Le Cours du Vivant

Cours n°24 - Le maître spirituel
Le maître spirituel
Théorie
De notre naissance jusqu’à notre mort, nous passons notre vie à apprendre, et pour cela nous sommes dépendants des autres, car la connaissance qui nous fait défaut doit nous être transmise par ceux qui la détiennent. Cette autorité extérieure à laquelle nous devons nous référer pour apprendre, fait office de maître, en partant du principe que celui-ci maîtrise effectivement la « matière » qu’il transmet.
Posséder une telle connaissance sans l’avoir acquise par l’apprentissage, cela s’appelle la « science infuse », et celui qui prétend la posséder ne peut être qu’un prétentieux personnage, car en ce monde elle ne peut être obtenue sans l’apprentissage et sans l’expérience qui en permet l’intégration. C’est la raison d’être profonde de l’expérience de la vie : apprendre sans cesse pour connaître toujours davantage, d’abord la vie elle-même, puis les Principes spirituels qui la sous-tendent, du moins pour celui qui aspire à une telle Connaissance métaphysique (appelée « Gnose »).
Si nous étions omniscients dès la naissance, l’apprentissage n’aurait aucune raison d’être, et l’expérience de la vie non plus. Toute la Création n’est destinée qu’à cela : nous offrir un cadre pour faire des expériences et apprendre. C’est l’« école de la vie », où il n’y a ni compétition ni rivalité, mais un objectif spirituel commun, qui est de se libérer de l’ignorance par la connaissance de soi-même (en tant qu’ego), d’abord, puis de l’Esprit en soi, ensuite.
À l’école, nous avons eu un ou plusieurs maîtres pour apprendre à lire, à écrire, à compter. Plus tard, c’est un maître d’apprentissage qui nous a aidés à devenir compétents et autonomes dans notre métier. Nos parents ont aussi endossé le rôle de maître pour nous apprendre les rudiments de la vie, les bonnes manières, les règles élémentaires de la morale, la capacité à être autonome dans la satisfaction de nos besoins fondamentaux, etc., avec plus ou moins de succès, selon la qualité de l’éducation reçue et notre capacité à en tirer profit.
L’apprentissage fait partie de la vie, et nous ne devrions jamais cesser d’apprendre pour parfaire nos connaissances, car la connaissance fait disparaître l’ignorance, laquelle est la cause de la peur et du manque de confiance en soi. C’est là également toute la valeur de l’expérience. Celui qui a peur d’expérimenter par peur de faire des erreurs et d’avoir à en souffrir sur les plans psychologique et physique, se prive également de toute possibilité d’apprendre, donc aussi de connaître et par conséquent d’ignorer moins et donc d’avoir moins peur. Le petit enfant apprendrait-il à marcher si la peur de chuter l’inhibait totalement ?
Apprendre à désapprendre
Sur le plan spirituel, l’expérience doit nous apprendre à nous connaître davantage, tant en ce qui concerne notre véritable nature que ses véritables besoins, dont la satisfaction est nécessaire à son épanouissement. Or l’acquisition de cette connaissance implique de « désapprendre » ce que nous croyons être à tort, ce qui est tout un apprentissage en tant que tel, et pas des plus faciles…
Sur la voie de l’apprentissage de la vie, nous avons pu acquérir des connaissances qui ne participent pas pleinement à notre épanouissement. Lorsque ces « mauvaises » connaissances concernent l’image que l’on a de soi-même et de notre véritable nature, elles doivent être en effet désapprises et remplacées par la véritable connaissance, initiatique, celle que les Sages de jadis nous ont invités à rechercher lorsqu’ils s’exclamaient : « connais-toi toi-même » !
Il convient d’apprendre à désapprendre toutes les fausses croyances et à nous libérer des conditionnements limitants qui font office de voile qui occulte notre véritable essence spirituelle et empêche sa réalisation, qui apporte cette connaissance.
Ce voile est celui de l’ignorance et de l’illusion, et l’apprentissage spirituel consiste à le dissoudre pour que la véritable connaissance puisse nous illuminer. Ce voile est la structure mentale à laquelle nous nous identifions et qui nous enchaîne à nos conditionnements, à notre karma.
Tant que nous sommes ignorants sur le plan spirituel, nous pouvons certes posséder de grandes connaissances sur le plan matériel, et vivre une vie sociale en phase avec « l’air du temps », mais nous demeurons prisonniers intérieurement, esclaves de nos conditionnements, c’est-à-dire de nos peurs, de nos attachements, de nos croyances limitantes ; notre bonheur est conditionné par notre mode de vie, nos possessions, nos privilèges, notre situation financière, nos relations, etc.
Le savoir accumulé sur le plan mental peut certes nous rendre plus confiants dans l’interaction avec la société et les autres, mais il n’est en rien capable de nous libérer de la peur que nous ressentons lorsque les circonstances menacent de raviver nos ombres intérieures, ce qui ne manque jamais d’arriver, puisqu’il est dans l’Ordre naturel des choses que tout ce qui n’a pas été mis en lumière par la conscience revienne nous hanter, d’une manière ou d’une autre. Comme disait le Christ : « Il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu [1]. »
Cette peur que nous portons tous au fond de nous provient de la dualité, qui elle-même découle de l’ignorance (ou de l’oubli, c’est selon) de l’essence indivisible et immuable qui siège en notre cœur, et que la connaissance initiatique doit nous permettre de révéler, progressivement, en ôtant une à une les illusions qui la voilent.
Seule la véritable connaissance, initiatique, celle qui dissipe les voiles de l’ignorance au sujet de qui nous sommes vraiment, peut nous rendre libres et nous donner accès à la simple joie d’être, inconditionnelle. Pour acquérir cette connaissance spirituelle et apprendre à désapprendre en vue de nous libérer de nos fausses croyances et de nos conditionnements limitants, il est nécessaire d’être enseigné par un maître spirituel authentique, qui est reconnu comme tel parce qu’il possède la connaissance qui libère du voile mental, non pas seulement au niveau théorique, mais pour l’avoir éprouvée par l’expérience sur son propre chemin de vie, lui permettant de se connaître lui-même davantage que ceux qui viennent à lui dans l’optique sincère d’apprendre.
Qu’est-ce qu’un maître spirituel ?
Le maître spirituel est ce que les orientaux appellent un Guru, mot signifiant littéralement « maître », qui est aujourd’hui malheureusement très péjorativement connoté par la faute d’individus en ayant malhonnêtement usurpé le titre de manière intéressée, à des fins de manipulation et d’asservissement.
Le maître spirituel est aussi appelé « Instructeur spirituel », « Enseignant spirituel » ou « Guide spirituel ». Ayant été en principe [2] lui-même initié par un maître spirituel dont il a été ou est toujours l’élève, il détient des clés que le disciple ne possède pas encore et qui lui seront utiles pour évoluer dans la dynamique de son perfectionnement, qui est le propre de toute quête spirituelle authentique.
On peut distinguer le maître spirituel « complet » du maître spirituel « partiel ». À la différence de ce dernier, le maître spirituel « complet » est parvenu au terme de l’œuvre alchimique, et a donc réalisé la transmutation intégrale de sa matière psychique. Totalement purifié, régénéré et illuminé, il a restauré son état primordial édénique, et ne fait plus qu’un avec son Double lumineux, son propre Guru intérieur. Un tel être n’a plus une once d’ombre en lui. S’étant totalement libéré de ses conditionnements karmiques (donc du voile structurel mental), sa conscience individuelle est en permanence ouverte et alignée sur la lumière de l’Esprit, qui peut ainsi illuminer sa réalité intérieure dans un flux constant pour y établir les conditions parfaites de l’harmonie, harmonie qui peut alors se refléter au travers de ses pensées, ses paroles et ses gestes. Un tel être n’a plus besoin de se référer à une autorité extérieure, car il est sa propre autorité, sa propre référence, capable de « tracer sa route » à l’aide de sa guidance ou boussole intérieure – celle de l’Esprit en lui avec lequel il ne fait qu’un –, que son mental purifié, maîtrisé, lui permet de canaliser en permanence, sans filtre.
Le maître spirituel « partiel », quant à lui, n’a pas atteint ce degré de pureté et de fluidité synonyme d’éveil intégral des possibilités de son âme, car il ne s’est pas encore libéré de la totalité de son karma, ni n’a transmuté toutes ses ombres intérieures. Il possède encore un filtre mental qui l’empêche d’entendre la guidance de son Guru intérieur, et c’est pourquoi il a encore besoin de la présence d’un maître spirituel à ses côtés pour poursuivre sa quête vers ses sommets intérieurs. Ce maître spirituel endossera par procuration le rôle de son propre Guru intérieur tant et aussi longtemps qu’il ne pourra pleinement voler de ses propres ailes, c’est-à-dire tant et aussi longtemps qu’il ne sera pas capable d’être à lui-même son propre guide.
Mais cet individu est néanmoins un Maître pour les autres dans la mesure où le juste positionnement intérieur a été intégré et qu’il est capable de s’y placer à volonté. Cette maîtrise de lui-même lui permet de créer, en sa propre conscience, l’ouverture par laquelle la lumière de l’Esprit peut pénétrer et réaliser progressivement, couche après couche, la transmutation de sa nature. Ainsi, bien que n’étant pas totalement éveillé, ses efforts accomplis sur lui-même afin de se maintenir dans la dynamique de la perfection spirituelle, ainsi que sa sagesse acquise par l’expérience directe du lâcher-prise, le rendent capable de guider les êtres qui le précèdent sur le chemin de l’évolution intérieure, au moins jusqu’à ce que ceux-ci ne l’aient rejoint et dépassé, et qu’il ne puisse plus rien leur apprendre (auquel cas on dit alors que « l’élève a dépassé le maître »).
Comme l’a souligné René Guénon : « Contrairement à ce que beaucoup paraissent s’imaginer, il n’est pas toujours nécessaire, pour que quelqu’un soit apte à remplir ce rôle [de maître spirituel] dans certaines limites, qu’il soit lui-même parvenu à une réalisation spirituelle complète ; il devrait être bien évident, en effet, qu’il faut beaucoup moins que cela pour être capable de guider valablement un disciple aux premiers stades de sa carrière initiatique. Bien entendu, lorsque celui-ci aura atteint le point au-delà duquel il ne peut le conduire, l’instructeur qui se trouve dans ce cas, mais qui est néanmoins vraiment digne de ce nom, n’hésitera jamais à lui faire savoir que désormais il ne peut plus rien pour lui, et à l’adresser alors, pour poursuivre son travail dans les conditions les plus favorables, soit à son propre maître si la chose est possible, soit à tout autre instructeur qu’il reconnaît comme plus complètement qualifié que lui-même ; et, quand il en est ainsi, il n’y a en somme rien d’étonnant ni même d’anormal à ce que le disciple puisse finalement dépasser le niveau spirituel de son premier instructeur, qui d’ailleurs, s’il est vraiment ce qu’il doit être, ne pourra que se féliciter d’avoir contribué pour sa part, si modeste soit-elle, à le conduire à ce résultat [3]. »
Le rôle du maître spirituel
Par ses connaissances initiatiques et l’expérience conférée par sa propre quête, le maître spirituel (complet ou partiel) est capable d’apprendre à son élève le juste positionnement qu’il doit adopter face à sa réalité intérieure, en réaction aux circonstances de l’existence, pour qu’il puisse se libérer progressivement, par ses propres efforts sur lui-même [4], de ses illusions, purifiant toujours davantage son âme afin que, en se délestant ainsi de tout ce qu’il n’est pas, ce qu’il est véritablement – son Double lumineux, son Guru intérieur –, puisse se révéler pleinement à ses sens subtils, l’intuition notamment, grâce à laquelle il pourra sentir ce qu’il est juste de faire ou de ne pas faire selon les circonstances.
À ce sujet, René Guénon a également écrit : « Le Guru humain lui-même n’est au fond que la représentation extériorisée et comme “matérialisée” du véritable “Guru intérieur”, et sa nécessité est due à ce que l’initié, tant qu’il n’est pas parvenu à un certain degré de développement spirituel, est incapable d’entrer directement en communication consciente avec celui-ci. Qu’il y ait ou non un Guru humain, le Guru intérieur est, lui, toujours présent dans tous les cas, puisqu’il ne fait qu’un avec le “Soi” lui-même [5]. »
Aussi, et c’est là une autre fonction importante du maître spirituel, il peut, par sa sagesse et sa clairvoyance, voir les illusions que l’élève n’est pas encore capable de voir lui-même, et les mettre en lumière. Cela peut être très libérateur si l’élève accueille avec humilité l’apprentissage que son maître lui propose de vivre et qu’il accepte de lâcher prise face à l’inévitable « levée de bouclier » que son gardien du seuil va déclencher par peur de ce dévoilement. S’il ne fait pas l’effort de se soumettre à la Volonté divine en accueillant avec détachement et bienveillance la réaction dont son maître aura été le déclencheur en se faisant l’agent du paiement de son karma, cela peut par contre est très involutif. En effet, si, par orgueil, l’élève refuse de s’aligner sur la réalité de ce qui est, préférant réagir sur la base de ses anciens conditionnements, il alimente l’enchaînement à son karma, gâchant la possibilité qui lui était offerte par son maître de s’alléger intérieurement. Il n’est pas rare qu’en réagissant de la sorte, le disciple projette au passage ses propres défauts sur son maître, qui n’aura pourtant fait que l’aider à évoluer, de manière désintéressée.
Épreuves et révolte
Dans le cadre du rapport très étroit offert par un contexte initiatique, il n’est pas rare que le maître impose certaines épreuves à son élève, épreuves définies par lui dans le but de pousser son élève dans ses retranchements, pour qu’il soit tenté de réagir sur la base de son karma, lui offrant ainsi la possibilité d’y renoncer et de s’en libérer, en lâchant prise.
De telles épreuves ne sont évidemment pas agréables à vivre, et l’élève doit être extrêmement vigilant pour ne pas dévier de son idéal de Réalisation spirituelle en se retournant avec véhémence contre son maître et en lui reprochant qu’il lui fasse « subir » des situations pour le moins dangereuses, humiliantes et irrespectueuses du point de vue de l’ego auquel il est alors pleinement identifié.
Cela implique non seulement une totale confiance en le maître, mais aussi une grande détermination de la part de l’élève. Le sage Milarépa raconta les difficiles épreuves successives que son maître Marpa lui fit endurer afin de lui donner la possibilité d’expier ses péchés, autrement dit de se libérer de son karma. Ces épreuves étaient si terribles que Marpa lui-même en pleurait en cachette, et que Milarépa alla même jusqu’à penser que mourir des blessures physiques contractées au cours de ces épreuves, était peut-être la seule issue pour lui permettre de payer sa dette karmique, comme il en témoigna lui-même dans son autobiographie : « Était-ce là le châtiment des meurtres que j’avais commis par sortilèges, et des nombreuses moissons perdues par ma grêle ? Le lama sait-il que je n’aurai jamais de religion [6] ? Ou est-ce par défaut de pitié qu’il ne m’instruit pas ? Quoi qu’il en soit, à quoi bon ce corps d’homme sans religion qui ne fait qu’accumuler les péchés. Faut-il me tuer ? Faut-il me tuer [7] ? »
Tous les disciples ne sont pas aussi déterminés que Milarépa à se libérer de leur karma et de ses conséquences, et le maître spirituel doit parfois faire face aux réactions les plus malveillantes et perverses de la nature inférieure de ses disciples, qui iront parfois jusqu’à le calomnier et le « poignarder dans le dos », en réaction à des circonstances qui étaient pourtant là pour les aider à avancer sur le chemin, et face auxquelles ils n’auront pu s’efforcer de lâcher prise, cédant à la tentation de réagir à partir des mécanismes défensifs de leur structure mentale.
Dans l’un de ses livres, le maître Hamsananda parle du rôle difficile et ingrat de l’instructeur spirituel dans l’interaction avec ses disciples :
« Beaucoup de gens ne comprennent pas la complexité de la tâche d’un instructeur spirituel. Déjà les problèmes posés au psychanalyste sont difficiles ; les rapports entre Guru et disciples étant plus étroits, les éléments affectifs et spirituels s’entremêlent. Les clefs de la psychanalyse ne constituent qu’une partie des moyens dont il dispose pour connaître le disciple et l’entraîner vers les sommets de lui-même. […]
Des tests sont nécessaires pour amener l’aspirant à se révéler, à lui-même ainsi qu’à son interlocuteur, les psychodrames en leurs formes naturelles inspirés par le bon sens et les circonstances y jouent leur rôle. Un certain jeu est de mise dans ce monde d’illusion, ce qui n’enlève rien à la sincérité du sentiment d’assistance. Il faut compter avec les névroses non-apparentes, les tensions intérieures résultant de blocages psychiques, les mensonges conscients et inconscients faits par ceux que l’on souhaite aider, les réactions de violence provoquées chez ceux qui supportent mal de voir tomber leur masque.
L’on ne rencontre que très peu d’aspirants capables de saisir toute cette complexité, et de supporter sans négatives réactions l’observation attentive. L’ego est généralement fort, le sentiment d’humilité déficient. Par contre, mille personnes vous feront un exposé sur la psychologie du frère ou de la sœur… Il est bien connu que “voir l’autre” dispense le plus souvent de chercher à se découvrir derrière l’apparence à laquelle on tient, ou même à travers la comédie que l’on se joue.
L’instructeur spirituel sérieux et qualifié, non pas le farceur travesti en instructeur assez habile pour vous anesthésier le jugement, a toujours ses raisons d’agir dans un sens ou dans un autre. Cependant, jouer le jeu pour amener le disciple dans la direction conforme à son intérêt spirituel supérieur comporte certains risques. Le sujet placé en face de soi n’est que rarement beau joueur… Le Guru sur son chemin, rencontre les pièges, les obstacles du conscient et du subconscient, les réactions surprenantes, les désirs de vengeance, les torrents de boue jaillissant des profondeurs de l’être. Mais le paysage n’est pas toujours aussi sombre… Heureusement pour sa propre satisfaction, les belles réussites, mêmes rares par leur nombre, sont encourageantes quant aux spirituelles conséquences [8]. »
Projections et transferts
Quelques pages plus loin, il évoque le cas, très fréquent, des projections que le disciple fait sur la personne de son maître spirituel :
« Les côtés négatifs de la nature de l’aspirant se traduisent par des jugements hâtifs le plus souvent erronés au sujet du Guru. L’aspirant aborde celui-ci avec les critères du monde qui l’entoure. Toujours est-il que le portrait du Guru par le disciple révèle ses préoccupations, problèmes, refoulements, préjugés, ses sentiments secrets. Le timide, le dominateur, l’orgueilleux, la refoulée, la sensitive, l’hystérique, la névropathe colorent différemment leurs jugements. Ils insistent sur tel ou tel point réel ou imaginaire, reflet de leurs torsions intérieures, de leurs échecs, mais aussi de leurs victoires [9]. »
La nature humaine est ainsi faite : il est plus facile de blesser que de réparer ses erreurs ; il est plus confortable d’exiger des excuses que de demander pardon, et il est plus commode de projeter sur les autres ses propres torts que de se les avouer.
Nombreux sont ceux qui prêtent aux autres les intentions qui sont les leurs et qui font exactement ce qu’ils reprochent aux autres de faire, et il suffit alors de les observer attentivement pour savoir très exactement à qui l’on a affaire. Aussi, dans le rapport au maître spirituel en particulier, le disciple peut faire certains transferts affectifs en plus des projections induites par « l’effet miroir ». En effet, il peut voir en le Guru la figure du père ou de la mère, du frère ou de la sœur, de l’amant ou même de l’enfant. Pour le disciple, de tels transferts peuvent être très bénéfiques dans la mesure où grâce à eux, il peut revivre d’anciens conditionnements, en prendre conscience dans le juste positionnement, et ainsi en transmuter la charge émotionnelle.
Dans le cadre d’une communauté initiatique ou dans le cadre de réunions fraternelles, il peut arriver que celui qui endosse le rôle de maître spirituel fasse exprès de mettre un aspirant dans l’embarras devant tout le monde, pour lui offrir la possibilité là aussi de renoncer à l’identification à la structure mentale et de traverser les émotions que ce renoncement aura permis de révéler.
De tels « jeux » initiatiques sont très efficaces, à condition bien sûr que le disciple soit résolument motivé à avancer sur la voie spirituelle et qu’il fasse preuve d’une grande humilité et d’un grand sens de l’effort dans le renoncement. La foi en le Guru y contribue, beaucoup.
Or, malheureusement, nombreux sont ceux qui s’élancent sur cette voie pour de mauvaises raisons, pour fuir des problèmes (qu’ils ne manqueront pas de recréer tant que leur cause n’aura pas été réglée à l’intérieur d’eux), ou pour obtenir des connaissances dont ils se serviront pour développer leur magnétisme et obtenir des pouvoirs psychiques pour servir des intérêts personnels. Il y a un ancien adage qui dit que l’on peut trouver des milliers de personnes pouvant faire office de maître spirituel, mais qu’il est difficile de dénicher un seul vrai disciple !…
Les faux maîtres
Pour nuancer l’adage ci-dessus, je dirais qu’il n’est pas si facile de trouver d’authentiques maîtres spirituels.
Le maître spirituel ne fait pas usage de ses connaissances ou de ses éventuelles facultés psychiques pour servir des intérêts strictement égoïstes, mais les met au service de l’éveil de son âme et de celle des autres, dans le désintéressement personnel du fruit de ses actions. Le maître spirituel dont l’âme est partiellement éveillée peut certes avoir encore un travail à faire sur lui-même pour parvenir à la Délivrance, mais cela ne l’empêche pas de pouvoir guider les êtres qui n’ont pas encore atteint le stade d’évolution qui est le sien.
Un tel maître spirituel « partiel » ne séduira par contre pas la masse des aspirants à l’éveil attirés par la facilité et le sensationnel, car son humilité est telle qu’il ne se montrera jamais tel qu’il n’est pas pour paraître évolué et faire le plus d’adeptes possible. Au contraire, il n’hésitera pas à dévoiler ses parts d’ombre devant son ou ses disciples pour mieux les mettre en lumière et les guérir, acceptant de paraître faible et vulnérable le temps que durera ce processus alchimique. Il acceptera d’être jugé par ceux qui, parmi ses élèves, auront plaisir à pointer du doigt cette relative fragilité pour s’enorgueillir d’un sentiment de supériorité bien illusoire, incapables de saisir l’immense valeur de l’enseignement vivant qu’il leur aura transmis sous cette forme, en ce qui concerne notamment l’humilité.
Je dis que cette fragilité est relative, car en fait, d’un point de vue spirituel, il s’agit d’une grande force intérieure, cette force symbolisée dans la 11e lame du tarot de Marseille. Dans la voie spirituelle, la perfection ne se situe pas dans l’absence d’ombres intérieures, mais dans la capacité à renoncer humblement aux masques destinés à les maintenir cachées. Celui qui ose se montrer tel qu’il est vraiment, sans artifice, sans subterfuge, sans faux-semblant, fait preuve d’héroïsme spirituel, et à plus forte raison encore s’il sait que ce qu’il dévoile de lui-même fera inévitablement l’objet du sarcasme, du rejet et de la médisance.
Un ensemble de textes sacrés de l’hindouisme, appelés Pūranäs, parlent de notre époque troublée en ces termes : « Les hommes choisissent de préférence les idées fausses. […] Des hommes vils qui auront acquis un certain savoir [sans avoir les vertus nécessaires à son usage] seront honorés comme des sages. […] Les livres sacrés seront vendus aux coins des rues. […] Des aventuriers prendront l’apparence de moines avec la tête rasée et des vêtements orangés, des chapelets autour du cou […]. On ne pourra se fier à personne [10]. » « Des gens non qualifiés passeront pour experts en matière de morale et de religion. […] Les hommes de peu d’intelligence, influencés par des théories aberrantes, vivront dans l’erreur [11]. »
Les faux maîtres spirituels, ou faux Gurus, n’ont pas renoncé à l’identification à la structure mentale, et sont donc toujours aux prises avec leur karma, enchaînés aux fruits de leurs actions. Ils sont encore et toujours aux prises avec les stratagèmes de leur nature inférieure, errant dans le parcours sinueux du labyrinthe, dont ils ne sont pas prêts de sortir, tant ils tiennent à l’identité valorisante qu’ils se sont construite pour maintenir bien cachées leurs ombres intérieures en projetant en lieu et place une fausse lumière, une lumière d’illusion. Ils peuvent certes disposer de grandes connaissances, être de talentueux orateurs et d’excellents pédagogues, posséder certains pouvoirs psychiques et parler de l’Éveil spirituel convenablement en s’inspirant de ce que d’authentiques maîtres spirituels ont dit avant eux (en en arrangeant parfois au passage quelque peu la forme pour paraître novateur), sans toutefois savoir de quoi ils parlent véritablement puisqu’ils ne le vivent pas. Cela suffit toutefois amplement pour impressionner, fasciner, ceux qui n’ont pas assez de discernement pour se rendre compte qu’ils leur servent de faire-valoir. Ces individus usurpant le titre de maître spirituel sont experts dans l’art de faire illusion, et leur succès en cette période de transition est d’autant plus important qu’ils savent dire ce que les gens veulent entendre, jouant sur la corde sensible en suscitant la peur en alternance avec l’espoir. Il suffit cependant de mettre le doigt sur leurs incohérences pour que le masque tombe assez rapidement, mais gare à celui qui se risque à confondre un faux maître, car celui-ci déploiera ses plus habiles stratagèmes pour jeter l’anathème sur son dénonciateur, bénéficiant au passage du soutien de ses « fans » les plus inconditionnels pour tenter de le discréditer, quitte à user de la calomnie, ce qui est d’ailleurs révélateur, l’arbre pouvant être jugé à ses fruits comme on le sait.
Je cite la mise en garde de René Guénon au sujet des faux maîtres : « Ce qui aggrave encore la difficulté, c’est que ceux qui ont la prétention d’être des guides spirituels, sans être aucunement qualifiés pour jouer ce rôle, n’ont probablement jamais été aussi nombreux que de nos jours ; et le danger qui en résulte est d’autant plus grand que, en fait, ces gens ont généralement des facultés psychiques très puissantes et plus ou moins anormales, ce qui évidemment ne prouve rien au point de vue du développement spirituel et est même d’ordinaire un indice plutôt défavorable à cet égard, mais ce qui n’en est pas moins susceptible de faire illusion et d’en imposer à tous ceux qui sont insuffisamment avertis et qui, par suite, ne savent pas faire les distinctions essentielles.
On ne saurait donc trop se tenir en garde contre ces faux instructeurs, qui ne peuvent qu’égarer ceux qui se laissent séduire par eux et qui devront encore s’estimer heureux s’il ne leur arrive rien de plus fâcheux que d’y perdre leur temps ; que d’ailleurs ils ne soient que de simples charlatans, comme il n’y en a que trop actuellement, ou qu’ils s’illusionnent eux-mêmes avant d’illusionner les autres, il va de soi que cela ne change rien aux conséquences, et même en un certain sens, ceux qui sont plus ou moins complètement sincères (car il peut y avoir en cela bien des degrés) n’en sont peut-être encore que plus dangereux par leur inconscience même.
Il est à peine besoin d’ajouter que la confusion du psychique et du spirituel, qui est malheureusement si répandue chez nos contemporains et que nous avons dénoncée en maintes occasions, contribue dans une large mesure à rendre possibles les pires méprises à cet égard ; si l’on y joint l’attrait des prétendus “pouvoirs” et le goût des “phénomènes” plus ou moins extraordinaires, qui d’ailleurs s’y associent presque inévitablement, on aura par là une explication assez complète du succès de certains faux instructeurs [12]. »
Ceci dit, il me faut faire remarquer que, si notre époque est marquée par un foisonnement de faux maîtres, ce n’est évidemment pas le fruit du hasard. C’est tout un monde qui est bâti sur l’illusion, et les faux maîtres, ne sont que l’une des multiples manifestations de la structure mentale collective.
Partant de ce constat, si un individu « attire » à lui un faux maître, c’est que ce dernier est en quelque sorte le reflet de son propre ego, du moins sous certaines facettes, notamment celles qui préfèrent se bercer d’illusion plutôt que d’effectuer le vrai travail spirituel, qui implique de regarder profondément en soi-même, ce qui fait généralement très peur [13]. Ce vrai travail spirituel, le faux maître évite généralement d’en parler, parce qu’il l’ignore lui-même, ou à dessein pour ne pas faire fuir ses « ouailles » et perdre de potentielles rentrées d’argent.
L’on dit que « le maître arrive lorsque l’élève est prêt », et c’est tout à fait vrai. C’est une question de maturité intérieure. Tant qu’une personne est en relation avec un faux maître qui l’utilise pour servir ses propres intérêts, c’est qu’elle en a besoin pour une raison ou une autre, le plus souvent très inconsciemment, non pas pour s’éveiller puisque c’est tout l’inverse qui se produit, mais pour se maintenir dans ses propres illusions, par refus du véritable travail spirituel qui implique le renoncement à ces mêmes illusions. Lorsqu’elle sera intérieurement prête à vivre ce renoncement, son karma, dont la présence dans sa vie sous la forme du faux maître est le reflet extérieur, pourra se transmuter, et ce reflet également, par voie de conséquence.
De ce point de vue, il n’y a donc pas à diaboliser les faux maîtres. De toute évidence ils jouent parfaitement leur rôle en cette fin de cycle où il est particulièrement difficile de s’extraire du cycle infernal qui nous fait constamment rejouer et renforcer les mêmes schémas karmiques. En rendant cela possible, le faux maître rend toutefois service à son « disciple » dans la mesure où celui-ci, face à des illusions et une souffrance qui s’accroissent, se rendra compte à un moment ou à un autre que quelque chose ne va pas et qu’il doit se libérer de cette relation de dépendance qui ne l’aide pas à se libérer, bien au contraire. Ainsi, il aura pu apprendre de son erreur et compris l’importance du discernement sur la voie spirituelle.
Dans ce contexte également, l’erreur est gage d’apprentissage. Ce qui compte n’est donc pas de ne jamais faire d’erreurs, mais de ne pas les répéter une fois qu’on en a pris conscience. Comme l’a dit saint Augustin dans un de ses sermons : Errare humanum est, perseverare diabolicum (« L’erreur est humaine, la persévérance [dans l’erreur] est diabolique »).
Les pouvoirs psychiques
Il existe des êtres qui ont développé des pouvoirs psychiques extraordinaires. Par la maîtrise des cinq éléments (éther, air, feu, eau, terre), ce qu’on appelle un « psychurge » est capable d’allumer un feu à distance, de provoquer un orage et de faire tomber la foudre la où il veut, de marcher sur l’eau, de se rendre invisible, de voler dans les airs (lévitation), de mourir et de renaître physiquement, de guérir, de se rendre insensible à la douleur, d’accélérer la croissance des végétaux, de lire l’avenir (don de voyance), de redonner la vie à un être vivant venant de mourir, de faire apparaître des objets, de les déplacer sans les toucher (psychokinèse) et même de les dématérialiser et de les rematérialiser, etc.
Toutefois, ces capacités, bien qu’exceptionnelles, ne font pas de celui qui les possède un maître spirituel, et cela n’a même strictement rien à voir. Le maître spirituel ne cherche pas à maîtriser les phénomènes extérieurs, mais à se maîtriser lui-même, ce qui est une prouesse infiniment plus grande car cette maîtrise implique de renoncer à servir ses propres intérêts, ce à quoi rechigne généralement celui qui possède des pouvoirs psychiques, trop attaché qu’il est au pouvoir de fascination qu’ils lui confèrent.
S’il arrive toutefois que le maître spirituel possède des pouvoirs psychiques, obtenus le plus souvent involontairement en conséquence de son travail d’illumination intérieure, il ne les utilise pas, sauf si les circonstances l’exigent et que cet usage est au service de l’évolution des êtres. Dans tous les cas, il ne le fait jamais par goût du sensationnel ou par intérêt personnel.
Le développement des pouvoirs psychiques concerne l’éveil des trois premiers chakras (en partant de la base de la colonne vertébrale). Un être dont la Kundalinī est pleinement éveillée jusqu’au troisième chakra, manipūra, peut ainsi posséder des facultés extraordinaires qui fascineront ceux qui n’ont pas encore compris que l’essentiel se situe bien ailleurs. Mais s’il ne s’est pas engagé sur la voie rédemptrice du renoncement à son karma, son chakra du cœur, anāhata, n’est pas ouvert, et il fait alors usage de ses pouvoirs pour servir ses intérêts, par égoïsme.
Comme je l’ai expliqué dans le cours 12, c’est par l’ouverture du cœur que le travail initiatique débute, et cette ouverture se crée naturellement lorsqu’on renonce à agir à partir de nos conditionnements karmiques, égotiques.
Le plus grand pouvoir qu’un être puisse manifester, est celui de la lumière spirituelle qui le traverse, mais ce pouvoir ne lui appartient pas et il ne peut en rien le contrôler. C’est seulement par le renoncement à toute forme d’action intéressée (dont peut faire partie l’usage des pouvoirs psychiques), que ce grand pouvoir se révèle à lui.
Voici quelques passages tirés de l’enseignement du maître Rāmakrishna, relativement au piège que représentent les pouvoirs psychiques sur le sentier spirituel :
« Ne fréquentez pas les faiseurs de miracles, ni ceux qui font parade de pouvoirs occultes, car ils s’écartent du chemin de la vérité. Leur esprit est captif dans le filet des pouvoirs psychiques qui sont de véritables pièges sur la voie du pèlerin de Brāhman. Gardez-vous de ces pouvoirs et ne les désirez pas. […]
Les hommes ayant quelques pouvoirs psychiques obtiennent des faveurs et des distinctions sociales. Souvent ils se posent en Gurus, pour être estimés des foules et gagner des disciples et des admirateurs. Jouer ce rôle est la même chose que d’embrasser la vie d’un courtisan. On se vend soi-même pour des buts aussi misérables que l’or, une réputation mondaine ou des joies matérielles. C’est faire un bien mauvais usage du corps, de l’esprit et de l’âme, qui, tous trois, peuvent nous servir à réaliser le Seigneur. […]
Krishna dit un jour à Arjuna : “Si tu désires m’atteindre [14], sache que ce ne sera jamais possible tant que tu posséderas ne serait-ce qu’un seul des huit pouvoirs psychiques.” Les pouvoirs occultes, en effet, accroissent l’égoïsme de l’homme et le rendent ainsi oublieux de Dieu. […]
Après quatorze années passées en dures pénitences dans une forêt solitaire, un homme avait enfin acquis le pouvoir de marcher sur les eaux. Rempli de joie, il alla trouver son gourou et lui dit : “Maître, j’ai maintenant le pouvoir de marcher sur les flots.” Son Guru le réprimanda en lui disant : « Honte à toi ! Quatorze ans de travail pour arriver à cela ! Ce que tu as obtenu ne vaut pas deux sous. N’importe qui peut passer la rivière en donnant deux sous au batelier, et il t’a fallu quatorze ans pour arriver à ce résultat [15] ! »
Quelques citations à méditer
« Comment peut-on reconnaître si un individu a les compétences pour être un guru, demanda un disciple à Rāmana Maharshi. Celui-ci répondit : “C’est par la paix de l’esprit que l’on ressent en sa présence et par le sentiment de respect qu’on éprouve pour lui.” » Rāmana Maharshi
« Depuis les temps anciens, les maîtres spirituels de toutes traditions ont indiqué le Maintenant comme la clé de la dimension spirituelle. » Eckhart Tolle
« La notion de maître n’implique nullement la perfection, mais une connaissance approfondie de soi, de la vie, de l’univers. » Swāmi Sivānanda
« Ma fille, qui avait 4 ans à l’époque, a demandé à celui que nous appelions Swāmiji s’il possédait des pouvoirs miraculeux comme certains yogis. Il lui a répondu : “Infinite love, infinite patience” (“Amour infini, patience infinie”). »
« Le plus important n’est pas “d’avoir un maître”, mais bien “d’être un disciple”. » Arnaud Desjardins
« Si les gens savaient ce qu’est un vrai maître spirituel, 95 % fuiraient la spiritualité et ne voudraient plus jamais en entendre parler. » Patrick Mel
« Celui qui est maître de lui-même est plus grand que celui qui est maître du monde. » Siddhârta Gautama
Pratique
Si l’on n’a pas la chance de pouvoir compter sur la présence d’un maître spirituel à ses côtés pour nous guider sur le sentier, est-ce à dire que c’est parce que l’on n’est pas prêt intérieurement à évoluer spirituellement ? Eh bien, pas forcément, car le maître spirituel ne se présente pas uniquement sous la forme d’un Initié. La vie elle-même, par les événements et l’interaction avec les autres qu’elle nous fait vivre, est susceptible de nous présenter autant de reflets de notre Guru intérieur, qui auront pour effet de déclencher une prise de conscience salutaire à même de nous faire évoluer spirituellement.
Ces circonstances et ces êtres placés sur notre chemin lorsque l’on est intérieurement prêt à apprendre et à dépasser nos anciens conditionnements, sont appelés, dans la tradition hindoue, des Upagurus. Nous pourrions même dire que si nous sommes déterminés à vivre spirituellement, toutes les circonstances et tous les êtres qui entrent sur la scène de notre vie, nous aident à grandir, et peuvent donc être assimilés à des reflets de notre Guru intérieur, surtout lorsque ce sont des moments difficiles, la facilité ayant plutôt tendance à nous plonger dans une forme d’indolence contre-productive.

La suite du cours est réservée aux abonnés
Chapitres supplémentaires :
- La vie est un maître
- Exercice : rencontre avec le Maître intérieur
Déjà abonné·e ? Connectez-vous
[1] Luc 12:2.
[2] Je dis « en principe », car il arrive parfois, dans des cas exceptionnels, que l’initiation soit conférée par l’influence spirituelle de l’Esprit en soi, ce qui s’apparente à l’intervention de la « Grâce divine ».
[3] Initiation et Réalisation spirituelle, Éditions traditionnelles, 1982, pp. 156-157.
[4] Il est bien évident que le maître spirituel authentique ne fait jamais le travail à la place de son élève. Même s’il en est parfois capable selon les pouvoirs psychiques qu’il a acquis en conséquence de son propre éveil, le maître n’a pas d’intérêt à libérer son élève d’une partie de son karma. S’il agissait ainsi, il le priverait de la possibilité d’apprendre à se libérer lui-même (ou à accepter son karma et ses conséquences) et donc à devenir autonome sur la voie spirituelle. C’est là le sens profond de cette parole de sagesse attribuée à Confucius : « Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson. »
[5] Initiation et Réalisation spirituelle, Éditions traditionnelles, 1982, p. 151.
[6] Par « religion », Milarépa entend l’union consciente avec l’Esprit, au sens du mot Yoga.
[7] Milarépa, ses méfaits, ses épreuves, son illumination, Éditions Fayard, 1971, p. 95.
[8] Mémoires d’un Yogi, Édition le Mandar’Om, 1972, pp. 66-67.
[9] Ibid, p. 86.
[10] Lingā-Pūranä (cours 40)
[11] Vishnu-Pūranä (livre 6, cours 1)
[12] Initiation et Réalisation spirituelle, Éditions traditionnelles, 1982, pp. 154-155.
[13] La peur dont il s’agit est celle de mourir sur le plan psychologique, peur qui s’apparente pour certaines personnes à un gardien du seuil terrifiant, dont le rôle est d’éviter cette « mort initiatique », passage obligé pour quiconque veut renaître spirituellement.
[14] Pour comprendre cette manière qu’a Krishna de s’exprimer à Arjuna, il faut les voir respectivement comme le Soi et le moi.
[15] L’enseignement de Rāmakrishna, Éditions Albin Michel, 2005, pp. 187-188.
- Dernière mise à jour : 20 janvier 2025
- 18:33
Commentaires récents