Le Cours du Vivant

Cours n°35 - Communication consciente
Communication consciente
Théorie
La communication fait partie intégrante de la spiritualité, et quand je parle de communication, je veux non seulement parler des échanges verbaux et non-verbaux entre les êtres, mais aussi du rapport intérieur que chacun d’entre nous entretient avec « soi-même ».
Cette « communication interne » est même fondamentale, puisque c’est la capacité d’être en empathie avec soi-même – c’est-à-dire de reconnaître les besoins de l’âme ainsi que les sentiments qui les révèlent – qui rend possible une communication authentique et harmonieuse avec les autres. Cela exige bien sûr une excellente connaissance de soi-même, ce qui n’est que rarement le cas de l’homme moderne à qui l’on n’a jamais appris à être au clair sur ce qu’il ressent et sur la nature des besoins de l’âme dont la satisfaction ou l’insatisfaction sont à l’origine de ses sentiments.
Communiquer de manière authentique et non-violente est donc un art qui s’apprend, et qui s’inscrit totalement dans toute démarche spirituelle visant à l’épanouissement spirituel de l’âme. En effet, en cela qu’elle permet de reconnaître les besoins de l’âme et de les exprimer, la communication sert l’éveil de l’âme, ce qui est l’essence même de toute spiritualité.
Qu’est-ce que la spiritualité ?
La spiritualité est une dynamique intérieure particulière, grâce à laquelle nous parvenons à trouver le juste positionnement intérieur, celui qui nous aligne sur la lumière spirituelle, celle du pur Esprit, afin que nous fassions ce qui est juste et utile à l’épanouissement de l’âme, sachant que ce n’est qu’à travers cet épanouissement qu’elle pourra offrir, en ce monde, ses plus beaux fruits, c’est-à-dire les vertus et qualités de l’Esprit.
Pour vivre une spiritualité authentique, cela implique que les efforts justes qui alimentent cette dynamique, soient accomplis de manière désintéressée et détachée du résultat, pour la seule satisfaction de faire ce qui est juste, utile, à l’épanouissement de l’âme.
Cette dynamique dans l’effort juste, qui est le sens de la spiritualité authentique, est synonyme d’amour inconditionnel. L’amour, non pas seulement en tant que sentiment, mais aussi en tant que pensées, paroles ou actes qui élèvent l’âme et rendent possible la réalisation de son potentiel. C’est l’amour véritable, en tant que force d’unification, d’évolution, de croissance, de guérison et d’harmonisation.
La spiritualité, c’est œuvrer non pas pour servir les intérêts de notre ego, mais ceux de l’Esprit en soi. En cela, vivre une spiritualité authentique, c’est vivre en étant aligné sur la Volonté divine, car ce que Dieu veut, c’est l’éveil de l’âme, c’est-à-dire le déploiement des potentialités qu’il a placées en elle, et qui doivent être développées pour que l’on puisse vivre un monde où règnent l’harmonie, l’équilibre, la fraternité, où chacun vit sa passion, sa vocation, en étant libre et heureux de contribuer ainsi au Bien commun.
Si on se penche sur le mot « spiritualité », on apprend qu’il vient du latin spiritus, l’esprit. Être spirituel se joue donc au niveau de l’esprit. Pour expliquer cela, servons-nous de la métaphore de la plante et de son tuteur. Ce que la plante va devenir est d’abord contenu dans la graine. Cette graine est à l’image de notre âme avant le développement de ses élans de vie, qui sont nos aspirations profondes, nos rêves, nos valeurs, notre mission de vie, notre passion, notre vocation, nos talents et nos dons innés, en bref, le sens de notre vie et notre raison d’être. Tout ceci est contenu dans la graine, et ce potentiel est propre à chaque âme.
Par rapport à la graine, l’esprit, spiritus, c’est le tuteur, qui va l’aider à croître et à développer son potentiel, conformément à sa nature. En tant qu’esprit, nous sommes comme le tueur, qui va aider l’âme à vivre ses élans de vie et à s’élever ainsi verticalement, harmonieusement, conformément à sa nature. C’est ainsi qu’en adoptant des modes d’action ou de pensées (on parlera plus loin de « stratégies ») utiles au développement de notre âme, nous pouvons aider au développement de celle des autres. C’est ainsi que s’instaurent l’harmonie, la cohésion, la fraternité, l’unité dans un monde où chacun se sent à sa place, servant le Bien commun au travers de sa propre réalisation.
Tel est le sens de la spiritualité authentiquement vécue…
Les besoins de l’âme vivante
Au regard de cette définition, la spiritualité est donc la dynamique, ou la démarche, qui favorise l’épanouissement de l’âme. Or, l’âme ne peut s’épanouir qu’au travers du libre écoulement de ses élans de vie, auxquels sont associés des besoins qui doivent donc être reconnus et satisfaits pour que cet épanouissement puisse avoir lieu, à l’image de la graine qui, pour actualiser son potentiel jusqu’à son épanouissement en tant que fleur, doit recevoir les éléments essentiels qui l’aideront à s’élever ainsi jusqu’à la pleine et entière réalisation de sa nature. Nous pouvons donc en conclure que la spiritualité est la dynamique qui vise à reconnaître autant qu’à satisfaire les besoins vitaux de l’âme (à ne pas confondre avec les désirs de l’ego bien entendu).
La communication est une composante à part entière de la dynamique spirituelle, dans la mesure où elle nous aide à reconnaître les besoins vitaux de notre âme, et à la faire connaître aux autres, afin qu’en retour ils puissent déterminer s’ils sont capables ou non de nous aider à les satisfaire en vue de notre épanouissement.
La reconnaissance des besoins de notre âme est donc nécessaire à l’instauration d’un mode de communication « spirituel » avec les autres. Le père fondateur de la « communication non-violente », Marshall Rosenberg, a beaucoup insisté de son vivant sur le fait que les besoins sont à la base de sa méthode. Pour lui, « les besoins sont la manifestation de la vie » et il les considérait comme autant de cadeaux « beaux et précieux [1] » grâce auxquels nous pouvons reconnaître ce qui est « vivant » en chacun de nous et contribuer, grâce à leur satisfaction, à rendre notre vie et celle des autres plus belle.
Les travaux de cet auteur ont permis de déterminer les caractéristiques principales des besoins vitaux de l’âme, dont la reconnaissance et la satisfaction, rappelons-le, sont une condition sine qua non au déploiement de ses élans de vie, donc à son épanouissement :
- les besoins sont universels, c’est-à-dire communs [2] à toutes les âmes, indépendamment de la culture des individus, de leur couleur de peau, de leurs conditions sociales, etc. ;
- ils sont semblables à des impulsions qui nous incitent à entreprendre des actions grâce auxquelles les élans de vie de l’âme pourront se déployer et lui permettre ainsi de s’épanouir ;
- ils sont indépendants de tout contexte, ce qui signifie qu’ils ne sont aucunement liés à une personne en particulier, à un objet, à une action ou à une situation particulière ;
- il existe un nombre indéfini de manière de les satisfaire, et ce qui est mis en œuvre pour cela constitue une « stratégie », à ne jamais confondre avec le besoin en tant que tel [3];
- la nature du besoin est énergétique. On ne peut pas le considérer comme quelque chose que l’on peut faire, ni quelque chose que l’on peut prendre ou toucher, contrairement aux stratégies qui permettent de le satisfaire.
Voici une liste exhaustive des besoins universels de l’âme humaine :
Cette liste peut être consultée et téléchargée à partir du site Internet suivant : https://spiralis.ca/ressources/sentiments-et-besoins/
À chaque besoin sont indissociablement liées les impulsions d’attraction et de répulsion, dont le déclenchement se traduit par des émotions permettant à l’être de déterminer le degré de satisfaction ou d’insatisfaction de chaque besoin.
Pour faire le lien avec le précédent cours, je dirais que les besoins vitaux de l’âme sont intimement liés à l’amour magnétique, ce qui explique pourquoi nous sommes magnétiquement attirés par ce dont nous pensons avoir besoin pour vivre l’épanouissement de notre âme, et qu’à l’inverse, nous rejetons ce qui empêche cet épanouissement.
En d’autres termes, nous ressentons du désir pour tout ce qui est utile à notre épanouissement en tant qu’âme, et nous ressentons de l’aversion pour tout ce qui est susceptible de l’entraver. Aussi, selon le degré de satisfaction ou d’insatisfaction d’un besoin vital, la même chose ou le même objet peut susciter de l’attraction ou de la répulsion. Cela signifie que dans cette dimension « horizontale » de l’amour, magnétique, nous n’aimons pas tant les choses pour ce qu’elles sont intrinsèquement, mais pour la satisfaction des besoins dont nous les croyons capables.
Ce fonctionnement est naturel et inhérent au vivant. Les élans de vie de l’âme doivent être considérés et honorés en satisfaisant autant que possible les besoins qui favorisent leur déploiement, et la démarche est spirituelle lorsque l’être se positionne de manière juste en choisissant les « stratégies » qui permettront de satisfaire réellement ces besoins.
En revanche, l’influence des impulsions d’attraction et de répulsion devient source de chaos et de dégénérescence pour l’âme lorsqu’elles sont mises au service de l’ego qui passe par des stratégies destinées à échapper à la souffrance que l’âme ressent à l’endroit de ses blessures, c’est-à-dire de ses élans de vie brimés, réprimés. Dans ce cas de figure, l’être n’est plus impliqué dans la dynamique spirituelle, puisque les stratégies qu’il adopte ne sont plus utiles à la satisfaction des besoins vitaux de l’âme et donc à son épanouissement, mais servent exclusivement les intérêts de l’ego. On parle alors de stratégies « compensatoires ».
Comme je l’ai expliqué dans les premiers cours, les stratégies compensatoires ont été mises en place pour protéger les blessures de l’âme, qui sont apparues lorsque les élans de vie ont été brimés, jugés, d’abord par le monde extérieur, puis ensuite par la structure mentale elle-même, leur associant des croyances erronées, irrationnelles.
Ces croyances irrationnelles font que la personne ne parvient pas à satisfaire le besoin qui permettrait à l’élan de vie de se déployer, car elle ne s’en sent pas digne. L’âme n’étant pas honorée par l’esprit dans son aspiration de développement, elle souffre (elle vit un manque). La stratégie compensatoire, est destinée à échapper à cette souffrance, et non à satisfaire le besoin associé à l’élan de vie brimé.
Il existe un très grand nombre de stratégies compensatoires, parmi lesquelles on retrouve les mécanismes de défense et d’évitement (par exemple : névroses, procrastination, dépendances, etc.).
En-deçà de ces stratégies compensatoires destinées à les occulter, les besoins vitaux associés aux élans de vie brimés de l’âme restent toutefois pleinement actifs, mais leurs impulsions sont systématiquement réprimées par la structure mentale, ce qui traduit un état de conflit intérieur générateur de stress, qui à la longue peut devenir un facteur prépondérant dans le dérèglement du système immunitaire, avec pour conséquence le déclenchement de maladies dites psychosomatiques, parmi lesquelles des maladies auto-immunes et des cancers.
Le rôle des sentiments
Les besoins vitaux de l’âme s’accompagnent d’émotions dont la nature dépend de leur degré de satisfaction. Les mots dont on se sert pour traduire les émotions s’appellent des sentiments, et être capable de les identifier est important dans la mesure où ce sont eux qui permettent immédiatement de savoir si un besoin est satisfait ou ne l’est pas.
Voici une liste des sentiments qui recouvre de manière quasi exhaustive la très large palette des émotions humaines :

Selon l’encyclopédie en ligne Wikipédia : « Un des pièges habituels dans l’interprétation des sentiments est de faire l’amalgame entre les émotions et la perception que l’on se fait de l’autre, de ses agissements et de ce qu’on imagine faire. Par exemple, si l’on dit à quelqu’un qu’on se sent ignoré par lui parce qu’il ne nous a pas dit bonjour, on ne décrit pas nos sentiments mais notre interprétation de son comportement. Nos sentiments peuvent ici être de la tristesse ou de la frustration.
De même, certaines expressions cultivent la confusion entre sentiment et jugement. Par exemple, “j’ai le sentiment que tu ne m’aimes pas” n’est pas un sentiment mais un jugement : on interprète le comportement de l’autre.
De manière générale, à chaque fois qu’intervient le mot “tu” dans une phrase (“vous”, “les autres”…), la probabilité est très forte qu’il s’agisse d’un jugement et non d’un sentiment [4]. »
Voici une liste de termes à éviter puisqu’ils expriment davantage l’interprétation du comportement de l’autre (et qu’ils le jugent indirectement) plutôt que nos propres sentiments :

Selon Marshall Rosenberg, il est également utile de « faire la distinction entre les termes décrivant ce que nous croyons que nous sommes et ceux exprimant nos sentiments. Si je dis, par exemple : “Je me sens nul comme guitariste”, j’exprime l’évaluation de mes performances de guitariste mais pas mes sentiments – qui pourraient relever de la frustration ou de la déception. De même, si je dis : “Je me sens insignifiant pour mes collègues”, j’exprime plus comment je pense qu’ils me jugent que les sentiments qui m’habitent à ce moment précis − sentiments qui pourraient ressembler à de la tristesse, de la solitude, etc. [5] »
Quelques citations à méditer
« La spiritualité est un espace dans lequel la violence est impossible. »
« Tout conflit est l’expression tragique d’un besoin insatisfait. »
« Ce qui nous apporte notre plus grande joie, c’est de nous relier à la vie en contribuant à notre propre bien-être à et celui des autres. »
« Ce sont nos besoins qui sont la cause de nos sentiments, non le comportement des autres. »
« Nous relier à ce qui est vivant en nous, c’est nous relier à notre propre énergie divine. »
Marshall Rosenberg
« La violence n’est pas notre nature, mais l’expression de la violation de notre nature ».
« Nous ne connaissons pas nos besoins, et pour cause, puisque nous n’avons pas appris à les reconnaître. »
« Le seul fait d’identifier notre besoin sans même qu’il soit satisfait apporte déjà un soulagement et un bien-être surprenant. »
« Identifier le besoin permet de sortir de la confusion qui ajoute au mal-être. »
Thomas d’Ansembourg
Pratique
Beaucoup de personnes ne parviennent pas à établir un mode de communication conscient, authentique, bienveillant et empathique, en dépit de leurs connaissances et de leurs efforts, parce qu’elles ne font pas la distinction entre les besoins vitaux de l’âme et les stratégies de l’ego cherchant à obtenir compensation, ces dernières ayant tendance à prendre toute la place et à occulter les besoins vitaux de l’âme, ce qui empêche ces personnes d’être au contact de ce qui participe véritablement à leur épanouissement, en leur cœur, et dont la reconnaissance leur permettrait de s’exprimer avec beaucoup plus de profondeur et d’authenticité face aux autres.
La violence dans la communication, les reproches, la culpabilisation, l’accusation, font aussi partie des stratégies compensatoires. On cherche à obtenir reconnaissance, valorisation, déculpabilisation, etc., pour satisfaire les besoins de l’âme. Mais on le fait en adoptant des stratégies à partir de l’ego et non à partir de l’être aligné qui fait ce qui est juste et utile à l’épanouissement de l’âme en adoptant des stratégies utiles, en passant par un mode de communication consciente avec autrui.

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Chapitres supplémentaires :
- Communiquer de manière consciente
- Développer l’auto-empathie
- L’auto-empathie, pour apaiser l’âme
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[1] Dénouer les conflits par la Communication Non-Violente, Éditions Jouvence, 2006, p. 41.
[2] Il faut toutefois préciser que certains besoins peuvent être plus marqués chez certaines âmes que chez d’autres, en fonction de ce qu’elles ont à satisfaire pour pouvoir exprimer leurs élans de vie et créer ainsi la vie à laquelle elles aspirent.
[3] Il est très fréquent que l’on confonde le besoin et la stratégie (ou le moyen) destinée à le satisfaire. Par exemple, on peut avoir besoin d’amour, mais chercher un compagnon ou une compagne pour le satisfaire (le besoin, pas le compagnon…) est une stratégie. On a besoin d’amour, et impliquer l’autre pour le satisfaire est une stratégie (pouvant être compensatoire dans certains cas, nous y reviendrons plus loin).
[4] Communication non violente. (2024, 11 avril). Dans Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Communication_non_violente
[5] La communication non-violente au quotidien, Éditions Jouvence, 2003, pp. 39-40.
- Dernière mise à jour : 25 janvier 2025
- 11:27
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