Le Cours du Vivant

Cours n°20 - Le sommeil
Le sommeil
Théorie
La qualité du sommeil dépend d’énormément de facteurs, mais parmi eux, il en est un qui est prépondérant : le stress.
Comme cela a été dit au précédent cours, le stress n’est jamais extérieur ; qu’il s’agisse d’un bon ou d’un mauvais stress, c’est toujours une réponse physiologique du corps face à certains stimuli – les facteurs de stress –, qui peuvent être exogènes (bruits, pollutions, ondes électromagnétiques, etc.) ou endogènes (pensées anxiogènes, excitation, dispersion mentale, mauvaise alimentation, hyperacidité, poisons, inflammation, privation durable de nourriture dans le cas d’un jeûne par exemple, etc.).
En ce qui concerne le rapport entre le stress et le sommeil, nous ne sommes pas tous égaux. Face à des facteurs de stress identiques, il semblerait que parmi nous, celles et ceux qui sont les plus sensibles au stress, ont plus de risque de dormir mal.
En 2002 et 2003, la réputée revue américaine Psychosomatic Medicine a publié des études [1] qui ont permis de déterminer que les personnes dont le sommeil est agité et qui souffrent également d’insomnie ne sont pas plus exposées aux facteurs de stress que les autres, mais qu’elles y sont par contre plus vulnérables en raison de leur sensibilité et de leur incapacité à évacuer ce stress et à le contrebalancer par des périodes de repos suffisantes.
Cette observation rejoint ce dont je vous faisais part précédemment, à savoir que c’est la perception des facteurs de stress qui joue un rôle déterminant dans la question du stress et par suite, dans la qualité du sommeil et celle de la qualité de vie en général, le sommeil étant un facteur capital dans l’équilibre physique et psychologique.
En d’autres termes, les personnes qui dorment mal n’ont pas nécessairement une vie plus stressante que les autres, mais elles perçoivent en revanche les stimuli stressants avec plus d’intensité (que ces stimuli soient réels ou imaginaires, exogènes ou endogènes), et ne savent pas bien gérer leur stress pour le libérer.
Perturbation du sommeil
En tout état de cause, un stress vécu intensément est d’autant plus perturbant pour l’équilibre physiologique et psychique, et par là pour le sommeil, qu’il n’est pas évacué par les gestes ou la parole, ou transmuté alchimiquement par la présence équanime à ses manifestations dans le corps.
Sous l’influence de la structure mentale, les émotions qui surviennent en réaction à ce que l’instinct de survie assimile à des facteurs de stress, sont réprimées par interdit moral. En conséquence, elles peuvent rester bloquées [2] dans le corps, pour lequel elles deviendront à leur tour autant de facteurs de stress, qui induiront un état d’esprit négatif, rendant la personne encore plus sensible, dans un cercle vicieux autodestructeur.
Dans de telles conditions, c’est comme si le système nerveux autonome était constamment en mode « lutte ou fuite », avec la production d’hormones de stress que cela implique dans l’organisme.
On comprend alors aisément que l’état d’alerte vécu au niveau inconscient puisse perturber grandement la qualité du sommeil, qui ne peut être profond et réparateur qu’en l’absence de stress, c’est-à-dire sous la dominance de la branche parasympathique du système nerveux autonome.
Il n’y a pas à chercher plus loin les causes d’un mauvais sommeil et de l’insomnie ; dans 90 % des cas, il faut regarder du côté du stress de l’organisme exposé de manière chronique à certains facteurs de stress, qui sont le plus souvent des énergies émotionnelles bloquées dans le corps, des toxines physiques qui créent une auto-intoxication et donc un stress endogène (à cause d’une mauvaise alimentation, par exemple), ainsi qu’une structure mentale « aux abois » qui rumine en continu les mêmes pensées anxiogènes (stress psychologique), continuant à « tourner en boucle » durant la nuit, au niveau subconscient.
Les études de la revue précitée ont démontré que les personnes insomniaques possédaient un taux de cortisol urinaire plus élevé le matin que la moyenne, ce qui est un signe que leur organisme continue de vivre un stress durant la nuit, alors qu’elles devraient normalement être détendues pour reposer le corps et l’âme.
En désensibilisant leur corps des facteurs de stress, en leur apprenant à gérer leurs émotions, à accueillir l’instant présent, à se relaxer, à méditer, à manger sainement, à respirer profondément et en libérant leur corps des énergies qui y sont bloquées parfois depuis des années, l’insomnie peut être guérie et ces personnes peuvent retrouver le goût de la vie [3].
En cela, les mesures détaillées [4] dans le cours précédent pour prévenir le stress chronique et sa conséquence (le burn out) aideront beaucoup à retrouver une bonne qualité de sommeil et, par là même, une meilleure qualité de vie.
Rythmes biologiques
Même si l’influence du stress sur la qualité du sommeil est prépondérante, il convient toutefois de vivre en harmonie avec les rythmes naturels du corps et de la nature.
L’horloge biologique qui régule les cycles de notre organisme au niveau hormonal n’est pas adaptée au mode de vie qui est celui de la société occidentale depuis la fin du XIXe siècle.
Avant l’invention de l’ampoule à filament par Thomas Edison, en 1879, les ménages vivaient au rythme de la nature. Les gens se couchaient à la tombée de la nuit, se réveillaient vers minuit et reprenaient des activités pendant une à deux heures, suite à quoi ils se recouchaient jusqu’à l’aube [5], cela dans la plupart des cultures préindustrielles. Leur sommeil était excellent, car leur rythme de vie était aligné sur les cycles biologiques de l’organisme.
La seconde révolution industrielle, sous l’impulsion des nouvelles sources d’énergie, a radicalement modifié les rythmes de vie de l’être humain. Les horaires de travail ont changé et l’électricité a permis de rendre les environnements de plus en plus lumineux. En conséquence, les gens ont commencé à se coucher plus tard, dormant non plus en deux phases de sommeil, mais en une seule, et se réveillant non plus avec les premières lueurs du jour, mais avec un réveille-matin (aujourd’hui la sonnerie du smartphone…).
Désormais, la nécessité de dormir n’est plus une question de santé, mais d’efficacité, dans une société où il faut performer et produire toujours davantage, en augmentant le rendement du cheptel humain. En conséquence de ce changement de rythme antinaturel, des gens en viennent à prendre de la mélatonine – l’hormone régulatrice du cycle du sommeil – en complément, alors que le corps est censé la sécréter naturellement chaque nuit, à condition que l’alternance lumière/obscurité soit celle de la nature, et non celle imposée par la lumière artificielle dont nos environnements sont saturés.
En effet, avec les ampoules qui restent allumées bien après que la nuit soit tombée, et aussi et surtout avec la lumière bleue des écrans d’ordinateurs, de tablettes et de smartphones, le cerveau est exposé jusqu’à tard à la lumière artificielle.
Cela a pour effet de faire drastiquement chuter la production de mélatonine par la glande pinéale. Or, si la quantité de mélatonine libérée dans le sang durant la nuit n’est pas suffisante, la durée et la qualité du sommeil en sont affectées, ce qui peut entraîner à plus ou moins long terme de graves déséquilibres sur les plans physiques [6] et psychologiques.
La lumière est un stimulant naturel dont l’organisme a besoin, et notamment celle du soleil qui est de la plus haute importance pour la santé physique et psychique de l’individu. Mais les Lois universelles qui gouvernent la nature sont telles que, toute phase d’activité doit être suivie d’une phase de repos, de même que le jour doit être suivi de la nuit.
La tombée de la nuit coïncide avec la sécrétion de mélatonine, et l’on devrait donc préparer l’organisme à entrer harmonieusement dans le sommeil, dans des conditions qui le rendront profond et réparateur.
Qualité et quantité de sommeil
Dormir beaucoup n’est pas le signe d’un bon sommeil. Certaines personnes peuvent dormir dix heures d’affilée et se réveiller plus fatiguées qu’elles ne l’étaient au moment de se coucher, à cause d’un sommeil très agité. A contrario, certaines personnes dorment six heures et se réveillent dans une forme olympique, dans la joie d’entamer une nouvelle journée riche en nouvelles expériences.
Se sentir en pleine forme au réveil, dans un état d’esprit enthousiaste, est d’ailleurs le signe d’un très bon sommeil. Il est dans l’Ordre naturel des choses que chaque être humain puisse se réveiller dans de telles conditions.
La sécrétion de la mélatonine est nécessaire à la régulation de nos rythmes biologiques, et bien qu’elle favorise l’endormissement, le sommeil ne doit pas forcément durer tant et aussi longtemps qu’elle est sécrétée.
Il existe des gens qui sont capables de dormir seulement deux à trois heures par nuit, sans avoir besoin de faire de sieste durant la journée, et sans accumuler de manque de sommeil.
Les maîtres spirituels ont cette faculté de dormir très peu et très profondément, et cette faculté doit nous intéresser car le temps qui nous est imparti durant chaque journée n’étant pas extensible, il est clair que si nous n’avons pas besoin de dormir beaucoup, nous disposons de davantage de temps à consacrer à l’épanouissement de notre âme, donc à notre éveil.
À ce propos, amusons-nous à faire un petit calcul. Prenons deux individus centenaires, dont l’un a dormi en moyenne huit heures par nuit, et l’autre seulement quatre heures par nuit. Nous pourrions dire que le second a pu profiter de la vie seize années de plus que le premier. Cette comparaison est suffisamment explicite pour que vous puissiez tirer vos propres conclusions sur l’importance du sommeil dans l’optique de la quête spirituelle.
Concentration et dispersion
Des facteurs génétiques peuvent bien entendu déterminer le nombre d’heures de sommeil dont un individu a besoin, mais ce n’est pas seulement ce qui explique que les maîtres spirituels aient besoin de si peu d’heures de sommeil. Ce n’est pas non plus le nombre d’heures passées en position du lotus à méditer, car certains d’entre eux sont très actifs physiquement.
Bien entendu, ils observent des règles de vie saines, en harmonie avec les Lois universelles, en adéquation avec la Volonté suprême de leur Moi profond. Ayant retrouvé la capacité d’être comme des petits enfants, ils gèrent très bien leur stress, et donc aussi leurs émotions [7], évitant toute forme de répression et de refoulement qui pourrait s’avérer nuisible pour le corps et l’âme, et perturber la qualité de leur sommeil.
Dans l’état de fluidité et de liberté d’être qui les caractérise, leur corps est détendu, et leur respiration est fluide et profonde. Mais par-dessus tout, ils savent maintenir leur degré de concentration à un très haut niveau, là où l’individu lambda est la plupart du temps dispersé, tant physiquement que mentalement. C’est cette capacité qui fait toute la différence ; quoi qu’ils fassent, ils y sont entièrement présents, dans un état de concentration optimale.
Il faut également ajouter que leur concentration est « juste », ce qui veut dire qu’ils concentrent leurs efforts sur des activités qui participent à l’épanouissement du vivant, qu’il s’agisse de leur âme ou de celles d’autres êtres vivants. En d’autres termes, ils ne se dispersent pas dans des activités qui seraient de nature à entraver cet épanouissement et qui seraient par-là inutiles, donc nuisibles.
La dispersion s’observe le plus souvent au niveau de l’activité mentale : la personne rêvasse, divague ; elle est tout sauf présente à ce qu’elle fait, ce qui a non seulement pour effet de préparer le terrain d’un mauvais sommeil, mais aussi de réduire significativement la mémorisation de ce que l’on est en train de faire.
En outre, la dispersion est aussi le fait de sauter d’une activité à l’autre, de manière névrotique, dans une tendance compulsive à stimuler le mental, cela dans le but de rester en périphérie de soi-même, pour éviter de faire face à ce qui peut être parfois désagréable (un mal-être, un vide existentiel, des pensées obsessionnelles, etc.).
La dispersion fait partie des mécanismes de défense et d’évitement mis en place par la structure mentale pour échapper à l’impérieuse nécessité de l’effort d’attention, bien souvent désagréable pour elle qui recherche le plaisir que lui procure le fait d’échapper à l’inconfort et le fait de satisfaire des désirs artificiels.
Dans la tradition hindoue, la dispersion est une tendance appelée tamas. Cette tendance concerne également l’ignorance, l’inertie, l’oisiveté, la procrastination, et la dépendance à des activités inutiles.
L’état « tamasique » engendre une dispersion et donc un désordre énergétique, qui peut aboutir à une fatigue psychique, nerveuse, et à des troubles du système nerveux. En conséquence, on est fatigué, et comme on dort très mal, on a besoin de dormir beaucoup, sans vraiment réussir à récupérer parce que les troubles nerveux perturbent le sommeil.
Le sommeil est très superficiel car le cerveau continue à fonctionner sur le mode de la dispersion alimenté durant toute la journée. De plus, il continue de recevoir quantité de stimuli de la part d’un système nerveux surchargé d’énergies électriques « chaotiques » qui envoient des informations relatives au mouvement et à l’activité.
Bien des troubles du sommeil trouvent leur cause dans cette tendance à la dispersion, et pourraient donc s’atténuer en compensant par davantage de phases de concentration dans des activités qui favorisent l’épanouissement de l’âme.
Le Dr Otoman Ha’Nish a beaucoup insisté sur l’importance de la concentration : « Faites toujours quelque chose, et que ce quelque chose ait une utilité [8] pratique ou individuelle. Lorsque vous cessez le travail manuel, cultivez votre esprit. Allez vous promener au grand air et soyez tout yeux et tout oreilles à tout ce qui peut frapper vos sens. Pesez soigneusement toutes vos observations. Ne soyez pas prompt à conclure, mais pensez et réfléchissez. Surtout ne vous laissez pas aller à critiquer et à dénigrer. Ne vous livrez pas à la controverse, quel qu’en soit le sujet, économique, politique, philosophique, scientifique, social ou religieux. Rechercher la discussion ou s’y laisser entraîner prouve un état de tourbillonnement et d’incertitude qui peut conduire à d’indicibles troubles mentaux, nerveux ou physiques. Restez centré sur vous-même, concentré, et procurez-vous de la bonne humeur et rendez-vous le cœur joyeux soit en chantant, soit en sifflant tel air qui vous plaît. Au travail, restez attentif à ce que vous faites et ne permettez pas à votre esprit d’errer de droite et de gauche, soyez concentré même dans le travail qui vous semble le plus insignifiant. Appliquez à votre travail des pensées nobles et pures, car le juste salaire en rejaillira sur vous. Même si vous êtes très occupé, reposez-vous toutes les heures un instant juste de quoi vous vider les poumons et reprendre quelques bons souffles. Cela vous sera d’un grand secours et contribuera à disposer vos organes en vue d’un meilleur rendement. Quelque impur que puisse être l’air, n’oubliez pas que, du moment où vous savez maîtriser vos fonctions organiques [9], vous pouvez convertir même l’air stagnant en source de santé. Soyez toujours actif et ne vous laissez pas aller passivement aux conditions de l’entourage [10]. »
Quelques pages plus loin, le même auteur ajoute : « Nous devons apprendre à nous maîtriser, quelque faibles que nous nous sentions. […] Si nous scions du bois, pensons à scier et restons concentrés sur notre ouvrage. Si nous faisons la cuisine, soyons à notre affaire. Si nous lisons, que tout notre intellect soit à ce que nous lisons. Ne lisons pas seulement, mais réfléchissons, lisons entre les lignes. Quel que soit notre travail et notre emploi dans la vie, il nous faut y appliquer de la concentration mentale, et nous remarquerons qu’après une journée de rude labeur, nous ne serons pas de moitié aussi fatigués que si notre esprit a été distrait ou que si nous nous sommes laissé dérouter par les conditions de notre entourage. Ne vous demandez pas ce dont vous êtes capable, mais ce qu’il y a pour vous de plus utile à faire. C’est du manque de concentration que provient cet état de négativité où l’on perd la confiance en soi-même et souffre des indicibles tourments de la maladie et du malheur, voire de la pauvreté et de l’insuccès. Nous poursuivons trop de buts à la fois et, incapables de nous concentrer sur l’un d’eux, nous les manquons tous [11]. »
La concentration a également un impact sur le rayonnement magnétique. Un ami adepte du stoïcisme m’a dit un jour qu’il pensait que les gens qui ont beaucoup de charisme sont ceux qui disposent d’une grande capacité à rester concentrés, sans se disperser.
Il a parfaitement raison ! Le charisme d’un individu est lié à son rayonnement magnétique, et celui-ci dépend notamment de sa capacité à se concentrer. L’individu qui se laisse disperser, en proie à l’inertie, disperse également son énergie vitale, et rayonne donc moins « magnétiquement ».
Phases du sommeil et rêves
Le cycle du sommeil est décomposé en quatre phases distinctes :
- l’endormissement ;
- le sommeil lent léger ;
- le sommeil lent profond ;
- le sommeil paradoxal.
La durée d’un cycle dure en moyenne 90 minutes et est majoritairement composé du sommeil lent profond, le plus récupérateur, durant lequel des rêves brefs peuvent survenir, dont on ne se souvient généralement pas.
Le sommeil paradoxal, qui est plutôt concentré en fin de nuit, est particulier dans la mesure où il présente simultanément les signes du sommeil lent profond et les signes de l’état de veille (d’où l’adjectif « paradoxal »), ces derniers étant la conséquence des rêves longs et marquants qui surviennent durant cette phase uniquement.
Dans le cadre du travail sur soi, les rêves sont utiles en cela qu’ils nous délivrent des informations sous la forme de messages, de symboles, de synchronicités, qu’il faudra parfois réussir à interpréter, ce qui peut s’avérer difficile sans l’expertise d’un professionnel.
Les rêves sont le domaine d’expression privilégié de notre inconscient et plus particulièrement de notre ombre intérieure, c’est-à-dire de l’ensemble des aspects de notre personnalité qui ont été réprimés et refoulés. Par l’intermédiaire de nos rêves, ces parts brimées de l’âme trouvent le moyen de s’exprimer. Aussi, lorsque nous parvenons à réintégrer certaines de nos parts d’ombre, notre inconscient traduit cette réunification intérieure – synonyme de guérison – par certains rêves qui, en principe, nous laissent dans un état très agréable au réveil. À ce propos, voici quelques explications intéressantes de Jean Montbourquette :
« L’ombre sensible, toute petite sous le soleil de midi, s’allonge et grandit à mesure que le jour baisse. Puis, au cours de la nuit, elle envahit toute l’espace. Il en est de même pour notre ombre psychique. Infime durant les temps de veille, elle prend d’immenses proportions pendant le sommeil où elle se faufile dans nos rêves.
Ainsi, tout ce que nous avons tenté de dissimuler pendant la journée pour “sauver la face”, les rêves nous révèlent la nuit, comme s’ils voulaient rétablir la part de vérité que nous avons occultée. D’où la surprise créée par des symboles repoussants et menaçants dont sont parfois faits nos rêves. Ils mettent au jour d’une façon brutale les matériaux refoulés : la mère aura l’allure d’une sorcière, le patron celle d’un tyran, la voisine celle d’une prostituée, etc. Le rêve éclaire crûment le fond des mensonges dont nous usons allègrement pour sauver les apparences et nous conformer aux règles de bienséance. Ainsi, on rapporte que certains moines bouddhistes, qui n’ont plus à “sauver la face” en société, ne rêvent plus. […]
Concrètement, cette conciliation est perceptible par la conscience quand surgissent en elle des symboles sacrés. Ces symboles auront commencé à se manifester dans les rêves, durant les exercices psychologiques et spirituels ainsi que durant les activités d’ordre artistique. Ce sera le signe qu’une transformation psychique profonde est amorcée. Par ailleurs, l’étymologie même du symbole – sun bolè, “mettre ensemble” – suggère cette opération d’intégration. C’est bien l’effet produit sur le psychisme par les grands symboles religieux tels que la croix, le mandala, le Tai-Chi-Chu, la Fleur d’or, la Mandorle, etc. [12] »
Quelques citations à méditer
« Les hommes dans leur sommeil travaillent fraternellement au devenir du monde. » Héraclite
« Le sommeil est la moitié de la santé. » Proverbe français
« Un peu de sommeil vous remet de bien des choses. » Bilbo le Hobbit (J.R.R. Tolkien)
« Là où loge le souci, le sommeil ne s’abat jamais. » William Shakespeare
« Le sommeil est pour l’ensemble de l’homme ce que le remontage est à la pendule. » Arthur Schopenhauer
« L’homme est le seul animal qui se couche sans avoir sommeil et se lève en ayant encore envie de dormir. » Dave Gneiser
« Comme une journée bien remplie nous donne un bon sommeil, une vie bien vécue nous mène à une mort paisible. » Léonard de Vinci
« Quand vous vous mettez au lit, c’est afin de regagner de la vitalité pour le jour suivant et vous devez écarter toute idée distractive. » Dr Otoman Ha’nish
Pratique
La préparation au sommeil a lieu durant toute la journée et, d’une manière générale, on pourrait dire que la qualité de notre nuit est en rapport à la qualité de la journée qui la précède, ce qui implique plusieurs facteurs. Comme nous l’avons vu, il convient en premier lieu de limiter l’exposition aux facteurs de stress durant la journée, tant physiques que psychologiques, et d’évacuer autant que possible le stress qu’on ne peut éviter. Deuxièmement, il faut être actif en étant bien concentré à ce que l’on fait, que l’on travaille sur l’ordinateur ou que l’on fasse une séance de relaxation bien confortablement installé dans son lit.
Il n’est rien de plus perturbant pour le sommeil que le stress et la dispersion mentale accumulés tout au long de la journée, ces deux facteurs étant l’une des principales causes de la perturbation de la respiration, qui est elle-même la cause majeure du déséquilibre du système nerveux à l’origine d’une mauvaise qualité de sommeil. Même si vous savez dans les grandes lignes ce qu’il faut faire et ne pas faire pour être capable de dormir peu et bien, je vais vous proposer quelques éléments d’information qui, je l’espère, vous aideront à vous préparer au sommeil dans les meilleures conditions.

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Chapitres supplémentaires :
- Déposer les problèmes
- Décharger le système nerveux
- Faire monter le taux de mélatonine
- Manger léger
- La position couchée
- Relaxation, méditation et respiration profonde
- Bien débuter la journée
- Exercice : pour vaincre l’insomnie
- Exercice : intercession du Double lumineux
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[1] Volume 64, issue 5 (sept.-oct. 2002) et Volume 65, issue 2 (mars-avril 2003).
[2] Il n’est pas rare qu’un choc psychotraumatique soit le déclencheur d’une période d’insomnie chronique, à cause d’un trop-plein d’énergies émotionnelles intenses bloquées, au niveau du cœur notamment. En suivant une psychothérapie pour digérer le psychotraumatisme et pour libérer le corps des énergies bloquées, la personne retrouve le sommeil. Comme toujours, lorsqu’on libère la cause, le symptôme ou la maladie disparaît.
[3] Cela dit, même sans souffrir d’insomnie, ces mesures améliorent considérablement la qualité du sommeil, et donc aussi la qualité de vie.
[4] Voir le chapitre « Limiter les facteurs de stress ».
[5] Voir à ce titre les travaux de l’historien Roger Ekirch, sur le premier et le second sommeil.
[6] La détérioration de la qualité et de la durée du sommeil peut être un facteur aggravant de maladies telles que le diabète ou le cancer, voire même leur cause dans certains cas.
[7] Certains maîtres spirituels peuvent donner l’impression de ne pas avoir d’émotions. En vérité, ils en ont car ils restent dotés d’un instinct de survie, mais ils les transmutent très rapidement dès qu’elles surviennent, grâce à leur extrême degré de vigilance, de conscience à leur réalité intérieure. C’est d’ailleurs cette faculté qui fait d’un être un maître spirituel complet : la faculté d’être maître de lui-même, en toutes circonstances…
[8] Est « utile » tout ce qui contribue à l’épanouissement de l’âme vivante, la sienne ou celles des autres. Souvenez-vous toujours que tout ce qui n’est pas utile est nuisible !
[9] Par exemple, respirer profondément avec absorption consciente du prāna.
[10] L’Art de la Respiration, Éditions Aryana, 1967, pp. 36-37.
[11] Ibid, p. 64.
[12] Jean Monbourquette, Apprivoiser son ombre, Éditions Novalis/Bayard, 2006, pp. 31-32, 79.
- Dernière mise à jour : 20 janvier 2025
- 10:28
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