Le Cours du Vivant

Monographie n°5 - L'être et ses états de conscience

L’être et ses états de conscience

Théorie

Jusqu’ici, vous avez pu vous familiariser avec un certain nombre d’expressions et de concepts qu’il était nécessaire de vous apporter pour vous aider à comprendre la nature de l’être que vous êtes ainsi que ses différentes dimensions. Dans cette monographie, nous allons nous pencher plus spécifiquement sur les états de conscience que vous êtes susceptible de vivre dans l’incarnation.

Quand je parle de « l’être que vous êtes », je veux parler non seulement de la personnalité que vous incarnez ici et maintenant, celle-là même qui lit ces lignes, mais aussi de l’esprit, votre essence spirituelle véritable et primordiale, qui réfléchit sa lumière en cette personnalité et qui, par le fait même de cette réflexion, vous confère le sentiment d’exister en tant qu’être conscient.

L’être que vous êtes est donc susceptible d’être abordé et défini à partir de différents angles de vue, complémentaires, qui déterminent autant d’états de conscience au travers desquels vous pouvez faire l’expérience de cette incarnation et donc de la vie dans ses différents plans de manifestation.

Comme vous le savez désormais, l’engagement sur la voie spirituelle implique l’acquisition d’une connaissance aussi claire que possible au sujet de « soi-même », c’est-à-dire de tout ce qui détermine le fonctionnement et la nature de celui ou celle que vous êtes et qui chemine le long de cette voie spirituelle. De ce point de vue, il est aisé de comprendre que c’est en acquérant une meilleure connaissance de vous-même que vous aurez les meilleures chances de franchir les limites de l’ignorance et vaincre les illusions qui vous empêchent de réaliser votre véritable essence spirituelle – l’esprit –, avec son incarnation pleine et entière en le corps et l’âme, incarnation intégrale qui constitue l’aboutissement de cette quête, le terme du « Grand Œuvre » alchimique.

Les différents états d’être

Qu’il s’agisse de la « conscience », de l’ « être », de l’ « esprit », de l’ « ego », de l’ « âme vivante », de la « structure mentale » ou de la « nature inférieure », toutes ces expressions sont étroitement en rapport à « vous-même » tout en étant peu ou prou différentes les unes des autres en fonction justement de votre état de conscience.

À la source de qui vous êtes, il y a le « Soi impersonnel » ou l’ « Esprit universel ». Ces deux expressions peuvent être considérées comme synonymes du point de vue de l’être que vous êtes en cet instant, en laquelle cet « Absolu » occupe la position la plus centrale.

Il est votre véritable essence, spirituelle, sans lequel vous n’auriez aucunement conscience d’exister ni même aucunement conscience de quoi que ce soit d’ailleurs. La faculté même d’être conscient dépend en effet du reflet que cette « Source lumineuse » produit en la psyché, ce qui veut dire que le fait d’observer et de ressentir dépend entièrement du rayonnement de l’Esprit en la personnalité que vous incarnez en cet instant précis.

L’Esprit (notez bien la majuscule à l’initiale) est cette Source lumineuse, absolue. C’est la dimension transcendante et impersonnelle de l’être que vous êtes. Pour utiliser une métaphore, l’Esprit est à l’image du soleil, qui diffuse ses rayons lumineux, qui sont autant d’esprits ou d’êtres distincts mais non séparés, porteurs de la même essence spirituelle, lumineuse. En tant que pur esprit (notez la minuscule à l’initiale), vous êtes donc cette lumière spirituelle, qui se rayonne en l’âme et lui insuffle ainsi la vie autant que la conscience d’être.

Parler ainsi de l’esprit et de l’âme qui en reflète l’essence dans le domaine de la forme pourrait prêter à penser que vous êtes différent-e de ces différentes notions. En vérité, il n’en est rien puisqu’il s’agit simplement de différents états de manifestation de cette seule et même lumière, c’est-à-dire de vous, en tant qu’être. Autrement dit, vous êtes autant cette lumière spirituelle (l’esprit) émanée de la Source (l’Esprit) que le reflet qu’elle en produit dans le domaine psychique (l’âme), qui lui sert en quelque sorte de plan de réflexion et lui permet de s’individualiser sous la forme de la conscience individuelle, à laquelle est intrinsèquement liée l’impression mentale « je suis », la pensée « je », qui est la racine même de ce que l’on appelle communément l’ego[1].

En effet, sur le plan de l’incarnation, c’est ce reflet lumineux que la source de votre être produit en l’âme vivante (au niveau du mental très précisément), qui vous permet d’affirmer « je suis », avec cette conviction claire et nette d’exister distinctement (mais pas séparément, comme nous allons le voir plus loin) des autres êtres qui peuvent eux aussi l’affirmer de la même manière que vous. En d’autres termes, vous pouvez considérer que vous « êtes », que vous existez, en ce point précis de l’espace et du temps, uniquement parce que la lumière spirituelle produit ce point lumineux de conscience « je suis » au niveau du mental (dont le siège est localisé au centre du cerveau, près de la glande pinéale).

Ainsi, si je devais donner une définition aussi claire que possible de l’être que vous êtes, je dirais qu’il s’agit du ternaire « corps-âme-esprit » qui vous détermine et qui vous distingue des autres êtres, avec cette faculté tout à fait singulière qui est la vôtre d’être conscient-e de votre propre présence – en tant qu’ « être » très précisément – en cet instant et en ce lieu précis.

La conscience individuelle et l’ego

Dans l’hindouisme, la conscience individuelle correspond à ahankâra, mot sanskrit qui signifie littéralement « ce qui fait le je », donc ce qui crée la conviction que je suis « moi » (plutôt qu’un autre), c’est-à-dire l’ego.

L’ego est donc indissociablement lié à la conscience individuelle, en tant que reflet de l’esprit sur le miroir de l’âme, reflet qui se ressent ou s’observe sous la forme cette impression mentale « je suis ». Cependant, si la conscience individuelle est la racine de l’ego et que l’essence de celui-ci est par conséquent pure conscience d’être, pure êtreté, il se laisse « voiler » par le phénomène de l’identification à la personnalité, « voile » qui peut être plus ou moins dense en fonction de la nature des impulsions psychiques qui se manifestent au niveau du mental.

En d’autres termes, l’ego peut autant être l’état de pure êtreté qui détermine la conscience que vous avez de vous-même en tant que présence consciente, que le « faux moi » séparé résultant de l’identification à la personnalité et aux diverses caractéristiques ou « vêtements » dont elle peut se parer.

Par commodité de langage, je pars toutefois du principe que l’ego est ce faux-moi dont il faut se libérer (libération qui prend ici le sens d’un dévoilement, d’un dépouillement ou encore d’une transmutation) afin que seul puisse demeurer l’expérience consciente de l’êtreté, à laquelle sont associées les qualités ou attributs de l’Esprit que les orientaux appellent sat-chit-ananda, c’est-à-dire « être, conscience, félicité ».

Lorsque vous faites l’expérience de cet état de conscience pure en permanence, alors vous pouvez considérer que vous êtes arrivé-e au terme du Grand Œuvre alchimique ; vous êtes comme le papillon qui a pris son envol après avoir quitté sa chrysalide, symbolisant le passage de la condition limitée de l’ego (en tant que « je séparé ») à l’état de pure êtreté, la pure conscience d’être.

Sans avoir perdu cette conscience d’être ce que vous êtes, vous l’aurez simplement faite passer de l’impression de séparation à l’état d’unité avec tout ce qui est, pour faire l’expérience consciente du Royaume de Dieu à travers l’incarnation. L’ego n’aura pas été détruit, il aura été transmuté et sublimé !…

L’impression de séparation inhérente à l’ego

Si vaste que puisse être l’étendue du champ de la réalité que les sens physiques et subtils permettent à l’être de percevoir au travers la personnalité, cette étendue n’en demeure pas moins limitée, et cette limitation produit naturellement cette impression mentale de séparation à l’origine de cette illusion qu’est l’ego en tant que « je séparé ».

En effet, c’est précisément à cause de cette impression mentale de séparation induite par les limites inhérentes au champ perceptuel de l’expérience vécue dans l’incarnation, que l’être se considère faussement comme un « je séparé », perdant de ce fait de vue sa véritable essence, informelle, éternelle et purement lumineuse, en l’occultant par effet d’identification à toutes les formes d’énergie qui composent l’âme vivante, ainsi qu’au corps qui constitue l’enveloppe la plus dense et la plus extérieure de la personnalité. Cependant, il y a là une erreur de perception car en réalité, s’il y a bien une distinction entre la personnalité et tout ce que l’être perçoit hors de celle-ci, elle n’est toutefois nullement séparée du monde extérieur. C’est pourquoi, de ce point de vue, l’ego en tant que « je séparé » n’existe tout simplement pas. Il est une pure et simple illusion d’optique de la conscience.

L’impression de séparation, qui est la forme de dualité la plus marquée que puisse vivre l’être dans l’incarnation, n’est en fait fondée sur aucune réalité physique ni énergétique. Au-delà des apparences trompeuses que le mental induit dans la conscience, la séparation n’existe tout simplement pas au sein de la Création et entre les innombrables formes qui la composent. Cela, les êtres qui ont pu vivre une expérience spirituelle temporaire ou qui ont atteint l’état de Libération spirituelle de manière permanente, s’accordent tous à le dire : le monde perçu par nos sens physiques et subtils est soutenu par une trame énergétique qui en est la matrice et qui unit toutes les formes de vie entre elles. Du plus infime grain de sable à la plus vaste des galaxies, tout ce qui existe, y compris « soi-même », est traversé par un « courant de vie divine », que certains ont même osé appeler… l’Amour (avec un « A » majuscule, à très juste titre…) et qui n’est autre que l’Esprit.

Distinct mais non séparé

Nous touchons-là à un point fondamental qu’il faut impérativement essayer d’intégrer, au moins conceptuellement à défaut de pouvoir le réaliser spirituellement.

Si l’être identifié au contenu de sa structure mentale fait l’expérience de la séparation en mode « illusion », en réalité il n’est jamais séparé de ce qu’il perçoit (tout comme de tout ce qu’il ne perçoit pas d’ailleurs).

Ce qu’il perçoit lui apparaît comme étant séparé de lui-même uniquement parce qu’il n’est pas encore conscient de l’existence de cette « trame » d’amour et d’unité qui le relie à l’objet de sa contemplation, dont il ne perçoit que les aspects les plus superficiels. S’il pouvait percevoir cet objet sans avoir recours exclusivement à son mental omniprésent, la réalité de l’unité et de l’amour qui existe entre sa conscience et cet objet lui apparaîtrait comme évidente et toute impression de séparation s’évanouirait instantanément dans sa conscience sans pour autant qu’il perde de vue les différences qui continuent de distinguer ses caractéristiques propres de celles de l’objet de sa contemplation. En d’autres termes, il continuerait d’avoir conscience que cet objet est distinct de lui mais qu’il n’en est toutefois pas séparé étant donné qu’ils sont fondamentalement reliés l’un à l’autre par l’énergie d’amour.

Le fait d’être pleinement conscient de la distinction qui existe entre ce qui émane de l’être et ce qui émane de tous les phénomènes qui surviennent hors des limites de son individualité propre, lui permet de se positionner dans son environnement. Cette capacité à faire la différence entre l’intérieur et l’extérieur est tout à fait nécessaire et vitale pour l’âme vivante.

Illustrons ceci à l’aide de quelques exemples : si l’on ressentait la satiété d’un autre corps que le nôtre, sans toutefois être conscient que cette sensation de satiété ne nous appartient pas, nous n’aurions pas l’impression de manquer de nourriture et pourrions alors mourir rapidement de faim. Si nous ressentions le mal-être des personnes que nous croisons avec la même intensité qu’elles sans reconnaître qu’il vient de leur âme et non de la nôtre, nous en serions très déstabilisés. Si nous percevions la lumière du soleil comme la perçoivent les habitants à l’autre bout de la planète alors que nous sommes endormis, notre production de mélatonine s’en trouverait grandement perturbée, et notre sommeil aussi.

Ces quelques exemples permettent de réaliser à quel point notre santé psychologique et le simple fait de pouvoir fonctionner normalement en ce monde dépendent de la faculté de se percevoir distinctement de l’environnement, les autres êtres ainsi que de l’ensemble des phénomènes dont ils font eux aussi l’expérience à partir de leur propre champ de conscience. Sans cette capacité à faire cette distinction, il y aurait de quoi devenir complètement fou, cela même pour un être spirituellement éveillé qui doit lui aussi conserver cette capacité à se sentir distinct des autres et du monde extérieur pour jouir de l’état de béatitude associé à son éveil.

Ainsi, si un être éveillé et un individu lambda se sentent tous les deux distincts de leur environnement, la grande différence entre les deux est que le premier ne s’en sent nullement séparé, alors que le second oui. La conscience individuelle du premier fait l’expérience de l’unité au cœur de la diversité, avec l’état de béatitude qui en découle, alors que celle du second, identifiée à une image mentale étriquée de lui-même, fait l’expérience de la dualité, de la séparation, avec l’état de tension et de souffrance qu’elles occasionnent dans sa psyché.

Pour faire le lien avec la théorie des précédentes monographies, l’impression de séparation qui accompagne la conscience (illusoire) d’être un ego séparé, est induite par le jeu des impulsions contraires d’attraction et de répulsion à l’œuvre au niveau du mental. Ce sont elles qui induisent et renforcent cette impression de séparation, et qui doivent donc être dissoutes dans ce même mental pour que l’impression illusoire de la séparation s’étiole progressivement et que l’unité foncière inhérente à l’état de conscience édénique puisse se révéler.

C’est là le cœur du travail de purification de la conscience qui doit être entrepris par toute personne souhaitant se libérer de la souffrance et s’éveiller à sa véritable essence.

Les trois états de conscience principaux

Pour bien saisir les différents états de conscience qu’il est possible de vivre en fonction du degré de purification de la psyché, prenons en exemple trois individus rendus à des étapes différentes de leur quête spirituelle.

Le premier de nos personnages est un profane qui s’intéresse à la spiritualité mais qui n’a encore entamé aucun travail sur lui-même ; il est très névrosé, constamment sur ses gardes, en réaction permanente face à ce que la réalité lui fait vivre.

Le second est un initié ayant déjà considérablement purifié sa psyché grâce à une pratique régulière de la méditation. Il n’est certes pas en paix en permanence, mais son travail sur lui-même porte néanmoins ses fruits et il mesure tout le chemin déjà parcouru. De plus en plus souvent, il parvient à être heureux sans raison, en paix avec les circonstances telles qu’elles sont.

Étant tous les deux dotés d’une conscience individuelle et d’un corps parfaitement fonctionnel, ces deux individus perçoivent les stimuli provenant de cette situation, mais avec un regard différent et donc, ce qui revient au même, avec un état de conscience différent. Là où le premier est extrêmement perturbé et énervé, le second parvient à rester équanime en faisant l’effort de maîtriser sa propre conscience.

Si l’individu profane subit l’influence de ses conditionnements réflexes de plein fouet, dans un sentiment d’impuissance et de vulnérabilité, l’initié parvient à demeurer maître de lui-même et peut même se payer le luxe de choisir consciemment les pensées et les émotions auxquelles il souhaite s’identifier pour interagir de manière constructive dans sa réalité. Conséquemment à leurs états de conscience respectifs, le premier individu souffre, alors que le second parvient à rester serein, centré, confiant.

Imaginons maintenant que, face à cette même situation, entre en scène un troisième personnage. Il s’agit d’un être spirituellement libéré. Ayant suffisamment purifié sa conscience individuelle, il est capable de percevoir l’amour et l’unité qui imprègnent la réalité, sans perdre de vue pour autant les circonstances auxquelles il doit faire face au même titre que les deux autres personnes.

Cet état de conscience s’accompagne pour lui d’une paix profonde et de béatitude, sans qu’il ait besoin de produire le moindre effort de concentration pour s’y maintenir. Naturellement, il s’adapte avec fluidité à la situation, sachant intuitivement comment se positionner pour agir avec justesse. Même s’il ne partage pas le même état de conscience qu’eux, il se sent relié aux deux autres individus par le cœur et l’amour débordant qui en émane, tout en demeurant pleinement conscient des différences qui les caractérisent tous sur le plan de la forme.

Dans la tradition hindoue, l’état de conscience naturel de l’être éveillé est nommé Turîya ou Sahaja samâdhi. Cet état de l’être spirituellement libéré est sat-chit-ananda : « être, conscience, félicité ». Dans la tradition chrétienne, il s’agit bien évidemment de l’expérience du Royaume de Dieu. Chez les bouddhistes, c’est le Nirvâna.

Pour que vous puissiez mieux vous rendre compte de l’état de grâce qui caractérise ce niveau de conscience tout à fait exceptionnel pour le commun des mortels, voici le récit de Patrick Mel, qui a pu le vivre de manière ininterrompue pendant une très longue période. Dans cet extrait disponible sur son blog[2], il décrit son expérience de cet état de conscience dans lequel il était pleinement éveillé à la réalité, alors qu’il se trouvait dans le jardin de l’ashram où il séjournait, aux abords du Gange, en Inde.

Témoignage de l’état d’Éveil spirituel

« Le jardin est resplendissant de beauté, de perfection et en plus d’amour. Il regorge pour ainsi dire d’amour, mais d’un amour, qui envahit tout l’espace et que l’on peut même voir avec les yeux. Pour l’anti-romantique que j’étais et à qui il n’aurait surtout pas fallu parler à cette époque de romance ou aventure amoureuse, c’est à couper le souffle. Tout ce qu’elle[3] voit exprime de l’amour…, oui, de l’amour absolument pur, qui n’a aucun rapport avec une émotion ou un sentiment ! Tout est si beau et parfait que l’on pourrait en pleurer, mais elle ne pleure pas, elle contemple paisiblement ce spectacle de beauté surprenante et d’amour absolu, qui se manifeste partout et dans tout.

L’admiration devant la création remplace toute sensation. Ce n’est pas en fait un jardin secret ou inconnu qu’elle regarde, c’est la qualité intrinsèque de l’univers entier. Ce petit jardin est en quelque sorte une infime parcelle d’un hologramme gigantesque qu’elle peut enfin voir à présent. Peu importe ce qui se trouve sur Mars ou la Lune, elle appréhende soudainement la vraie qualité de l’infini et éternité de tout l’univers. […]

Cette personne ne peut que voir et ainsi comprendre instantanément ce qui est flagrant, voir ce qu’elle n’avait encore jamais vu et qui pourtant devient subitement évident. Le corps ne l’importune plus ; elle ou peut-être le corps lui-même a retrouvé la connaissance de toutes ses facultés physiques, et il disparaît pour faire place à l’expérience du monde extérieur. Maintenant, il n’y a plus de corps ou des yeux pour voir à travers ce qui se passe dehors. Il ne reste que des perceptions sensorielles et surtout des perceptions visuelles extraordinaires et plus que magnifiques. […]

L’être que j’incarnais en regardant ce spectacle de la perfection, de la beauté et de l’amour n’était par conséquent pas la personne, qui avait un corps dans le jardin qu’il admirait. Ce corps n’avait plus la moindre importance à côté de ce qui l’entourait. Il s’était pour ainsi dire volatilisé au profit de perceptions sensorielles, qui, il est important de le noter, permettaient de découvrir un monde extérieur à l’espace mental que la personne elle-même incarnait encore. Nous sommes donc toujours dans le domaine de la dualité[4] entre l’extérieur à soi et ce que l’on appelle communément l’intérieur ou mental avec bien sûr une limite pour différencier ces deux espaces, la surface des yeux en ce qui concerne les perceptions visuelles du monde environnant. […]

Comment mieux expliquer cette étrange impression ? Il semblerait que le mental ne permette pas de connaître la réalité telle qu’elle est. Il doit disparaître ou tout du moins s’absenter durant un instant pour que cette réalité divulgue ses secrets, sa beauté, sa perfection, l’expression pure de l’amour, le geste divin d’un potentiel hors d’atteinte, la danse de Shiva comme l’ont si bien décrit les hindous dans une statue magnifique. Comment mieux en effet représenter l’univers et la création dans sa totalité que par la danse d’un Dieu, qui tient dans sa main un tambourin pour marquer le rythme du temps ? Et comment mieux montrer ce que nous sommes et faisons aussi jour après jour dans une danse beaucoup moins esthétique et sublime que l’on appelle tout simplement la vie.

La vie sur terre est un mouvement, c’est tout simplement bouger avec son corps et son esprit. Qui a cessé de se mouvoir depuis sa naissance ? Qui a cessé de danser avec ses pensées dans le mental ? Mais la danse de l’ego, elle, est franchement pitoyable comparée au mouvement du temps et ce qui se manifeste dans l’espace. L’ego danse dans sa petite tête sans se rendre compte que la personne qu’il incarne vit au sein d’une danse cosmique, qui, malheureusement, ne l’intéresse pas du tout. Il est beaucoup trop subjugué par ses propres fantaisies, émotions et pensées, qui le font la plupart du temps souffrir, pour tout simplement voir qu’il se trouve au cœur du paradis, un éden de courte durée, certes, mais néanmoins parfait et éternel à chaque instant, et d’une perfection inimaginable, d’une beauté que l’on ne peut pas raisonner et comprendre, et qui est pourtant saisissable quand elle se révèle spontanément sans savoir pourquoi ni comment.

La création ne peut être que parfaite sinon l’univers n’existerait pas. Le pouvoir absolu de créer, préserver, détruire et régénérer à tout instant ne peut pas produire quelque chose d’imparfait sinon ce serait un chaos total où non seulement la vie, mais rien ne pourrait se manifester. Même un nihiliste devrait comprendre que l’univers est cette totalité absolument parfaite, qui lui permet de ne croire en rien, mais qui lui accorde néanmoins et avant tout la vie et le pouvoir de réfléchir sur ce qu’elle est, et ainsi de la juger sans intérêt.

La création est évidemment parfaite, ou alors le concept de perfection, mais aussi d’imperfection, n’auraient pas de signification. Et si c’était le cas, comment pourrait-on encore être pessimiste et désenchanté par la vie ? Le nihilisme exprime rarement autre chose que de la tristesse et des regrets, en fait l’attitude d’un être totalement désabusé, et que je connaissais bien sûr trop bien avant cette expérience. Quand rien, même le meilleur, ne peut être satisfaisant dans la vie, c’est en vérité encore pire que de ne croire en rien parce que l’on ne peut évidemment pas s’empêcher de continuer à penser et croire que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Le spleen ou dégoût de la vie n’est pas dû à des circonstances, c’est une croyance, un mode de pensée, une structure mentale et état d’esprit incroyablement pénible, qui dénature la réalité telle qu’elle est, tout ce que l’on est en train de vivre. Et ce processus mental qui dénature tout peut bien sûr avoir des conséquences extrêmement graves, il peut pousser à la mort ou dans le pire des cas, rendre complètement blasé. […]

La personne et l’être que j’étais se trouve donc en extase devant la création dans le petit jardin de roses de l’Ashram. Puis elle remarque un fait surprenant, sa tête est complètement vide. Depuis son éveil, en effet, pas une seule pensée lui a traversé l’esprit. Elle sait que ce n’est pas normal, mais comment l’exprimer si elle ne dispose plus de sa faculté d’articuler la moindre pensée dans sa propre tête si ce n’est en s’en étonnant ? Elle observe par conséquent le vide intérieur, rien d’autre que l’absence d’une vie mentale, qui ordinairement ne la quittait jamais.

Là, il n’y a pas de quoi s’extasier. Il n’y a rien, pas de pensée ni émotion, pas de sensation ni impression particulière, rien que la perception du vide, une vacuité d’une insignifiance, futilité et petitesse inimaginable, et c’est en cela qu’elle découvre ce qu’est et était vraiment le mental et l’ego. Et pourtant, ce vide n’est pas non plus l’expérience du néant. Le monde extérieur ne l’intéresse plus à présent. Son attention est captivée par ce qui se trouve à l’intérieur d’elle-même, et très vite ou plutôt instantanément, elle découvre au-delà du vide, le vide qui exprime à présent l’absence de vie mentale, son ultime pouvoir, celui de continuer à connaître sa propre existence ou disons plutôt sa propre présence consciente. Au-delà de ce vide, l’être qu’elle incarne demeure présent, et lui n’est absolument pas vide, bien au contraire, il exprime une plénitude parfaitement consciente d’elle-même, ce qui est à son plus haut degré de développement dans toute sa force et intensité.

Cette personne n’est évidemment pas morte ou une sorte de zombie, elle vit au contraire comme jamais elle n’avait pu le faire auparavant. Ce pouvoir de connaître sa propre existence dévoile aussitôt ce qu’il est, infiniment plus sublime que la perfection, la beauté et l’amour qu’elle percevait à l’extérieur d’elle-même. Il n’y a pas d’autre nom à ce pouvoir ultime que celui d’être conscient. Cela peut sembler décevant, mais celui qui en fait vraiment l’expérience n’en demandera jamais plus parce que cela n’aurait aucun sens. En effet, que pourrait-il y avoir au-delà de la faculté de connaître et par conséquent en être conscient ?

En réalisant ce qu’elle est, cette faculté si simple d’être conscient et connaître se dissout alors instantanément dans l’immensité d’une conscience inconnue et impersonnelle, une sorte d’espace gigantesque et incompréhensible, ce que l’on pourrait appeler une conscience universelle. Ce qui permettait à cette personne de connaître son corps, le monde extérieur et le vide mental n’était rien d’autre en fait que cette faculté d’être conscient, autrement dit la faculté de simplement « être », un pouvoir qui ne l’avait bien sûr jamais quittée, mais dont elle ignorait la présence et la vraie nature parce qu’il était trop… évident. »

L’unique obstacle à l’éveil et à l’émerveillement

Comme nous pouvons le comprendre assez clairement en lisant le témoignage de Patrick Mel, c’est la structure mentale qui empêche de vivre l’émerveillement que procure l’union avec la réalité, en s’interposant de manière permanente entre la vision lumineuse de l’esprit et cette même réalité, qui ne peut dès lors se révéler dans toute la perfection de l’amour dont parle l’auteur.

Ces divines caractéristiques de la réalité sont bien évidemment toujours présentes et la possibilité de s’en émerveiller, également. Ce n’est que parce que la structure mentale se superpose à l’attention pure de l’être, que le « filtre » qu’elle constitue l’empêche de « goûter » à la félicité inhérente à l’expérience directe de la réalité.

La réalité perçue au travers de la structure mentale ne porte plus vraiment bien son nom puisqu’elle s’apparente alors davantage à une illusion. Au sein de la psyché, l’influence de la structure mentale est en revanche bien réelle. Cela, nous ne pouvons le nier puisque notre identification à certaines pensées et à certains comportements peut être constatée, de même que les sensations que cette identification produit dans le corps. Par exemple, lorsque nous sommes en proie à l’inertie ou que nous sommes comme hypnotisés par des pensées obsessionnelles, nous ressentons bien l’état d’être particulier dans lequel nous nous trouvons : nous nous sentons plombés, stressés, crispés, anxieux, impuissants ou peut-être excités. Sous l’influence de l’identification à la structure mentale, nous vivons un état d’être bien réel, mais elle déforme notre perception de la réalité en la teintant, en la voilant, la rendant de ce fait illusoire.

De même, lorsque nous sommes à bout de nerfs et que nous devenons agressifs, nous sentons cet état de tension désagréable et cet énervement qui monte en nous. Lorsque nous sommes pris à défaut ou démasqués, nous sentons le sentiment de honte et l’impression de « flou » que cela produit en nous. Tous ces états d’être n’ont rien d’irréel ; les sensations que nous ressentons ne sont pas imaginaires, mais le résultat de processus chimiques produits par notre corps. En revanche, la cause de cette réaction psychique est fondée sur une pure illusion, car il n’y aucune « entité » réelle et séparée en nous qu’il faille défendre et protéger sous prétexte que son identité serait mise en danger, l’ego séparé n’étant qu’une construction propre à la structure mentale qui nous dessert dans la mesure où elle ne nous permet pas, en tant qu’être, de voir la réalité dans toute sa splendeur au travers du regard lumineux de l’esprit.

Dans l’absolu, la réalité est parfaite telle qu’elle est et il n’y a rien à y changer, pas même un seul atome. Cela, nous pouvons le réaliser lorsque la structure mentale s’efface temporairement où lorsqu’elle a pu être suffisamment purifiée par un long travail d’ascèse. Nous voyons alors cette énergie divine, cet amour, à l’œuvre partout, en toute chose, pour en maintenir l’équilibre et la cohésion, de manière absolument parfaite.

Nous percevons ce mouvement de la vie dans la conscience que nous n’en sommes absolument pas séparés mais pleinement partie prenante, en phase avec cette dynamique cosmique, universelle. En réalité, nous réalisons que nous sommes également cette énergie divine, cette énergie cosmique. En tant que la lumière de l’Esprit, nous sommes en unité avec tout ce que nous voyons et ressentons, et tout ce que nous voyons et ressentons EST l’énergie divine en mouvement.

C’est la réalisation de cette vérité fondamentale, soit la conscience de la danse permanente entre l’Esprit et la Matière, qui confère à l’être cet émerveillement et cette béatitude sans qu’il ne puisse plus être altéré par l’évaluation de la nature des événements et des circonstances d’un point de vue mental.

Autrement dit, si sur le plan relatif et superficiel une situation pourra toujours être jugée à partir de la connaissance du bien et du mal, en l’isolant du Tout, sur le plan absolu et profond, la perfection inhérente à l’énergie d’amour qui contribue à l’harmoniser, sera toujours reconnue et considérée comme la seule réalité à prendre en compte.

Si l’on comprend que cette énergie œuvre sans relâche à maintenir l’univers dans un état d’équilibre, d’unité et d’harmonie parfait, on comprend également que le meilleur moyen de contribuer à cette dynamique est surtout de ne pas interférer personnellement en agissant ou plutôt en réagissant à partir de l’état d’identification à la structure mentale, sous l’influence des impulsions contraires actives pour défendre les intérêts strictement personnels de l’ego séparé.

L’ego, en tant que l’entité illusoire que l’on croit être à tort et qui se sent séparée de tout ce qui se situe hors des limites des sens associés à l’individualité, est le « grain de sable » dans la dynamique bien huilée de l’univers, entretenue par amour et compassion envers tout le vivant. C’est lui ou plus justement dit la structure mentale qui lui confère son illusoire existence, qui doit être purgée de sa substance pour que le mouvement d’énergie qui anime l’être ne soit plus dévié par l’ego pour causer déséquilibres et chaos, mais que l’être demeure pleinement en phase avec l’Ordre naturel des choses, lui permettant ainsi de participer à la danse cosmique comme à la perfection et à la grâce qui l’accompagnent.  

Quelques citations à méditer

« La sagesse commence dans l’émerveillement. » Socrate

 « Ne cherchez pas d’emblée, même si la fibre métaphysique est vibrante en vous, ce qui transcende l’ego. Pour accéder à l’infini, partez du début. » Arnaud Desjardins

 « On est tous Ego. » Serge Uzzan

« Dans l’illusion individuelle, je suis comme séparé de moi-même, et le “moi” créé n’est qu’un voile qui me cache à “Moi-même” qui suis incréé. » Frithjof Schuon

 « L’ego est un je d’enfant. » Denys Lessard

 « L’extension logique de l’ego, c’est Dieu. » Jim Morrison

« Même le diable fut un ange au commencement. » Proverbe anglais 

Pratique

Dans les parties pratiques des quatre premières monographies, je vous ai proposé des exercices pour renforcer votre capacité de concentration et pour intégrer ce juste positionnement intérieur qu’est l’esprit d’unité, cette présence aimante et bienveillante qui accueille inconditionnellement la réalité du vivant, qu’il s’agisse des vibrations superficielles de la structure mentale ou celles, plus profondes, de l’âme vivante.

Vous détenez désormais les connaissances pour vous y entraîner non seulement lorsque vous vous adonnez à la pratique des quatre premiers exercices, mais aussi et surtout dans votre vie de tous les jours.

Lorsque vous faites l’effort de vous placer dans ce juste positionnement intérieur, vous alimentez la dynamique de la perfection spirituelle. Cette simple pratique spirituelle peut à elle seule élever votre état de conscience à un haut niveau vibratoire et, en conséquence, changer radicalement le rapport que vous entretenez avec votre réalité, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de vous, et donc aussi changer l’image que vous avez de vous-même et des autres.

Dans cette dynamique-là, la vie elle-même est votre atelier d’évolution et d’une certaine manière, votre Maître, en cela qu’elle vous offre chaque jour son lot de situations, de rencontres, de circonstances, avec lesquelles vos ombres vont entrer en résonance, déclenchant les réflexes conditionnés de votre structure mentale, vous donnant ainsi l’opportunité d’en prendre conscience et d’en réaliser la transmutation grâce à la force agissante de l’amour inconditionnel de votre présence consciente.

Toutefois, comme je l’ai déjà souligné, si cette pratique est d’une simplicité enfantine, elle s’avère difficile à vivre concrètement à cause de cette tendance à la dispersion propre à la conscience qui se laisse dévier, déporter, chuter, avec une facilité déconcertante dans l’identification à la structure mentale, renforçant alors bien malgré vous ce dont vous aimeriez vous voir libre. Comme nous l’avons vu, il faut être vigilant, déterminé et persévérant sur ce long chemin pour récolter les bénéfices de ce travail laborieux mais ô combien gratifiant, noble et sacré. 

Le langage du symbole

À l’aide du symbolisme de certaines images mentales, il est possible d’effectuer un travail de purification et d’ensemencement positif de votre subconscient. L’avantage de ce travail qui peut être effectué en parallèle à celui que vous effectuez déjà en vous plaçant dans le juste positionnement intérieur (la bienveillante neutralité, ou équanimité), est qu’il peut être réalisé sans qu’il soit nécessaire d’attendre que la vie vous expose à des stimuli qui déclenchent la levée de bouclier de votre structure mentale.

En d’autres monographies, je vous proposerai des exercices grâce auxquels un tel travail pourra s’effectuer sur votre subconscient. Nous utiliserons pour cela un langage duquel votre structure mentale ignore tout, le langage du… symbole.

Il est intéressant de relever que le diable, assimilé aux impulsions contraires à l’œuvre dans la structure mentale, est l’antonyme du mot « symbole ». Le diable est « celui qui se jette en travers », qui désunit, sépare, disperse, ce qui est précisément l’effet produit par ce « voile d’illusions » qu’est la structure mentale, comme nous l’avons vu.

À l’inverse, le mot « symbole », qui tire son origine du grec ancien symbolein, exprime l’idée d’une « réunion » (de ce qui avait été séparé). Malgré sa bonne intention de défense et de protection, la structure mentale, diabolique, sépare la lumière spirituelle (l’esprit) et l’âme vivante, et empêche par conséquent la guérison. Le symbole, quant à lui, réalise l’opération inverse : il réunit ce que le diable a désuni.

Comme le diable est le principe même de la division, il ne peut en aucun cas unir, cela tombe sous le sens. Il ne sait tout simplement pas comment faire, car il ne parle pas le même langage. Grâce au symbole, il est donc possible de réunir ce que le diable a toujours maintenu divisé et donc guérir ce qui était blessé à cause de cette division.

Prenons l’exemple d’une blessure de l’âme quelconque pour faire comprendre ceci. Du point de vue du diable, cette ombre est quelque chose de mauvais, indigne d’être aimée. Il s’agit bien sûr d’une croyance fallacieuse, d’un mensonge, d’une illusion. D’un point de vue symbolique cette fois, admettons que cette même ombre se présente sous la forme d’un… boulet. Sous cette forme-là, elle représente symboliquement quelque chose qui nous empêche d’avancer ou qui nous pèse. Ce symbole peut être appréhendé par la conscience, alors qu’à partir de l’identification à la structure mentale, tout serait entrepris pour ne pas regarder l’ombre en face, pour y tourner le dos ou l’occulter par toutes sortes de subterfuges.

Grâce au langage du symbole, l’être peut voir l’ombre sans le filtre mental qui la juge et la rejette. Je pourrais dire que ce symbole fait le lien entre la blessure de l’âme et l’esprit, et qu’il permet donc la réunion des principes complémentaires. Je pourrais dire également qu’il y a une analogie entre ce symbole et la blessure de l’âme, et c’est là que cela devient très intéressant d’un point de vue thérapeutique. En effet, une fois ce symbole défini (le plus souvent intuitivement), il est alors également possible de transférer la charge énergétique de la blessure psychique dans ce symbole, afin de travailler sur elle à partir de celui-ci. Puisqu’il y a analogie, travailler sur le symbole revient à travailler sur la blessure de l’âme, mais de manière neutre, c’est-à-dire sans l’interférence des croyances irrationnelles. Dans notre exemple, le boulet peut alors être dissout ou transformé en fines particules volatiles, par la seule volonté de l’être. Symboliquement, la blessure de l’âme aura été transmutée, et comme le symbole est le langage de l’âme, cette transmutation sera on ne peut plus réelle sur le plan vibratoire, énergétique. Lorsqu’une telle transmutation a lieu, on le ressent d’ailleurs sous la forme d’un dégagement d’énergie, d’un déblocage, d’une ouverture ou d’un allègement.

En plus du travail de guérison des blessures de l’âme, le langage du symbole peut être utilisé pour ensemencer positivement le subconscient et créer ainsi les plus belles réalités que vous voulez vraiment vivre. Ce n’est pas tout de purifier et purger le subconscient des ombres qui y sont maintenues bloquées, encore faut-il ensuite y déposer les graines de vos plus belles pensées, de vos rêves les plus grandioses.

La nuit, lorsque vous rêvez, votre subconscient communique par le biais des symboles (on parle de la symbolique des rêves), et vous ne savez pas que le rêve est irréel. Vous y croyez, comme si votre rêve était tout à fait réel. Eh bien, vous pouvez faire exactement la même chose, à la seule différence que vous choisissez de créer votre rêve (éveillé, pour le coup) en y incluant les symboles qui représentent la vie que vous voulez vraiment vivre.

Prenons un exemple en imaginant que vous vous soyez libéré-e de la peur de parler en public après avoir transmuté la mémoire qui était bloquée dans votre subconscient et qui vous empêchait jusque-là de vous épanouir dans ce contexte. Ce n’est pas pour autant que vous êtes devenu-e du jour au lendemain un excellent orateur doté d’un charisme extraordinaire, n’est-ce pas ? Mais si c’est ce que vous voulez vraiment devenir, parce que cette seule idée vous comble de joie, alors vous allez pouvoir le devenir, en créant premièrement cette réalité à l’intérieur de vous-même, dans votre propre conscience, en vous imaginant la vivre comme si vous y étiez vraiment, en « faisant comme si » c’était tout à fait réel ici et maintenant.

En vous laissant ainsi rêver librement, sans névrose puisque la peur aura été libérée, vous allez ressentir de la joie, de l’enthousiasme, et ces sentiments associés à votre visualisation, constitueront les symboles de ce que vous voulez devenir.

Comme votre subconscient ne fait pas la différence entre rêverie et réalité, et qu’il ne connaît que le présent, c’est ce que vous serez réellement dans cette dimension-là. Votre réalité future pourra ainsi se mettre au diapason de la réalité inscrite dans votre subconscient. À partir de là, vous pourrez constater l’apparition de synchronicités dans votre vie, qui vous donneront l’impression que tout l’univers « conspire » pour que vous puissiez réaliser concrètement votre rêve, sans que vous ayez à vous soucier du « comment » est-ce que les choses doivent-elles se mettre en place. Il vous suffira alors de saisir les opportunités qui se présenteront à vous, comme autant de portes qui s’ouvriront et par lesquels il vous suffira de passer.

Soyez à l’écoute de votre ressenti et appréciez l’enthousiasme et l’émerveillement qui découleront de ces synchronicités, ces sentiments étant précisément leur témoin privilégié. Vous pourrez ainsi vous laissez porter par le mouvement de la vie, dans la confiance que tout se mettra en place, comme par magie, une « magie sacrée » en l’occurrence.

Les possibilités sont indéfinies, et votre capacité de créer la vie à laquelle vous aspirez en votre cœur, n’aura pour seules limites que celles que vous impose votre imagination. Nous nous pencherons plus en détail sur les grands principes de la loi d’attraction et sur l’usage du symbole à des fins de guérison, respectivement dans les monographies n°36 et 45. Pour le moment, je vais vous parler de l’état alpha, dans lequel il est nécessaire que vous vous placiez pour ouvrir efficacement la porte de votre subconscient et le rendre ainsi perméable, réceptif, au langage du symbole.

L’état alpha

La structure mentale étant intimement liée à l’activité du mental, forcément, moins vous pensez, plus vous devenez réceptif-ve au langage du symbole. Autrement dit, plus vous pénétrez profondément dans l’état alpha, plus le travail avec les symboles devient efficace. Au niveau alpha le plus profond, je pourrais dire que vous n’êtes plus sur la « même longueur d’onde » que votre structure mentale et que celle-ci ne peut donc plus vous influencer négativement, ou du moins beaucoup moins facilement.

L’état alpha se situe entre l’état de veille habituel et celui du sommeil léger, c’est-à-dire entre l’état bêta et l’état thêta. La différence entre ces trois états peut être observée à l’aide d’un électroencéphalogramme. Lorsque vous êtes intellectuellement actif-ve, comme par exemple lorsque vous apprenez, étudiez, réfléchissez, analysez un problème, que vous êtes exposé-e à de nombreux stimuli en même temps, ou que vous êtes identifié-e à la structure mentale et que vous vous « prenez la tête », vos ondes cérébrales s’inscrivent dans un rythme de 13 à 40 cycles par seconde (état bêta), alors que lorsque vous entrez dans le sommeil léger, vous passez à un rythme de 4 à 7 cycles par seconde (état thêta).

L’état alpha se situe entre les deux, soit entre 7 et 13 cycles par seconde. Il se caractérise par un fonctionnement équilibré des deux hémisphères cérébraux ainsi que par un état général de bien-être et de calme. Il est très simple d’entrer dans l’état alpha puisqu’il suffit de réduire l’activité du mental en concentrant votre attention et donc en évitant la dispersion. C’est ce qui se produit lorsque vous êtes pleinement présent-e à ce que vous faites, quelle que soit l’activité en question (peinture, cuisine, sport, etc.) ou lorsque vous pratiquez des exercices de relaxation ou de méditation.

C’est au niveau le plus bas de l’état alpha, situé juste avant l’entrée dans le sommeil léger (état thêta), que votre subconscient s’ouvre de manière optimale et devient très réceptif aux symboles. Notons que cette ouverture laisse passer les symboles dans les deux sens : autant le subconscient devient sensible aux images créées par le conscient, autant il laisse remonter ses propres symboles sous la forme d’intuitions, de « flashs ».

Exercice : entraînement état alpha

L’ouverture optimale du subconscient étant tributaire de l’état alpha le plus profond, je vous propose un exercice pour vous entraîner à vous y établir de façon sûre et efficace. Pour cela, j’ai utilisé les techniques de sophrologie reconnues pour leur efficacité, ainsi qu’une astuce moins connue qui gagnerait pourtant à l’être : le relâchement de l’appareil phonateur (langue, lèvres, mâchoires, le fond de la gorge, etc.).

L’appareil phonateur étant en lien direct avec l’activité du mental, en interrompre les micromouvements par le relâchement conscient produit le ralentissement des pensées, donc l’entrée dans l’état alpha avec plus d’efficacité encore que le relâchement des autres groupes musculaires du corps.

J’ai également ajouté à cet exercice des inductions qui vous aideront à intégrer la mémoire de cet état alpha en vous, afin que vous puissiez le retrouver plus facilement durant vos journées.

REMARQUE : pratiquez si possible cet exercice avec régularité sur plusieurs jours d’affilée. En vous exerçant ainsi à entrer régulièrement dans l’état alpha le plus profond, il vous faudra toujours moins de temps pour vous y placer. Cet entraînement est recommandé car, pour les prochains exercices, la phase d’entrée dans l’état alpha sera beaucoup plus courte, et si vous ne vous êtes pas entraîné-e préalablement à y entrer rapidement, vous ne pourrez pas profiter de leurs bienfaits, ceux-ci étant tributaires de la réceptivité optimale du subconscient.

Exercice audio

Arch

Durée : 18’32 / Taille du fichier : 18.4 Mo

[1] Pour plus de détails sur les différences entre Esprit, esprit, être, ego et conscience individuelle, référez-vous à cette annexe.

[2] Source : https://sites.google.com/site/advaitaminima

[3]  L’auteur utilise ici le pronom « elle » pour parler de la personne qui a fait l’expérience de l’état d’Éveil, c’est-à-dire lui-même.

[4] « Dualité », non pas au sens d’une séparation, mais d’une distinction entre l’intérieur et l’extérieur.

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Dernière mise à jour : 07.11.2023