Le Cours du Vivant

Cours n°14 - Plexus solaire et second cerveau

Plexus solaire et second cerveau

Théorie

L’activité principale de la branche orthosympathique du système nerveux autonome, a lieu au niveau du plexus solaire. Ce centre nerveux est accolé au diaphragme, à hauteur des glandes surrénales, mais ses innombrables ramifications rayonnent dans tout l’abdomen à la manière des rayons du soleil (d’où l’adjectif « solaire »), et notamment dans une zone située entre le nombril et la partie inférieure du sternum.

Plexus solaire et émotions

Le plexus solaire est en lien direct avec nos émotions, dont il assure le relais dans le corps par les influx nerveux qu’il envoie aux glandes surrénales. Pour qu’il soit en bonne santé, il faut que l’être soit en unité intérieurement, c’est-à-dire qu’il accueille inconditionnellement tout ce que son âme manifeste, ce qui n’est que rarement le cas dans une société telle que la nôtre, où règne une intense répression émotionnelle.

Comme nous l’avons vu dans les tous premiers cours, lorsque la conscience de l’être est influencée par la « connaissance mentale du bien et du mal », elle va avoir tendance à établir un lien de causalité entre l’expression des émotions et la souffrance psychologique qui en résulte (rejet, humiliation, culpabilisation, honte, etc.). À partir de cette évaluation, certaines émotions seront librement vécues, pour autant qu’elles soient tolérées et valorisées socialement, alors que d’autres seront réprimées pour éviter de souffrir à nouveau de la dévalorisation identitaire.

En s’interdisant de vivre pleinement des émotions jugées « négatives », l’être va les réprimer et en empêcher la libération hors du corps, ce qui est totalement contre nature. En effet, l’émotion, du latin ex movere, signifie étymologiquement « bouger hors de ». Dans l’absolu, aucune émotion n’est néfaste lorsqu’elle est librement vécue ou ressentie, car c’est le propre d’une émotion que de s’extérioriser pleinement en étant accueillie inconditionnellement par l’esprit.

L’émotion devient mauvaise (au sens de nuisible) lorsqu’elle est réprimée ou refoulées par un interdit moral (ce qui vaut également pour l’émotion de joie) ou lorsqu’elle est projetée sur les autres, dans le but de porter atteinte à leur identité psychologique ou à leur intégrité physique.

Émotions et second cerveau

Lorsqu’une émotion est exprimée par des gestes et des sons – comme le font très bien les petits enfants – ou qu’elle est ressentie par l’esprit positionné dans l’observation détachée, elle peut s’écouler librement et cet écoulement s’inscrit dans l’Ordre naturel des choses. En revanche, lorsqu’elle est refusée, cet écoulement est interrompu et l’émotion se fige, en partie au niveau du plexus solaire, avec pour conséquence directe de perturber grandement le fonctionnement de ce centre nerveux très important, le plus vaste du corps humain.

Cette perturbation se répercute en cascade sur l’ensemble du ventre, par les stimuli chaotiques que le plexus solaire ainsi déséquilibré envoie par de nombreuses ramifications nerveuses à des plexus nerveux secondaires, dont certains sont liés à un autre système important du ventre : le système nerveux entérique (SNE), également appelé « second cerveau ».

Même si le système nerveux entérique fonctionne de manière indépendante, des émotions bloquées au niveau du plexus solaire peuvent perturber ses fonctions [1]. Or, on sait aujourd’hui que ce « second cerveau » synthétise 95 % de la sérotonine, un neurotransmetteur très important pour la régulation de l’humeur impliqué notamment dans le sommeil, ainsi que dans certains troubles tels que l’anxiété, le stress, l’agressivité et la dépression.

Composé de près de cinq cents millions de neurones (vingt fois moins que le cerveau « crânien ») distribués le long du tube digestif, il produit également de 70 à 85 % des cellules immunitaires de l’organisme, ce qui explique notamment le lien qui existe entre l’immunité et la gestion des émotions.

Ce lien entre les émotions et le ventre est évident, comme en témoignent de nombreuses expressions de la langue française : « avoir une boule à l’estomac », « avoir le ventre noué », « avoir les boyaux qui se tordent », « avoir la peur au ventre », etc.

La peur n’est pas l’émotion la plus agréable, car elle nous donne l’image de quelqu’un de faible et de vulnérable, ce qui est dévalorisant dans notre société où l’estime et l’admiration ont plutôt tendance à être accordées à celles et à ceux qui se montrent forts et impassibles en toute occasion.

Ainsi, pour éviter de se montrer faible et vulnérable, on réprime la peur, on la cache, au même titre que l’on occulte les autres émotions auxquelles sont associées des croyances fallacieuses (c’est aussi le cas de la joie, par « compassion » pour celles et ceux qui souffrent, comme si le fait de réprimer l’émotion de joie allait leur redonner leur sourire…).

L’influence du microbiote intestinal

Si ce « second cerveau » qu’est le système nerveux entérique est sous l’influence directe de nos émotions, il est aussi en lien très étroit, par l’intermédiaire de certains neurotransmetteurs, avec le microbiote intestinal, qui lui-même joue un grand rôle sur notre humeur et notre état de calme ou de stress, comme nous allons le voir.

De ce point de vue, l’état du « second cerveau » dépend donc aussi du degré d’harmonie qui existe entre les milliards de micro-organismes qui composent notre flore intestinale.

Le « second cerveau » et le cerveau situé dans notre boîte crânienne sont en communication permanente grâce au système nerveux (le nerf vague, plus précisément) ; une hypothèse scientifique avance même que 90 % de cette communication serait émise par le « second cerveau ».

© metamorworks - Adobe Stock

Si cela se révèle exact, cela voudrait dire que notre manière de penser, d’appréhender la réalité et d’interagir avec elle, pourrait être grandement influencée par ce qui se passe dans notre ventre.

Dans un article intitulé « Émotions intestinales » paru en 2011 dans la revue Nature Review Neuroscience, le scientifique Emeran Mayer a été jusqu’à affirmer que notre système digestif aurait des « états d’âme ». Selon lui, le tube digestif et son système nerveux conditionnent notre état d’être en réagissant aux stimuli qu’il reçoit de l’environnement, et ce depuis les premières années de la vie. 

Cela ne serait pas surprenant puisqu’il est admis depuis des siècles que le ventre est le siège du subconscient et que la psychologie moderne affirme même que nos actes et nos pensées sont régis à plus de 90 % par les programmations et les mémoires subconscientes.

D’autres études scientifiques confirment ce lien étroit entre le ventre, les émotions et la santé. Un extrait d’un article trouvé sur Internet, nous dit ceci :

« Aujourd’hui, il est démontré que notre flore intestinale est fortement impactée par le stress. L’équipe de Michael Bailey, chercheur à l’université de l’Ohio, travaille sur la question depuis près de deux décennies. En 1999, elle montre déjà que la séparation maternelle bouleverse la flore intestinale chez les bébés singes rhésus.

Dans une étude publiée, en 2011, dans la revue Brain, Behavior, and immunity, Bailey révèle que chez des souris soumises à un stress, les bactéries du tube digestif perdent en diversité et que celles potentiellement dangereuses, comme le genre Clostridium, se multiplient.

Les conclusions de ces deux études semblent montrer qu’une forte émotion due à la séparation mère-enfants ou à l’induction de stress répétés, peut engendrer une propension élevée aux infections et augmenter la vulnérabilité à la maladie [2]. »

Compte tenu de l’influence qu’exerce notre ventre sur la conscience et plus particulièrement sur les impulsions contraires (désir et aversion) actives au niveau du mental, il vaut la peine de s’intéresser au microbiote intestinal, composé de cinquante-quatre mille espèces de bactéries dont la quantité représente tout de même neuf fois celle de nos propres cellules !

C’est en 2010 que les scientifiques ont découvert son extrême richesse, avec des centaines d’espèces bactériennes jusque-là inconnues. Son influence sur l’équilibre du corps et de la psyché est si grande que la communauté scientifique va même jusqu’à le considérer désormais comme une entité organique autonome à part entière.

Voici quelques informations intéressantes sur le microbiote intestinal, tirées d’un forum qui traitait de la maladie de Crohn et qui est désormais inaccessible sur Internet :

« Nous vivons grâces à plus de cent mille milliards de microbes. Si nous prenons les populations microbiennes de notre microbiote intestinal, chacun de nous en possède entre 1,5 et 2 kilos. […]

Ces microbes sont plus nombreux que vos propres cellules et ils ne représentent aucune menace pour votre corps, bien au contraire ; ce sont des alliés pour vous aider à digérer votre nourriture, vous aider à vous protéger contre les maladies et bien plus encore. […]

La composition de ces microbes intestinaux n’est pas la même chez tout le monde. Cela dépend de ce que vous mangez, de votre mode de vie, de l’endroit où vous avez grandi, où vous habitez, de votre âge, entre autres choses [3]. Et la composition de votre microbiote peut changer au fil du temps ; elle se module principalement en fonction des aliments que vous apportez à vos centaines de milliers de milliards de microbes. S’ils sont mal nourris, les messages envoyés à votre cerveau seront “défectueux” ; si vous avez des pensées ruminantes et/ou négatives, vos microbes le ressentent également et y répondent en fonction des messages que vous leur envoyez. […]

Le microbiote intestinal aide de façon très importante au développement du système immunitaire et à son bon fonctionnement ; il doit avoir un répertoire de microbes bien équilibré et harmonieux pour fonctionner correctement. […]

Au début du développement du système immunitaire, les microbes intestinaux affectent le câblage des nerfs dans le système du stress, influençant la façon dont le corps réagit au stress dans la vie. L’impact du microbiote s’étend à différents aspects de la santé mentale et psychologique.

Votre microbiote intestinal est donc un acteur important pour tout votre organisme, car il influe sur votre cerveau, les maladies intestinales et d’autres nombreuses maladies y compris les troubles anxieux et les troubles de l’humeur. […]

Des études ont révélé comment les variations et les changements dans la composition du microbiote intestinal influencent la physiologie et que des modifications dans l’environnement du microbiote intestinal impactant son équilibre peut conduire à des maladies telles que les maladies inflammatoires intestinales, à l’obésité et de nombreuses autres maladies.

L’accumulation des données indique aujourd’hui que le microbiote intestinal communique également avec le système nerveux central – par le biais des voies neuronales, endocriniennes et immunitaires – en influençant ainsi le fonctionnement du cerveau et le comportement.

Les microbes dont nous sommes les hôtes agissent dans la régulation de l’anxiété, de l’humeur, de la cognition et de la douleur. Ainsi, la modulation de la composition du microbiote par le premier geste de modifications alimentaires est une stratégie pour le développement de traitements dans les troubles liés par exemple au système nerveux central. […]

Il est également utile de rappeler que le microbiote intestinal peut affecter l’apprentissage et la mémoire. Les études de plus en plus nombreuses sur le microbiote intestinal abordent également les problèmes tels que l’autisme et les troubles de la personnalité.

Nous sommes constitués de plus de 90 % de microbes qui vivent à l’intérieur de nous, sur nous et avec nous, les ignorer ou vouloir fuir les microbes, c’est s’ignorer soi-même et vouloir se fuir soi-même ; nos centaines de milliers de milliards de microbes méritent au contraire toute notre attention [4], sans eux aucun de nous ne serait en vie, ni en mesure de lire ces informations.

Alors qu’allez-vous donner à manger aujourd’hui à vos microbes ? Souhaitez-vous être de meilleure humeur, mieux dormir, pouvoir mieux vous concentrer, augmenter les capacités de votre mémoire, soigner vos intestins, et plus encore ?

Ne l’oubliez pas, la composition de votre microbiote se modifie, il est dynamique et évolutif, et cela dépend principalement de la façon dont vous le nourrissez, de votre mode de vie [et de votre état d’esprit, N.d.A.] [5]. »

Quelques citations à méditer

« Celui qui croit en moi, selon ce que dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive découleront de son ventre. » Jean 7:38

« Le cerveau abdominal serait aussi capable de se souvenir, participerait à la phase de rêves pendant le sommeil et pourrait constituer la matrice biologique de l’inconscient. » Michael Gershon

« Plus nos bactéries intestinales sont nombreuses et diversifiées, meilleure est notre santé. » Oluf Pedersen

« La science biomédicale elle-même nous apprend qu’il existe des relations dont on ignore encore tous les mécanismes, entre systèmes endocriniens, immunitaires et nerveux – entre le fonctionnement de notre corps et tout ce qui est activités cérébrales, reliées à la pensée, au langage, aux émotions. » Ilario Rossi

« En fait, la totalité du tissu nerveux intestinal et des substances à destination des neurones est en communication permanente avec le cerveau par l’intermédiaire du nerf vague. Mieux encore : sur 10 communications cerveau-intestin, 9 sont émises par le tube digestif ! » Danièle Festy

« En traitant manuellement le ventre, j’ai souvent observé que je faisais resurgir, un peu comme le psychiatre ou le psychanalyste, des émotions, des troubles, des traumatismes enfouis profondément, refoulés depuis la prime enfance, et qui se trouvent à la source de désordres souvent très douloureux. » Pierre Pallardy

Pratique

La santé du corps dépend de l’équilibre du système nerveux, qui dépend quant à lui en très grande partie de la fluidité avec laquelle peuvent circuler les énergies dans l’anatomie subtile. Si des énergies stagnent à certains endroits du corps, le système nerveux en est forcément impacté négativement, tant au niveau de ses réseaux de nerfs que de leurs carrefours (plexus), ce qui a pour effet de créer un déséquilibre au niveau physique.

Le système nerveux est la modalité corporelle vibratoirement la plus proche de l’anatomie subtile. Elle constitue en quelque sorte la liaison la plus directe entre l’anatomie subtile et l’anatomie physique, et c’est par son intermédiaire que ces deux anatomies s’influencent réciproquement. En d’autres termes, c’est par le système nerveux que l’âme agit sur le corps, et c’est par le système nerveux également que le corps (et plus largement la dimension matérielle) agit sur l’âme.

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[1] Sur le plan physique, le système nerveux entérique (SNE) a plusieurs fonctions. Selon Alexandra Gros, docteure en neurosciences : « Le SNE commande le péristaltisme, contractions qui, en se propageant d’un bout à l’autre du tube digestif, permettent d’assurer le transit. Il régule également les fonctions intestinales (motricité digestive, sécrétion hydroélectrolytique de la muqueuse ou de la circulation sanguine) et contrôle la barrière épithéliale intestinale. Cette dernière fonction est primordiale puisqu’elle permet le passage de nutriments à travers l’intestin tout en empêchant le passage des agents pathogènes ou toxiques dans le corps. » Source : https://cutt.ly/1wTYb4u7

[2] Source : https://cutt.ly/MwTYcSL6

[3] Dans l’idéal, la composition du microbiote devrait être la plus diversifiée possible. Plus grande est la diversité microbienne, meilleure est l’état de santé de l’individu. S’il faut tenir compte des nombreux facteurs indiqués, il faut considérer que l’alimentation est le plus important de tous.

[4] Voir le cours 14, chapitre « Masser en pleine conscience, avec amour ».

[5] Source : http://crohn.superforum.fr/