Le Cours du Vivant

Cours n°33 - Auto-hypnose et auto-suggestion
Auto-hypnose et auto-suggestion
Théorie
En hypnose de spectacle, on est surpris de voir avec quelle facilité l’hypnotiseur peut prendre le contrôle de ses sujets hypnotisés et les soumettre à sa volonté. Tous les sujets qui ont vécu ce type d’expérience parfois très spectaculaire diront une fois sortis de leur état de transe hypnotique, qu’ils étaient parfaitement conscients de ce qu’ils faisaient (et du caractère parfois ridicule de leur numéro), mais qu’ils ne pouvaient pas résister à la volonté de l’hypnotiseur, comme si c’était « plus fort qu’eux ».
Par la puissance de ses suggestions, l’hypnotiseur parvient littéralement à manipuler ses sujets comme s’ils étaient de vulgaires marionnettes, en leur faisant faire des choses qu’ils n’auraient jamais faites de leur propre chef s’ils avaient été parfaitement maîtres d’eux-mêmes. Ceci démontre bien l’immense pouvoir des suggestions, dont l’influence ne se limite pas à l’hypnose de spectacle ni même à l’hypnose thérapeutique.
Durant notre vie entière, nous sommes exposés à une succession quasi continue de suggestions, qui proviennent tant de l’extérieur (la publicité, les opinions des autres, les pensées captées par télépathie, etc.) que de l’intérieur (nos propres pensées jaillissant du subconscient).
Déterminisme et suggestion
L’influence des suggestions se manifeste très tôt dans notre vie. Dans la petite enfance, les mots que les adultes ont pu nous adresser ont été autant de suggestions qui ont pu s’imprimer dans notre psyché et peuvent encore aujourd’hui influencer grandement l’image que nous avons de nous-mêmes, dans le bon comme dans le mauvais sens. Plus tard, les idées et la manière d’être des autres, de même que les idées qui auront germées de nos propres réflexions, auront elles aussi fait office de suggestions. La publicité, les informations véhiculées par les médias ou par Internet, les opinions politiques ou philosophiques, les croyances religieuses, tout cela a pu constituer une source de suggestions qui a pu nous influencer d’une manière ou d’une autre dans nos choix, nos préférences, nos comportements, notre vision du monde et de nous-mêmes. Prendre conscience de cet état de fait pourrait bien nous faire comprendre que tout ce que nous avons toujours cru être, n’est en réalité que le fruit de millions de suggestions qui ont fait de nous la personne que nous sommes aujourd’hui, et qui aurait donc pu être bien différente si la nature de ces suggestions l’avait été également.
« Ce que nous sommes aujourd’hui résulte de nos pensées d’hier ; et de nos pensées d’aujourd’hui dépendra notre vie de demain : notre esprit bâtit notre vie. » Le Bouddha
La très grande majorité des pensées qui nous traversent l’esprit proviennent de ces suggestions passées ancrées dans notre subconscient, que nous réactualisons à chaque fois que nous nous identifions à elles, le plus souvent de manière totalement inconsciente il faut bien le dire.
Notre subconscient ayant la particularité de fonctionner par automatisme et répétition, ce sont, dans la grande majorité des cas, toujours les mêmes « schémas » de pensée qui nous influencent. Au niveau biologique, ce sont de ce fait toujours les mêmes circuits neuronaux que nous sollicitons et avec le temps, ce sont de véritables « tranchées » que nous avons créées dans notre cerveau, métaphoriquement parlant.
Des études vont dans ce sens en démontrant que 90 % des pensées que nous émettons chaque jour (entre 60’000 et 70’000 en moyenne) sont les mêmes que celles de la journée précédente. Ces « rails » que nous empruntons de manière automatique, nous font réagir à la manière d’un robot préprogrammé, répétant continuellement les mêmes opérations.
Pour faire le lien avec les enseignements du Cours du Vivant, ces schémas répétitifs ne sont pas autre chose que les conditionnements réflexes de notre structure mentale. À l’instar du sujet sous l’emprise de l’hypnotiseur, c’est ainsi que nous sommes manipulés et maintenus sous hypnose par notre propre structure mentale, qui nous écarte de la voie du juste milieu, celle sur laquelle nous nous situons quand nos pensées, nos paroles et nos actes sont véritablement alignés sur ce qui participe à l’épanouissement spirituel de l’âme que nous incarnons.
Tant que nous sommes sous l’emprise de notre structure mentale, qui parvient à nous plier à sa volonté inférieure en bombardant notre conscience de suggestions hypnotiques, nous ne pouvons pas être libres d’agir tel que nous le voudrions vraiment, profondément, en notre cœur, sur la base des aspirations profondes de l’être que nous sommes.
Recouvrer cette liberté implique d’une part de purifier le subconscient de tous ces conditionnements automatiques jusque dans ses couches les plus profondes, et d’autre part, d’acquérir la maîtrise de soi suffisante pour choisir consciemment des pensées qui soient véritablement utiles et donc évolutives pour soi-même et les autres.
Lorsque les sages insistent sur la nécessité d’« apprendre à désapprendre », de « se libérer du connu », de « dépouiller le vieil homme », de « renaître », ou encore de se « déconditionner », c’est à cette démarche d’affranchissement du joug de la structure mentale qu’ils font référence.
Purification du subconscient
Comme je l’ai indiqué dans les premiers cours, les automatismes de la pensée qui prennent racine au niveau subconscient de la structure mentale, s’opposent à l’épanouissement de l’âme, et doivent donc être annihilés pour que cet épanouissement puisse avoir lieu.
Cette purification du subconscient est un passage obligé qui est malheureusement souvent négligé ou carrément ignoré dans les démarches de développement personnel, et même de la spiritualité.
Par manque de connaissances, beaucoup de personnes pourtant déterminées et animées des meilleures intentions, perdent du temps et de l’énergie en concentrant exclusivement leurs efforts sur ce qu’on appelle communément aujourd’hui « la pensée positive ». Mais tant que le subconscient n’a pas été purifié des conditionnements « négatifs », cultiver « la pensée positive » revient à arroser un terrain pollué très peu fertile dans l’espoir que la graine qui y est plantée puisse y pousser.
C’est la raison pour laquelle je reviens régulièrement avec autant d’insistance sur l’importance cruciale du juste positionnement intérieur dans la quête spirituelle, celui qui place la conscience dans l’invariable milieu synonyme de lâcher-prise, de détachement, d’équanimité. Il n’y a en effet que par l’observation neutre des conditionnements de la structure mentale que celle-ci peut être progressivement purifiée, transmutée.
Si nous ne faisons par l’effort de renoncer aux impulsions d’attraction (désir) et de répulsion (aversion) actives dans le mental, la catharsis du subconscient n’a aucune chance de se produire, et les efforts seuls produits par la concentration sur des pensées positives, ne peuvent par conséquent porter leurs fruits. En d’autres termes, il convient d’assainir le terrain (le subconscient) afin que les pensées puissent y faire germer et croître harmonieusement le meilleur des possibles qui y est contenu.
C’est l’un des sens que l’on pourrait attribuer à la mystérieuse expression des alchimistes : « visite l’intérieur de la terre, rectifie, et tu trouveras la pierre cachée. » La terre pourrait y être une allusion symbolique au subconscient, qu’il faut rectifier, c’est-à-dire transmuter, purifier, afin que la pierre cachée (la graine dans notre métaphore), puisse se révéler et offrir ses vertus.
Pour rester dans le contexte ésotérique, il est également possible de faire un rapprochement avec le sens profond du mot « apocalypse ». Ce terme est emprunté au latin apocalypsis, « révélation », lui-même emprunté au grec ancien apokálupsis, « découvert », qui se compose du verbe grec kalúptô, « cacher », précédé du préfixe de privation ápó, soit littéralement « dé-caché », et par extrapolation, « dévoilé aux yeux », « retrait du voile », « le voile est levé ». C’est bien en retirant le voile constitué par la structure mentale que l’âme peut se rendre perméable à l’influence de la lumière spirituelle et, en étant ainsi « ensemencée » par l’Esprit, peut déployer ses plus belles virtualités, offrir ses plus beaux fruits.
La catharsis du subconscient peut se produire graduellement jour après jour grâce aux efforts de concentration juste de l’attention, autrement dit grâce aux efforts de renoncement à toute forme d’identification aux pensées produites par le jeu des impulsions opposées d’attraction et de répulsion à l’œuvre au niveau mental.
Cette dynamique de l’effort juste étant difficile à alimenter lorsque nous sommes aux prises avec les aléas de la vie quotidienne, il est nécessaire de se ménager régulièrement des temps de méditation durant lesquels on pourra entraîner cette faculté à se placer dans le juste milieu, là où sont conciliées, neutralisées, les impulsions contraires, plaçant de ce fait la conscience dans l’équilibre et le calme parfaits à partir desquels la purification du subconscient peut se produire.
L’auto-hypnose, considérations générales
Si la méditation est incontournable dans la pratique spirituelle – à des fins de purification du subconscient comme nous venons de le voir –, l’usage conscient des pensées, de l’imagination, de la visualisation créatrice, l’est également, et doit par conséquent être considéré à sa juste valeur. C’est la raison pour laquelle ce cours sur l’auto-hypnose et à l’auto-suggestion vous est proposé. Utilisées de façon complémentaire, ces deux techniques constituent le moyen privilégié de créer en vous-même les plus belles qualités et vertus de l’âme, favorisant de ce fait son épanouissement spirituel.
Comme son nom l’indique, l’auto-hypnose est le fait de se mettre soi-même en état d’hypnose, c’est-à-dire en état de « transe hypnotique », cela de manière plus ou moins profonde. Comme le mot « transe » revêt une image assez négative auprès du grand public, du fait notamment de son assimilation à des états de perte de contrôle et de manifestations hystériques, je ne l’utiliserai pas, lui préférant l’expression « état hypnotique ». L’amalgame qui est fait avec l’auto-hypnose est infondé, car la personne qui utilise les techniques appropriées pour s’y placer ne perd jamais le contrôle d’elle-même ; elle reste toujours pleinement consciente de l’expérience et reste parfaitement maître d’elle-même, car contrairement à l’hypnose thérapeutique et à l’hypnose de spectacle, en auto-hypnose, l’hypnotiseur et le sujet sont la seule et même personne. Si la personne qui utilise l’auto-hypnose perd malgré tout le contrôle d’elle-même, c’est alors parce qu’elle aurait utilisé des suggestions poursuivant cet objectif, ce dont je ne vois pas vraiment l’utilité dans une optique de développement personnel, ceci dit.
Si l’auto-hypnose peut être induite très facilement de manière consciente par nos propres moyens, il faut savoir que c’est un état naturel que nous vivons déjà très souvent au quotidien, de manière totalement inconsciente. L’état hypnotique se caractérise par un état de dissociation de la réalité, dissociation qui peut être plus ou moins marquée et qui détermine la profondeur de l’état hypnotique. Autrement dit, plus on est dissocié de la réalité, plus l’état hypnotique est profond.
A contrario, plus on est conscient de ce qui se passe ici et maintenant, par l’attention portée sur un spectre aussi large que possible de phénomènes, moins l’état hypnotique est profond ; on parle alors d’association. Dans le cas de la dissociation, la conscience du moment présent étant réduite, le subconscient doit en quelque sorte prendre le relais pour compenser le manque d’attention globale de l’esprit, et c’est précisément ce mécanisme de compensation qui induit l’état hypnotique. À l’inverse, plus la conscience est présente à l’expérience du moment présent, non pas dans la conscience d’un phénomène en particulier mais du plus grand nombre possible de phénomènes en même temps, moins le subconscient doit être « sur ses gardes », et plus l’état hypnotique est léger.
L’état hypnotique est une expérience naturelle, commune à tous les êtres humains, et il n’y a que dans le sommeil profond, sans rêve, que l’état hypnotique est inexistant. Le reste du temps, nous sommes plus ou moins dans l’état hypnotique en fonction de l’ampleur de notre état d’association ou de dissociation. L’état hypnotique le plus profond est celui que l’on rencontre durant le sommeil paradoxal, lors de nos rêves, et bien sûr lors de l’expérience d’auto-hypnose consciente, intentionnelle. Même dans le cas où la conscience est très « associée » à l’expérience de l’instant présent, c’est-à-dire où la part consciente est la plus active, l’état hypnotique est très légèrement présent.
Des états hypnotiques peu profonds peuvent survenir dans la vie de tous les jours, typiquement lors de nos activités les plus routinières, celles que nous effectuons « machinalement », c’est-à-dire celles pour lesquelles nous n’avons pas besoin d’être pleinement présents pour assurer leur bon déroulement.
Ces états hypnotiques non intentionnels, l’hypnothérapeute Milton Erickson les regroupait sous l’expression de « transe commune de tous les jours ». Dans ces cas-là, nous sommes « ailleurs », nous « décrochons », nous « rêvassons », et c’est la part subconsciente de notre être qui prend le relais pour maintenir le contact avec le monde réel. C’est ce qui peut se passer lorsque nous conduisons [1], lorsque nous faisons notre toilette, lorsque nous lisons, lorsque nous cuisinons, etc.
Précisons bien que ce ne sont pas ces activités en tant que telles qui produisent l’état hypnotique, mais l’état d’esprit qui est le nôtre lorsque nous les accomplissons. En effet, si nous y sommes pleinement présents, dans la conscience du plus grand nombre possible d’interactions avec la réalité, l’état hypnotique est à son niveau le plus bas.
Communication entre conscient et subconscient
L’auto-hypnose permet d’établir une communication entre la partie consciente et la partie subconsciente de l’être, dans le but qu’il puisse y avoir interaction entre les deux.
Il paraît que l’éminent psychanalytique Carl Gustav Jung utilisait la méditation pour se placer dans un état d’auto-hypnose (ce qui fonctionne en effet très bien, comme nous le verrons plus loin), pour ensuite utiliser le langage symbolique pour effectuer un travail de nature thérapeutique sur sa propre psyché, modèle qu’il reproduisait d’ailleurs avec ses patients.
La communication avec le subconscient étant bien établie grâce à l’état hypnotique, il est en effet possible de « dialoguer » avec lui en laissant venir les sensations et images mentales qu’il produit, et en lui imprimant celles que l’on aura choisies consciemment, par un effort de concentration. C’est ainsi qu’une communication hypnotique intense peut se produire grâce au langage symbolique [2] dans ce qu’on appelle les « rêves éveillés ».
Le subconscient est la part de nous-mêmes qui nous met en contact avec toutes les formes d’énergie et de conscience qui existent dans l’univers et qui sont trop éloignées pour être appréhendées par nos sens physiques, ou qui appartiennent à d’autres plans vibratoires. Lorsque nous avons un « flash » ou que nous captons une pensée par télépathie, c’est-à-dire lorsque nous percevons quelque chose intuitivement par l’intermédiaire de nos sens subtils (clairvoyance, clairaudition, clairsentance, etc.), c’est parce que la voie de communication est ouverte avec le subconscient, et que nous nous trouvons donc dans un état hypnotique suffisamment profond pour permettre la transmission de ces informations jusqu’au conscient, par l’intermédiaire du langage symbolique.
Voici un tableau qui permet de mieux différencier ce qui appartient au conscient et ce qui relève du subconscient :
Programmations inconscientes
Susciter une émotion forte chez une personne est un moyen très efficace de la placer instantanément dans l’état hypnotique profond, la rendant de fait très réceptive à toute forme de suggestion. Dans le cas le plus extrême où la personne vit un traumatisme psychique, se produit ce qu’on appelle un état de « sidération » ; dans ce cas extrême, l’excitation nerveuse est telle que la partie consciente de l’être est « déconnectée ». La personne qui en est victime est incapable de réagir par ses mécanismes de défense habituels, et se trouve placée dans un état catatonique semblable à celui du lièvre figé sur place face aux phares d’une voiture arrivant sur lui à vive allure dans la nuit. Lorsqu’une telle activité émotionnelle se produit, le subconscient peut donc être très facilement impacté par toute forme de suggestion.
Bien des croyances limitantes qu’un adulte entretient à son sujet, ont pour origine des chocs émotionnels vécus durant son enfance, au cours desquels des propos maladroits ou malveillants proférés à son encontre par l’entourage, auront agis comme autant de suggestions négatives impactant profondément son subconscient rendu hyper perméable, et qu’il n’aura pu faire autrement que de valider par la suite lorsque ces suggestions seront remontées au conscient et qu’il s’y sera identifié inconsciemment. C’est ainsi qu’un petit enfant traumatisé par l’attitude d’un adulte, et qui dans cet état de stupeur émotive s’entend dire qu’il est mauvais, qu’il est nul ou qu’il ne vaut rien, par exemple, ne pourra faire autrement que de le croire (sa faculté de discernement étant insuffisamment développée ou carrément « désactivée » par l’intensité de l’émotion qu’il vit à ce moment-là), et ce d’autant plus si de telles expériences se répètent dans le temps.
Ces mémoires émotionnelles ainsi que les programmations mentales qui leur sont associées sont « engrammées » dans la partie subconsciente de l’être. Au niveau biologique, ces engrammes affectent le fonctionnement du système nerveux et sont à l’origine des névroses et des maladies psychosomatiques. D’où l’importance de la purification du subconscient si l’on veut se donner une chance d’être bien dans sa peau et de vivre l’épanouissement de notre nature.
Cette guérison profonde des blessures de l’âme, des croyances limitantes et des mécanismes de défense qui leur sont liés, il est possible de la réaliser dans le cadre d’un travail thérapeutique avec un professionnel ou de manière autonome, graduellement, à l’aide de techniques de méditation et de Yoga, mais aussi grâce au langage symbolique en état d’auto-hypnose.
Langage symbolique en auto-hypnose
Il est en effet possible de guérir des blessures émotionnelles en utilisant le symbolisme de certaines images en auto-hypnose.
Le langage du subconscient est celui du symbole, et c’est grâce à ce dernier qu’il est possible d’établir un pont entre le subconscient et la partie consciente de l’être. Le subconscient ne comprend pas le langage de la raison, celui du « mental », et c’est pourquoi, par exemple, on ne peut se libérer d’une phobie simplement en reconnaissant son caractère irrationnel. Il en va d’ailleurs de même pour les névroses ; nous savons qu’elles nous limitent et qu’elles sont inutiles, mais nous ne parvenons pas pour autant à nous en défaire par notre seule volonté.
Pour rendre les choses plus compréhensibles, je pourrais dire que la communication entre le conscient et le subconscient se rapproche beaucoup de celle de l’adulte et du petit enfant. Le petit enfant (le subconscient) ne comprend pas le langage de l’adulte (le conscient), beaucoup trop compliqué pour lui ; il ne comprend qu’un langage imagé, symbolique. Par conséquent, si l’adulte veut se faire comprendre de l’enfant, c’est ce langage-là qu’il doit utiliser.
Dans son Petit Manuel de l’Apprenti Dieu, Paul Pétrino résume bien cet impératif :
« Beaucoup de gens disent : “Mais j’ai compris tout cela ! Depuis des années je me répète : tu n’as pas besoin d’avoir peur, tu es libre, tu es fort·e, tu peux agir, etc., etc. Et ça ne marche pas ! Je reste bloqué·e, inhibé·e”. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est l’Enfant, l’être émotionnel, qui implore ; et c’est l’Adulte, l’être mental, qui répond… avec son langage intellectuel ! L’Adulte peut comprendre l’Enfant, mais l’Enfant ne comprend pas l’Adulte ! Car il a besoin qu’on lui parle son langage : non pas une suite de raisonnements logiques, mais un tableau d’images évocatrices. À quoi sert la Poésie ? Et pourquoi a-t-on inventé les fables et les contes de fées ?! C’est cela le langage de l’Enfant [3] ! »
Les archétypes de l’Adulte et de l’Enfant sont d’ailleurs ceux qui sont les plus souvent utilisés pour opérer la guérison de l’âme, car ses blessures remontent en règle générale à l’enfance, et sont causées par l’ignorance et les manquements des adultes.
Dans l’état d’auto-hypnose, on se placera dans l’intention de vivre une guérison, puis on choisira les souvenirs sur lesquels on veut travailler, ou alors, en seconde option, on les laissera remonter spontanément à la conscience. On mettra alors en scène l’enfant que l’on a été avec les archétypes du Père et de la Mère dans leurs dimensions sacrées et parfaites, lui apportant ce qui lui a manqué (réconfort, soutien, affection, tendresse, amour, confiance, gentillesse, douceur, force, valorisation, sécurité, etc.). Durant un tel travail, le subconscient libérera des images mentales et des émotions à sa manière, que la partie consciente de l’être pourra alors observer et ressentir avec équanimité, en leur imprimant si nécessaire de nouvelles images symbolisant précisément ce qui a fait défaut et qui a causé la blessure de l’âme. Si les images ainsi imprimées proviennent du Cœur de l’être, dans un élan d’Amour inconditionnel pour cet enfant qui a souffert, alors la guérison émotionnelle va pouvoir s’opérer au niveau le plus profond de l’être.
Dans le « rêve éveillé » utilisé à des fins thérapeutiques, il n’est donc pas rare que des émotions longtemps occultées remontent au conscient. C’est précisément grâce à cette remontée de l’émotion jusque-là « bloquée » que la guérison peut survenir, à condition bien sûr qu’elle soit accueillie avec bienveillance jusqu’à son évacuation totale (on se laisse alors crier, pleurer, gesticuler, sans répression).
Cependant, il arrive parfois que l’émotion ait du mal à s’extérioriser. Dans ces cas-là, il peut être utile d’avoir recours au transfert symbolique. Cela consiste à imager l’émotion et à agir ensuite symboliquement sur cette image plutôt que sur l’émotion elle-même. Par exemple, une peur peut être symbolisée par une surface jonchée de ronces épaisses, infranchissable, que l’on fera brûler à l’aide d’un feu purificateur.
Je vous déconseille d’utiliser le symbolisme cité dans cet exemple si vous faites un travail sur vos peurs, car votre subconscient a son propre langage symbolique. Pour que la transmutation de l’émotion puisse avoir lieu, les images symboliques que vous utiliserez doivent « parler » à votre subconscient, et pour cela, vous devez les laisser venir spontanément, intuitivement. Encore une fois, c’est le Cœur, votre Moi profond, qui doit agir pour que la guérison puisse avoir lieu, et non le mental formaté.
Quelques citations à méditer
« Personne ne réussit sans effort. Le contrôle de l’esprit n’est pas acquis en naissant. Ceux qui réussissent doivent leur succès à leur persévérance. » Rāmana Maharshi
« Il est important de préciser que l’état hypnotique est maintenant admis par la plupart comme une donnée mesurable, véritable, reproductible selon une méthodologie scientifique : nous savons qu’il est un état naturel. Il ne s’agit donc plus de croire ou de ne pas croire à ce phénomène. » Kevin Finel
« L’auto-suggestion consciente repose sur la force incontestable qu’est la concentration de la pensée. » Jean Filiatre
Pratique
L’auto-hypnose est à la portée de tous et chacun est capable de s’y placer, mais il y a toutefois certaines règles à respecter pour s’assurer une expérience agréable et sécurisée. Voici un protocole en quatre points adapté d’une formation professionnelle en auto-hypnose. Placez-vous dans un endroit sûr et ayez l’intention de vous auto-hypnotiser, puis répétez mentalement les phrases suivantes : « Dès l’instant où je suis dans l’état hypnotique, je suis en plein contrôle et je ne réponds hypnotiquement qu’à mes propres suggestions. », « Je suis complètement protégé·e contre toute pensée provenant du hasard, pouvant devenir une suggestion hypnotique. », « Je suis complètement protégé·e contre toute image, tout bruit, tout son provenant du hasard pouvant devenir une suggestion hypnotique. »
Induire l’état hypnotique est relativement simple puisqu’il suffit de maintenir l’attention de la conscience bien concentrée sur un phénomène à l’intérieur ou à l’extérieur du corps. Vous pouvez par exemple vous concentrer sur votre hara, sur le souffle de la respiration au niveau de vos narines, sur un point contre le mur ou sur la flamme d’une bougie, sur votre propre esprit, ou encore sur les sensations que vous procure la relaxation du corps, partie par partie. Cette dernière option est celle qui a été le plus souvent utilisée dans les exercices audios du Cours du Vivant, pour vous aider à vous placer dans l’état hypnotique.

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Chapitres supplémentaires :
- Précautions pour une expérience sécurisée
- Mise en auto-hypnose intentionnelle
- Choix et utilisation de la suggestion
- Sortie de l’auto-hypnose
- Exercice : expérience de l’état hypnotique
- Exercice : l’état hypnotique sans guidance
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[1] Tout le monde a déjà fait cette expérience en conduisant : parcourir des dizaines de kilomètres mais sans garder aucun souvenir conscient du trajet parcouru. C’est un exemple typique d’état hypnotique intermédiaire.
[2] Voir le cours 5, chapitre « Le langage du symbole ».
[3] Éditions Mosaïque, 2008, p. 247.
- Dernière mise à jour : 24 janvier 2025
- 20:26
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