Le Cours du Vivant

Monographie 9 : Le précieux corps charnel

Le précieux corps charnel

Théorie

Précédemment, je vous ai présenté l’être humain sur la base du ternaire « corps-âme-esprit ». Cette fois-ci, nous allons nous pencher plus spécifiquement sur la dimension la plus dense de l’être humain, le corps charnel, afin de voir quelle est sa place dans la quête spirituelle.

Le corps constitue en quelque sorte la fondation sans laquelle l’âme ne peut s’élever et s’épanouir. Si l’on considère les choses de ce point de vue, il est évident que cette fondation doit être saine, solide et stable pour que l’âme puisse s’éveiller et que l’être puisse ainsi servir le bien commun dans la voie qui est la sienne. Or, aujourd’hui, les illusions et les dérives de la mentalité moderne ainsi que l’esprit religieux perverti ont grandement mis à mal la dimension corporelle de l’être, en la désacralisant et en l’intoxiquant gravement avec des sources de pollutions issues notamment de l’alimentation, de l’allopathie et de l’atmosphère.

Non seulement l’homme moderne a perdu la conscience de son corps, mais il a également oublié l’absolue nécessité d’en prendre soin en adéquation avec les lois universelles. Malheureusement, lorsque le corps fait l’objet de toutes les attentions de la part de l’esprit (dont il est le « temple », selon l’expression de Saint Paul), le plus souvent ce n’est pas pour atteindre la santé, l’harmonie et l’équilibre, mais pour servir de « faire-valoir » à ce même esprit qui s’y identifie et qui compte sur lui pour obtenir une image valorisante. À cette fin, le corps est excessivement maquillé, tatoué, transformé chirurgicalement et désormais même « augmenté » par la technologie, dans le mépris le plus total de son caractère sacré.

C’est ainsi qu’on mise tout sur l’apparence du corps pour paraître beau, jeune et en forme, selon des critères établis par la société du paraître, mais ce n’est là qu’une façade bien friable, car à l’intérieur, le corps est en piteux état, fragilisé, carencé, entravé, encrassé, énervé (au sens physiologique du terme), etc.

L’important est de paraître et on oublie que la véritable beauté est celle d’un corps nourri de manière naturelle et équilibrée, au sein duquel l’énergie vitale circule librement grâce à la présence d’un esprit sain, pur, équilibré, cultivant l’art de vivre en adéquation avec les aspirations de l’âme vivante, qui peut dès lors s’épanouir à l’intérieur de ce corps et le faire vibrer sur la fréquence de l’harmonie. La véritable beauté est alors la conséquence de cette harmonie naturelle du corps en unité et en équilibre avec l’âme et l’esprit.

Mens sana in corpore sano 

Cette formule latine bien connue, généralement traduite par « un esprit sain dans un corps sain », fut écrite par le poète Juvénal au premier siècle de notre ère. Elle décrivait le lien étroit entre l’esprit et le corps, ainsi que leur influence réciproque.

Mais en vérité, l’esprit est ici confondu avec le mental et celui-ci appartient à la dimension psychique, celle de l’âme. C’est donc l’esprit identifié à l’activité mentale qu’il faut considérer dans cette formule et non l’esprit en tant que tel puisque, en tant qu’essence spirituelle, il demeure éternellement sain(t) et pur et ne peut par conséquent pas être affecté par le corps, si mal-en-point que puisse être ce dernier.

En revanche, l’esprit peut s’identifier à la structure mentale par l’intermédiaire des réactions conditionnées et c’est cette identification qui peut en quelque sorte le corrompre et empêcher l’essence spirituelle dont il est le vecteur d’infuser l’âme vivante ainsi que le corps pour y établir les conditions d’ordre, d’harmonie et d’équilibre, qui sont celles de la santé holistique.

Comme nous l’avons vu dans la monographie n°4, lorsqu’un stimulus entre en contact avec l’un des sens physiques liés au corps, un contact est établi avec le système nerveux. Suivant l’état du système nerveux, ce contact se manifeste par une sensation plus ou moins forte et plus ou moins agréable, face à laquelle l’esprit identifié à la structure mentale va réagir automatiquement, soit par le désir, soit par l’aversion. Si le fonctionnement du système nerveux est perturbé et si l’être n’est pas maître de lui-même, il y a de fortes chances pour que cette réaction psychique soit de nature névrotique.

Lorsque le système nerveux est affaibli et rendu vulnérable par l’épuisement ou l’ingestion de certaines substances devenant toxiques pour le corps par leur surabondance, comme par exemple l’alcool, les médicaments ou le sucre raffiné, les comportements névrotiques augmentent chez le sujet. Il en va de même en cas d’infection, d’intoxication alimentaire ou de trouble de la fonction digestive (dérèglement du microbiote, porosité intestinale, par exemple). De même, lorsque le terrain biologique est saturé d’énergies émotionnelles bloquées, le système nerveux en est forcément affecté.

Ainsi, étant donné que le système nerveux est indissociablement lié à l’activité du mental, il est facile d’établir une corrélation entre l’état de santé du corps et l’état de conscience. De ce point de vue, Juvénal a donc entièrement raison…

Si un esprit maître de lui-même peut rester parfaitement équanime face aux sensations et neutraliser de ce fait la tendance à réagir sous l’influence des réflexes névrotiques, un tel degré de maîtrise de soi ne se rencontre évidemment pas fréquemment chez nos semblables.

Dans l’histoire, il existe des exemples de sages qui n’étaient pas connus pour être particulièrement respectueux de leur corps de chair – je pense notamment à Saint Bernard de Clairvaux, Saint François d’Assise[1] ou Râmana Maharshi[2] – mais qui malgré cela parvenaient à garder un esprit pur, doux et paisible[3]. Ce sont là toutefois des exceptions, car la plupart des Sages se sont toujours soucier de la santé du corps et en ont enseigné les grands principes.

Assainir, juste ce qu’il faut

Chez la très grande majorité des individus, un corps malade et intoxiqué va considérablement affecter la psyché en la rendant très névrosée. Il est donc logique qu’en entreprenant des démarches destinées à assainir le corps, l’emprise de la structure mentale en soit amoindrie et que l’esprit ait d’autant plus de facilité à rester centré sur l’essentiel, à savoir l’épanouissement de l’âme dans la voie qui est la sienne.

L’individu qui estime suivre une voie spirituelle et dont le corps est une « épave laissée à l’abandon », négligée sous prétexte que la spiritualité est un domaine séparé de la matière, jugée comme un obstacle ou quelque chose d’impur, n’a donc strictement rien compris. Cet individu-là, en croyant bien faire, se fait beaucoup de mal et approfondit la dualité en lui-même, réduisant d’autant ses chances d’atteindre un jour la Libération spirituelle à laquelle il aspire.

Ceci étant dit, dans un autre extrême, je dois également mettre en garde contre les démarches hygiénistes exclusivement vouées à la purification du corps, fondées sur la croyance que cette purification permettrait à elle seule l’éveil de l’âme. Il s’agit d’une illusion, car vivre avec un corps cent pour cent pur est impossible étant donné qu’une certaine quantité de déchets et de toxines y est toujours naturellement présente à cause des processus métaboliques qui s’y déroulent en permanence.

Ceci dit, même si l’on parvenait à purifier totalement le corps pour quelques instants, l’éveil de l’âme ne se produirait pas pour autant, car cette pureté corporelle absolue ne garantirait en rien la libération des blocages d’énergie dont souffre l’âme dans d’autres de ses dimensions.

Ainsi, un individu qui miserait tout sur l’assainissement du corps sans travailler sur les autres dimensions, ne pourrait donc que se leurrer et perdre du temps. Idéalement, le corps doit être libéré autant que possible des encrassements qui ont été accumulés à cause d’une mauvaise hygiène de vie et doit être restauré dans le fonctionnement optimal de ses organes et de ses fonctions vitales par un apport adapté de souffle vital[4] et de nutriments.

En parallèle à ces démarches utiles, il est indispensable d’œuvrer à la purification du subconscient et d’entraîner la maîtrise de l’esprit par la culture du juste positionnement intérieur (celui de la pleine conscience équanime) comme nous l’avons vu dans les précédentes monographies.

Une influence réciproque

Les effets placebo et nocebo sont la preuve flagrante que le psychisme agit sur le corps. L’activité mentale et émotionnelle se reflète par exemple aussi dans la posture du corps et dans l’état de tension musculaire. Les émotions plus particulièrement influencent très fortement la constitution du sang et le rythme de la respiration. Aussi, les pensées auxquelles l’esprit s’identifie peuvent carrément modifier certaines fonctions végétatives liées au système nerveux autonome supposées échapper au contrôle mental et à la volonté, comme le rythme cardiaque par exemple. Il y a également l’influence évidente de la psyché sur le corps dans le cas des maladies dites psychosomatiques, maladies qui se manifestent en tant que conséquences, sur le plan physique, de causes situées sur le plan psychique, plus précisément dans la dimension émotionnelle (les émotions ayant un impact sur le système nerveux, lui-même intimement lié au système immunitaire).

Lorsqu’il existe un conflit entre l’âme et l’esprit, le corps l’exprime sous la forme d’un déséquilibre : la maladie. Selon la « langue des oiseaux[5] », maladie c’est « mal à dit », c’est-à-dire l’expression du « mal » (au sens du conflit, de la division) au sein de la psyché et du corps.

Lorsque l’esprit s’identifie à la structure mentale et que les pensées et les actions qui en résultent empêchent l’épanouissement de l’âme, il y a répression ou refoulement, et les énergies qui doivent normalement pouvoir se mouvoir librement dans les différentes dimensions psychiques et physique, se bloquent ou se raréfient. En conséquence, les cellules du corps ne sont plus suffisamment alimentées en énergie vitale et leur capacité à maintenir l’homéostasie est mise à mal (l’énergie vitale étant le principe ordonnateur et régulateur dont les cellules ont besoin pour fonctionner harmonieusement). C’est ainsi que le chaos et le désordre s’installent et, avec eux, la maladie, en tant que conséquence du conflit entre l’esprit et l’âme.

Si le mot « psychosomatique » traduit l’influence de la psyché (psycho, en grec) sur le corps (soma, en grec), cette influence joue également dans l’autre sens. On parle alors du lien « somatopsychique ».

Comme nous l’avons vu, lorsque le système nerveux est perturbé par des émotions bloquées et un milieu biologique enflammé ou pollué par des substances toxiques, la psyché présente une disposition plus grande à la névrose.

Aujourd’hui, il est prouvé scientifiquement que le système nerveux est également sous l’influence directe des microbiotes qui peuplent les différents organes du corps. Des expériences faites sur des souris ont démontré que celles qui disposent d’un milieu intestinal stérile, donc dépourvu de bactéries, adoptent des comportements beaucoup plus imprudents que celles qui disposent d’un microbiote naturellement diversifié, sain et équilibré.

Si, pour l’heure, les observations faites sur les souris ne peuvent être systématiquement transposées à l’être humain, elles contribuent toutefois à stimuler la curiosité des scientifiques, qui effectuent de plus en plus de recherches dans ce domaine. D’ailleurs, des spécialistes explorant cette voie ont identifié un lien de causalité probable entre le dérèglement du microbiote intestinal de l’être humain et certains troubles tels que l’autisme, l’hyperactivité, la schizophrénie et la dépression.

Il est désormais établi que la sérotonine, l’ « hormone de la sérénité », qui régule à la fois l’humeur et certains comportements, est fabriquée à hauteur de 95% par les quelques 500 millions de cellules du système nerveux entérique, lesquelles sont en interaction avec les trillions de bactéries formant le microbiote intestinal.

On peut donc conclure de tout ceci que si l’esprit influence le corps, le corps influence également l’esprit, du moins la partie de ce dernier qui est interagit avec le monde sensible par l’intermédiaire de la conscience de l’âme. D’ailleurs, l’interrelation entre le corps et l’esprit (tant au niveau conscient qu’inconscient) est si parfaite qu’il serait plus juste de parler de simultanéité que d’influence réciproque…

La métaphore de la graine et de la plante

Trouver une terre fertile est la première chose à faire si l’on veut faire pousser une graine. Ensuite, naturellement, la graine doit recevoir de l’eau et de la lumière en quantité suffisante, et bénéficier d’un tuteur pour s’élever dans les bonnes conditions. Ainsi, seulement, le potentiel de croissance que la graine renferme peut se développer harmonieusement, conformément sa nature.

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Cette graine est à l’image de la conscience de l’âme. Pour qu’elle puisse se développer et s’épanouir, il lui faut un milieu naturel fertile, soit un corps en bonne santé et aussi de l’eau et de la lumière, c’est-à-dire l’énergie vitale de l’âme et l’attention de l’esprit. Le tuteur, quant à lui, correspond à la moralité, non pas la « connaissance du bien et du mal » puisque celle-ci relève au contraire de l’amoralité, mais d’une conduite juste relative à la connaissance du Bien suprême, en adéquation avec les Lois universelles, le Dharma, connaissance ou discernement spirituel grâce auquel l’être peut cadrer les pulsions de sa nature inférieure afin de les orienter dans une direction qui favorise l’épanouissement de l’âme comme celui des autres êtres vivants, autant que possible.

Ce n’est pas le jardinier qui fait pousser la graine, mais c’est l’intelligence qu’elle contient qui la fait germer et croître, du moment où les conditions sont réunies. Le rôle du jardinier se limite à offrir un sol de qualité à la graine, un tuteur ainsi que de l’eau et de la lumière en quantité suffisante.

L’être est semblable à ce jardinier. Il doit veiller à ce que les conditions soient réunies pour que la graine (la conscience individuelle) puisse croître et exprimer ses plus belles qualités : ses fruits, son parfum, sa beauté, etc. (la créativité, l’amour, la compassion, la bienveillance, la joie, la paix, la générosité, etc.). Il faut pour cela un terrain sain, riche et stable (le corps), un tuteur (la moralité) ainsi que de l’eau (l’énergie vitale) et du soleil (la lumière spirituelle). Lorsque ces conditions sont réunies et entretenues sur la durée, la graine peut pousser de manière autonome et s’épanouir dans l’expression pleine et entière de sa nature.

Cette métaphore permet de comprendre que l’éveil ou l’épanouissement de l’âme dans ses plus belles qualités et vertus, dépend de l’esprit autant que du corps. L’éveil est une question d’équilibre et d’harmonie entre toutes les dimensions de l’être.

Quelques citations à méditer

« Spiritus sanctus, in mente sana, in corpore sano. » Michel Fromaget

« Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? » 1 Corinthiens 6:19

 « L’être humain constitue une unité psychosomatique. » Jean Benjamin Stora

« Un corps débile affaiblit l’âme. » Jean-Jacques Rousseau

« L’homme doit harmoniser l’esprit et le corps. » Hippocrate

« Nous habitons notre corps bien avant de le penser. » Albert Camus

« Ne crois pas que parce que tu es un Initié de haut rang, tu peux te passer de phosphore, de calcium et de magnésium ! » Hamsananda

 « Toute maladie est une confession par le corps. » Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz

Pratique

Le corps est un don sacré, d’une valeur inestimable, car il vous permet de vivre dans la dimension la plus dense de la Création et de faire l’expérience de l’existence sur tous les plans. Il est donc impératif d’aimer le corps, le tabernacle de l’âme, en prenant soin de lui.

L’amour inconditionnel du corps

Dans une démarche spirituelle authentique, fondée sur l’amour du vivant, il convient bien évidemment d’apprendre à aimer le corps en tant que support même de la vie, et à lui rendre grâce pour l’expérience qu’il vous permet de réaliser.

Si vous n’aimez pas le corps, c’est peut-être parce qu’il ne fait pas bon y vivre. Dans ce cas, il est peut-être nécessaire d’entamer des actions pour le rendre plus sain. Si vous ne l’aimez pas, c’est peut-être également parce que vous vous identifiez à lui et que l’image qu’il vous renvoie ne vous plaît pas. Si tel est le cas, rassurez-vous car vous n’êtes pas ce corps ; vous êtes l’essence même de l’amour et de la volonté, et il est en votre pouvoir de faire ce qui est juste et bon pour restaurer le corps et lui permettre ainsi de jouer pleinement son rôle.

Vous aimez véritablement le corps lorsque vous œuvrez à sa restauration, dans la joie de savoir que cela est utile à son équilibre et donc à son état de santé, et non pas lorsque le corps vous plaît uniquement selon des critères esthétiques. Un tel amour pour le corps ne peut être que conditionnel, car l’inexorable processus de vieillissement engendré par l’écoulement du temps ne peut que dégrader l’amour que l’on fonde exclusivement sur les apparences.

Le véritable amour qui honore et anoblit le corps est d’un tout autre ordre. « Prendre soin » est sans doute l’expression qui en traduit le mieux l’essence. Elle permet en outre de réaliser à quel point cet amour-là est éloigné du culte de l’image, ce narcissisme tant à la mode dans ce monde moderne qui nous fait perdre la conscience autant que la valeur du corps, en faisant de lui un vulgaire objet de plaisir, qu’il faut stimuler constamment et avec toujours plus d’intensité pour ne pas s’y habituer, plaisir conditionné dont on finit par devenir dépendant au point de perdre complètement de vue que le véritable bonheur se trouve ailleurs.

C’est ainsi que, par inversion des valeurs, la matière est considérée comme un but en soi, alors qu’elle n’est là que pour servir de support à l’épanouissement de l’âme et à la reconnaissance de l’essence spirituelle qui en est le tuteur.

Pourtant, celui qui consent à s’aligner sur la Volonté divine et à aimer inconditionnellement, en faisant ce qui est juste et bon pour la santé du corps et pour l’éveil de l’âme, celui-là atteint l’harmonie, et à travers elle un bonheur d’une profondeur inouïe, à côté duquel le plaisir conditionné par la stimulation des sens physiques fait bien pâle figure.

C’est parce que cette dynamique génère de l’harmonie que le bonheur est ressenti, le bonheur n’étant en fin de compte pas autre chose que l’état d’être qui découle de l’harmonie.

La condition de l’harmonie

Pour qu’il y ait du bonheur, il faut qu’il y ait de l’harmonie, et pour qu’il y ait de l’harmonie, il faut vivre selon l’Ordre naturel des choses, le Dharma, c’est-à-dire dans le respect des Lois universelles.

Vous souvenez-vous du récit mythique d’Adam et Ève ? Ils vivaient en harmonie avant la « chute », parce qu’ils étaient constamment alignés sur la Volonté divine. Ils étaient heureux, en pleine santé et en pleine possession de leurs moyens, dans leur état édénique.

La condition de l’harmonie et donc du bonheur qui en résulte, est la réalisation de l’unité entre le corps, l’âme et l’esprit. Cela implique d’être totalement présent à l’incarnation, donc au corps et aux sensations qui s’y manifestent en permanence. Or, pour ressentir, il faut penser le moins possible, juste ce qu’il faut à vrai dire. Cela implique également d’avoir une bonne tenue du corps, souple et détendue, dans la mesure où les crispations musculaires inhibent les sensations.

Lorsque nous sommes capables de ressentir les sensations dans le corps, des plus denses aux plus subtiles, alors le subconscient est ouvert et ainsi le lien est établi entre l’esprit et l’âme. Cette observation attentive permet non seulement d’éviter le refoulement et donc beaucoup de maladies psychosomatiques, mais elle nous rend également réceptifs au phénomène de l’intuition.

L’harmonie qui est source de paix et de bonheur pour l’être qui sait la créer en lui-même, exige donc également le renoncement à l’identification à la structure mentale, en se plaçant aussi souvent que possible dans l’accueil inconditionnellement équanime des sensations qui apparaissent et disparaissent dans le corps.

L’accueil des sensations implique une présence totale, vigilante, attentive, dans l’action, sans rien attendre de cette dynamique puisque l’attente relève du mental et que l’identification au mental nous empêche d’être pleinement présents. Dans cet état de présence, le voile mental qui sépare s’efface et l’harmonie apparaît conséquemment à l’alignement du corps, de l’âme et de l’esprit.

Dans cette dynamique-là, synonyme de perfection spirituelle, le résultat de l’action est secondaire, car l’harmonie ne se mesure pas en fonction du résultat obtenu, mais en termes de vibration intérieure, par le bonheur qu’elle procure, très précisément.

C’est la raison pour laquelle un être spirituellement parfait par la dynamique qui est la sienne, est toujours fondamentalement désintéressé et détaché du résultat, car il trouve son bonheur dans l’harmonie qu’il génère par sa dynamique, à l’intérieur de lui-même.

Posture corporelle et joie de vivre

En vertu de l’interrelation qui existe entre la psyché et le corps, nous pouvons agir sur ce dernier pour influencer la psyché immédiatement et sûrement. Les leviers les plus directs et les plus efficaces sont sans doute la modification de la posture et la détente musculaire.

Si les idées noires d’une personne ont tendance à entrainer son corps dans une mauvaise posture, comme un symbole de son abattement, le redresser par un effort de volonté peut enclencher une dynamique libératrice susceptible de produire des effets bénéfiques sur son état d’esprit.

En règle générale, la personne névrosée est mal dans sa peau et en plus d’avoir une mauvaise posture, son corps est tendu, rigide, crispé. Dans ce cas, la tension permanente et inutile de certains muscles témoigne du réflexe névrotique destiné à échapper aux sentiments désagréables comme l’angoisse et la culpabilité, mais aussi à un mal-être de fond sans cause apparente. La tension musculaire s’apparente donc à un mécanisme de défense mis en place pour ne plus ressentir le mal-être, puisqu’elle a pour effet d’inhiber et de refouler les états d’âme inconfortables dans le subconscient.

Au lieu d’accueillir inconditionnellement ces états d’âme, l’esprit identifié à la structure mentale les refoule par ce réflexe de crispation musculaire. Les sensations qui font souffrir l’individu étant ainsi temporairement refoulées, celui-ci éprouve un sentiment agréable en réaction au fait d’avoir échappé à son mal-être, sentiment dont il va devenir dépendant, tant et si bien qu’il rejettera et refusera à nouveau le mal-être par le même mécanisme de crispation musculaire à chaque fois qu’il se fera sentir. Avec le temps, la structure corporelle se rigidifie avec pour conséquence principale une réduction de l’amplitude respiratoire, altérant parfois gravement l’état de santé physique et psychologique. En effet, c’est ce refoulement qui est à l’origine des énergies bloquées dans le corps, et ces énergies constituent les causes psychiques de nombreuses maladies[6].

Pour commencer à lever le refoulement progressivement et se donner ainsi une chance de libérer les énergies bloquées en vue d’une guérison du corps et de l’âme, il suffit donc de redresser la posture et d’opérer un relâchement de l’ensemble des muscles qui n’ont pas besoin d’être contractés pour le maintien de la posture.

Ce retour à l’équilibre et à l’harmonie de la dimension corporelle n’est toutefois pas une « partie de plaisir », puisque cette levée du refoulement va dans un premier temps avoir pour effet de raviver la souffrance[7] de l’âme, enclenchant automatiquement, par conditionnement réflexe, le mécanisme de répression et de rejet.

C’est pourquoi, idéalement, cette rectification de la posture et ce relâchement musculaire devraient s’inscrire dans la dynamique de la recherche de l’équanimité. Dans ces conditions, la catharsis peut avoir lieu et un allègement peut s’opérer tant au niveau du corps que de la psyché.

Le redressement de la posture et la relaxation font partie des entraînements de base sur la voie de la maîtrise de soi et de l’éveil de l’âme. Lorsque le corps est bien droit, détendu, souple et fluide dans ses mouvements, l’âme l’est également dans sa dimension émotionnelle, ce qui veut dire que les émotions peuvent circuler et être vécues pleinement.

Un corps bien tenu et décontracté, c’est donc aussi la possibilité d’éprouver de la joie de vivre, sentiment qu’une personne très névrosée[8] ne ressent que très rarement, puisque les blocages et autres tensions musculaires qui sclérosent son corps en inhibent les sensations, désagréables autant qu’agréables.

Car en effet les tensions empêchent également les « bonnes » émotions d’être ressenties. Refuser la souffrance, c’est donc aussi se couper de toute possibilité d’accéder au bonheur. En cela, l’acceptation inconditionnelle de la souffrance est aussi la porte ouverte aux bonnes choses que la nature est susceptible de nous offrir.

En conclusion, pour jouir pleinement des innombrables bienfaits de la vie, nous devons reprendre conscience du corps et le libérer de tout ce qui est susceptible de l’entraver. Car c’est dans un corps sain, équilibré, souple et détendu que l’âme peut le mieux s’éveiller et faire goûter la joie de vivre à l’être, en tant que juste récompense des efforts qu’il accomplit sur la voie spirituelle.

Exercice : présence dans l’action

Parmi les conditions essentielles présidant à l’apparition de l’harmonie, nous avons donc identifié la posture corporelle, le relâchement musculaire et l’engagement total dans l’action accomplie, dans l’état de pleine conscience équanime à soi-même.

Désormais, je vous invite à vivre cet état de présence détendue et vigilante à ce que vous êtes en train de faire, en vous entraînant durant la pratique de vos activités les plus routinières, celles que vous pouvez accomplir machinalement parce qu’elles ne vous imposent pas d’y réfléchir.

Que vous soyez assis-e ou debout, faites en sorte d’avoir le dos bien droit et la tête bien haute, comme si un fil invisible relié à votre crâne à l’endroit précis du tourbillon des cheveux, soulevait votre tête verticalement. Et bien sûr, décontractez tous les muscles qui ne sont pas sollicités par cette activité. Pour vous aider à maintenir l’attention sur le corps, effectuez des mouvements sensiblement plus lents qu’à l’accoutumée.

Si, durant l’exercice, vous constatez des sensations désagréables, concentrez l’attention sur elles, avec équanimité. Faites de même avec les états émotionnels désagréables qui pourraient survenir durant cette pratique (impatience, tristesse, colère, etc.). S’il n’y a que des sensations ou états émotionnels agréables, ne vous y attachez pas pour autant ; accordez-leur le même regard, celui de la bienveillante neutralité.

Si vous perdez souvent votre alignement au cours de la pratique, considérez que c’est tout à fait normal. Les automatismes de fonctionnement auront tôt fait de reprendre le dessus et ils sont tenaces ! Ce n’est pas en cinq minutes de pratique qu’on arrive à reprendre durablement le dessus. Dès lors, à chaque fois que vous prendrez conscience que l’ « homme-machine » a repris la main, faites simplement l’effort de vous réaligner, tant physiquement que spirituellement, cela autant de fois que nécessaire, en considérant toujours bien que l’important n’est pas le résultat, mais la dynamique que vous alimentez par les efforts que vous reproduirez, encore et encore…

Exercice : réharmonisation du corps

Dans ce neuvième exercice audio, vous serez d’abord invité-e à entrer dans l’état alpha le plus profond, avant d’utiliser le langage symbolique pour vous connecter au cœur de la planète terre, afin d’y puiser la substance nourricière qui aidera le corps à se régénérer dans l’ensemble de ses composantes.

Cet exercice de réharmonisation du corps est également efficace pour réaliser l’ancrage de l’âme dans la dimension corporelle et d’imprimer dans le subconscient un message opposé au refus de l’incarnation et à la négation du corps dont certaines âmes portent parfois les mémoires, héritées par la voie transgénérationnelle.

Exercice audio

Arch

Durée : 20’31 / Taille du fichier : 19.8 Mo

[1] Saint François d’Assise, devenu presque aveugle à la fin de sa vie et se rendant compte de sa dualité, demanda pardon à son corps de l’avoir traité comme une bête de somme (il l’appelait d’ailleurs « frère âne »).

[2] Ce grand sage indien, méditait si longuement en position du lotus (padmâsana) que ses jambes étaient rongées par les insectes.

[3] Allusion à 1 Pierre 3:4.

[4] Par « souffle vital », je fais référence à l’essence très subtile liée à l’élément air, que nous absorbons lors de l’inspiration et que les hindous appellent prâna. Cette essence est d’une importance fondamentale pour l’éveil de l’âme. Pour de plus amples informations à ce sujet, voir la monographie n°11 sur le thème de la respiration.

[5] La langue des oiseaux consiste à donner un ou plusieurs sens différents à un même mot en jouant sur les sonorités. Exemples : apprentissage -> apprenti sage ; équilibre -> qui est libre ; la magie -> l’âme agit.

[6] Telles que maladies dégénératives, cancers, troubles psychotiques, dépressions, etc.

[7] D’une manière un peu similaire, une intensification de la souffrance se produit au moment où l’être renonce à la tentation de réagir au travers du réflexe névrotique destiné anesthésier un état inconfortable par la recherche de sources de stimulations sensorielles (via des substances, aliments, drogues, alcool, et aussi via la fuite et la dispersion dans certaines activités ou comportements compulsifs).

[8] C’est aussi le cas des personnes dites « psychorigides ». Étant tellement coupées de leur corps, elles en viennent à ne plus pouvoir ressentir même de fortes douleurs, ce qui peut évidemment s’avérer très dangereux puisque les signaux d’alarme nécessitant des actions urgentes ne sont plus entendus. 

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Dernière mise à jour : 14.12.2023