toujours avoir primauté sur leur lecture littérale. Prenons l’exemple de ces deux versets tirés de l’Évangile de Jésus selon Saint Jean : « celui qui croit en [Jésus-Christ] n’est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu [28]. », et « si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés [29]. »

S’il est vrai qu’il suffit de « croire en Jésus-Christ » pour être libéré de ses péchés, encore faut-il comprendre ce que cette expression signifie vraiment, spirituellement et non littéralement.

Il est dit qu’il faut croire « au nom de Jésus », c’est-à-dire à ce que Jésus symbolise (le nom d’une chose ayant valeur de symbole pour cette même chose), à savoir le Christ en tant que Principe, qui peut en effet être considéré comme « le Fils unique de Dieu », présent au cœur de chacun à l’état de germe, que la quête spirituelle va avoir pour objectif de faire germer, jusqu’à ce qu’il devienne « Arbre de Vie » et qu’il puisse ainsi produire le fruit de l’Esprit.

La valeur numérique de Jésus, en grec (Iēsoûs), est 888 [30]. Ce nombre symbolise la rédemption, soit la libération des conditionnements mentaux de l’être humain et de leurs conséquences karmiques, tant sur le plan de l’âme que du corps. Fait intéressant à relever, dans un des oracles sibyllins, il est fait allusion au nombre 888, en ces termes : « Alors viendra vers les hommes le Fils du grand Dieu, revêtu de chair, pareil aux mortels sur terre ; ayant quatre voyelles, la consonne en lui est doublée. Mais je veux te dire le nombre entier : huit unités, autant de dizaines en outre, et huit centaines, voilà ce qu’aux amis de l’incrédulité, aux hommes, le Nom révélera ; mais toi, dans l’esprit, pense bien à l’immortel et très haut Fils de Dieu, au Christ. [31] » Autre fait révélateur, en grec, la phrase « je suis la vie [32] » que Jésus prononce en s’identifiant au Christ-Principe, s’écrit egw eimi h Zwh [33], dont la valeur numérique est également 888 [34].

Ainsi, croire en Jésus-Christ signifie qu’il faut avoir foi en ce dont Jésus fut le symbole vivant, à savoir le Christ en tant que Principe, que nous pouvons nous aussi incarner si nous appliquons son enseignement. Il n’est pas question d’adhérer à un système de croyance, ni d’idolâtrer une personnalité, mais de vivre une « foi agissante ». Concrètement, il s’agit d’alimenter la dynamique de conversion de l’attention pour trouver en nous le juste positionnement intérieur, cette « bienveillante neutralité » qui nous permet de déconditionner progressivement notre psyché, afin de la rendre de plus en plus perméable à l’influence de l’Esprit.

C’est cette dynamique de recherche du juste positionnement intérieur, même imparfaite dans les faits, qui éveille la présence du Christ à l’intérieur de soi ou, ce qui revient exactement au même, qui permet l’incarnation progressive de l’Esprit en l’âme individuelle. En ce sens, celui qui refuse de « croire en Jésus-Christ » et qui refuse par là même d’alimenter cette dynamique vertueuse en lui-même, se condamne effectivement à « mourir de ses péchés », et se prive par conséquent de toute possibilité d’accéder à la Vie éternelle.

Seule cette transposition des paroles de Jésus à notre propre vie intérieure, par analogie, peut nous amener à cette compréhension juste de son enseignement, condition indispensable pour être capable d’en intégrer l’essence par nos efforts sur nous-mêmes et devenir « parfait comme le Père est parfait ». Car, bien évidemment, celui qui se contente d’une simple croyance mentale en le fait que Jésus est le seul sauveur, et qu’il se valorise en s’estimant sauvé du seul fait de sa croyance et d’une conversion purement extérieure, idéologique, sans opérer sa conversion intérieure, ne sera sauvé en rien.

Croire en Jésus-Christ, c’est donc œuvrer concrètement pour l’incarnation de l’Esprit en soi, afin de devenir le Double lumineux – le Christ que l’on est en puissance – et, en conséquence, obtenir la Vie éternelle. C’est par la seconde naissance [35] – celle du Christ en soi – que l’on peut transcender la mort et accéder à la Vie éternelle. Mais pour renaître à la condition christique, il faut préalablement mourir à celle de l’ego séparé. C’est cette mort de l’ego que la crucifixion de Jésus symbolise. D’ailleurs, l’interprétation faite par les alchimistes de l’inscription I.N.R.I. figurant au-dessus de la tête de Jésus sur la croix, est à cet égard des plus significatrices : « La nature tout entière est régénérée par le feu [36] » (en latin : Igne Natura Renovatur Integra).

Au moyen de cet exemple, nous voyons bien que seule l’interprétation des Écritures dans leur dimension spirituelle et symbolique peut nous permettre d’en comprendre le sens profondément initiatique. Cette lecture selon l’Esprit, Rūmī, le grand maître spirituel et poète soufi, en avait parfaitement saisi le sens, comme en témoigne ses paroles issues de son œuvre majeure, le Mathnawī :

« L’Âme universelle est entrée en contact avec l’âme partielle et cette dernière a reçu d’elle une perle et l’a mise dans son sein. Grâce à cet effleurement de son sein, l’âme individuelle est devenue enceinte, comme Marie, d’un Messie ravissant le cœur ; non pas le Messie qui voyage sur la mer et la terre, mais le Messie qui est au-delà des limitations de l’espace. Ainsi, quand l’âme a été fécondée par l’Âme [37] de l’âme, par une telle âme le monde est fécondé. […] Chacun de nous a un Jésus en lui. Mais tant que les douleurs de l’enfantement [38] ne se manifestent pas en nous, notre Jésus ne naît pas [39]. »

La vie de Jésus selon le Nouveau Testament

La vie de Jésus, telle qu’elle est racontée dans les Évangiles, a été ainsi résumée par Marguerite-Marie Thiollier, dans son Dictionnaire des religions :

« Jésus – Messie envoyé par Dieu et annoncé par les Prophètes – naquit à Bethléem vers l’an 748 de Rome. Après une fuite en Égypte pour éviter les persécutions d’Hérode, la “Sainte Famille” vécut à Nazareth en Galilée.

Vers l’âge de 30 ans, Jésus rejoignit son cousin Jean-Baptiste, et reçut de ses mains le baptême, puis, après s’être retiré dans le désert de Judée pour vivre dans la pénitence, retourna en Galilée où il commença sa vie publique, réunit des disciples, choisit douze apôtres, prêcha et fit des miracles. Il expliqua qu’il était le Fils de Dieu, donnant le sens de sa mission sur terre, enseignant aux hommes sa loi d’amour.

Le milieu juif de son temps était partagé en différents partis : les “saducéens”, plus hellénisés, et les “pharisiens”, observateurs rigoureux de la Loi. Ces derniers attendaient le Messie suivant les Écritures, mais ne voulaient pas reconnaître Jésus comme tel. Ils décidèrent de le perdre.

Par la trahison de l’apôtre Judas, Jésus leur fut livré, et le sanhédrin (conseil des anciens) le condamna comme blasphémateur, parce qu’il s’était dit le “roi des Juifs”. Le présentant aux autorités romaines comme un agitateur politique, le gouverneur Ponce Pilate le leur livra pour être crucifié.

Jésus mourut à 33 ans après une longue agonie à Jérusalem, sur le Mont du Calvaire (Golgotha). Il descendit aux enfers, mais marquant son triomphe sur la mort, il ressuscita le troisième jour, revint auprès de ses disciples, établissant les bases de son Église et annonçant sa seconde venue à la fin des temps. Il monta aux cieux (Ascension) rejoindre son Père dans toute sa gloire et son Unité [40]. »

D’autres visions de la vie de Jésus

Si nous partons du principe que Jésus a existé et que nous sommes d’accord de faire abstraction des éléments dogmatiques et mythiques ajoutés à sa vie pour lui donner une dimension symbolique à caractère profondément initiatique, il reste son histoire, dénuée de tout mysticisme et composée de faits qui se sont réellement déroulés en Palestine il y a deux millénaires.

Comme il n’existe aucune preuve « officielle » au sujet des faits historiques de la vie de Jésus, en livrer le récit avec exactitude relève de l’hypothétique. Certains auteurs se sont livrés à ce périlleux exercice, parmi lesquels Otoman Ha’Nish, Harvey Spencer Lewis, Levi H. Dowling, Edgar Cayce, Eugene E. Whitworth, Rudolf Steiner ainsi qu’Anne Givaudan et Daniel Meurois, pour ne citer que les plus connus. J’avais tenté de tirer l’histoire qui me paraissait la plus vraisemblable en réalisant une synthèse des écrits de ces différents auteurs, mais la tâche s’est avérée très (trop) compliquée, à cause des contradictions rencontrées dans leurs différentes versions de la vie de Jésus.

Ces auteurs modernes affirment avoir rédigé leurs récits de la vie de Jésus soit par « écriture automatique » (en tant que « canal »), soit en puisant leurs informations dans des soi-disant « archives secrètes », soit en faisant appel à la « mémoire du temps », aussi connue sous le nom d’« annales akashiques », cette « bibliothèque universelle » où est contenue l’ensemble des faits qui se sont déroulés au physique comme au subtil depuis l’origine de la Création.

Les contradictions relevées proviennent, selon moi, du fait qu’aucun des auteurs précités n’est parvenu à être suffisamment « neutre » pour toucher du doigt la vérité sans la déformer, peu ou prou. Je suis d’avis que chacun d’entre eux a pu « manipuler », dans des proportions variables, les éléments de la vie de Jésus pour les faire « coller » à ses propres croyances, même de façon très inconsciente, en dépit des intentions les plus louables. Il faut savoir que la lecture des « annales akashiques » est un exercice particulièrement sensible et délicat, dans la mesure où l’interprétation des données brutes passe nécessairement par le filtre mental du médium, et dépend donc non seulement de sa capacité de compréhension, mais aussi de l’influence de son « petit moi », avec toutes les illusions qui lui restent à dépasser, parmi lesquelles figure un biais cognitif très « humain » qui consiste à voir les choses comme on voudrait qu’elles soient, plutôt que de les voir telles qu’elles sont vraiment.

L’être humain est en effet très prompt à faire concorder la réalité des faits avec ses opinions et croyances personnelles, car cela lui donne non seulement du sens, mais aussi et surtout le conforte dans le sentiment d’avoir raison. Si la réalité des faits diffère des croyances de l’individu, celui-ci aura tendance à vivre un inconfort auquel il cherchera à échapper, plutôt que de se remettre en question. À cette fin, il « arrangera » la réalité de sorte à ce qu’elle soit en congruence avec ses croyances et préférences idéologiques. En psychologie, ce mécanisme est appelé « dissonance cognitive ». Par exemple, tel auteur antisémite ne pourra admettre que Jésus ait pu être juif, et décrétera qu’il fut un « Gentil [41] » d’origine aryenne. Ou alors, tel adversaire de l’Église et de la « religion » en général jouera sur le caractère anticonformiste de Jésus pour faire croire qu’il fut opposé à toute forme de tradition, allant pour cela jusqu’à induire l’idée qu’il n’a jamais souhaité bâtir son Église pour propager sa doctrine et amener les âmes à lui. C’est ainsi qu’à partir de ce phénomène de « dissonance cognitive », celui ou celle qui tente d’établir la biographie de Jésus va nécessairement prendre des libertés et s’éloignera de la vérité.

Le Verbe fait chair

Après nous être intéressés à Jésus en tant que personnage historique, étudions maintenant de plus près ce dont il était le vivant et vibrant symbole : le Verbe créateur, divin.

Dans l’Évangile de Jean, il est écrit « Et le Verbe s’est fait chair et il a planté sa tente parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité [42]. »

Si nous évitons de tomber dans le piège de l’interprétation littérale des Évangiles qui fait de Jésus la personnification exclusive du Christ, et que nous considérons ce dernier à la fois comme un Principe et comme le germe divin ou l’étincelle divine présente au cœur de chaque être humain, nous pouvons espérer comprendre ce que signifie, d’un point de vue ésotérique, l’expression le « Verbe fait chair ».

Sur le plan de l’être, le « Verbe fait chair » se rapporte à l’éveil intégral du Christ-Principe en soi ou, ce qui revient au même, à l’écoulement fluide, harmonieux et libre de l’énergie vitale (chi ou prāna) à travers les canaux d’énergie subtils (méridiens ou nādīs), qui peut ainsi réaliser l’épanouissement des centres d’énergie (chakras) qui y sont contenus, avec pour conséquence directe une modification de l’état de conscience de l’individu. 

Comme nous l’avons vu dans le cours 26, le Verbe divin se manifeste sur deux plans différents. Sur le plan spirituel, il est le Verbe créateur, total et illimité qui engendre la lumière spirituelle (le Saint Esprit des chrétiens) qui, à son tour, pénètre le plan psychique et y produit un reflet du Verbe créateur, tout comme la lumière du soleil produit son reflet dans un plan d’eau (l’eau étant d’ailleurs un symbole de tout ce qui relève de la psyché, et en particulier des émotions). Ce reflet du Verbe créateur en la personne, est précisément le Christ, le « Verbe fait chair ».

Considérons toutefois bien ceci : si le reflet du soleil sur un plan d’eau est à l’image du soleil dans le ciel, il n’est pas le soleil lui-même. De même, le reflet du Verbe créateur dans le domaine psychique, n’est pas le Verbe créateur lui-même, mais son analogue. Lorsque Jésus a dit « moi et le Père nous sommes un [43] », il n’a pas voulu dire qu’il était l’égal du Père, mais qu’il était à son image, son analogue, en tant que Son parfait symbole ou reflet dans le monde créé. Cette analogie n’est possible que parce que le Fils et le Père sont unis l’un à l’autre par le Saint-Esprit (formant avec eux la Sainte-Trinité).

En d’autres termes, ce n’est exclusivement que parce que l’âme et le corps de l’être sont pénétrés par la lumière spirituelle que le « Verbe peut se faire chair ». Si la lumière spirituelle cessait de se projeter ainsi dans les dimensions psychique et corporelle, le Verbe divin ne pourrait s’y refléter sous la forme du Christ, et le Père ne pourrait être un – c’est-à-dire en unité, uni – avec Son Fils. Cela signifie que ce n’est que par l’ouverture de la conscience individuelle à la lumière spirituelle que l’être peut permettre au Verbe divin de s’incarner en lui, et qu’il peut ainsi devenir « christique ».

Le « Verbe fait chair » se manifeste donc sous la forme du rayonnement radieux produit par la circulation fluide, libre et harmonieuse de l’essence spirituelle (l’Esprit) de l’être jusque dans sa dimension la plus dense, le corps (de chair).

L’être élevé à cette « condition christique » est à l’image du reflet parfait du soleil à la surface d’un plan d’eau, « parfait comme le Père céleste est parfait ». Le puissant rayonnement de son aura devient lui-même facteur d’harmonisation pour tout ce qui entre en contact avec lui. Cette incarnation parfaite de l’Esprit de Dieu, qui fait de l’être un Christ, est parfois représentée par l’auréole autour de la tête des Sages.

Cet état de spiritualisation aboutie de la matière a été atteint par le Bouddha Siddhārtha Gautama, qui fut donc lui aussi une incarnation vivante du Verbe divin, à l’instar de milliers d’autres êtres ayant atteint cet état de réalisation substantielle, qui correspond au terme du Grand Œuvre alchimique.

Dans la doctrine bouddhiste spécifiquement, les plus petites particules de la matière sont appelées des kalapas. Cette forme d’énergie subatomique, de nature extrêmement subtile, est constituée de huit composantes indivisibles (quatre éléments et quatre qualités). Cette structure énergétique existe en chaque être humain, mais son taux vibratoire extrêmement élevé est en quelque sorte ralenti, entravé, par les impuretés de la structure physique et psychique. Pour que le potentiel christique puisse se réaliser complètement, l’ensemble des énergies denses qui empêchent cette réalisation doivent être transmutées par la lumière spirituelle, celle de l’Esprit. Lorsque toute la matière physique et psychique a été transmutée, la structure énergétique de l’être n’est plus constituée que de kalapas. L’ensemble de ces particules subatomiques formant la structure énergétique peuvent alors s’écouler sous la forme d’un flux libre et constant d’ondes ou de vaguelettes de nature très subtile. C’est le passage du « corps vil » au « corps glorieux », selon Saint Paul [44]. À ce stade de purification intérieure, la matière est entièrement « spiritualisée » et le Christ intérieur est intégralement révélé, dévoilé, découvert. Transparent et entièrement perméable à la lumière spirituelle, l’être reflète parfaitement le Verbe divin dans la matière ; il est le « Verbe fait chair ».

Du point de vue alchimique, l’être qui a atteint ce plus haut degré de réalisation spirituelle, est arrivé au terme du Grand Œuvre alchimique ; il est devenu un Être christique accompli, une Pierre philosophale vivante.

La pierre vivante

L’expression « pierre vivante » est utilisée dans le Nouveau Testament, comme dans ce verset, par exemple : « Approchez-vous de lui : il est la pierre vivante que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie parce qu’il en connaît la valeur. Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel [45]. »

Dans ce passage, la pierre vivante est une image symbolisant Jésus-Christ, mais aussi tout être humain qui « croit en lui ». Or, comme nous l’avons vu plus haut, « croire en Christ » c’est avant toute chose « incarner l’Esprit » grâce à la dynamique de l’effort juste sur soi-même. C’est cette dynamique qui fait en nous « vibrer » la perfection spirituelle et nous permet de devenir des « pierres vivantes », des pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel, symbole du retour à l’état édénique primordial de la sphère planétaire ou, ce qui revient au même, de la descente de la Jérusalem Céleste.

Il est intéressant de noter que chaque individu qui fait l’effort de se placer dans cette dynamique-là peut être une pierre vivante à l’image de Jésus-Christ, quand bien même cet individu n’aurait pas atteint, en valeur absolue, l’état de perfection inhérent à la condition christique pleinement réalisée : le Verbe fait chair. En effet, comme cela est souvent répété dans le Cours du Vivant, la perfection spirituelle ne se manifeste pas seulement au terme de la quête spirituelle lorsque l’être incarne le Verbe et l’Esprit en valeur absolue, mais aussi dans la dynamique produite par l’effort que l’être accomplit sur lui-même pour se placer dans le positionnement juste grâce auquel il progresse vers cet état d’être. Rappelons à ce propos les paroles de Lao Tseu : « Le but n’est pas seulement le but, mais le chemin qui y conduit. »

De cette dynamique de l’effort juste sur soi-même qui permet d’actualiser progressivement le potentiel christique et, par là même, de vibrer la perfection spirituelle, il en est fait mention dans la formule hermétique V.I.T.R.I.O.L. [46] : « Visite l’intérieur de la terre, en rectifiant, tu découvriras la pierre cachée. »

Visiter l’intérieur de la terre, c’est une manière de décrire métaphoriquement le juste positionnement intérieur, celui de l’être qui observe (« visiter ») avec une attention bienveillante, vigilante et détachée, sa propre matière physique et psychique (« l’intérieur de la terre »), au-delà de toute forme de réactivité mentale. Ce positionnement intérieur rend la conscience individuelle transparente, ouverte, perméable à la lumière de l’Esprit, qui peut de ce fait inspirer l’être en lui insufflant son essence spirituelle, lui permettant de transmuter (« rectifier ») cette matière pour en révéler la condition christique (« découvrir la pierre cachée »).

Lorsque le Christ-Principe est ainsi découvert, dévoilé, révélé, à l’intérieur des limites de l’individualité, le taux vibratoire de celle-ci s’élève, et la vision du monde s’en trouve modifiée, de même que les pensées et les actes, qui sont forcément influencés par la révélation du Christ-Principe en soi-même.

« Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. » Jean 15:5

Au sujet du symbolisme de la pierre, il est intéressant de faire remarquer qu’il est étroitement associé à celui de l’huile. Comme l’a expliqué Marie-Louise Von Franz, héritière et continuatrice de Carl Gustav Jung, dans la tradition chrétienne, l’huile est « considérée, entre autres, comme l’aspect dynamique de la grâce (du charisme) de l’Esprit Saint. […]Elle est d’une certaine manière “l’âme cachée” de la pierre, ou encore, dans le langage de l’Église, la substance dans laquelle le Saint-Esprit se manifeste [47]. »

Le Christ est celui qui a reçu l’onction (« Christ » vient du grec kristos, qui signifie « celui qui est oint »), soit une huile sainte, donc, symboliquement parlant, l’influence lumineuse du Saint-Esprit. D’un point de vue ésotérique, on peut donc considérer que tout individu qui s’est ouvert à l’influence du Saint-Esprit, qui s’est laissé régénéré par lui, pour finir par le rayonner parfaitement à travers sa personnalité éveillée, est devenu lui aussi une incarnation de l’Esprit, le Christ, l’oint du Seigneur, une… pierre vivante. Il est devenu lui aussi « Fils de Dieu ».

Le messie et le prophète

Le mot « messie » vient de l’hébreu mashia’h, qui signifie également « celui qui est oint ». Littéralement, Christ et Messie sont donc synonymes.

Si, du point de vue ésotérique, le Christ et le Messie représentent un seul et même état intérieur que tout être vivant peut potentiellement incarner en alimentant en lui-même la dynamique du juste positionnement, il faut considérer qu’il existe aussi un « messianisme ». Dans ce second cas, le titre et la fonction de « Messie » sont attribués à un être d’exception, spirituellement réalisé, qui doit servir l’espace d’un temps relativement court mais néanmoins crucial, de canal à des énergies dont la vibration et le rayonnement sont nécessaires pour permettre le passage d’un cycle cosmique (majeur ou mineur) à un autre. La « descente » de ces énergies devant obligatoirement transiter par une incarnation humaine, celle-ci doit être préparée spécifiquement pour être capable d’en supporter la puissance.

D’après le messianisme, la venue du Messie est attendue à la fin des temps, pour permettre la transition majeure vers un nouveau cycle cosmique, en l’occurrence ce que les traditions appellent « l’Âge d’Or ». Tel est du moins le message véhiculé par beaucoup de religions dans leur dimension exotérique.

Si le messianisme n’est sans doute pas dénué de fondement, il a le grand désavantage de maintenir la masse des fidèles dans l’attente d’un « sauveur », ce qui s’accompagne généralement d’un rejet de la responsabilité du salut individuel. En effet, adhérer à la croyance qu’un sauveur viendra affranchir les hommes de leurs péchés et instaurer le royaume de Dieu sur terre, fait courir le risque de se placer dans une forme d’attentisme et d’espérance qui va s’opposer aux efforts qui s’imposent pourtant pour éveiller en soi-même la présence du Christ et du royaume de Dieu. Si l’on peut bien sûr concevoir que l’éveil du Messie intérieur n’empêche pas la venue d’un Messie dans le monde, il faut considérer que celui qui cherche premièrement à réaliser la présence du Christ en lui et à vivre le royaume de Dieu dans sa propre conscience, n’est pas dans l’attente de l’apparition de l’un comme de l’autre dans le monde ; il se rend libre des changements attendus dans le monde car son état d’être n’est plus conditionné par ces mêmes changements.

À l’inverse, insidieusement, le bonheur de celui qui attend la venue du Messie est dépendant des changements que ce dernier a pour fonction d’impulser dans le monde. Or, il s’agit-là d’une illusion, car même si l’individu avait la chance de pouvoir vivre dans une réalité matérielle qui correspond au royaume de Dieu manifesté sur terre, il ne pourrait pas en jouir sans avoir préalablement libéré sa psyché de ses parts d’ombre. En effet, tant qu’il portera en lui des blessures et des mécanismes de défense, le voile structurel mental s’interposera entre sa conscience et la réalité, et il continuera de projeter sur cette dernière le contenu de sa propre « matière psychique ». En d’autres termes, même s’il vivait au paradis, l’individu qui n’a pas alchimisé sa psyché ne pourrait en profiter pleinement puisqu’il serait incapable de percevoir la réalité telle qu’elle est vraiment.

C’est pourquoi l’initié qui a compris cela n’est plus dans l’attente de changements extérieurs, mais œuvre sur lui-même pour modifier son état de conscience. Plus il purifie sa psyché, plus l’influence salvatrice de l’Esprit peut agir en lui et modifier son état intérieur, en conséquence sa vision du monde change également. C’est le but de tous enseignements initiatiques et ésotériques : transmettre des connaissances pour que l’être puisse travailler sur lui-même et faire croître le germe christique qui existe en son cœur, sachant que c’est ce germe qui, par son épanouissement, va éveiller sa conscience à la présence du royaume de Dieu, en lui-même comme à l’extérieur, dans le monde.

En ce qui concerne la mission d’un prophète, elle a toujours été d’imprimer de profonds changements dans la conscience collective, en restaurant les grands principes de la Philosophie éternelle dans un contexte où les hommes avides de pouvoir ont pu la faire dévier au point parfois de la travestir complètement. Cette restauration a toujours dû s’adapter aux mentalités de l’époque, forcément différentes de celles d’autres époques antérieures. C’est pourquoi la Philosophie éternelle ou Tradition primordiale a pu se parer de formes très différentes à travers le temps, mais sans toutefois que son cœur n’en soit jamais affecté ni altéré.

Quelques citations à méditer

« À cause des motifs théologiques et des présuppositions de l’Église des premiers temps, il est difficile d’écrire avec certitude une vie authentique de Jésus. » Encyclopædia Britannica

« La vérité n’est pas toujours conforme à l’opinion de la majorité. » Jean-Paul II

« Si un homme atteint le cœur de sa propre religion, il atteint également le cœur des autres religions. » Gandhi

« En Alchimie, le Christ désigne la pierre philosophale, résultat de l’œuvre au pourpre, qui révèle pleinement son pouvoir de transmutation, où l’Enfant devient Roi, doté d’un Pouvoir absolu. » Bertrand Duhaime

« S’il ignore ce qu’il est, l’homme est aliéné, par rapport à son potentiel vital ; il ne vit qu’à la superficie de lui-même, ne respire donc qu’à la superficie de lui-même, survit en redoutant la mort qu’il crée d’autant plus et plus vite qu’elle devient en fin de compte, inconsciemment, son seul objectif. Je ne pense pas que nous puissions prendre délibérément et consciemment pour objectif la vie sans l’objectiver au plus haut niveau de conscience, c’est-à-dire sans avoir l’audace de plonger dans son mystère oublié, mais dont nos mythes traditionnels sont la mémoire. » Annick de Souzenelle

Pratique

À en croire le Christ, la foi manifestée à travers la prière pourrait être à l’origine de miracles et de pouvoirs surnaturels, tels que marcher sur l’eau, redonner la vue à un aveugle, ressusciter les morts, transformer l’eau en vin ou encore multiplier les pains. Selon le Christ, de tels hauts faits seraient même naturels pour celui qui a foi en la toute-puissance de l’énergie de Vie divine qui s’écoule à travers lui. Au sens où l’entendait Jésus, la prière doit être considérée avant toute chose comme une demande adressée au Père, avec confiance et optimisme. Elle peut même être considérée comme un état de conscience joyeux, enthousiaste, vécu par celui qui sait que la Vie ou Dieu l’aime et que cet amour se manifestera par une « vie abondante », lui offrant tout ce dont il a le plus besoin pour vivre l’épanouissement de sa nature.

En voici les trois grands principes, selon Jésus : 1. La simplicité : « Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. » Matthieu 7:7 « En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. » Matthieu 6:7-8

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[1] Cette expression nous vient d’un des Pères de l’Église, Cyprien de Carthage, qui vécut à la première moitié du IIIe siècle.

[2] Vous pouvez d’ores et déjà retenir que le Christ est l’état de conscience de l’être qui incarne parfaitement l’Esprit de Dieu, ce que tout un chacun peut potentiellement réaliser à condition bien sûr d’y aspirer sincèrement et de s’en donner les moyens, efforts justes à l’appui.

[3] Voir le cours 38, consacré à la Gnose chrétienne.

[4] Les Mystères de Jésus – Tome I, Éditions Aléthèia, 2007, p. 15.

[5] Selon les mêmes auteurs, le mythe « ne signifie pas “quelque chose d’irréel” comme aujourd’hui. Superficiellement, c’est une histoire attrayante, alors que pour les initiés, il s’agit d’un code sacré d’un profond enseignement spirituel. D’après Platon : “tout se passe comme si ceux qui établirent les rites initiatiques, loin d’être insensés, transmettaient un enseignement caché.” Il explique : “Ceux qui ont voué leur vie à la philosophie” veulent saisir le sens caché, codé des mythes et s’identifier complètement à l’homme-Dieu au cours d’expériences d’illumination mystiques. » Ibid, p. 23.

[6] Ibid, p. 4-5.

[7] Pour nuancer quelque peu les propos de ces deux auteurs, je dirais que les religions ont toujours joué un rôle important au sein des sociétés, en proposant de nouveaux récits ou en adaptant les récits existants à mesure que les mentalités évoluaient sous l’impulsion des changements inévitables relatifs à l’écoulement des cycles cosmiques. Cette « mise à jour » a toujours été la fonction principale des prophètes. Quant à l’Église catholique romaine, elle eut à endosser le mauvais rôle, en quelque sorte, auprès du paganisme notamment, dans la mesure où celui-ci avait dévié et qu’il n’était plus en phase avec son temps (il suffit de songer aux sacrifices humains pour s’en convaincre…). En ce qui concerne le christianisme tout particulièrement, son rôle fut de promouvoir la seconde Alliance entre Dieu et les hommes. Mais un nouveau changement de paradigme serait en cours : la substitution de la seconde Alliance par la troisième Alliance, qui est celle de l’ère du Saint-Esprit, et qui aura pour but de rassembler les croyants des religions sous une même bannière, celle de l’unité.

[8] Ibid, pp. 5-6.

[9] Ibid, p. 27-28.

[10] Cette opinion n’engage que leurs auteurs. En ce qui me concerne, je retiens la possibilité des « échos avant-coureurs » (que l’on appelle aussi des « préfigurations ») comme étant des plus probables, comme nous le verrons dans le prochain chapitre. 

[11] Ibid, p. 6-7.

[12] Note de René Guénon : « C’est évidemment avec intention que Mme Blavatsky écrit Chrishna et non Krishna ».

[13] Horus, à l’instar de son père Osiris, partagerait également de nombreux traits communs avec Jésus. Je reste toutefois réservé sur cette comparaison-là, car ces dernières années, de nombreux auteurs modernes ont prêté à Horus des caractéristiques qui ne figurent pas dans les ouvrages d’égyptologie ancienne. Par exemple, Horus n’est pas né d’une vierge, contrairement à l’idée souvent véhiculée.

[14] Citation extraite d’une réponse de Madame Blavatski à l’abbé Roca, dans la revue Le Lotus, Paris, avril 1888.

[15] Le fait que ces vérités dogmatiques n’aient pas été enseignées par Jésus lui-même de son vivant n’enlève rien à leur caractère profondément mystique, initiatique.

[16] Le symbolisme en question est le suivant : les croix sur lesquels ont été crucifiés le bon et le mauvais larron représentent les deux pôles de la dualité inhérente à l’« Arbre de la Science » (ou « Arbre de la connaissance du bien et du mal »), alors que celle sur laquelle Jésus a été crucifié symbolise l’« Arbre de Vie » (ou « Arbre du Milieu »).

[17] Au sujet de la dimension symbolique des faits de la vie de Jésus, je vous recommande la lecture de mon article intitulé : La vie de Jésus, tout un symbole : https://cutt.ly/dwF1aLKc

[18] Les préfigurations dont il est question ici font référence aux éléments de la vie de Jésus que l’on retrouve dans celle des hommes-Dieu et des sages du monde païen.

[19] Extrait tiré de l’article Les Arbres du Paradis, publié dans la revue Regnabit, en mars 1926.

[20] C’est le sens du mot « évangile ».

[21] Citation tirée du livre Yéhoshua Nazir, du Dr Otoman Ha’Nish. Je vous recommande la lecture de ce livre édifiant, qui peut être téléchargé gratuitement à cette adresse : http://www.mazdeen.com/docum18.htm

[22] Révélation templière, Éditions Dervy, 2005, pp. 277-278.

[23] Source : https://cutt.ly/bwSFb1Ai

[24] Citation tirée du livre Yéhoshua Nazir, du Dr Otoman Ha’Nish.

[25] 2 Corinthiens 3:6.

[26] Romains 2:29.

[27] Parmi les quatre niveaux de lecture des textes sacrés (littéral, symbolique, spirituel et analogique), le plan analogique est celui qui fait le plus de sens pour l’être qui aspire à se libérer de la souffrance. Grâce à l’analogie, il peut transposer le contenu des textes sacrés à sa propre vie intérieure, de sorte que, sur ce plan-là, le Christ devient le noyau d’immortalité qui existe en germe au cœur de sa propre conscience. C’est cette êtreté, ou connaissance de soi (connaissance du fait d’être), qu’il se doit de reconnaître et de faire croître (par la conversion de son attention), pour passer de la conscience d’un moi limité et séparé, à la conscience d’être un avec Dieu ou l’Esprit universel.

[28] Jean 3:18.

[29] Jean 8:24.

[30] 10 + 8 + 200 + 70 + 400 + 200.

[31] Oracles sibyllins, I, 324-331.

[32] « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » Jean 14:6.

[33] Source : https://cutt.ly/5elJmnNV

[34] 5 + 10 + 40 + 10 + 8 + 7 + 800 + 8.

[35] Voir le cours 38, chapitre « Renaître d’eau et d’Esprit ».

[36] Voir le cours 22, chapitre « Les trois feux internes ».

[37] L’Âme (avec une majuscule) doit être ici comprise au sens de l’Esprit, le Souffle de Dieu.

[38] Les « douleurs de l’enfantement » font ici référence au fait que le processus de renaissance passe nécessairement par une souffrance de l’âme, la fameuse « nuit noire de l’âme » correspondant à la crucifixion de l’ego et à l’œuvre au noir alchimique.

[39] Mathnawī, II, 1184 et ss.

[40] Éditions Larousse, 1971, p. 166.

[41] Nom donné aux « non-juifs », aussi appelés gohims.

[42] Jean 1:14.

[43] Jean 10:30.

[44] Voir Philippiens 3:21.

[45] 1 Pierre 2:4.

[46] Voir également le cours 22, chapitre « V.I.T.R.I.O.L. ».

[47] Les visions de Saint Nicolas de Flüe, Éditions Dervy, 1988, pp. 38-39.