Le Cours du Vivant

Cours n°22 - L’Alchimie spirituelle

L’Alchimie spirituelle

Théorie

Dans la conscience collective, l’alchimie est un procédé mystérieux, quasi surnaturel ou magique, permettant de faire de l’or avec du plomb, ce qui ne manque pas de susciter une certaine fascination dans l’esprit de celles et ceux qui croient cette opération possible.

À vrai dire, pour l’adepte, faire de l’or avec du plomb importe peu, car le résultat du processus de transmutation n’a pas autant d’importance à ses yeux que le processus en lui-même.

Pour reprendre le principe de base de la philosophie taoïste, l’alchimiste averti considère ainsi que le but est avant tout le chemin qui y mène, et non le but en tant que tel. Il sait qu’il ne parviendra jamais à un résultat parfait en manipulant les métaux dans son laboratoire, si la démarche qu’il entreprend n’est pas elle-même parfaite dans la dynamique qui est la sienne, à chacune des étapes qui mènent vers ce résultat.

Aussi, et c’est peut-être le point le plus essentiel à retenir, l’alchimiste a parfaitement conscience qu’il ne pourra jamais obtenir de l’or à l’extérieur de lui-même, s’il ne cherche en parallèle à transmuter sa propre psyché. Car comme l’a affirmé Paracelse : « nul ne transmute aucune matière, s’il ne s’est transmuté lui-même. »

Comme le démontre aujourd’hui la physique quantique, la conscience de l’observateur influence l’expérience dont il est le témoin. Partant de là, il est facile de comprendre qu’il n’est pas possible de faire passer la matière à l’état de perfection que l’or symbolise sur le plan physique, sans que la conscience n’ait elle-même été rendue parfaite, par un ensemble d’opérations intérieures qui sont analogues à celles que l’alchimiste doit accomplir sur la matière physique.

Ainsi, ce que les alchimistes appellent Magnum Opus, le « Grand Œuvre » en français, ne peut être accompli à l’extérieur si les différentes opérations qui le constituent ne sont en parallèle appliquées à la propre « matière » interne à l’opérateur lui-même.

Si ce dernier n’entreprend pas ce travail sur lui-même, tout au plus n’est-il qu’un vulgaire « souffleur », un « brûleur de charbon », pour reprendre les expressions des anciens alchimistes, qui avaient parfaitement connaissance de ces considérations.

Pour parvenir à transmuter la matière, il doit donc y avoir, en parallèle aux opérations purement physiques, une Alchimie interne, spirituelle, pour laquelle ces opérations physiques sont autant de symboles qui représentent les étapes par lesquelles l’être va devoir passer pour atteindre l’état de perfection de sa propre nature.

Une voie d’éveil universelle

Cette démarche alchimique qui consiste à travailler sur soi-même, c’est tout bonnement la quête spirituelle comprise dans son intégralité, avec toutes ses composantes et ses implications. C’est un cheminement long et relativement difficile, marqué par un grand nombre de morts et de renaissances, à l’image des cycles présents dans la nature. Ce sont autant de phases opposées mais complémentaires de construction et de destruction, de contraction et de dilatation, de fermeture et d’ouverture, à l’image des rythmes naturels en effet dont l’alternance est absolument nécessaire pour que les êtres puissent évoluer, de même que pour assurer l’ordre, l’harmonie et l’équilibre au sein de tout le vivant.

Comme toutes les autres voies spirituelles, la quête alchimique comporte des satisfactions, des accomplissements, des « réussites », mais également des tourments, des deuils, des échecs, comme autant de phases de « remous intérieurs » parfois ténébreux que l’alchimiste n’aura toutefois pas à endurer en serrant les dents puisqu’il pourra – pour peu qu’il s’en donne les moyens par la recherche du juste positionnement intérieur – transmuter  ces états et retrouver temporairement l’état de paix intérieure. Cela, avant que d’autres remous ne remontent à la surface de sa conscience, et ainsi de suite, jusqu’à la purification intégrale de sa psyché.

C’est une voie qui doit allier théorie et pratique, connaissance et expérience, dans ce laboratoire de l’existence qu’est la vie quotidienne, avec tous les pièges et les obstacles qui se présenteront inévitablement à l’alchimiste et qui ont leur raison d’être eux aussi puisqu’il pourra en tirer les leçons et apprendre de ses erreurs, l’apprentissage étant le moteur même de l’évolution.

L’alchimie fait partie de la Tradition primordiale et en cela, on en retrouve des représentations dans toutes les traditions [1] ; elle est universelle.

Cela signifie que chaque être passera par les mêmes grandes étapes fondamentales de cette quête intérieure, indépendamment du contexte culturel et religieux dans lequel il se trouve, et quels qu’aient pu être les panneaux indicateurs qu’il aura pu suivre pour y parvenir.

Plus précisément, avant même d’entamer une telle quête, chaque être humain passe tout d’abord par une phase d’involution progressive qui lui fait perdre la conscience de sa nature primordiale, créant un « voile » d’oubli et d’ignorance dans sa psyché.

Plongé dans un état de conscience centré sur lui-même – un état de conscience égotique –, il fait l’expérience de la dualité et de la souffrance qui en résulte. C’est la phase dite de l’errance, celle qui est symbolisée par les dédales d’un labyrinthe, et dont la sortie ne peut s’effectuer que par le centre [2].

Puis, survient un moment où cet être est prêt à se sortir de sa torpeur spirituelle. Il éprouve un « désir de lumière », soit une aspiration forte à vivre autre chose que la recherche de satisfaction de son « petit moi » limité. Il ressent, en son for intérieur, que l’existence recèle quelque chose de plus profond, de plus transcendant, que sa seule dimension matérielle, biologique.

Un tel être est désormais prêt à vivre sa conversion intérieure, son  retournement, sa révolution silencieuse. C’est la métanoïa, qui marque le début de son engagement sur la voie spirituelle. Après la phase d’involution, c’est le début de la phase d’évolution.

Pour le dire avec des expressions à la mode aujourd’hui, c’est le retour à l’instant présent, ici et maintenant, dans l’état de pleine conscience de ce qui est, en phase avec la réalité telle qu’elle est. Je simplifie beaucoup, mais c’est bien de cela dont il s’agit, puisque tout n’est qu’une question d’état de conscience dans cette quête.

L’Art royal

Tant en Orient qu’en Occident, les différentes traditions comportent une dimension ésotérique, laquelle comporte des enseignements relatifs à l’alchimie, dont les bases sont communes bien qu’ils puissent varier dans leurs symboles.

Chaque tradition alchimique fait office de panneau indicateur pointant vers la destination de la quête spirituelle. Elle se décline en voies ou techniques distinctes mais qui mène au même but suprême : la découverte de la Pierre philosophale en soi, qui doit permettre la production de l’Or spirituel.

Le but recherché est non seulement la réalisation de la dimension spirituelle de l’être, l’Esprit ou le Soi divin, mais aussi l’incarnation pleine et entière de ce dernier en l’être, pour une « spiritualisation » complète de la matière qui le constitue (et qui n’est pas seulement physique), permettant à l’Esprit ou au Verbe de se faire chair, faisant de l’être un authentique « Corps de Gloire [3] » dont la seule présence deviendra une force d’évolution et d’harmonisation à même d’alchimiser le monde !…

Il faut en effet bien comprendre que si la quête spirituelle vise, comme son nom l’indique, à la réalisation de l’essence spirituelle de l’être – l’Esprit –, cette essence doit ensuite pouvoir pleinement s’intégrer à la vie dans la dimension matérielle, corporelle, à travers l’être, dans un mouvement fluide et constant, une danse, une union consciente, entre ses deux pôles complémentaires qui s’interpénètrent en permanence : Esprit et Matière, Masculin et Féminin, Ciel et Terre, cela en la présence de l’être qui en est le trait-d’union.

Cette dynamique qui fait de l’être un être purement naturel et spontané, est le produit de l’union permanente et parfaitement équilibrée des pôles opposés mais complémentaires de toute manifestation, de toute « matière », ce que les alchimistes occidentaux nomment respectivement le Soufre (relatif à l’essence, principe actif, masculin, lumineux, yang) et le Mercure (relatif à la substance, principe passif, féminin, ténébreux, yin), dont le mariage est produit par le Sel (principe neutre, médiateur, conciliant, en lequel on peut voir l’équanimité de la conscience, la bienveillante neutralité).

Là est le but visé par l’Alchimie spirituelle ou symbolique, et c’est la raison pour laquelle, au Moyen Âge, elle était considérée comme l’art… royal. « Royal », dans la mesure où elle a pour vocation la manifestation du Regulus, le « Roitelet », soit la présence, à l’état de germe, de la Pierre philosophale, dans la conscience même de l’alchimiste. 

Le Grand Œuvre parachevé, le Roitelet est devenu Roi. C’est le Rebis hermétique, androgyne, dont il est dit, dans la Table d’Émeraude [4] que « Le Soleil en est le Père, la Lune est sa mère ». C’est grâce à cette présence pleinement éveillée du Soi dans l’incarnation, que l’être peut refléter, sur Terre, la Perfection du Ciel, en tant que fruit divin de l’union de ces deux Principes complémentaires.

Matière brute et creuset

L’Alchimie spirituelle n’est tributaire d’aucune autre matière que celle qui compose l’individu sur ses différents plans.

Pour manifester le merveilleux potentiel de lumière présent au cœur même de sa conscience, puis incarner l’Esprit en lui, l’alchimiste doit pouvoir accomplir, sur un plan symbolique, les mêmes opérations que celles qui ont cours dans le laboratoire pour la transmutation métallique. Ce sont en effet les mêmes éléments, les mêmes composantes, les mêmes principes, que l’on retrouve en soi-même comme à l’extérieur.

Il faut un creuset, c’est-à-dire un contenant à l’intérieur duquel les substances matérielles vont pouvoir s’épurer et en lequel la transmutation pourra avoir lieu.

Sur le plan intérieur, c’est le corps physique. Il est d’ailleurs intéressant de relever que le mot « creuset » vient du latin crucibulum, dérivé de crux, « croix ». Il y a donc une correspondance entre le creuset et la croix, et donc aussi avec la crucifixion, qui marque symboliquement le début du travail alchimique, avec la phase de décomposition et de putréfaction de la matière psychique de l’alchimiste, comme nous le verrons lorsqu’il sera question de passer en revue les phases majeures de ce travail.

C’est précisément cette matière psychique, brute, que l’alchimiste se doit de rectifier, autrement dit de transmuter, pour être en mesure d’incarner sa véritable nature, supérieure.

Plus concrètement, cette « matière brute » est l’ensemble de ce qui composent la personnalité de l’être, dans ce qu’elle a de plus « inférieur » : émotions, pensées, conditionnements, désirs, fantasmes, pulsions, mensonges, culpabilités, hontes, blessures émotionnelles, attachements, mécanismes de défense, stratégies d’occultation, avec toutes les formes d’identification, des plus grossières au plus subtiles, à ces différentes composantes de sa personnalité.

Cette matière brute est donc constituée de tout ce à quoi l’être à tendance à s’identifier et qui lui donne cette fausse impression d’être un « moi » séparé des autres formes de vies avec lesquelles il ne fait pourtant qu’un, au-delà de l’illusion de la dualité sujet-objet.

Pour faire le lien avec le contenu des premiers cours, cette matière psychique que l’alchimiste va devoir transmuter n’est autre que sa nature inférieure, son gardien du seuil, c’est-à-dire la structure mentale ainsi que les ombres qu’elle maintient occultées.

Cette nature inférieure, c’est le Minotaure, le dragon, le basilic, ou encore le diable ou le démon intérieur ; c’est le double ombrageux, reflet inversé de l’être qui représente tout ce qui lui est spirituellement contraire et qui le tire vers le bas (tant qu’il n’est pas reconnu et maîtrisé) en s’opposant à son aspiration à la transcendance.

Les trois feux internes

S’il existe une analogie entre l’alchimie opérative et l’Alchimie spirituelle en ce qui concerne les différentes opérations par lesquelles doit passer la matière pour être purifiée et sublimée, l’analogie existe également par rapport aux principes qui rendent possibles ces différentes phases de transmutation et de transformation.

C’est le cas par exemple des trois feux dont parlent certains traités d’alchimie, dont l’adepte va devoir se servir pour agir sur sa propre matière.

Premièrement, le feu qui va chauffer l’athanor et le vase ou creuset qui contient la matière, c’est un feu qui vient du dessous. C’est le « feu d’en bas », associé aux influences terrestres et à l’énergie assoupie qui s’y trouve : la sulfureuse Kundalinī.

Deuxièmement, il va falloir de l’oxygène pour alimenter le feu qui va chauffer la matière. C’est évidemment le souffle produit par le soufflet. Ce souffle est en rapport avec l’Esprit. C’est le « feu d’en haut », associés aux influences célestes. C’est le spiritus mundi, que les hermétistes chrétiens assimilent au Saint-Esprit, et sans lequel aucune transmutation ne peut avoir lieu. Il correspond également à la Volonté de Dieu, au Verbe créateur et à la Grâce divine, répondant à l’appel de l’être qui aura su se placer dans l’ouverture et l’humilité.

Ce juste positionnement intérieur qui est aussi un « juste milieu », correspond au troisième feu, le « feu du milieu », élément neutre assimilé au Sel philosophique, qui va permettre de faire le lien entre le feu d’en haut et le feu d’en bas.

Ce « feu secret » peut être vu comme une étincelle, grâce à laquelle le feu d’en bas, attisé par le feu d’en haut, pourra se former et produire une source de chaleur suffisante pour accomplir les différentes opérations sur la matière.

Cette étincelle, c’est la conscience de l’être, rendue équanime par l’effort de conversion de l’attention. Grâce à cet effort de volonté, la conscience s’ouvre et s’aligne intérieurement, se rendant réceptive, perméable, à la lumière spirituelle, ce « feu cosmique » qui vient d’en haut et qui correspond à l’influence de l’Esprit.

Il est d’ailleurs intéressant de faire remarquer que la conscience individuelle est parfois considérée, symboliquement, comme une parcelle ou une étincelle de l’Esprit universel, à l’intérieur même de l’être. Elle correspond à la « conscience d’être », au niveau de laquelle se situe également le mental, avec la possibilité d’orienter l’attention par la concentration, dans une direction précise, en faisant usage de la volonté. Toutefois, dans le contexte qui nous intéresse ici, l’étincelle est bien quelque chose de plus que la conscience mentale ordinaire. C’est la conscience de l’être, certes, mais déjà transmutée, parfaitement alignée sur l’Esprit et la Volonté divine. Devenue « bienveillante neutralité » ou « pleine conscience équanime », elle est élevée à sa plus haute condition, celle de l’amour pur, christique.

Ce troisième feu, « Tout alchimiste le recherche mais aucun n’a jamais vraiment révélé sa nature. Force de vie, présente au cœur de la matière que le philosophe opère, il est l’agent qui anime sa prima materia [5]. »

Compte tenu de ces explications, « secret », ce feu ne l’est plus tout à fait désormais. Reste à comprendre en quoi il constitue la clé de voûte sur lequel repose tout l’édifice, tout le Grand Œuvre. C’est ce que nous allons voir un peu plus loin…

La dimension symbolique du plomb

J’ai parlé plus haut de la nature inférieure de l’être. Elle représente sa nature ombrageuse, ténébreuse, celle-là même qui doit être transmutée en lumière. Symboliquement, c’est le plomb qui doit être transmuté en or. Ce point est fondamental et toute personne s’intéressant à l’Alchimie spirituelle devrait être parfaitement au clair sur cette question : que représente au juste le plomb, symboliquement, à l’intérieur de l’être ?

À cette question, le tibétologue Jacques Bacot a magistralement répondu : « En termes alchimiques, on peut dire que, pour qui a des yeux pour voir, le vil métal plomb et le noble métal or sont essentiellement un, avec la seule différence que l’or est intrinsèquement réel, alors que la réalité du plomb réside dans le fait qu’on a là de l’“or malade” qui appelle la guérison. En principe, toutefois, l’or reste toujours de l’or, qu’il soit malade ou en bonne santé ; le secret de la transmutation du plomb en or échappera toujours à qui ne perçoit pas cette vérité [6]. »

Ainsi, sur le plan de l’être, le plomb représente l’âme blessée, malade, mais pas seulement. Le plomb, c’est aussi la structure mentale qui couvre les blessures de l’âme et les empêche de guérir, comme le dragon couvre le trésor et l’empêche de rayonner.

En d’autres termes, le plomb symbolise l’ensemble des blessures de l’âme ainsi que la structure mentale faisant office de voile d’occultation destiné à dévier l’attention de la conscience hors du vivant, pour lui éviter d’y faire face et d’en éprouver les multiples blessures, dont la sensation est forcément désagréable, tant sur le plan physique que psychologique puisque y sont associés les sentiments de peur, de culpabilité, de honte et de « vide » également.

Du point de vue religieux, on peut associer la structure mentale au diable. C’est lui qui induit l’être en erreur sur sa nature et qui lui fait « manquer la cible », c’est-à-dire commettre le péché en déviant son attention pure et lumineuse dans une direction qui ne participe pas à son épanouissement spirituel, laissant dans l’ombre tout un pan de sa personnalité, qui n’est autre que cette matière ténébreuse, ce plomb, sur laquelle l’être devra apprendre à remettre son attention avec justesse, détachement, pour se réconcilier avec lui-même et redevenir entier.

La guérison de l’or malade

Il faut relever ici un grand paradoxe, qui représente sans doute l’obstacle majeur dans la quête spirituelle : autant le plomb appelle à la guérison, autant il porte en lui une force d’influence opposée à cette même guérison. En effet, les élans de vie blessés de l’âme, brimés dans le subconscient, cherchent naturellement à retrouver leur mouvement pour sortir de l’ombre et s’épanouir dans leur nature, mais cette perspective fait peur à la structure mentale, qui a en mémoire le fait que ces élans de vie ne sont pas dignes d’être aimés tels qu’ils sont, et qu’il faut donc les maintenir cachés, étouffés, pour ne pas souffrir à nouveau du manque d’amour, du rejet, du jugement et de tous les sentiments dégradants pour l’image de soi, qui en découlent.

Ce conflit intérieur fait que le plomb ne peut pas se guérir de lui-même ; il ne peut pas se transmuter en or par ses propres moyens. Il faut l’intervention de puissances extérieures à lui, qui sont les trois « feux » précédemment évoqués.

D’abord, pour que la transmutation puisse avoir lieu, la structure mentale qui s’oppose à la guérison de l’âme blessée doit être neutralisée, maîtrisée. C’est tout le symbolisme du dragon ou du diable chevauché ou terrassé ; il ne faut ni le tuer, ni le rejeter, mais le maîtriser [7] ; il faut l’empêcher de nuire.

Alors seulement, la conscience désidentifiée de la structure mentale retrouve le calme et l’état d’ouverture qui permettra à l’influence spirituelle de l’infiltrer et de pénétrer les profondeurs de l’être pour y réveiller le « feu d’en bas », pour initier les processus graduels de dissolutions et de coagulations, opérant les rectifications ou transmutations successives de la matière psychique pour en révéler le meilleur, les plus belles qualités et vertus.

L’alchimiste Patrick Burensteinas a très bien décrit ce processus en se basant sur la symbolique du combat entre l’archange Saint Michel et le dragon :

« Saint Michel et son épée flamboyante représentent le feu d’en haut. Celui qui jaillit de la source. Il a pouvoir de rectification. Le gardien de la voie du milieu pèse nos âmes. Le dragon, lui aussi, possède cette lumière, mais elle est occultée par sa peau, son ego, ses émotions. Aveuglé par son extérieur (son apparence), il en a oublié son intérieur (son cœur). Saint Michel propose au dragon de percer cette peau. Car lui aussi doit faire un effort. Ce n’est pas tout d’avoir la Lumière, il faut aussi pardonner aux ténèbres. Deux choix s’offrent à lui :

Il accepte. Alors le feu d’en haut rejoint le feu d’en bas. Le dragon est libéré de ce monde. Il accepte la mort des apparences. Il est comme le Petit Prince qui accepte d’abandonner son corps pour rejoindre son étoile. De plus, saint Michel aussi est libre. Il n’a plus de prisonnier à garder. La création est terminée. L’Unité règne de nouveau.

Il refuse. Égaré par l’illusion, il subit la pression de la Lumière. Au lieu de se libérer, il est terrassé. Rampant de nouveau dans des régions obscures, il attend de nouveau la confrontation avec l’archange [8]. »

Il est bien clair que le feu d’en haut que Saint Michel et sa lance (ou son épée) symbolisent, soit la lumière spirituelle, ne peut pénétrer les profondeurs de l’être tant que la structure mentale s’interpose, à la manière d’un voile qui divise, coupant la psyché de l’essence spirituelle de l’être.

Cela implique que la conscience se désidentifie de cette structure mentale pour que le « passage » s’ouvre et que la lumière de l’Esprit, sous la forme d’une attention pure, puisse pénétrer le vivant. Il y a alors réunion entre l’Esprit et la Matière, le Soufre et le Mercure, et la guérison peut survenir.

En revanche, si l’être ne fait pas l’effort de positionner sa conscience dans l’équanimité, en s’alignant sur l’axe lumineux de l’Esprit, il reste identifié à la structure mentale et les blessures de l’âme restent ainsi plongées dans l’ombre ; ne pouvant être mises en lumière, elles ne peuvent recouvrer leur mouvement perdu et guérir.

Ce qui fait que le plomb est de l’or blessé ou malade, c’est donc la présence de la structure mentale, ni plus ni moins. Si l’on parvient à neutraliser la structure mentale, non pas en luttant contre elle dans une dynamique de répulsion mais en en ressentant avec équanimité le champ d’énergie, l’or blessé peut guérir, le plomb peut être transmuté en or.

Guérir nécessite de redevenir entier, et pour cela il faut neutraliser ce qui en nous crée la séparation : la structure mentale [9]. Cela signifie qu’il n’y a pas à éliminer ou détruire l’ombre en soi, ni le « voile » mental qui la couvre et la rend « ténébreuse », mais réintégrer l’un et l’autre en soi-même, par le regard aimant d’une conscience pure, alignée sur l’axe lumineux de l’Esprit. C’est un simple changement de regard, comme nous allons le voir en détail un peu plus loin.

Bien que la guérison des blessures de l’âme coïncide avec le terme de l’étape de la purification, elle ne correspond toutefois pas au stade de perfection de la matière puisque l’or que l’âme transmutée symbolise peut passer de l’état psychique à l’état spirituel. C’est le processus de la sublimation, qui permet à l’âme de devenir une « Âme-Lumière » immortelle.

Pour faire le rapprochement avec les travaux du physicien Jean-Pierre Garnier Malet, auxquels j’ai fait référence dans le cours 20, cette Âme-Lumière est ce qu’il nomme le « Double lumineux du futur ». C’est l’« Or spirituel », symbole de l’Ange gardien, du Christ ou du Maître intérieur, du Guide ou du Dieu personnel que chaque être humain peut potentiellement incarner pour autant qu’il en porte la possibilité en lui et qu’il se donne les moyens de l’actualiser.

Ce Double lumineux est bien réel sur un plan parallèle [10], et tout l’enjeu de la quête spirituelle et alchimique est de réduire l’écart qui existe entre ce que l’être n’est pas (et à quoi il s’identifie la plupart du temps) et ce Double lumineux qu’il aspire à devenir.

Une Pierre philosophale vivante

Selon l’alchimiste Patrick Rivière : « L’Alchimie spirituelle mène au “corps coagulé de conscience”, ou “corps glorieux”. Elle conduit à la réalisation de la “Pierre Philosophale en soi”, afin de transmuter le véhicule (corps-psychisme) de son être spirituel en “Corps de Gloire” (Aureae Gloriae, selon saint Paul) [11]. »

Pour arriver à ce stade d’évolution et de perfection de l’incarnation, il aura fallu réaliser premièrement la Pierre philosophale à l’intérieur de soi-même, car c’est elle qui permettra en effet de constituer le Corps de Gloire à partir de la materia prima interne à l’alchimiste.

Logiquement, nous pouvons en conclure que la Pierre philosophale ne peut pas être exactement la même chose que la matière psychique de l’alchimiste puisque c’est elle qui doit en réaliser la transmutation. En vérité, elle en est une parcelle, une composante tout à fait particulière, en cela qu’elle en est la conscience elle-même.

Ainsi, de même que l’alchimiste, dans son laboratoire, peut voir apparaître l’étoile de Compostelle au cœur de l’antimoine dans le creuset, il peut la réaliser à l’intérieur de lui-même, au cœur de sa propre « matière psychique », à l’intérieur des limites corporelles.

Selon les traditions, quand il est question d’un noyau d’immortalité, d’une pierre cachée, d’un germe, d’une graine ou d’une amande (luz), c’est à cette étincelle de vie divine placée au cœur de la matière, qu’il est fait allusion. Pour reprendre le symbolisme propre à la franc-maçonnique, la Pierre philosophale est la « pierre cubique à pointe », la « pierre taillée » (à partir de la « pierre brute »), ou encore l’« étoile flamboyante [12] ».

Il s’agit de l’étoile hermétique, qui n’est donc pas autre chose que la conscience de l’alchimiste, la « pure conscience d’être » qui existe en lui et qui, avant l’entame du Grand Œuvre, est recouverte par les scories de l’âme, les « vils métaux », la matière brute non transmutée, à laquelle il s’identifie.

La conscience individuelle doit donc aussi passer, elle aussi, par différentes rectifications pour être à même de produire ce feu secret qu’est le Sel philosophique, soit cette même conscience devenue amour pur, christique, capable de concilier les contraires pour ainsi parachever le Grand Œuvre, par l’union du Principe masculin, le Soufre, et du Principe féminin, le Mercure.

Devenue Pierre philosophale vivante, la conscience individuelle rectifiée est, symboliquement, à l’image du Graal, cette coupe dont on dit qu’elle a recueilli le sang du Christ et qui fut formée, selon la légende, à partir d’une émeraude que Lucifer aurait portée sur son front avant sa chute, à l’endroit même où se situe le « troisième œil », qui correspond précisément à la localisation de la conscience individuelle dans l’incarnation.

Dans l’hindouisme et le bouddhisme, la Pierre philosophale a son équivalant : le chintâmani, connu pour être un « joyau qui exauce les vœux » mais qui, d’un point de vue ésotérique, doit plutôt être considéré comme le « joyau de la conscience éveillée ».

Selon le maître Hamsananda : « Celui qui possède ce joyau sort de la ronde des morts et des renaissances (samsāra) ; il gagne l’immortalité et la libération. ».

Citant l’enseignement du Lama tibétain Anagarika Govinda, il ajoute : « Celui qui a découvert en lui-même la “pierre des Sages”, le joyau rayonnant (mani) de l’esprit illuminé (bodhicitta), transforme sa conscience mortelle en éternité, dans le limité reconnaît l’illimité et change le samsāra en Nirvāna. »

Toutes ces correspondances entre les différentes traditions, au sujet de la conscience individuelle devenue « pierre précieuse », conscience solaire ou christique, ne sont évidemment pas le fruit du hasard. Elles sont comme autant de fragments analogues de la Tradition primordiale.

V.I.T.R.I.O.L.

Le cheminement qui va permettre à l’être de devenir une Pierre philosophale vivante, a été résumé dans cette formule latine bien connue des alchimistes en Occident : Visita interiorem terrae rectificando invenies operae lapidem, qui a donné l’acronyme V.I.T.R.I.O.L. Traduction : « Visite l’intérieur de la terre, en rectifiant, tu découvriras la pierre cachée. »

Sur le plan de l’Alchimie spirituelle, l’« intérieur de la terre » que l’alchimiste visite, ce n’est pas autre chose que le contenu de sa conscience, qu’il doit « rectifier », c’est-à-dire remettre à l’endroit. Il s’agit d’une opération de transmutation, qui doit permettre à la conscience de devenir la « pierre cachée », c’est-à-dire cette force de l’amour qui a le pouvoir de purifier et de guérir la matière physique et psychique de l’être, pour faire de ce dernier un authentique Corps de Gloire.

« Rentre en toi-même, ami. Cette pierre des sages, il ne faut la chercher sur d’étranges rivages [13]. » Angelus Silesius

À cette formule V.I.T.R.I.O.L., on lui ajoute parfois les mots veram medicinam [14], ce qui fait symboliquement allusion au pouvoir de transmutation et de guérison de la conscience lorsqu’elle reflète à la perfection la lumière spirituelle. Dans ce cas, elle est la « vraie médecine », l’amour de Dieu rayonné par la conscience éveillée, devenue Pierre philosophale vivante.

Dans le symbolisme alchimique, nous pouvons y voir le sang du Lion vert, du Dragon vert ou du Christ recueilli dans le Graal, le vase d’émeraude. On peut y avoir également l’Azoth des Sages, l’Alkaest de Paracelse ou encore la Panacée et l’Élixir de Vie.

Solve et coagula

Avant de passer en revue les différentes phases ou étapes du Grand Œuvre, il peut être utile de dire quelques mots au sujet des opérations successives de dissolutions et de coagulations – solve et coagula –, dont René Guénon a dit qu’elles contiennent « d’une certaine façon tout le secret du Grand Œuvre. », ce que le maître Hamsananda confirma lui aussi : « En simplifiant, on pourrait dire que l’essentiel de l’Œuvre consiste à dissoudre (solve) la matière déjà fixée pour en rassembler ensuite les éléments épars dans un arrangement nouveau (coagula). »

De ce point de vue, on peut dire que solve et coagula ne sont ni plus ni moins que les deux opérations de la transmutation. L’une ne va pas sans l’autre, tout comme le yin et le yang dans la tradition taoïste, qui représentent une autre manière d’aborder ces deux tendances opposées qui régissent et coordonnent l’entièreté du vivant.

Ces deux tendances opposées mais complémentaires sont comme les deux faces opposées d’une même pièce de monnaie, qui peuvent se présenter simultanément ou en alternance, selon le point de vue à partir duquel on se place. Par exemple, lorsque l’être opère son retournement, il y a dissolution des illusions de l’ego et coagulation de la lumière spirituelle dans le corps. Quand l’être meurt à un certain état d’existence, il renaît instantanément à un autre.

Ces différentes phases sont à l’œuvre à chaque instant et rythment tout le vivant, au sein duquel elles peuvent s’exprimer sous différentes formes : assimilation et élimination, inspir et expir, construction et destruction, contraction et expansion, action et repos, etc.

La mort et la naissance en font donc également partie, qu’il s’agisse des corps physiques, des composantes psychiques ou des états de conscience de l’être. Par exemple, une phase de dépression représentera, sur le plan psychique, une dissolution (remontée et décomposition de l’ombre en soi), alors qu’une période de joie et de paix inconditionnelles sera assimilée à une coagulation (descente et intégration de la lumière divine).

Ainsi, c’est l’alternance ou la simultanéité de ces tendances qui va déterminer les différentes phases de purification, de subtilisation et d’évolution de la matière brute, jusqu’à ce qu’elle soit rendue parfaitement apte à intégrer et diffuser la lumière spirituelle.

Ces phases se succèdent et il n’est pas possible de faire l’économie de celles qui sont désagréables sur le plan de l’ego, bien que leur durée et leur intensité dépendent pour beaucoup de la capacité de l’être à se désidentifier et à observer la souffrance de l’âme avec détachement, équanimité.

C’est notamment ce qui explique la difficulté de la quête spirituelle et le fait que peu d’être soient prêts à véritablement vivre le sacrifice qu’elle implique. Comme l’a dit Carl Gustav Jung : « Ce n’est pas en regardant la lumière que l’on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité. Mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire ! »

De son côté, Paul Pétrino a très bien expliqué l’inéluctabilité des passages difficiles liés à cette alternance entre les phases de coagulation et de dissolution : « Lorsqu’on s’ouvre spirituellement à la Vie, souvent on “démarre sur les chapeaux de roue”, et pêle-mêle on reçoit : ouvertures, enseignements, compréhensions, rencontres, expériences nombreuses et toutes plus enrichissantes et passionnantes les unes que les autres… et puis un jour, plus rien ! Le désert, le grand vide, le calme plat. Et on se dit : “Il ne se passe plus rien dans ma vie ! Qu’est-ce qui m’arrive ? Me suis-je trompé quelque part, ai-je manqué un aiguillage à un moment donné ? En ai-je trop fait, ou pas assez ? Mes guides m’auraient-ils abandonné ou quelqu’un m’enverrait-il un mauvais sort ? Ou alors, je me suis illusionné et je délire depuis le début !?” Et on doute, on s’en veut même d’avoir cru dans une démarche dont on pensait que les résultats iraient toujours croissants en richesses et en nombre !

Eh bien cela est normal et prouve même que nous fonctionnons bien : car après avoir emmagasiné, il faut assimiler ! C’est la loi du Balancier : flux, reflux ; inspir, expir ; action, repos ; SOLVE, COAGULA comme disent les alchimistes [15]. »

Pour dire les choses autrement encore, l’alternance des phases complémentaires solve et coagula peut également se manifester sous la forme de la séparation et de la réintégration. Il n’est pas rare que ces phases soient particulièrement marquées au début de la quête alchimique de l’être. Les fruits de sa pratique ou un moment de grâce peuvent l’amener à faire l’expérience d’un détachement de certains éléments constitutifs de sa nature inférieure, voire de celle-ci dans son ensemble. C’est une séparation entre l’ombre et la lumière. Ce à quoi il avait toujours pris l’habitude de s’identifier lui apparaît tout à coup comme étranger à sa véritable essence, lumineuse. Il prend conscience de tout ce qu’il porte encore d’impur en lui et qu’il va devoir apprendre à aimer, c’est-à-dire à intégrer en lui-même. Pour cela, il va devoir résister à la tentation de rejeter cette « ombre » qui lui apparaît avec davantage de contraste, pour au contraire l’embrasser et réaliser ainsi l’union de ses deux natures, inférieure et supérieure. Ainsi, après avoir séparé, il va devoir « rassembler ce qui est épars », cela grâce à la bienveillante neutralité. Et cette phase importante de réintégration devra aller à son terme, au risque que l’ego en sorte renforcé, comme cela est expliqué en détail dans la partie pratique [16].

Quelques citations à méditer

« Le plomb se change en or, le hasard se dissipe quand, avec Dieu, je suis changé par Dieu en Dieu. C’est le cœur qui se change en l’or le plus fin ; c’est le Christ, ou la grâce divine, qui sont la teinture. » Angelus Silesius

« L’alchimie : une permutation des formes par la lumière. » Fulcanelli

« L’hermétisme est une purification initiatique, un processus par lequel la vie retrouve sa perfection originelle, une conquête de l’or, c’est-à-dire de la lumière qui est immortalité. » Jean Biès

« Nous sommes le Divin qui s’est oublié lui-même. Notre travail, le travail, c’est de rétablir la connexion. » Satprem

« Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l’épais doucement, avec grande industrie. » Hermès Trismégiste

« L’Art (royal) doit se borner à imiter la Nature. » Dictionnaire des symboles

« Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et semé dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences ; mais, quand il a poussé, il est plus grand que les légumes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches. » Matthieu 13:31-32

Pratique

Ce qui est enthousiasmant avec le processus alchimique, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’avoir atteint le plein éveil de la conscience pour commencer à transmuter ce qui se passe en soi-même. Comment cela pourrait-il d’ailleurs être le cas puisque la réalisation de cet état d’éveil intégral dépend lui-même de ce processus ?

En réalité, ce processus se produit graduellement, et vous pouvez potentiellement à chaque instant faire de votre propre conscience un vecteur parfait de la lumière spirituelle, pour que cette dernière enclenche en vous-même la transmutation. Dans ce contexte également, la notion de perfection spirituelle se situe dans la dynamique et non dans le résultat, conformément au fait que « le but n’est pas seulement le but, mais le chemin qui y conduit », pour reprendre la célèbre formule de Lao Tseu. Ainsi, si vous avez compris et intégré la notion de bienveillante neutralité et que vous faites l’effort de vous y placer du mieux que vous le pouvez, eh bien la magie (« l’âme agit ») peut opérer, quelles que soient les circonstances auxquelles vous êtes confronté·e.

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[1] Si l’alchimie est très présente en Occident et au Moyen-Orient, on la retrouve également en Orient et en Extrême-Orient, où nous avons l’alchimie indienne et ses nombreuses affinités avec le Hatha Yoga et le tantrisme, mais aussi l’alchimie chinoise, taoïste, avec son alchimie externe, opérative (Wouei Tan) et son Alchimie interne, spirituelle (Nei Tan). Certaines méditations bouddhistes sont également alchimiques, comme la technique Vipassana, enseignée par S.N. Goenka.

[2] Voir le cours 29, chapitre « La porte des Hommes ».

[3] C’est bien l’être dans son ensemble qui devient Corps de Gloire, et non uniquement le corps physique comme on pourrait le croire au premier abord. Certains auteurs affirment même que le corps physique ne fait pas partie du Corps de Gloire et que c’est la dimension psychique qui en est le support le plus extérieur. De ce point de vue, l’immortalité que confère la réalisation du Corps de Gloire ne concernerait pas la dimension physique de l’être, le corps de chair restant « mortel » bien qu’il puisse dans certains cas bénéficier d’une longévité exceptionnelle.

[4] La Table d’Émeraude est attribuée à Hermès Trismégiste. Elle constitue la base de la philosophie hermétique, sur laquelle repose notamment les voies externes de l’alchimie, dites « opératives ». Elle renferme douze propositions ou lois, dont voici certainement les deux plus connues : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire le miracle d’une seule chose. » et « Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l’épais, doucement, avec grande industrie. »

[5] Source : https://cutt.ly/DwxXzB06

[6] Milarépa, ses méfaits, ses épreuves, son illumination, Éditions Fayard, 1971, p. 9.

[7] Souvenez-vous à ce titre de la symbolique de la 11e lame du tarot de Marseille (cours 3), particulièrement évocatrice à cet égard.

[8] Source : https://cutt.ly/5wxX0kkN

[9] Pour rappel, le diable, c’est diabolos : « celui qui se jette au travers », donc qui désunit, qui divise ou, plus justement, qui sépare.

[10] D’où la possibilité d’entrer en connexion avec lui, par la prière, le rêve ou la méditation par exemple.

[11] L’alchimie, science et mystique, Éditions De Vecchi S.A., 2016, p. 154.

[12] Dans le symbolisme propre à la franc-maçonnerie, l’étoile flamboyante est représentée par un pentagramme (étoile à cinq branche), au milieu de laquelle se trouve la lettre G, qui peut faire référence à Dieu (God) ou à la Connaissance suprême et parfaite (Gnose).

[13] Le Pèlerin chérubinique, 1656.

[14] Son acronyme devient alors V.I.T.R.I.O.L.V.M.

[15] Petit Manuel de l’Apprenti Dieu, Éditions Mosaïque, 2008, pp. 24-25.

[16] Voir les chapitres « L’œuvre au noir » et « L’œuvre au blanc ».